Le témoignage de Richard Lindzen sur le fonctionnement actuel de la climatologie
"Science du Climat :
Est-elle, de nos jours, apte à répondre aux questions ?"
par Richard S. Lindzen
Programme Atmosphère, Océans et Climat
Massachusetts Institute of Technology
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Traduction en français par Ben, Jean Martin et Jean-Michel Reboul.
Version corrigée avec Nadine Lindzen
NDT: Richard Lindzen est sans contestation possible un des plus éminents climatologues mondiaux. Il est actuellement le titulaire de la prestigieuse chaire Alfred P. Sloan du MIT. Son CV est impressionnant de même que la liste de ses publications. Les recherches de Richard Lindzen portent sur les grandes questions de la climatologie actuelle (rôle des tropiques, transport de chaleur, le bilan de l'humidité et son rôle dans le changement climatique, l'origine des époques glaciaires, les effets saisonniers dans les transferts atmosphériques, les ondes stratosphériques ainsi que sur la détermination expérimentale de la sensibilité climatique...). Il a apporté une contribution majeure dans plusieurs de ces domaines et il est le titulaire d'un grand nombre de prix et de récompenses académiques. (voir son site au MIT); Initialement membre du GIEC, Il en a démissionné avec fracas après la publication du troisième rapport.
Voici quelques extraits de cet article qui se compose d'un résumé et de cinq chapitres. Article complet en français est ici. L'article original en anglais, ici.
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Résumé : |
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1.Introduction : "La conjonction du changement d’échelle et de l’affaiblissement de l’importance accordée à l’excellence est, d’un certain point de vue, un phénomène dévastateur, qui facilite grandement la possibilité d’une direction politique de la science, et de la création de structures soumises. Avec de telles structures, les garde-fous les plus naturels comme le contrôle par les pairs ou la responsabilisation s’effondrent, et se mettent même à contribuer à la perpétuation des défauts du système. Miller (2007) traite spécifiquement de la manière dont le système favorise tout spécialement le dogmatisme et le conformisme.".... "Une conséquence de tout cela semble avoir été le désintérêt pour la théorie, en raison de sa difficulté intrinsèque et de sa petite échelle, au profit de la simulation (qui demande de gros investissements financiers pour mener à bien les calculs), et de l’encouragement porté à de vastes programmes affranchis de tout objectif précis. En un mot, nous sommes entrés dans un nouveau paradigme dans lequel la simulation et les programmes ont remplacé la théorie et l’observation, où le pouvoir politique détermine largement la nature de l’activité scientifique, et où le rôle principal des sociétés savantes consiste en des actions de lobbying auprès de la puissance publique pour obtenir des avantages particuliers." |
2. Les efforts concertés pour politiser les sciences du climat : ..."L’office météorologique britannique dispose également d’un conseil d’administration, dont le président, Robert Napier, était auparavant le directeur exécutif de la section britannique du WWF. Bill Hare, un avocat et directeur de campagne pour Greenpeace, s’exprime fréquemment en tant que représentant « scientifique » de l’institut Potsdam, le plus important centre de recherche allemand sur le réchauffement climatique. John Holdren, dont l’affiliation principale est le Woods Hole Research Center (une organisation de défense de l’environnement), fréquemment confondue avec le Woods Hole Oceanographic Institution, qui est un centre de recherches), est aussi professeur d’administration à Harvard et a été président de l’association américaine pour l’avancement des sciences ainsi que de Sigma Xi (l’équivalent pour les sciences de l’organisation érudite Phi Beta Kappa). Il été le porte-parole de l’administration Clinton-Gore sur le réchauffement climatique." ..."En ce qui concerne la NAS, (NDT : L'Académie des Sciences des USA ) la situation est un peu plus compliquée. L’Académie est divisée en plusieurs sections disciplinaires dont le rôle premier consiste à sélectionner les candidats à l’Académie. En règle générale, le soutien de plus de 85 % des membres d’une section est nécessaire pour être admis. Cependant, un candidat, une fois élu, est libre de s’affilier à la section de son choix. La procédure de sélection est, le plus souvent, menée de façon rigoureuse. Malheureusement, durant plus de vingt ans a existé un groupe temporaire de sélection pour l’Environnement Global, destiné à fournir une entrée parallèle, hors du circuit normal de sélection, à des candidats qui se trouvaient être des activistes écologistes. Ainsi une fois élus, ces membres ont rejoint d’autres sections existantes, dans lesquelles ils détiennent le pouvoir d’opposer un veto à l’élection de n’importe quel scientifique défavorable à leurs positions. De plus, ils sont presque immédiatement nommés à des postes au bureau exécutif ou autres situations d’influence au sein de l’Académie. L’un des membres ainsi élu, via ce groupe temporaire de sélection, Ralph Cicerone, est aujourd’hui président de l’Académie. Auparavant, il faisait partie du comité de désignation du président. Notons d’ailleurs qu’il n’y a, en général, qu’un seul candidat au poste de président. D’autres membres élus de l’Académie via cette procédure parallèle sont Paul Ehrlich, James Hansen, Stephen Schneider, John Holdren et Susan Solomon." ..."Le mythe du consensus scientifique est également perpétué sur le fameux site internet Wikipedia, dont les articles traitant du climat sont sélectionnés par William Connolley, lequel se porte régulièrement comme candidat aux élections au Royaume-Uni sous l’étiquette des Verts. Aucun écart à la ligne politiquement correcte n’est autorisé." |
3. La Science au service de la politique : .."Les exemples précédents ne prennent pas en compte le moyen le plus commode pour les scientifiques qui défendent l’alarmisme du réchauffement climatique : il s’agit de la question des impacts. Dans ce domaine, les scientifiques qui n’ont en général rigoureusement aucune connaissance de la physique du climat, reçoivent un soutien financier pour imaginer les pires projections du réchauffement climatique et suggérer, sur la base de leur imagination, les conséquences d’un tel réchauffement, quel que soit le domaine dans lequel ils travaillent. C’est ainsi qu’on en est arrivé à des affirmations bizarres telles que le réchauffement contribuera aux calculs rénaux, à l’obésité, à la prolifération des cafards et des plantes nuisibles, au déséquilibre sexuel des poissons, etc. Les scientifiques qui participent à de telles pratiques deviennent tout naturellement des supporters de l’hypothèse du réchauffement global catastrophique, et ceci malgré leur ignorance de la science sous-jacente." |
4. Les pressions pour bâillonner les investigations et la résolution des problèmes : ..."Horvath et Soden (2008) ont découvert des observations confirmant de nombreux aspects de l’effet iris (NDT : l'effet iris remet gravement en question la thèse actuelle du GIEC ), mais ils accompagnèrent leurs résultats avec une série de critiques de l’effet iris qui étaient hors-sujet et même en contradiction avec leur propre article. Le but, apparemment, était de suggérer qu’en dépit de leurs découvertes, il devait y avoir d’autres raisons d’écarter l’effet iris. Plus loin dans cette section, je reviendrai sur ces critiques. Cependant, la situation est loin d’être exceptionnelle. J’ai reçu des prépublications d’articles dans lesquelles l’effet iris était confirmé, mais où cela a été supprimé de la version publiée." |
5. Les dangers pour la science et la société : |
Ce texte a été écrit pour un colloque parrainé par Euresis (Associazone per la promozione e la diffusione della cultura e del lavoro scientifico) et la fondation Templeton, dont le sujet était : Créativité et inspiration créatrice en mathématiques, sciences et ingénierie : développer une vision pour le futur. Ce colloque s’est tenu à San Marin du 29 au 31 août 2008. Ses actes seront publiés en 2009.