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Glaciers, glaces polaires et océans (billet le plus récent, le 30/09/12)

Cette chronique est destinée à recentrer l'alarmisme actuel sur la fonte des glaces et l'évolution des océans à partir d'articles publiés récemment dans des revues scientifiques de bonne qualité. Elle est en relation directe avec celle qui concerne les planctons . Elle fait aussi écho à celle qui traite des "calamités" comme les ouragans ou les sécheresses, de manière plus générale..Comme vous allez le voir, les résultats des recherches en cours n'ont que peu à voir avec ce que l'on vous raconte dans les médias et avec le catastrophisme qui y règne en maître. Bien au contraire !

 

30 Septembre 2012 : Le point sur l'évolution de l'étendue des glaces au pôles Nord et Sud.

1) Introduction :

En ce mois de Septembre 2012, les observations satellitaires ont fait état d'un nouveau record minimal de l'extension de la glace de mer en Arctique, le précédent ayant été atteint en 2007.
Les médias, peu soucieux d'investigation, en ont fait leurs gros titres et la plupart en ont tiré des conclusions quelque peu hâtives. Certains, parmi les plus connus de la presse écrite, ont assuré leurs lecteurs qu'il s'agissait-là d'une "preuve" définitive du caractère anthropique du réchauffement climatique, outrepassant très largement ce que les observations objectives permettent de conclure. D'autres - parfois les mêmes - n'ont pas hésité à affirmer à leurs lecteurs/auditeurs qu'il s'agissait là d'un minimum "historique" alors que, faute de moyens d'observations, on ne sait que très peu de choses sur l'extension des mers glacées polaires, avant les années 80, c'est à dire avant 32 ans. Doit-on comprendre que, pour ces auteurs, "l'Histoire" n'a commencé qu'en 1979 ?
D'autant plus que l'on sait que l'océan arctique était libre de glace, il y a quelques 5 à 10000 ans, lors du maximum de l'holocène et que de nombreux récits des navigateurs et de scientifiques du siècle dernier et du précédent (voir, par exemple, cette communication officielle citée par Lindzen) nous affirment qu'à certaines époques l'Arctique fondait de manière alarmante... pour se reconstituer dans les décennies suivantes.

De fait, le caractère exceptionnel de ce qui s'est passé en Arctique cette année, durant la période de fonte où la glace arctique est la plus fragile, n'a pas échappé aux observateurs attentifs qui suivent, jour après jour, les évolutions des couvertures glacées et les conditions météorologiques qui règnent au pôle Nord. Cependant, il a fallu attendre que la NASA, elle-même, publie dans la deuxième quinzaine de Septembre, plusieurs communiqués, images et vidéo à l'appui, montrant ce qui s'était réellement passé et qui permet d'expliquer la disparition brutale d'une fraction considérable de la glace arctique en Août 2012, conduisant ainsi au record de cette année.

Comme à l'accoutumée, la presse et les médias francophones n'ont, par la suite, donné aucun écho à ces explications, pourtant aussi claires que spectaculaires, de la NASA et ceci malgré un communiqué de presse de l'Agence Reuters intitulé "La NASA déclare que le cyclone sur l'Arctique a joué un "rôle déterminant" dans la fonte record".
Tout comme ces mêmes médias n'ont guère informé leur public que, pendant cette même période, l'extension de la glace de banquise Antarctique s'acheminait, elle, vers son record d'extension (maximale) depuis que nous avons accès à une vision d'ensemble de l'état des mers glacées du globe, c'est-à-dire depuis une trentaine d'année.

Voici donc, abondamment illustrée par des documents officiels et une animation réalisée à partir des données officielles par l'auteur de ce site, l'histoire du minimum 2012 de l'extension de la glace de la mer Arctique, et, comme la terre a deux pôles, nous n'oublierons pas de mentionner le record maximal de l'extension de la glace de mer antarctique qui vient également d'être battu ces jours-ci.

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En guise de rappel et d'introduction, voici ci-contre, une image réalisée par le NSIDC (le National Snow and Ice Data Center US).

Elle nous montre :

-Dans la partie supérieure, une vue cartographique de l'état de la surface glacée (en blanc) autour du pôle Nord, c'est à dire dans la mer arctique. Comme on le voit, durant chaque hiver boréal, avec un maximum d'extension qui culmine au mois de Mars, la glace envahit la quasi-totalité du bassin arctique. Durant le printemps et l'été boréal, la glace de mer arctique fond progressivement, jusqu'à atteindre son extension minimale vers le 15-20 Septembre.

 

-Dans la partie inférieure de l'image, une vue cartographique de l'état de la surface glacée (en blanc) autour du pôle Sud, c'est à dire de la mer antarctique. Comme on le voit, durant chaque été austral, un minimum d'extension se produit au mois de Mars pendant lequel la banquise glacée ne recouvre qu'une faible fraction de le mer entourant le continent. Durant l'automne et l'hiver austral, la surface couverte par la banquise antarctique progresse jusqu'à atteindre son extension maximale vers la fin du mois de Septembre.

 

 

2) La glace de la mer arctique - L'ouragan du 4 au 10 août 2012 - Les observations

Le 18 Septembre, la NASA a fait paraître, sur son propre site, une vidéo très parlante accompagnée de ce titre et de ce bref commentaire :

naslogUn cyclone sur l'Arctique démembre la glace de mer

Une puissante tempête a ravagé la couverture glacée de la mer arctique en Août 2012. Cette vidéo montre la force et la direction des vents et leurs impacts sur la glace. Les vecteurs rouges représentent les vents les plus forts et les vecteurs bleus les vents plus faibles.

Le 19 Septembre, Le Goddard Institue de la NASA affichait cette même vidéo sur son "NASA explorer" Youtube (ci-dessous) mais en l'accompagnant, cette fois-ci, d'un texte un peu plus détaillé.

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NASA Explorer (vidéo du cyclone qui a fragmenté la glace de mer arctique, au début du mois d'août (cliquez sur l'encart noir ci-contre pour voir la vidéo de la NASA et la suite du texte):

Traduction du commentaire de la NASA :"Observez comment les vents du puissant cyclone Arctique ont brisé la couverture glacée en voie d'amincissement de l'Océan Arctique au début du mois d'août 2012. La tempête a probablement contribué à la diminution de la calotte glaciaire jusqu'à son extension la plus faible des trois dernières décennies.
La calotte glacée de l'Océan Arctique a probablement atteint son extension estivale minimale en battant un nouveau record du minimum le 16 Sept, ainsi que l'a rapporté le NSIDC (National Snow and Ice Data Center) de l'Université du Colorado à Boulder. L'analyse des données satellites par la NASA et le NSIDC (supporté par la NASA) a montré que l'extension de la mer de glace a rétréci jusqu'à 1,32 millions de miles carrés (3,41 millions de kilomètres carrés), soit 293.000 miles carrés de moins que l'extension minimale record des données satellitaires, établi à la mi-Septembre 2007[...]
Cette année, le cyclone s'est formé au large des côtes de l'Alaska et s'est déplacé le 5 Août vers le centre de l'océan arctique où il a malaxé la couverture amincie de glace pendant plusieurs jours.

La tempête a arraché un grand morceau de la mer de glace au Nord de la mer de Chukchi et l'a repoussé vers le Sud dans les eaux plus chaudes qui l'ont complètement fondu. La tempête a aussi fragmenté de vastes étendues de glace en petits morceaux qui présentent une tendance à fondre plus facilement."

De fait, les effets d'un cyclone très puissant et de longue durée comme celui qui a ravagé une grande partie de la calotte polaire sont multiples. D'une part et comme l'écrit la NASA, un gros morceau de banquise de la mer de Chukchi a été désolidarisé de la banquise et poussé par les vents tourbillonnants vers les eaux plus chaudes que l'on trouve au Sud où il a fondu rapidement. D'autre part, comme cela est expliqué par les spécialistes des régions polaires, la très basse pression (965 mb) qui régnait au centre du cyclone arctique a provoqué (exactement comme lors de la tempête Xynthia en Vendée) une hausse importante et localisée de la mer ainsi que des vents et des courants marins très puissants. Cet "upwelling" a provoqué la remontée des eaux plus chaudes qui règnent en dessous de la surface, contribuant encore à l'accélération de la fonte de la glace fragmentée. Enfin, et comme le précise la NASA, la fonte est d'autant plus rapide que la fragmentation est plus importante. La fonte s'effectue par la surface exposée et non pas par le coeur. Ainsi, un morceau de glace compact résistera plus longtemps à la fonte qu'un même morceau fragmenté.

Cependant, afin de mieux visualiser la concomitance de l'ouragan du début du mois d'août avec la disparition d'une fraction importante de la glace de la mer arctique, j'ai réalisé une animation (compuserve gif) en juxtaposant les images obtenues à partir de deux sources :

1- L'image de l'extension de la glace de la mer arctique vue, jour après jour, par le National Ice Center (collaboration NOAA, Coast Guards et US Navy) sur laquelle sont représentées, en rouge, la partie recouverte par au moins 80% de glace et, en jaune, la partie recouverte par de la glace de teneur inférieure à 80%. La zone bleue est dépourvue de glace. (Exemple d'image du Nat. Ice Center, ci-dessous à gauche)

2 - Dans un encart en haut à gauche des images du National Ice Center, j'ai inséré le diagramme des vents qui ont affecté la mer Arctique durant la même période, jour après jour, tel que rapporté par le Naval Research Lab US.

3 - De manière à observer la différence entre la fonte exceptionnelle qui s'est produite en 2012 et la fonte "normale" de la glace arctique durant cette même période, j'ai juxtaposé les images du National Ice Center pour l'année 2011, date pour date.

Voici l'animation. Il suffit de regarder. Cette animation fonctionne en boucle. Chaque image dure environ 3 secondes. La durée totale d'un cycle est d'environ une minute.

Il faut observer l'impact considérable que le cyclone arctique a eu sur l'état de la glace qu'il a littéralement dévastée du 4 au 9 Août avec une intensité maximale le 7 Août comme cela se voit très bien dans les images ci-dessous. Il faut aussi observer la rapidité de la fonte exceptionnelle de cette année en comparaison avec la fonte progressive de l'année 2011 (et des précédentes) en cette période de l'année. Les comportements sont radicalement différents.

anim2012-2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Comme on le constate, un ouragan particulièrement intense s'est installé au dessus de la partie 120E-120W à partir du 4 Août. Les ouragans sont rares mais non exceptionnels dans cette région du monde (environ 8 fois, dit-on, durant toute l'ère satellitaire) mais celui de cette fin d'été a été remarquable aussi bien par par son intensité que par sa persistance (environ 6 jours). Comme le note la NASA, cet ouragan a pulvérisé une grande partie de la (relativement) mince couche de glace (épaisseur environ de 1m) qui recouvre, à cette époque de l'année, les mers de Chukchi, la mer de l'Est Sibérien, la mer de Laptev et la mer de Beaufort, comme on peut le voir sur l'animation suivante qui visualise la variation de l'épaisseur de la glace arctique (échelle à droite), jour après jour, telle que donnée par le Naval Research Lab US. Vous trouverez dans cette URL, l'index des fichiers du NRL disponibles et mis à jour.thickness


J'ai tronqué cette très longue animation
(qui fonctionne en boucle et couvre normalement l'année toute entière) pour la faire démarrer à partir du 1er Août 2012 comme dans les animations précédentes. Cette animation se prolonge jusqu'en cette fin Septembre où l'on voit très nettement le regel progresser.

La date est indiquée en haut à gauche. 20120801 se lit le 1er Août 2012. Les anglophones inversent l'ordre des mois et des jours par rapport aux francophones.


On aperçoit notamment la chute brutale et la disparition de l'épaisseur de la glace dans la zone de la mer de Chukchi (à proximité du détroit de Béring), consécutives à la survenue du cyclone du début du mois d'août. A noter que lorsque le cyclone est arrivé au dessus de l'Arctique, l'épaisseur de la glace de mer était de l'ordre de 1m (zone bleue) dans les régions qui ont été disloquées.


On observe également que la mer arctique possède un noyau de plusieurs mètres d'épaisseur (zones rouge, orange et jaune), très résistant et très visible sur cette image du NRL.

On peut toujours spéculer, comme le font certains, en se demandant quel aurait été l'effet d'un cyclone de cette violence sur l'Arctique au cours du siècle dernier. A vrai dire, on ne le sait pas exactement, car on ne mesure l'épaisseur de la glace arctique, dans son ensemble, que depuis quelques années seulement. Il est cependant certain que l'épaisseur de la calotte glaciaire du pôle Nord s'est notablement réduite depuis les années 70-80.
Mais comment s'en étonner puisque la décennie 1970-1980 était notoirement froide, et faisait suite au refroidissement 1945-1970 qui faisait craindre la survenue d'un nouveau petit âge glaciaire à l'époque ?

Que nous disent les autres relevés satellitaires, à propos de cet événement ?
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Le diagramme représentant l'évolution de l'étendue de la surface glacée de l'Arctique donné par le DMI (l'Institut Météorologique Danois) tel qu'on peut le retrouver dans la page de "indicateurs", est particulièrement parlant. Je me suis contenté de le surcharger avec les indications en couleur.
Le graphique ci-contre montre clairement la chute brutale de l'étendue de la surface glacée du début à la fin de l'activité cyclonique telle qu'on a pu la voir dans l'animation précédente. De même, et ainsi que c'est souvent le cas en physique lorsque l'on s'écarte brutalement des conditions d'équilibre et que l'on y retourne via une oscillation amortie, on perçoit aussi le "rebond" de la surface glacée que l'on peut aussi voir sur les images du National Ice Center reportées dans l'animation précédente.

Suite à ce "rebond" qui apporte une indication sur l'inertie du système, la surface glacée semble adopter un régime assez proche de celui des années précédentes, bien qu'avec une étendue notablement plus faible que ces dernières.

 

Spéculations et observations :

On peut se demander quelle aurait pu être l'évolution de la mer glacée arctique si ce cyclone dévastateur n'avait pas séjourné au dessus de l'Arctique au début du mois d'Août. J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit là que icedmi2d'une spéculation. Nul de ne peut reconstituer le passé. Néanmoins compte-tenu de la soudaineté de cet événement cyclonique et de sa durée bien définie, on peut avancer une estimation de ce qu'aurait pu être la fonte "normale" ' c'est à dire une fonte qui aurait été semblable à celle des années précédentes en l'absence de ce cyclone destructeur.

Ainsi peut-on être tenté de raccorder les deux portions du graphe précédent, avant et après le cyclone bien délimité, en prolongeant la partie avant-cyclone par la partie après-cyclone, les deux parties étant reliées par des pointillés tracés dans le prolongement des deux portions, comme cela se serait sans doute passé lors d'une fonte "normale" analogue à celle des années précédentes et comme je l'ai fait sur le graphique ci-contre.

Autrement dit, si ce raisonnement est correct, on peut avancer que l'ouragan du 4-9 août a provoqué la disparition d'une quantité de glace au moins égale à celle qui sépare le minimum de 2007 de celui de 2012. Autrement dit encore, il est possible, sinon probable, que sans le cyclone du début du mois d'août , le record établi en 2007 aurait été approché mais sans doute pas battu.

Que peut-on dire du regel ?

Dans le même ordre d'idée, et toujours en spéculant, on peut se dire que les dégâts provoqués par le cyclone qui ont conduit à une fonte accélérée ont plus ou moins durablement modifié l'état d'équilibre de la couverture glacée. Compte tenu du fait que les conditions environnementales (océans et température de l'air) ne sont pas notablement différentes de celles des années précédentes, il est probable que le retour au régime de fonte normale, suivi du iceregelregel, se fera plus rapidement que lors des années précédentes. C'est l'idée assez générale du "rebond" évoquée plus haut que l'on percevait sur le graphique DMI et sur les images du National Ice Center. D'autre part, il est, du point de vue thermodynamique moins coûteux de regeler une surface fragmentée plutôt qu'une glace fondue en mer libre, ce qui devrait logiquement conduire à un regel un peu plus rapide.

A ce propos, voici ce que nous montre l'Institut Météorologique Danois en ce 30 Septembre 2012 :

Comme on peut l'observer, le regel apparaît comme anticipé de quelques jours par rapport à celui qui a eu lieu lors des années précédentes. Il est possible que, sauf tempête inopinée, la courbe de l'extension de glace 2012 recoupe celle de 2007 dans quelques jours. Dès lors, les effets destructeurs du cyclone des 4-9 Août seront parfaitement localisés et apparents sur ces graphiques.

Mais, je le répète, ce ne sont que là que des hypothèses, des spéculations.

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Mise à jour et compléments du 3 Décembre 2012

Toujours à propos du regel qui, d'après les considérations précédentes, devait se produire plus rapidement qu'à l'ordinaire, voici, ci-contre le graphe DMI (Danish Meteorological Institute) publié au 3 Déc. 2012.

Comme nous nous y attendions et compte tenu du caractère accidentel de la fonte de ce début d'automne, le regel a été nettement plus rapide que lors des années précédentes. Cette rapidité inhabituelle du regel est clairement apparente entre le 10 Octobre et le 20 Octobre. Il apparaît que ce regel exceptionnellement rapide est approximativement le symétrique, par rapport au minimum d'extension, atteint vers le 15 Septembre, de la fonte rapide qui s'était produite au début du mois d'Août. Autrement dit la glace s'est reformée presqu'aussi rapidement qu'elle avait disparu à l'époque de la tempête mentionnée ci-dessus.
Après le 1er Novembre, l'étendue de la glace Arctique a progressivement rejoint son extension de ces dernières années. .

3) La banquise antarctique en 2012 :

A l'opposé de celle de l'Arctique, la glace de mer qui entoure le continent Antarctique passe, en fin Septembre, par son extension maximale.iceantar

 


L'évolution temporelle de l'extension de la banquise antarctique, durant une partie de l'année 2012, est représentée en bleu sur le graphique suivant (National Snow and Ice Center US : NSIDC) daté au 29 Sept. 2012.

Le trait noir épais indique la moyenne de référence de l'étendue de la banquise entre les années 1979 à 2000.

Le tireté représente l'évolution de l'étendue de la banquise en 2011.

Les données chiffrées de La NOAA (en format Excel .csv) nous indiquent que le précédent record d'extension qui datait du mois de Septembre 2006 a été excédé pendant plusieurs jours (en particulier durant les 264ème à 270èmes jours de l'année avec un maximum absolu, qui est le nouveau record égal à 19,45418 millions de km2.
(Voir un graphique tiré de données de la NOAA, par exemple ici)

Il est également vrai que la température moyenne de la surface des mers (HadSST)de l'hémisphère Sud s'est légèrement refroidie (près d'un dixième de degré) au cours des 15 dernières années, ce qui explique peut-être cela.

Ainsi, en cette année 2012, exactement à l'opposé de celle de l'Arctique, l'étendue de la banquise Antarctique a battu son record absolu d'extension maximale... "De tous les temps" écriraient certains, mais, en réalité, plus modestement, depuis les 32 dernières années pour lesquelles nous disposons des mesures satellitaires fiables.

Mais que nous disent les modèles informatiques du GIEC au sujet de l'Antarctique ?

Concernant l'évolution de la banquise antarctique en cette fin Septembre 2012, on n'aurait, sans doute, aucun mal à trouver un "expert" qui affirmerait que ces observations sont "cohérentes avec les modèles et avec ce que nous attendons"... Ce serait contraire à la vérité selon un article tout récent publié sur ce sujet dans une revue scientifique avérée par des spécialistes de l'Antarctique.
En réalité, les modèles les plus récents et les plus sophistiqués, en particulier ceux du CMIP5 (Couple models Intercomparison Project 5) sur lesquels s'appuira le prochain rapport AR5 du GIEC, trouvent des évolutions opposées à celles des observations.

C'est ainsi que des participants du British Antarctic Survey à Cambridge (UK) ont tout récemment publié un article qui compare les prédictions/prévisions/scénarios des modèles CMIP5 avec la réalité objective. Leurs conclusions, mentionnées dans le résumé, sont sans appel.

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Journal of Climate 2012 ; doi: http://dx.doi.org/10.1175/JCLI-D-12-00068.1

An Initial Assessment of Antarctic Sea Ice Extent in the CMIP5 Models

"Une première estimation de l'étendue de la banquise antarctique dans les modèles CMIP5."

John Turner, Tom Bracegirdle, Tony Phillips, Gareth J. Marshall, and J. Scott Hosking
British Antarctic Survey, National Environment Research Council, Cambridge, UK

Le résumé de cet article paru dans le Journal of Climate (une publication bien connue de l'AMS, l'American Meteorological Society) est très explicite à ce sujet. Le voici, suivi de sa traduction en français :

Abstract : We examine the annual cycle and trends in Antarctic sea ice extent (SIE) for 18 Coupled Model Intercomparison Project 5 models that were run with historical forcing for the 1850s to 2005. Many of the models have an annual SIE [sea ice extent] cycle that differs markedly from that observed over the last 30 years. The majority of models have too small a SIE at the minimum in February, while several of the models have less than two thirds of the observed SIE at the September maximum. In contrast to the satellite data, which exhibits a slight increase in SIE, the mean SIE of the models over 1979 - 2005 shows a decrease in each month, with the greatest multi-model mean percentage monthly decline of 13.6% dec-1 in February and the greatest absolute loss of ice of -0.40 × 106 km2 dec-1 in September. The models have very large differences in SIE over 1860 – 2005. Most of the control runs have statistically significant trends in SIE over their full time span and all the models have a negative trend in SIE since the mid-Nineteenth Century. The negative SIE trends in most of the model runs over 1979 - 2005 are a continuation of an earlier decline, suggesting that the processes responsible for the observed increase over the last 30 years are not being simulated correctly.

Résumé : Nous examinons les tendances et le cycle annuel de l'extension de la glace antarctique (SIE) (NdT : Sea ice extent) pour 18 modèles couplés du CMIP5 qui ont fonctionné avec le forçage historique depuis les années 1850 à 2005. Un grand nombre de modèles ont un cycle d'extension de la glace de mer (SIE) qui diffère notablement de celui qui est observé depuis les 30 dernières années. La majorité des modèles présentent une extension de la glace de mer (SIE) au minimum de Février trop faible, tandis que plusieurs des modèles présentent des extensions qui sont moindres que les deux tiers de ce qui est observé lors du maximum de Septembre. En opposition avec les observations satellitaires qui montrent une petite augmentation de l'extension (SIE), l'extension moyenne de la glace de mer donnée par les modèles pour la période 1979-2005 montre une décroissance lors de chaque mois [...] Les modèles présentent de très grandes différences de l'extension de la glace Antarctique (SIE) durant la période 1860-2005. La plupart des réalisations des modèles de contrôle présentent des tendance statistiquement significatives de la SIE durant la durée totale de leur excursion et tous les modèles présentent une tendance à la décroissance depuis la dernière moitié du XIXème siècle. La tendance négative de l'extension de la glace de mer dans la plupart des modèles qui vont de 1979 à 2005 est le prolongement d'un déclin précédent ce qui suggère que les processus responsables de l'augmentation observée durant les trente dernières années ne sont pas simulés correctement.


Autrement dit, et contrairement à ce qui est affirmé ici où là, les modèles du GIEC prévoient une diminution de l'extension de la glace de mer antarctique alors que les observations objectives montrent exactement le contraire. Dans ces conditions, la conclusion des auteurs qui écrivent que les "processus responsables de l'augmentation observée durant les trente dernières années ne sont pas simulées correctement" est un pur euphémisme spécifique au langage scientifique.

En résumé et quelle qu'en soient les causes, les observations montrent que, depuis que l'on dispose de données fiables, c'est à dire depuis 1980, la superficie de la glace Arctique diminue (durant l'été boréal), tandis que la superficie de la glace de mer Antarctique augmente (durant l'hiver Austral), à peu près, à la même époque de l'année. Pour les lecteurs familiers de ce site, ceci évoque immanquablement un phénomène qui j'ai mentionné à plusieurs reprise dans cette même (longue) page : La "bascule polaire".

4) Quelques rappels complémentaires sur la "bascule polaire", le "polar seesaw" en anglais :

J'ai évoqué cette question dans le cours de plusieurs billets précédents auxquels le lecteur intéressé pourra se référer. En particulier :
08 Juillet 2010 : La bascule polaire
18 Juillet 2010 : la Péninsule Ouest de l'Antarctique.
09 Mai 2011 : La ola et les oscillations climatiques

A titre d'illustration de ce phénomène qui mobilise l'attention de plusieurs groupes de chercheurs (Tsonis, Chylek et al, etc.), voici un graphe qui figure dans le premier rapport complet du GIEC (le FAR, le first assessment report, 1990), à la page 224 :

icefar

 

 

Ce graphique en deux parties montre l'évolution de l'anomalie (c'est à dire par rapport à une valeur moyenne de référence dépendante du temps), de 1973 à 1990 (date du rapport FAR) des extensions de la glace de mer pour

 

l'hémisphère Nord (c'est à dire essentiellement l'Arctique): (a) en haut

 

 

 

l'hémisphère Sud, (c'est à dire essentiellement l'Antarctique) : (b), en bas

 

D'après les données détenues à l'époque par la NOOA US. Même si on imagine les difficultés qu'on devait éprouver, à cette époque, pour obtenir des données fiables pour l'ensemble des bassins, il est assez apparent que les anomalies des extensions des glaces de mer des deux pôles ont varié en opposition de phase, en accord avec les observations de la "bascule polaire". A cette époque, le GIEC n'en a tiré aucune conclusion ni invité à aucune direction de recherche dans ce sens.



 

 

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Toujours à titre de rappel et d'illustration, on peut se remémorer le graphe ci-contre qui est tiré d'un article de Petr Chylek, Chris K. Folland, Glen Lesins, et Manvendra K. Dubey :

Bascule bi-polaire du vingtième siècle des températures de surface de l'Arctique et de l'Antarctique.
"Twentieth century bipolar seesaw of the Arctic and Antarctic surface air temperatures"
GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 37, L08703, doi:10.1029/2010GL042793, 2010 (publié le 22 Avril 2010).

 

Légende de la figure ci-contre :

"Figure 2. (a) Séries temporelles de température corrigées
de l'Arctique (en bleu )
de l'Antarctique (en rouge ).
Les données sont lissées avec une moyenne glissante sur une durée de 11 ans (lignes fines) et de 17 ans (lignes épaisses).
"(b) Les valeurs annuelles de indice de l'AMO [d'après Parker et al., 2007] (ligne fine) et la moyenne glissante sur 17 ans (ligne épaisse)."

 

 

 

 

 

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Selon P. Chylek et al, la bascule polaire (c'est à dire le fait que les anomalies de fonte et de regel des pôles Nord et Sud soient en opposition de phase) serait liée à l'Oscillation Multidécennale Atlantique (AMO) comme on le voit sur le graphe suivant tiré d'un article plus ancien de P. Chylek et al, commenté dans ce billet. Ce graphe montre une superposition de la température en Arctique depuis 1910, avec l'indice AMO selon deux sources (NOAA et Parker).


 

A l'évidence, la mer glacée Arctique est dans une période de fonte. Alors ou en sommes-nous actuellement pour ce qui est de l'évolution de l'AMO ?

Voici la situation de l'AMO selon l'ESRL de la NOAA (Graphique du Prof. Humlum à Climat4you): iceamo

 

Indice annuel de l'Oscillation Multidécennale Atlantique (AMO) depuis 1856. La ligne fine indique une moyenne sur 3 mois et la ligne épaisse est lissée sur 11 mois. Dernière année indiquée 2011. Diagramme mis à jour le 3 Février 2012.

Comme on le voit, nous sommes actuellement sur un maximum de l'indice AMO ce qui, si le lien entre la bascule polaire est l'AMO se vérifie, devrait entraîner, dans un futur proche, un regel progressif de l'Arctique et une fonte, non moins progressive de l'Antarctique.
A noter que des corrélations entre l'AMO et des fontes et des regels, notamment des glaciers alpins, groenlandais, ont déjà été signalées et étudiées.

Bien entendu, tout cela reste à suivre avec attention dans les années qui viennent.

5) Addendum : Problèmes de mesure de l'extension des mers glacées.

Il faut savoir que les observations satellites classiques fonctionnent avec des récepteurs Infrarouges passifs (SSMIS) qui détectent les différences d'intensité des flux IR émis par la mer libre et par la mer glacée. Ces derniers ont parfois du mal à percevoir les nuances lorsque les glaces sont assez fortement fragmentées comme cela a été le cas après le passage du cyclone, conduisant à une sous-estimation de la surface glacée. A l'opposé, Le National Ice Center utilise plusieurs autres méthodes complémentaires qui lui permettent une meilleure précision. Ceci est indispensable quand on sait que le Nat. Ice Center fournit des produits destinés à sécuriser la navigation dans ces zones hostiles.
C'est aussi pour corriger ces défauts de perception des détecteurs passifs qu'ont été récemment mises au point des analyses multi-détecteurs telles que le MASIE (Multisensor Analysed Sea Ice Extent). icecompare


A titre d'illustration, voici (à droite) comment les dispositifs satellites passifs comme ceux qui sont utilisés par la plupart des institutions qui figurent dans la page "indicateurs", ont perçu la situation de la glace le 9 août 2012, à comparer avec l'analyse de la situation (à gauche) donnée par le Nat. Ice Center, pour la même date. Les différences sont notables pour ne pas dire cruciales, notamment pour les navigateurs.

Les détecteurs classique SSMIS indiquent des zones libres de glace dans des régions qui apparaissent sérieusement encombrées lors d'une analyse plus complète.

Dans l'image de droite, les couleurs magenta et pourpre indiquent une concentration de glace proche de 100%. Le jaune, le vert et le bleu pale indiquent des concentrations allant de 60 à 20%.

6) Résumé et conclusion :

-Il n'est pas douteux, au moins depuis que nous disposons de mesures fiables et complètes des extensions des mers de glace des deux pôles, c'est à dire depuis une trentaine d'années, que la surface de la banquise arctique diminue d'année en année et que la banquise antarctique augmente en proportion. Il est hasardeux d'en tirer des conclusions pour l'avenir sachant que de nombreux récits de navigateurs et de scientifiques (notamment Russes), quoique parcellaires, attestent de fontes similaires, suivies de regels, durant le siècle précédent et la fin du XIXème siècle. Il s'agit peut-être d'un phénomène cyclique avec une période qui excède sensiblement la faible durée de nos observations (Par exemple, résultant du cycle de 60 ans de l'AMO).

-La fonte de l'Arctique, en cette année 2012, résulte de la conjonction exceptionnelle d'une glace fragilisée avec un événement météorologique (un cyclone intense et durable) rare. En toute honnêteté, cette fonte exceptionnelle ne peut et ne doit pas servir d'argument pour ceux qui cultivent systématiquement l'alarmisme, comme cela s'est vu fréquemment dans les médias.

-On observe, une fois de plus, une anticorrélation entre les anomalies du pôle Sud et du pôle Nord. Les deux records d'extension (minimal et maximal) semblent avoir été battus en même temps. Cette conjonction résulte peut-être d'une coïncidence même si elle recoupe un grand nombre d'observations sur de plus longues durées sur lesquelles des chercheurs travaillent activement.

Là encore, "Wait and see". Nous le saurons bientôt.


08 Juin 2012 : Dans les années 1930-40, le retrait des glaciers du Sud-Est Groenlandais était très semblable à ce qu'il est dans la période présente.

1) Introduction :

Nous allons présenter ci-dessous un article qui comble, de manière convaincante, une lacune fréquemment rencontrée en climatologie.
En bref :

  • Un grand nombre d'observations relatives au climat reposent sur le suivi des données satellitaires qui ne sont devenues disponibles que depuis le début des années 1980, soit depuis une trentaine d'années. Il se trouve que, de manière fortuite mais non sans conséquences, le début des observations satellitaires a précisément coïncidé avec un refroidissement temporaire de la température de la planète (qui avait fait craindre à certains le retour d'un "petit âge glaciaire") qui faisait suite à un réchauffement temporaire qui s'est produit dans les années 1910-1945 comme le savent les lecteurs attentifs de ce site. Par la suite, c'est à dire dans la période 1976-1998, la température de la planète a augmenté de quelques cinq dixièmes de degré. Dès lors, ces nouveaux moyens d'observation ont permis d'observer, en direct, les conséquences de ce réchauffement (notamment la fonte ou le recul de certains glaciers), ce qui a sans doute contribué à alimenter l'alarmisme climatique qui a dominé la période récente.
  • Pourtant, il ne suffit pas d'avoir constaté que, par exemple, les glaciers du Groenland ont subi un retrait durant les deux ou trois dernières décennies pour en tirer des conclusions définitives comme le font certains. La question qui vient immédiatement à l'esprit est évidemment la suivante :
    "Certes, on constate que les glaciers ont régressé durant la période récente mais est-ce la première fois ? Que s'est-il passé auparavant ?".
    Autrement dit et pour tout ce qui concerne l'évolution du climat, il est impératif de s'en rapporter à l'histoire précédant la période actuelle, comme nous (et beaucoup d'autres) le rappelons à de multiples reprises car cet impératif semble quelque peu négligé.

Dans cet esprit, l'article qui vient de paraître dans Nature geoscience et que je vais vous présenter est important parce qu'il nous permet, tout comme à l'ère satellitaire présente, d'accéder (enfin) à une vision directe et objective sur ce qui s'est passé au Groenland durant les 50 années qui ont précédé l'ère satellitaire. S'agissant de photographies aériennes, point n'est besoin, cette fois-ci, de faire appel aux multiples indicateurs indirects (les proxys) pour tenter d'établir une reconstruction du climat du passé. Comme vous le savez, les résultats des multiples proxys (comme par exemple, les carottages glaciaires, les pollens, les cernes des arbres etc.) dont l'usage est pourtant indispensable pour remonter plus loin dans le temps, doivent raisonnablement être considérés avec une certaine prudence.
Rien ne vaut - c'est évident - l'observation directe telle que celle qui est à la base de l'article mentionné ci-dessous.

Il s'agit, cette fois-ci, de photos aériennes de l'état des emblématiques (c'est le "canari dans la mine") glaciers de la côte Sud-Est du Groenland,
miraculeusement exhumés des archives de la septième expédition de Thulé, consacrée aux zones côtières des îles de la zone arctique et dirigée à l'époque, c'est à dire à partir de 1932, par le Dr. Knud Rasmussen.

La Norvège et le Danemark étaient en compétition depuis fort longtemps pour la possession du Groenland et la cour internationale devait trancher la question (en faveur du Danemark) en 1933. C'est dans ce contexte qu'il fut décidé de dresser des cartes détaillées de cette région, en utilisant des photos aériennes. Ces photographies furent classifiées, à l'époque, sous le sceau de ce qui s'apparenterait en France au "secret défense" et donc conservées par les militaires danois qui se gardèrent de les publier jusqu'à ce qu'elles soient enfin récemment redécouvertes et que la nouvelle parvienne au Museum d'Histoire Naturelle de Copenhague où officiait un jeune doctorant, Anders Bjork.
Bjork est le premier auteur de l'article analysé ci-dessous. Inutile de préciser que, pour ce jeune doctorant, ce fut une véritable aubaine que, n'étant pas spécialiste de la question, il s'empressa de partager avec les experts US et danois des glaciers Groenlandais.

Comme s'en souviendront les lecteurs attentifs de ce site, ce n'est pas la première fois que j'évoque les progrès accomplis grâce à l'exploitation de photos aériennes historiques. Voici quelques rappels :

Rappels au sujet de l'utilisation de photographies aériennes historiques de l'ère pré-satellitaire.
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  • Dans un billet précédent (du 1er août 2010) je vous avais présenté une étude qui utilisait les photos aériennes des atolls du pacifique prises pendant la dernière guerre mondiale. Ces photos historiques comparées aux photographies satellites modernes avaient permis à deux chercheurs, Arthur Webb et Paul Kench, de montrer que la surface émergée des îlots coralliens du Pacifique (tel celui représenté sur l'image ci-contre) n'avait pas diminué durant la période récente mais, au contraire, avait augmenté depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ce qui va à l'encontre des affirmations infondées entretenues, notamment, par certaines agences environnementales.

  • Plus loin dans le temps, dans un billet du 21 oct. 2008, j'avais évoqué les trouvailles de Jason Box (également coauteur du présent article) et de son étudiant (Adam Herrington) qui avaient consulté plus d'une centaine de livres poussiéreux, datant des années 30, à la recherche de photos historiques de quelques glaciers Groenlandais. Jason Box disait : "Ce qui est nouveau, à propos de cette affaire, c'est que nous avons trouvé une grande quantité d'informations en partant de sources "low-tech" qui avaient été négligés par les chercheurs." Les sources "low-tech" par opposition aux données satellitaires "hich-tech", sont les bouquins poussiéreux des rayonnages universitaires. Box et son collègue s'étaient particulièrement intéressés aux trois grands glaciers Groenlandais : le Jakobshavn Isbrae, le Kangerdlugssuaq et le Helheim. Jason Box racontait que : "En cherchant dans les données anciennes, Herrington a trouvé une carte de 1932 et une photo aérienne de 1933 qui montraient que, durant la période chaude, le Glacier de Kangerdlugssuaq a perdu un morceau de glace flottante qui faisait à peu près la taille de l'île de Manhattan de New York." Ce qui est assez proche de ce qu'on a pu lire récemment sous la plume de certains alarmistes qui ne signalaient pas qu'il y avait eu des précédents vers 1933 parce qu'ils avaient sans doute oublié de consulter les archives.

On peut donc voir l'article suivant comme l'épanouissement des premières trouvailles effectuées en 2008 par Jason Box (et son étudiant) qui s'était attaché à la recherche des archives photographiques existantes sur les glaciers Groenlandais.

2) L'article qui vient de paraître dans Nature Geoscience est intitulé :
"Une vue aérienne des fluctuations liées au climat des glaciers du Sud-Est Groenlandais durant 80 ans".
Cet article résulte d'une collaboration entre des chercheurs Danois de Copenhague et de Aarhus avec des chercheurs de l'université de l'Ohio (dont Jason Box).

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1Centre for GeoGenetics, Natural History Museum of Denmark, University of Copenhagen, Copenhagen, Denmark,
2DTU Space—National Space Institute, Technical University of Denmark, Department of Geodesy, Copenhagen, Denmark,
3Geological Survey of Denmark and Greenland,
Department of Marine Geology and Glaciology, Copenhagen, Denmark,
4Department of Geography, The Ohio State University, Columbus, USA,
5Byrd Polar Research Center, The Ohio State University, Columbus, USA,
6Department of Geoscience, Aarhus University, Denmark.

Voici le résumé original suivi d'une traduction en français :

Abstract : Widespread retreat of glaciers has been observed along the southeastern margin of Greenland. This retreat has been associated with increased air and ocean temperatures. However, most observations are from the satellite era; presatellite observations of Greenlandic glaciers are rare. Here we present a unique record that documents the frontal positions for 132 southeast Greenlandic glaciers from rediscovered historical aerial imagery beginning in the early 1930s. We combine the historical aerial images with both early and modern satellite imagery to extract frontal variations of marine- and land-terminating outlet glaciers, as well as local glaciers and ice caps, over the past 80 years. The images reveal a regional response to external forcing regardless of glacier type, terminal environment and size. Furthermore, the recent retreat was matched in its vigour during a period of warming in the 1930s with comparable increases in air temperature. We show that many land-terminating glaciers underwent a more rapid retreat in the 1930s than in the 2000s, whereas marine-terminating glaciers retreated more rapidly during the recent warming.

Résumé : On a observé un retrait généralisé des glaciers le long de la zone côtière Sud-Est du Groenland. Ce retrait a été associé à une hausse des températures de l'air et de l'océan. Cependant, la plupart des observations ont été effectuées durant l'ère satellitaire (NdT : c'est à dire depuis 1979) ; Les observations pre-satellitaires des glaciers groenlandais sont rares. Dans cet article nous présentons des archives uniques qui documentent les positions du front de 132 glaciers du Sud-Est Groenlandais, tirées des images aériennes historiques redécouvertes qui proviennent du début des années 1930. Nous combinons ces images aériennes historiques avec les images anciennes et modernes de l'ère satellitaire de manière à en extraire les variations des fronts des glaciers à terminaison marine ou terrestre, aussi bien que celles des glaciers localisés et des couvertures glacées, et ceci pour les 80 années écoulées. Les images montrent une réponse régionale au forçage externe indépendamment du type de glacier, de l'environnement de sa terminaison et de sa taille. En outre, le retrait récent a été égalé dans son intensité pendant une période de réchauffement durant les années 30 avec une augmentation comparable de la température de l'air. Nous montrons que beaucoup de glaciers qui se terminent sur terre ont subi un retrait plus rapide durant les années 1930 que pendant les années 2000, tandis que les glaciers qui se jettent dans l'océan se sont retirés plus rapidement durant le réchauffement récent.

Voici, à titre d'information, des images de l'avion utilisé à l'époque et un exemplaire des nombreuses séries de photos qui ont servi à cette étude.

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L'hydravion Heinkell MK II qui a servi, en 1933, aux cartographes durant la septième mission Thulé, sous la direction de Rasmussen. Photographie aérienne prise durant la septième expédition Thulé en 1933. Cette vue oblique a été prise à partir d'un hydravion Heinkel MKII (ci-contre). Elle montre une image du glacier Helheim à 4000 m d'altitude. Pour en tirer des données chiffrées, ces photographies ont subi des traitements informatisées notamment pour tenir compte de l'obliquité des prises de vue.

Voici une des figures importantes de cet article :

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La lecture de cette collection d'images qui représentent une succession de vues, prises à différentes époques de 1933 à 2010, des 600 km de la côte Sud-Est du Groenland (situation par rapport au Groenland indiquée en haut à gauche) est assez simple. La côte est ornée de points rouges (indiquant un retrait) ou verts (indiquant une avancée) symbolisant les glaciers dont beaucoup sont à terminaison marine. La taille des points rouges ou verts indique respectivement la vitesse du retrait ou de l'avancée selon une échelle (advance myr-1 soit avance (ou retrait) en mètre par an) indiquée sur la droite du graphique.

Comme on peut le voir immédiatement et conformément au résumé de l'article, les années 1933-1943 ont été le siège d'un recul marqué des glaciers concernés (nombreux points rouges de grande surface). Durant les périodes suivantes 1943-1965 et 1965-1973, on a assisté à une avancée remarquable de plusieurs de ces mêmes glaciers. Puis, une nouvelle fonte (un recul) des glaciers a commencé à partir des années 1972-1980. Elle s'est poursuivie jusqu'à l'époque actuelle où on retrouve une situation qui ressemble à celle des années 30-40.
Les auteurs de l'articles précisent qu'il faut distinguer le comportement des glaciers à terminaison terrestre (qui avaient plus reculé durant les années 30-40 que durant la période actuelle) des glaciers à terminaison marine (qui ont fait l'inverse).

3) Rappels des résultats de trois articles précédents sur les fontes et les variations de température observées au Groenland depuis plusieurs décennies :

A noter que les observations objectives citées ci-dessus et donc difficilement contestables, recoupent assez précisément les conclusions de trois articles que j'avais commentés dans les mois précédents, dans cette même page. Les trois graphes superposés ci-contre, sont relatifs de haut en bas à :

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Il est également intéressant de rapprocher ces observations des graphiques publiées par Pietr Chylek et al dans un article (GRL 2009) que j'avais commenté dans un billet précédent (15 Juin 09) qui montrait la corrélation apparente des variations des températures en Arctique avec l'indice AMO (Atlantic Multidecennal Oscillation). Comme on le voit, la période des années 30-40 a été l'occasion d'un réchauffement généralisé de l'arctique et donc sans doute du Groenland, est étroitement corrélée avec une période positive de l'indice AMO.

 


Dès lors, on peut s'interroger sur la situation présente de l'indice AMO afin de tenter une prédiction sur le devenir des glaciers groenlandais et de la fonte de l'arctique. Voici le graphique de l'évolution de l'AMO selon l'ERSL de la NOAA.

Comme on peut le constater, il apparaît que l'AMO oscille avec une période l'ordre de 60 ans, comme un certain nombre d'observables du climat.
Il semble que nous sommes actuellement sur un maximum de cet indice qui pourrait chuter dans les mois/années à venir. Dès lors, on peut penser que le retrait des glaciers du Groenland pourrait s'arrêter et que ces derniers pourraient progresser comme ils l'ont fait dans les années 1945 à 1975.

Cette analyse, partagée par de nombreux auteurs (Akasofu, Chylek, Gray etc.), n'est pas mentionnée par les cosignataires de l'article ( Bjork et al) analysé ci-dessus qui pensent que la chute des températures des années 50-80 provient plutôt de l'abondance des aérosols présents à cette époque mais qu'il est difficile d'évaluer, faute de satellites d'observation.
Cette hypothèse des "aérosols" est également soutenue dans les rapports du GIEC.
L'avenir nous dira qui avait raison.
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Conclusions :

  • Au vu des résultats concordants des quatre articles cités ci-dessus et notamment de celui qui résulte de l'observation directe, on peut donc tenir pour certain que la situation actuelle des glaciers SE du Groenland est proche de celle qui a prévalu durant les années 30-40, à une époque où les taux de rejets de CO2 dans l'atmosphère étaient, environ, cinq fois moins importants qu'à présent. A l'évidence, ceci va dans le sens d'une explication à partir de causes naturelles et non anthropiques, telles que les oscillations océaniques.

  • Il serait bon (et honnête) que les nombreux communiqués de presse et les multiples articles qui paraissent sur ce sujet avec des titres souvent très alarmistes dans les médias et notamment dans la presse écrite, en fassent mention.
    Il est certes toujours possible, selon les besoins, d'évoquer des scénarios plus ou moins catastrophiques pour le futur, mais il est impossible de changer le passé qui, peu à peu, se dévoile sous nos yeux.
    Le dissimuler n'est rien d'autre qu'une désinformation caractérisée.

A suivre ...

Stay Tuned !



21 Mai 2012 : Parmi beaucoup d'autres, voici encore trois nouvelles observations qui contredisent les affirmations alarmistes :

  • Au Groenland, la situation est beaucoup moins dramatique que les alarmistes l'avaient anticipée. La contribution des glaciers à la hausse du niveau des mers sera très limitée.
  • Contrairement aux supputations, les variations du niveau des mers dans le Pacifique tropical sont d'origine naturelle. On n'y distingue pratiquement pas de signature des gaz à effet de serre d'origine anthropique.
  • Contrairement aux affirmations alarmistes qui suggèrent une augmentation des événements climatiques extrêmes en cas de réchauffement, on n'observe pas de variation détectable dans la fréquence et l'intensité des précipitations depuis plus de mille ans, au moins en Europe où l'étude a été effectuée.

1) Observations de l'évolution des glaciers du Groenland :
Une compilation des observations satellitaires sur l'évolution de la quasi-totalité des glaciers émissaires du Groenland montre que les hypothèses ultra-alarmistes antérieures étaient infondées.
Voici des éléments significatifs extraits d'un article récent paru dans la livraison du 4 Mai 2012 de la revue
Science.

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T. Moon,1,2* I. Joughin,2 B. Smith,2 I. Howat3,4moon
(ci-contre, à droite, le sourire de Twila Moon de l'Université de Washington à Seattle)

1Earth and Space Sciences, University of Washington, Seattle, WA 98195, USA.
2Polar Science Center, Applied Physics Lab, University of Washington, Seattle, WA 98105, USA.
3School of Earth Sciences, Ohio State University, Columbus, OH 43210, USA.
4Byrd Polar Research Center, Ohio State University, Columbus, OH 43210, USA.

Abstract :
Earlier observations on several of Greenland’s outlet glaciers, starting near the turn of the 21st century, indicated rapid (annual-scale) and large (>100%) increases in glacier velocity. Combining data from several satellites, we produce a decade-long (2000 to 2010) record documenting the ongoing velocity evolution of nearly all (200+) of Greenland’s major outlet glaciers, revealing complex spatial and temporal patterns. Changes on fast-flow marine-terminating glaciers contrast with steady velocities on ice-shelf–terminating glaciers and slow speeds on land-terminating glaciers. Regionally, glaciers in the northwest accelerated steadily, with more variability in the southeast and relatively steady flow elsewhere. Intraregional variability shows a complex response to regional and local forcing. Observed acceleration indicates that sea level rise from Greenland may fall well below proposed upper bounds.

Les observations antérieures, effectuées sur plusieurs glaciers émissaires Groenlandais, qui commençaient au début du XXIème siècle, indiquaient une augmentation rapide (à l'échelle de l'année) et importante (>100%) de la vitesse des glaciers. En combinant les données résultant de plusieurs satellites, nous fournissons une étude portant sur une décennie ( de 2000 à 2010) et analysant l'évolution de la vitesse actuelle de presque tous (200+) les glaciers émissaires Groenlandais, révélant des comportements complexes dans le temps et dans l'espace. Les variations des glaciers à flux rapide s'écoulant dans le mer s'opposent aux vitesses constantes des glaciers s'écoulant sur les nappes glacées ainsi qu'à celles des vitesses lentes des glaciers qui s'écoulent sur de la terre. Pour ce qui concerne les aspects régionaux, les glaciers du Nord-Ouest ont constamment accéléré avec une variabilité plus importante dans le Sud-Est et des flux relativement stables ailleurs.La variabilité intra-régionale met en évidence une réponse complexe aux forçages local et régional. L'accélération observée montre que la hausse du niveau marin résultant du Groenland peut se révéler bien plus faible que les limites hautes qui ont été avancées.

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Voici un extrait significatif de la Figure 2 de l'article :

 

"Fig. 2. en bas:

Distribution des vitesses des glaciers (tirets courts), densité de vitesse lissées (barres colorées) et vitesses moyennes (tirets longs) pour 7 années de données. La région Nord-Ouest est en bleu avec des tirets marqueurs (côté gauche) et la région Sud-Ouest en gris avec des tiretés marqueurs en rouge (côté droit). Les lignes en tiret noir indiquent la vitesse moyenne régionale sur la décennie complète. (en haut pour le Sud-Ouest et en bas pour le Nord-Ouest). Seuls les glaciers pour lesquels il existe suffisamment de données de 2000 à 2005 et de 2005 à 2010 sont inclus."

Les années sont en abscisses. Les ordonnées sont graduées en km par an.

 

 

La conclusion de cet article est plus précise que le résumé :

Conclusion :

Finally, our observations have implications for recent work on sea level rise. Earlier research used a kinematic approach to estimate upper bounds of 0.8 to 2.0 m for 21st-century sea level rise. In Greenland, this work assumed ice-sheet–wide doubling of glacier speeds (low-end scenario) or an order of magnitude increase in speeds (high-end scenario) from 2000 to 2010. Our wide sampling of actual 2000 to 2010 changes shows that glacier acceleration across the ice sheet remains far below these estimates, suggesting that sea level rise associated with Greenland glacier dynamics remains well below the low-end scenario (9.3 cm by 2100) at present. Continued acceleration, however, may cause sea level rise to approach the low-end limit by this century’s end. Our sampling of a large population of glaciers, many of which have sustained considerable thinning and retreat, suggests little potential for the type of widespread extreme (i.e., order of magnitude) acceleration represented in the high-end scenario (46.7 cm by 2100). Our result is consistent with findings from recent numerical flow models (34).

Enfin, nos observations ont des implications pour le travail effectué récemment au sujet de la hausse du niveau des mers. Les recherches antérieures ont utilisé une approche cinématique pour estimer les limites hautes de la hausse du niveau des mers, allant de 0,8m à 2,0 m pour le XXIème siècle. Pour ce qui concerne le Groenland, ce travail supposait un doublement de la vitesse des glaciers sur toute l'étendue de la nappe glacée (scénario de la limite basse) ou d'une augmentation d'un ordre de grandeur des vitesses (scénario de la limite haute), de 2000 à 2010. Notre échantillonnage des variations réelles de 2000 à 2010 montre que l'accélération des glaciers sur l'étendue de la nappe glacée est très inférieure à ces estimations ce qui suggère que la hausse du niveau marin résultant de la dynamique des glaciers Groenlandais se trouve actuellement bien en dessous du scénario de la limite basse (9,3 cm vers 2100). Cependant, une accélération continue peut provoquer une hausse du niveau marin approchant la limite basse vers la fin de ce siècle. Notre échantillonnage d'un grand nombre de glaciers, dont beaucoup d'entre eux ont subi un amincissement et un retrait, suggère un faible potentiel pour le type d'accélération extrême (c'est à dire d'un ordre de grandeur) généralisée, prise en compte dans le scénario de la limite haute (46,7 cm en 2010). Notre résultat est cohérent avec les conclusions des récents modèles numériques des écoulements.

Je rappelle que, dans l'hypothèse basse retenue à ce jour par les adeptes du GIEC, les glaciers groenlandais devaient contribuer à une hausse de 9,3 cm vers 2100, tandis que dans l'hypothèse haute évoquée ci-dessus, la contribution avancée était de 46,7 cm.

Outre une profonde remise en cause des scénarios du GIEC concernant la hausse du niveau des océans (et, a fortiori, des scénarios encore plus alarmistes tels que celui du Potsdam Institute (Rhamstorf et al)), les observations effectuées par les auteurs de cet article montrent que la fonte (ou non) des glaciers émissaires du Groenland résulte de processus beaucoup plus complexes, aussi bien dans l'espace que dans le temps, que ceux qui avaient été évoqués dans les rapports du GIEC et qui résulteraient d'une fonte généralisée due, par exemple, à une hausse globale de la température.
Ainsi, des glaciers dont la fonte s'accélérait pendant quelques années, l'ont vue décélérer pendant une autre période. Certains glaciers en accélération se trouvent à proximité de glaciers en décélération. Les auteurs avancent l'hypothèse que des facteurs locaux jouent un rôle crucial dans la détermination de la fonte locale, tels que la présence d'un fjord, d'un autre glacier, de la géométrie du lit, des variations locales du climat ainsi que des entrées de courants marins à petite échelle et des conditions particulières des nappes glacées terminales.

Note : Il est intéressant (et révélateur) d'observer comment les journalistes en mal de catastrophisme, et notamment celui de la Tribune de Genève (qui part d'une dépêche Reuters), ont "interprété" cet article.

La TdG titre carrément "Les glaciers du Groenland glissent plus vite vers la mer" alors que les conclusions des auteurs de l'article rapporté ici, sont, précisément, qu'ils glissent beaucoup moins vite que prévu et que leur contribution à l'élévation du niveau des mers sera très certainement bien inférieure à celle qui avait été prévue par les modèles antérieurs.

Parmi quelques autres, Todayonline, une publication US qui utilise la version anglaise de la dépêche Reuters, titre, elle, honnêtement "La Fonte des glaciers du Groenland maîtrisée : La fonte des glaces n'est pas aussi rapide qu'on le craignait, nous dit une étude."

...
Malheureusement, l'auteur de cette publication qui, visiblement n'y connaît pas grand chose, n'hésite pas à multiplier carrément par 10 les observations objectives de la hausse du niveau des mers (qui se situe, en réalité, entre 1,8 mm/an et 3,2 mm/an). Ainsi, il affirme : " Global seas have been rising by a bit more than 30mm a year." (Les océans du globe ont monté d'un peu plus de 30mm/an.").

Nous avons l'habitude, mais tout de même...

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2) Variations du niveau des mers dans la région tropicale de l'océan pacifique.

Une équipe de chercheurs du LEGOS (Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales) de Toulouse (en collaboration avec un chercheur de Météo-France et un autre de Caltech, USA) a effectué une analyse détaillée de la variation du niveaux des mers observée dans la zone tropicale Pacifique.

L'article suivant qui en a résulté est intitulé "Tendances et variation spatiale observées du niveau des mers : Variabilité interne et/ou signature anthropique ?"

Quel est le but poursuivi par ces chercheurs ?
Comme les auteurs de cet article l'écrivent eux-mêmes :

"L'objectif de la présente étude est de répondre à deux questions scientifiques importantes en relation avec la variabilité régionale du niveau des mers :
(1) Si l'évolution des tendances n'est pas stationnaire dans le temps, comment a-t-elle évolué durant les dernières décennies et quelles sont les échelles de temps caractéristiques ?
(2) Quels sont les facteurs qui la pilotent : Résultent-ils principalemenent de la variabilité interne du système climatique ou reflètent-ils déjà les facteurs de forçage externes, en particulier, celui du forçage anthropique ?"

Comme vous allez le constater, l'article apporte des réponses éclairantes à ces deux questions.

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Voici le résumé original de l'arcticle suivi d'une traduction en français.

Abstract. In this study we focus on the sea level trend pattern observed by satellite altimetry in the tropical Pacific over the 1993–2009 time span (i.e. 17 yr). Our objective is to investigate whether this 17-yr-long trend pattern was different before the altimetry era, what was its spatio-temporal variability and what have been its main drivers. We try to discriminate the respective roles of the internal variability of the climate system and of external forcing factors, in particular anthropogenic emissions (greenhouse gases and aerosols). On the basis of a 2-D past sea level reconstruction over 1950–2009 (based on a combination of observations and ocean modelling) and multi-century control runs (i.e. with constant, preindustrial external forcing) from eight coupled climate models, we have investigated how the observed 17-yr sea level trend pattern evolved during the last decades and centuries, and try to estimate the characteristic time scales of its variability. For that purpose, we have computed sea level trend patterns over successive 17-yr windows (i.e. the length of the altimetry record), both for the 60-yr long reconstructed sea level and the model runs. We find that the 2-D sea level reconstruction shows spatial trend patterns similar to the one observed during the altimetry era. The pattern appears to have fluctuated with time with a characteristic time scale of the order of 25–30 yr. The same behaviour is found in multicentennial control runs of the coupled climate models. A similar analysis is performed with 20th century coupled climate model runs with complete external forcing (i.e. solar plus volcanic variability and changes in anthropogenic forcing).
Results suggest that in the tropical Pacific, sea level trend fluctuations are dominated by the internal variability of the ocean–atmosphere coupled system. While our analysis cannot rule out any influence of anthropogenic forcing, it concludes that the latter effect in that particular region is still hardly detectable.

Résumé : Dans cette étude, nous nous focalisons sur la tendance de la variation du niveau de mers observée à l'aide de l'altimétrie laser dans la région tropicale de l'océan Pacifique pour la période 1993-2009 (c'est à dire 17 ans). Notre objectif est de chercher à savoir si la tendance durant cette période de 17 ans était différente avant l'ère des mesures altimétriques, quelle était sa variabilité spatio-temporelle et quels en ont été les principaux moteurs. Mous tentons de discriminer entre les rôles respectifs de la variabilité interne du système climatique et ceux des facteurs de forçage externe, et en particulier du rôle des émissions anthropiques (gaz à effet de serre et aérosols). Sur la base d'une reconstruction 2-D du niveau marin du passé sur la période 1950-2009 (basée sur une combinaison des observations et de la modélisation des océans) et des résultats de modélisation sur plusieurs siècles (c'est à dire avec un forçage externe préindustriel constant); à partir de huit modèles couplés du climat, nous avons recherché comment l'évolution du niveau des mers, observée pendant les 17 années, a évolué pendant les dernières décennies et siècles passés. Nous avons tenté d'estimer les échelles de temps caractéristiques de sa variabilité. Dans ce but, nous avons calculé les évolutions du niveau marin dans des fenêtres successives d'une durée de 17 ans (qui est la durée de notre enregistrement altimétrique), aussi bien pour le niveau marin reconstruit sur une durée de 60 ans que pour le résultat de la simulation informatique. Nous trouvons que la reconstruction 2-D du niveau marin montre des tendances spatiales semblables à celles qui ont été observées durant l'ère altimétrique. On voit que les tendances ont fluctué dans le temps avec des temps caractéristiques de l'ordre de 25-30 ans. Le même comportement est observé dans les résultats des simulations pluriséculaires de contrôle des modèles couplés du climat. Une analyse similaire a été effectuée pour des simulations numériques des modèles climatiques couplés pour le XXème siècle avec un forçage externe complet (c'est à dire avec le soleil, la variabilité volcanique et les variations du forçage anthropique).
Les résultats suggèrent que dans le Pacifique tropical, les fluctuations de l'évolution du niveau des mers sont dominées par la variabilité interne du système couplé océan-atmosphère. Bien que notre analyse ne permette pas d'exclure toute influence du forçage anthropique, la conclusion est que ce dernier effet, dans cette région, est encore difficilement détectable.


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Note :

A titre d'illustration, voici, ci-contre, une carte colorée indiquant, notamment, les variations du niveau des mers dans la zone pacifique de juin 2002 à Mars 2012, vue par Envisat (ESA, Envisat a cessé définitivement d'émettre le 8 Avril dernier ).

La couleur bleue indique une baisse du niveau des océans. Le rouge indique une hausse (échelle graduée en bas du graphique).

Comme on le constate immédiatement, le variation du niveau de l'océan pacifique apparaît comme particulièrement hétérogène dans la zone tropicale (et équatoriale). Ainsi, plutôt que la considération d'une valeur moyenne peu significative, une étude prenant en compte la distribution spatiale des variations de niveau s'impose. C'est ce qu'ont fait les auteurs de l'article.

 

 

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A noter également que l'étude porte non pas sur la contribution constante de la hausse du niveau des océans mais sur les variations, notamment durant les dernières décennies, de cette hausse.

Compte tenu de l'augmentation soutenue de la proportion des gaz à effets de serre dans l'atmosphère, notamment durant la dernière décennie, on aurait pu s'attendre à ce que la hausse du niveau des océans (et sa distribution spatiale) ait été modifiée en conséquence. De fait, il n'en est rien et, au moins jusqu'à présent, les caractéristiques fondamentales des variations du niveau des océans reflètent la variabilité interne du système climatique et non pas la contribution (supposée) anthropique. Voilà qui va à l'encontre de beaucoup d'idées reçues et généreusement entretenues..

 

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3) A la recherche des événements climatiques extrêmes depuis les derniers mille ans.

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a b s t r a c t
A predicted rise in anthropogenic greenhouse gas emissions and associated effects on the Earth’s climate system likely imply more frequent and severe weather extremes with alternations in hydroclimatic parameters expected to be most critical for ecosystem functioning, agricultural yield, and human health. Evaluating the return period and amplitude of modern climatic extremes in light of pre-industrial natural changes is, however, limited by generally too short instrumental meteorological observations. Here we introduce and analyze 11,873 annually resolved and absolutely dated ring width measurement series from living and historical fir (Abies alba Mill.) trees sampled across France, Switzerland, Germany, and the Czech Republic, which continuously span the AD 962-2007 period. Even though a dominant climatic driver of European fir growth was not found, ring width extremes were evidently triggered by anomalous variations in Central European April-June precipitation. Wet conditions were associated with dynamic low-pressure cells, whereas continental-scale droughts coincided with persistent high-pressure between 35 and 55N. Documentary evidence independently confirms many of the dendro signals over the past millennium, and further provides insight on causes and consequences of ambient weather conditions related to the reconstructed extremes. A fairly uniform distribution of hydroclimatic extremes throughout the Medieval Climate Anomaly, Little Ice Age and Recent Global Warming may question the common believe that frequency and severity of such events closely relates to climate mean stages. This joint dendro-documentary approach not only allows extreme climate conditions of the industrial era to be placed against the backdrop of natural variations, but also probably helps to constrain climate model simulations over exceptional long timescales.

Résumé :
Une hausse prévue des émissions des gaz à effet de serre et de ses effets associés sur le climat de la Terre, implique probablement des extrêmes climatiques plus fréquents et plus sévères avec des alternances des paramètres hydroclimatiques dont on pense qu'ils sont très critiques pour le fonctionnement des écosystèmes, pour les rendements de l'agriculture et la santé humaine. Cependant, l'évaluation de la périodicité et de l'amplitude et des extrêmes climatiques contemporains par rapport aux variations à l'époque préindustrielle est généralement limitée du fait d'observations instrumentales météorologiques de trop courte durée. Dans ce travail, nous introduisons et analysons 11.873 séries de mesures d'épaisseur de cernes d'arbres, datées de manière absolue, tirées de sapins vivants et historiques (Abies alaba Mill.) échantillonnés à travers la France, la Suisse, l'Allemagne et la République Tchèque. Cette série recouvre, de manière continue, la période 967-2007 AD. Même si un moteur climatique dominant de la croissance du pin européen n'a pas été trouvée, les épaisseurs extrêmes des cernes ont été, à l'évidence, déclenchées par des variations anormales des précipitations d'Avril à Juin dans la région du centre de l'Europe. Les conditions humides ont été associées avec des cellules dynamiques de basse pression, tandis que les sécheresses à l'échelle du continent ont coïncidé avec des hautes pressions entre 35° et 55°N. Des preuves documentaires confirment, de manière indépendante, de nombreux signaux dendroclimatiques tout au long du millénaire écoulé et apportent des indications sur les causes et les conséquences des conditions météorologiques ambiantes en rapport avec les extrêmes reconstruits. Une distribution pratiquement uniforme des extrêmes hydroclimatiques tout au long de l'anomalie climatique médiévale, du petit âge glaciaire et du réchauffement climatique récent, peut remettre en question la croyance répandue selon laquelle la fréquence et la sévérité de tels événements seraient étroitement liés aux moyennes des phases climatiques. Cette étude couplée entre la dendroclimatologie et les données documentaires permet, non seulement, de replacer les conditions climatiques extrêmes de l'ère industrielle dans le contexte des variations naturelles, mais elle contribue aussi probablement à imposer des contraintes aux simulations numériques du climat pour les durées exceptionnellement longues.

La courbe maîtresse extraite de l'article : buntgen3


(C) variabilité des précipitations annuelles en Europe centrale (trait fin bleu) et après lissage sur 40 ans (trait bleu épais)

Comme on le constate, on ne discerne pas de variations notable du nombre des événements hydroclimatiques extrêmes durant les mille dernières années, non plus que dans la période industrielle récente.

 

Note : On pourrait objecter que cet article repose, au moins en partie, sur des données dendroclimatiques dans lesquelles beaucoup n'ont qu'une confiance limitée. C'est exact, mais ce travail repose aussi et en grande partie sur un travail de documentation historique conséquent, ce qui permet de conforter les résultats obtenus par l'analyse des cernes des arbres. En effet, la région de l'Europe qui est concernée par cette étude est particulièrement riche en fonds historiques, ce qui n'est hélas pas généralisable à l'ensemble de la planète.

Pour ce qui est des cinq cents dernières années, le travail des chercheurs cités ci-dessus corrobore, au moins dans les grandes lignes, les conclusions de l'historien Emmanuel Garnier :
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Emmanuel Garnier : "Les dérangements du temps : 500 ans de froid et de chaud et Europe."

La présentation du livre donne le ton de l'ouvrage :

"...il est en revanche certain que les événements extrêmes qui focalisent tant l'attention de l'opinion publique aujourd'hui faisaient déjà partie du quotidien des sociétés anciennes. La sévérité des catastrophes observées sur cinq siècles démontre qu'elles n'eurent rien à envier à nos désastres récents."

 

 

En aparté et toujours à propos des événements climatiques extrêmes, il est intéressant de rappeler qu'à l'échelle du globe, l'énergie accumulée de ace2012l'activité cyclonique (indice ACE), ne montre toujours aucune tendance à la croissance contrairement à une croyance répandue et en contradiction avec ce qui avait été prévu dans les rapports du GIEC.

 

Voici le graphique ( mis à jour le 1er Mai 2012) de l'évolution de l'indice ACE depuis 1972.

 

A suivre... Stay tuned !

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26 Février 2012 : Après d'autres observations concordantes, un article rapporte que le Glacier Helheim du Groenland avait fondu dans les années 1930-40 au moins autant qu'il l'a fait récemment. andre5

Comme nous allons le voir, ces observations recoupent celles de deux articles précédents qui concernent également le Groenland et qui utilisent des techniques et des observations différentes mais qui toutes, vont dans le sens d'un réchauffement marqué du Groenland dans les années 1930-1940, d'amplitude équivalente à celui que nous connaissons de nos jours.

Dès lors, une démarche scientifique appropriée ne consisterait-elle pas à essayer d'expliquer les causes de ce réchauffement très apparent qui a eu lieu dans les années 1930-1940, une époque où les émissions de gaz à effet de serre étaient très faibles (concentration de CO2 dans l'atmosphère ~300ppm contre 390 ppm de nos jours) et qui est donc certainement dû à des causes naturelles ?
Pourquoi ces causes naturelles ne seraient-elles pas également responsables ou, au moins largement impliquées, dans les phénomènes identiques (dont on nous affirme qu'ils résultent "certainement" d'une action anthropique) observés de nos jours,
c'est à dire près de 60 ans plus tard, correspondant précisément au cycle de 60 ans qui a été l'objet de nombre de billets de ce site.

Les lecteurs(trices) de ce site sont certainement familiers d'une remarque récurrente qui relève du bon sens : Si on veut pouvoir analyser et tirer des conclusions sur les causes des variations actuelles des observables du climat (température, fonte des glaces, des glaciers etc.), il est impératif de les comparer avec ce qui s'est produit dans un passé récent et plus lointain.

Malheureusement, un grand nombre des observations fiables utilisées par la science climatique moderne provient des satellites qui ne sont devenus opérationnels de ce point de vue, qu'à partir des années 1975-1980.

Or, ces années-là étaient des années plutôt froides.
C'est donc une coïncidence malheureuse : l'ère des observations satellitaires a correspondu assez exactement avec le début d'une ère de réchauffement de la planète (de 1975 à 2000 environ). Ceci a évidemment pour résultat de biaiser quelque peu le jugement.
Il est donc important, et même crucial, de chercher à savoir quelle était la situation climatique (température, fonte des glaciers et des glaces) dans les années qui ont précédé l'ère satellitaire.

Fort
heureusement, il existe plusieurs méthodes pour observer les effets de la variabilité climatique durant la période précédant 1975.

Tel est l'objet de ce billet qui concerne le Groenland et qui recoupe les observations publiées dans deux autres articles que j'ai commentés ci-dessous dans cette page.
Nous allons voir avec quelques détails comment s'est comporté un glacier emblématique du Groenland, le Helheim, durant les 120 dernières années.

Le titre de l'article paru en Décembre 2011 dans la revue "Nature Géeosciences" (une subdivision de la revue Nature) est le suivant :

"Réponse rapide du Glacier Helheim du Groenland à la variabilité du climat durant le siècle dernier."
Cet article résulte d'une collaboration entre la célèbre Woods Hole Oceanographic Institution (US) et plusieurs institutions Danoises, spécialistes du sujet.

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Ci-contre, le Glacier Helheim et le fjord Sermilik tels que vous pouvez les voir vous-mêmes avec Google Earth.
Voici le résumé original de cet article (en anglais) suivi d'une traduction en français (encart jaune) :

Abstract : During the early 2000s the Greenland Ice Sheet experienced the largest ice-mass loss of the instrumental record, largely as a result of the acceleration, thinning and retreat of large outlet glaciers in West and southeast Greenland. The quasi-simultaneous change in the glaciers suggests a common climate forcing. Increasing air and ocean temperatures have been indicated as potential triggers. Here, we present a record of calving activity of Helheim Glacier, East Greenland, that extends back to about AD 1890, based on an analysis of sedimentary deposits from Sermilik Fjord, where Helheim Glacier terminates. Specifically, we use the annual deposition of sand grains as a proxy for iceberg discharge. Our record reveals large fluctuations in calving rates, but the present high rate was reproduced only in the 1930s. A comparison with climate indices indicates that high calving activity coincides with a relatively strong influence of Atlantic water and a lower influence of polar water on the shelf off Greenland, as well as with warm summers and the negative phase of the North Atlantic Oscillation. Our analysis provides evidence that Helheim Glacier responds to short-term fluctuations of large-scale oceanic and atmospheric conditions, on timescales of 3–10 years.

Résumé : Au début des années 2000, l'étendue glacée du Groenland a été l'objet de la plus importante perte de glace observée dans les enregistrements des mesures, ceci résultant principalement de l'accélération, de l'amincissement et du retrait des grandes sorties des glaciers de la partie Ouest et Sud-Est du Groenland. Les changements quasi-simultanés des glaciers suggèrent un forçage climatique commun. Une hausse des températures de l'air et de l'océan ont été décrits comme des éléments déclencheurs. Dans cet article, nous présentons un enregistrement de l'activité de vêlage du Glacier Helheim à l'Est du Groenland, qui remonte aux environs de l'année 1890 de notre ère. Ces données sont basées sur une analyse des dépôts sédimentaires tirés du Fjord Sermilik où se termine le Glacier Helheim. De manière plus spécifique, nous utilisons le dépôt annuel des grains de sables comme indicateur de la décharge en icebergs. Nos données montrent de grandes fluctuations dans les taux de vêlage, mais le taux élevé actuel a seulement été répliqué dans les années 1930. Une comparaison avec les indicateurs du climat montre qu'une forte activité de vêlage coïncide avec une influence relativement forte des eaux atlantiques et avec une influence plus faible des eaux polaires sur le plateau au large du Groenland, aussi bien qu'avec les étés chauds et la phase négative de l'Oscillation Nord Atlantique. Notre analyse montre que le Glacier Helheim répond aux fluctuations à court terme des conditions atmosphériques et océaniques à grande échelle, avec des temps de réponse de 3 à 10 ans.

Rappels : Cet article est relatif au vêlage (calving en anglais). En glaciologie, le vêlage consiste en la fragmentation d'une masse de glace appartenant à un glacier, un iceberg ou une plate-forme de glace ou encore en la formation d'un iceberg par dislocation d'un glacier. Le vêlage, plus connu des naisseurs-éleveurs désigne aussi la séparation (l'accouchement) de la vache qui met bas son petit veau. L'idée de rupture ou de séparation est commune à ces deux acceptions.

La technique utilisée par les auteurs de cet article consiste à analyser ce que l'on appelle les IRD (Ice Raft Debris), les débris sédimentaires entraînés lors du déplacement d'une langue de glace qui se déposent au fond de l'eau lorsque la partie terminale du glacier se trouve en contact avec l'eau du fjord. Le principe de la mesure du taux de vêlage du Glacier Helheim repose sur la constatation (effectuée notamment sur le Kangerdlugssuaq) que les variations du taux des dépôts sédimentaires des IRD sont directement liés aux variations de l'activité de vêlage via le "rafting" des icebergs. La datation de ces débris a été faite à partir de la géochronologie de l'isotope 210 du plomb. Seuls les débris granulaires de taille 67 microns à 1 mm ont été considérés parce qu'ils sont suffisamment lourds pour ne pas être entraînés à des distances importantes et contribuer à la turbidité du flux marin.
Voici une image satellitaire du fjord où ont été prélevés les échantillons qui ont servi à ces études.
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Le Glacier Helheim est indiqué en haut à gauche sur cette image. Le vêlage se produit lorsque la langue inférieure du glacier se brise au contact de l'eau du fjord.
La légende de cette image est la suivante :

"Figure 1 : Le fjord de Sermilik et le Glacier Helheim avec la position des forages. La longueur du fjord est d'environ 90km et sa largeur est de 5 à 12 km. Les forages ER13, ER07 et ER11 sont récupérés à des profondeurs d'eau de 660 m, 525m et 600m , respectivement [...] L'image de fond est une image Landsat en vue oblique appliquée sur un modèle d'élévation digital. "

Le reste de la légende rappelle les missions des organismes qui ont été impliqués dans ces forages sous-marins.

 

 

 

 

 

Les résultats de trois échantillonnages indiqués sur cette image sont rapportés dans l'article. Les auteurs en ont réalisé un "composite"qui leur a permis de tracer la figure suivante qui relate l'histoire du vêlage du glacier depuis 1890.

Voici le graphe maître de cet article accompagné d'une traduction de la légende originale :

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"Reconstruction des données de vêlage du Glacier Helheim calculées comme les taux de déposition moyen (en gramme par mètre carré par an) du sable (de 63 microns à 1mm) des trois forages. Les marges d'erreur sont une fonction à un sigma des taux d'accumulation en masse et des contenus en sable. La chronologie de ER13 dans les données composites a été ajustée avec une échelle de temps de deux ans plus ancienne (à l'intérieur de la marge d'erreur à un sigma) pendant l'intervalle 1980-2000 pour améliorer l'accord avec l'image du glacier. Les positions des marges du glacier sont relatives à la position en 1993 en accord avec les images satellites et aériennes."

 

En rouge, sur cette image, on observe la position de l'extrémité du glacier vue par les photos aériennes et les images satellites. On ne dispose hélas pas de ce genre d'observations pour les périodes antérieures à 1980, sauf quelques points isolés que l'on peut apercevoir sur ce graphique et qui, pour ce qui concerne la période 1930-1945 proviennent de photographies aériennes, prises avant et pendant la dernière guerre mondiale. A noter en passant, qu'il est fréquent que les scientifiques utilisent au profit de la science, une fraction des très nombreuses photographies qui ont été prises, à d'autres fins, durant le dernier conflit mondial, comme je l'avais déjà signalé à propos des îlots coralliens du Pacifique (dont la superficie n'a pas diminué mais augmenté), dans ce billet.

Extrait de la conclusion de l'article :

"[...]Our analysis indicates that the recent increase in calving activity observed at Helheim Glacier is not unique but that a similarly large event occurred in the late 1930s/early 1940s (HC6 Fig. 3a). These two episodes occurred at times when the temperature of the Atlantic-water source was high (positive/warm Atlantic Multidecadal Oscillation phase) and the polar-water export was at a record low (even if fluctuating). The NAO index was also frequently negative, but not markedly more than during many of the other calving episodes. Interestingly, both episodes are characterized by record high summer temperatures since 1895 (1939, 1941 and 2003). These conditions probably resulted in increased surface and
submarine melt that may have contributed to the marked mass loss from Helheim Glacier."

"Notre analyse montre que l'augmentation récente de l'activité de vêlage observée au Glacier Helheim n'est pas unique et qu'un événement d'importance similaire s'est produit à la fin des années 1930 jusqu'au début des années 1940 (HC6 Fig. 3a). Ces deux épisodes sont survenus à des époques où la température de la source des eaux atlantiques était élevée ( phase positive/chaude de l'Oscillation Multidécennale Atlantique (NdT : AMO)) et quand les sorties des eaux polaires étaient à leur niveau le plus bas (même si elles fluctuaient). L'indice NAO était aussi fréquemment négatif mais pas de manière plus marquée que durant les autres épisodes de vêlage. Il est intéressant de constater que les deux épisodes ont été caractérisés par des hautes températures records pendant l'été depuis 1895 (1939, 1941 et 2003). Ces conditions ont probablement provoqué des augmentations des fontes en surface et sous-marine qui ont pu contribuer aux pertes marquées de la masse du Glacier Helheim."

Cette conclusion est parfaitement claire : La période actuelle a connu au moins un précédent équivalent, durant les années 1930-1940, donc à une époque où les émissions de gaz à effet de serre étaient pratiquement négligeables.
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A titre anecdotique, il faut se souvenir aussi que ces années n'ont pas seulement été chaudes au Groenland. C'était aussi l'époque du "dust bowl" et de la grande sécheresse aux Etats-Unis qui a duré près d'une décennie et qui a été illustrée par l'oeuvre de Steinbeck (les raisins de la colère, 1939). A la fin de cette période de réchauffement, les journaux de l'époque s'inquiétaient de la fonte de l'Arctique et avançaient des chiffres alarmants. Voici, par exemple, un extrait de journal (l'Argus de Melbourne, le 31 Mai 1947) de cette époque :

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The Argus, Melbourne, journal fondé en 1846. 48 pages.

Samedi le 31 Mai 1947

L'Arctique est en train de fondre, déclare un scientifique.

Los Angeles (AAP)
Un réchauffement mystérieux du climat de l'Arctique se manifeste lentement, a déclaré hier le Dr Hans Ahlmann, un géophysicien de l'Université de Californie.

Si les régions glacées de l'Antarctique et de la principale calotte polaire du Groenland devaient continuer à se réduire à la vitesse actuelle de la présente fonte, dit-il, les surfaces océaniques s'élèveraient dans des proportions catastrophiques. Les gens qui vivent dans les zones à basse altitude, le long des côtes, seraient inondés.
Les températures dans l'Arctique ont augmenté de 10 degré Farenheit depuis 1900 ce qui constitue une hausse "énorme" du point de vue scientifique. Le niveau des eaux dans la zone du Spitzberg est monté de 1 à 1,5 mm par an.

Source.

...Puis, le globe s'est brusquement refroidi et le réchauffement n'a repris que dans les années 1980 comme on peut le voir ici.
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Conformément à ce qui a été écrit plus haut, je rappelle les résultats des mesures présentés dans deux billets précédents portant sur des études récentes effectuées au Groenland et qui recoupent les observations précédentes. Celui de Kobashi et al sur l'évolution de la températures et celui de Frauenfeld et al, sur la fonte des glaces Groenlandaises.

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Kobashi et al., GRL 2011,VOL 38

"Haute variabilité de la température de surface du Groenland durant les 4000 ans écoulés, estimée à partir des bulles d'air piégées dans un carottage glaciaire"

Il s'agit, en particulier, de la variation de la température au sommet du Groenland, vue par les forages glaciaires pour les dernières 170 années.

Les années 1930-1940 ont bien été des années chaudes au Groenland, pratiquement aussi chaudes qu'actuellement.

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Frauenfeld et al. JGR VOL. 116, 2011

"Une reconstruction de l'extension de la fonte annuelle du Groenland de 1784 à 2009."

Ce graphe montre que la fonte des glaces au Groenland a été pratiquement aussi marquée dans les années 1930-1940 que de nos jours.

Cette étude est basée sur la compilation de mesures antérieures permettant le calcul de l'indice de fonte.

 

En résumé et selon les trois articles cités :

  • Les années 1930-1940 ont été, au Groenland, des années pratiquement aussi chaudes que les années présentes.
  • Dans les années 1930-1940, La fonte du glacier Groenlandais étudié ci-dessus a été pratiquement identique à la fonte actuelle.
  • Dans les années 1930-1940, la fonte des glaces Groenlandaises a été particulièrement marquée. Elle a été pratiquement identique à celle que nous connaissons de nos jours.

La question qui vient immédiatement à l'esprit est évidemment la suivante : "Comment ce réchauffement qui s'est répété (au moins) à deux reprises lors des 100 dernières années, peut-il être compatible avec une montée progressive, et continue du taux de CO2 dans l'atmosphère ?

Bien entendu, les chercheurs proches du GIEC qui s'intéressent à ces questions sont informés de ces observations et de quelques autres du même genre. Il semble cependant qu'elles soient suffisamment dérangeantes pour que l'un d'entre eux, parmi les plus éminents, ait évoqué ces questions lors de la 3ème Conférence Mondiale sur le Climat (placée sous l 'égide de l'ONU et l'Organisation Météorologique Mondiale (WMO)) en introduisant son discours de la manière suivante :

"Je ne suis pas un des sceptiques du climat" "a insisté Mojib Latif de l'Institut Leibniz des Sciences Marines de l'Université de Kiehl en Allemagne." "Cependant, nous devons nous poser les questions dérangeantes nous-mêmes, sinon d'autres le feront."

(Propos rapportés par Fred Pearce, reporter scientifique au journal le "New Scientist" (qui est très loin d'être une revue "climato-sceptique" )

Et, toujours selon ce reporter qui a assisté à la conférence WCC3, Mojib Latif a affirmé que nous pourrions être proches d'entrer "dans une ou deux décennies de refroidissement climatique" ce qui rejoint les conclusions de nombres d'autres auteurs et de plusieurs billets de ce site.
Sur quoi se base Mojib Latif pour avancer cette idée qui a jeté un froid parmi le gratin du GIEC réuni pour l'occasion ?
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En particulier sur cette diapo (la diapo N°10 de son exposé) :

Cette diapo représente l'évolution de la température de l'air à la surface de l'hémisphère Nord (SAT: Surface air température) de 1880 à 2009.

Intitulé de la diapo : Influences internes/ Influences externes (externes fait allusion au forçage anthropique, influences internes fait allusion aux causes naturelles de variabilité climatique).

Comme vous pouvez le constater, la température a effectivement connu un maximum temporaire durant les années 30-40 comme les analyses effectuées au Groenland le montrent. Puis le climat s'est refroidi pendant une trentaine d'années. Il est reparti à la hausse jusqu'en 1998, pour stagner sur un plateau jusqu'à nos jours (attention, ici il ne s'agit que de l'hémisphère Nord et des mesures du GISS de la NASA (Hansen, Schmidt) comme le savent les lecteurs de ce site.


Dans le sous-titre, Mojib Latif se pose la même question que celle que nous nous sommes posée au cours de cet exposé sur le Groenland :

Son sous titre (en rouge) : Dans quelles proportions la variabilité décennale a-t-elle contribué au réchauffement durant les dernières décennies ?

Autrement dit , nous percevons des manifestations importantes des évolutions naturelles du climat au Groenland comme on l'a vu ci-dessus. En fait, nous observons des oscillations dont la période est de 60 ans environ, comme on le voit aussi sur la diapo de Mojib Latif.
Quelle en est l'importance par rapport au (supposé) réchauffement climatique d'origine anthropique, mis en avant par le GIEC ?

Voici quelques extraits de l'exposé de Fred Pearce au sujet de la Conférence WCC3 (les caractères engraissé sont de l'auteur du site) :
Après avoir affirmé que nous risquons de connaître une période de refroidissement d'une ou deux décennies, Mojib Latif poursuit ;

"Les gens diront que le réchauffement climatique disparaît" "a-t-il affirmé (NdT : Mojib Latif) devant plus de 1500 des plus grands scientifiques du climat de la planète, réunis à la 3ème conférence mondiale du climat à Genève."

"Latif a prévu qu'un refroidissement climatique naturel pendant les prochaines années, surpasserait le réchauffement anthropique. Ce refroidissement résulterait des variations cycliques des courants océaniques et des températures de l'Atlantique Nord qui sont connues sous le nom de NAO (Oscillation Nord Atlantique)."

"Rompant avec l'orthodoxie du changement climatique, il a déclaré que les cycles NAO sont probablement responsables d'une partie du fort réchauffement climatique que nous avons subi pendant les trois décennies écoulées.". "Mais de combien ? Nous ne le savons pas encore." "a-t-il dit aux conférenciers. La NAO est entré dans une phase froide."

"Latif a aussi déclaré que les cycles NAO expliquaient le reverdissement récent du Sahel en Afrique après les sécheresses des années 1970-1980. James Murphy, le responsable des prévisions climatiques au Met Office (NdT : l'agence météo anglaise) a confirmé son accord et a établi un lienpope entre la NAO et la mousson en Inde, ainsi qu'avec les ouragans dans l'Atlantique et la mer glacée de l'Arctique. " Les océans sont un facteur décisif de la variabilité décennale" a-t-il déclaré."

"Un autre leitmotiv favori du climat a été renversé quand Pope (NdT : Vicky Pope, responsable des prévisions climatiques au Hadley Center, UK, photo-ci-contre) a affirmé que les pertes dramatiques de la glace Arctique résultaient, en partie, des cycles naturels plutôt que du réchauffement climatique du globe..."

Comme vous le voyez, tout cela va dans le bon sens. Placés devant les évidences résultant des observations et non pas des modèles informatiques, quelques chercheurs proches du GIEC n'hésitent pas à se poser des questions dérangeantes par rapport à la doxa climatique. A noter que ces questions sont d'ailleurs, très précisément, celles que posent, depuis des années, ceux que certains n'hésitent pas à qualifier outrageusement de "deniers", de "négationnistes".

Comme vous pouvez le constater, la réalité objective et les questions pertinentes énoncées lors de la dernière Conférence Mondiale sur le Climat, sont très différentes des affirmations ultra-alarmistes ou du genre "la science est comprise" que vous pouvez lire dans la grande presse ou écouter/voir dans les médias francophones.
Sans doute "un Fred Pearce" serait-il bienvenu chez nous.


Pour en revenir à nos observations sur la fonte et le réchauffement du Groenland pendant les années 1930-1940, on ne peut qu'approuver Mojib Latif qui avait déclaré :

"Cependant, nous devons nous poser les questions dérangeantes nous-mêmes, sinon d'autres le feront."

En effet. C'est fait. En voici de nouvelles, au sujet du Groenland.

Stay Tuned...

18 Décembre 2011 : Des reconstructions récentes de l'évolution des températures depuis des millénaires :

Comme je l'ai souvent écrit dans ce site, la science poursuit imperturbablement sa progression. Les méthodes et les techniques d'observation s'enrichissent et s'affinent, et contrairement à une croyance généralement entretenue par les médias, les idées évoluent.

Il en va ainsi des connaissances que nous accumulons, jour après jour, sur les climats et les températures de surface qui ont existé sur notre planète bien avant l'ère industrielle. En bref, il s'agit de l'histoire du, ou plutôt des climats de notre planète dont la connaissance est indispensable pour juger de l'évolution des climats contemporains. Et il ne s'agit évidemment pas de se limiter à l'étude de l'évolution du climat durant les 30 dernières années (C'est-à-dire l'âge des observations faites à partir de l'espace) comme certains voudraient nous le faire croire.

J'ai choisi de rapporter sur deux articles très récents, publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture qui font le point sur l'évolution des températures depuis plusieurs millénaires dans deux endroits de la planète, très différents par leur latitudes et leurs longitudes et qui sont séparés par une distance de quelques 9000 km, de manière à pouvoir observer les similitudes et les éventuelles différences.

1- Le climat au Groenland depuis 4000 ans :

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1National Institute of Polar Research, Tokyo, Japan.
2Scripps Institution of Oceanography, University of California, San Diego, La Jolla, California, USA.
3National Institute of Polar Research, Tokyo, Japan.
4Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement, CNRS, Université Joseph Fourier Grenoble, Saint‐Martin d’Héres, France.
5Deceased 21 September 2009.
6Meteorological Research Institute, Japan Meteorological Agency, Tsukuba, Japan.
7Centre for Ice and Climate, Niels Bohr Institute, University of Copenhagen, Copenhagen, Denmark.
8Byrd Polar Research Center, Ohio State University, Columbus, Ohio, USA.

Voici le résumé de cette publication aux GRL, intitulée " Haute variabilité de la température de surface du Groenland durant les 4000 ans écoulés, estimée à partir des bulles d'air piégées dans un carottage glaciaire" publiée en ligne le 10 Nov. 2011. Elle résulte d'une collaboration entre des chercheurs Américains (USA), Japonais, Danois et Français. Voici, tout d'abord Le résumé original, suivi d'une traduction en français.

[1] Greenland recently incurred record high temperatures and ice loss by melting, adding to concerns that anthropogenic warming is impacting the Greenland ice sheet and in turn accelerating global sea‐level rise. Yet, it remains imprecisely known for Greenland how much warming is caused by increasing atmospheric greenhouse gases versus natural variability. To address this need, we reconstruct Greenland surface snow temperature variability over the past 4000 years at the GISP2 site (near the Summit of the Greenland ice sheet; hereafter referred to as Greenland temperature) with a new method that utilises argon and nitrogen isotopic ratios from occluded air bubbles. The estimated average Greenland snow temperature over the past 4000 years was −30.7°C with a standard deviation of 1.0°C and exhibited a long‐term decrease of roughly 1.5°C, which is consistent with earlier studies. The current decadal average surface temperature (2001–2010) at the GISP2 site is −29.9°C. The record indicates that warmer temperatures were the norm in the earlier part of the past 4000 years, including century‐long intervals nearly 1°C warmer than the present decade (2001–2010). Therefore, we conclude that the current decadal mean temperature in Greenland has not exceeded the envelope of natural variability over the past 4000 years, a period that seems to include part of the Holocene Thermal Maximum. Notwithstanding this conclusion, climate models project that if anthropogenic greenhouse gas emissions continue, the Greenland temperature would exceed the natural variability of the past 4000 years sometime before the year 2100.

[1] Le Groenland a récemment été sujet à des températures élevées record ainsi qu'à des pertes de glace résultant de la fonte, contribuant aux inquiétudes de l'impact du réchauffement climatique anthropique sur les glaces du Groenland, ce qui accélérerait la hausse globale du niveau des mers.
Cependant, il reste que l'on connaît mal la proportion du réchauffement Groenlandais résultant de l'augmentation des gaz à effet de serre par rapport à celui qui résulte de la variabilité naturelle. Afin de satisfaire à cette nécessité, nous reconstruisons la variabilité de la température de la neige de surface durant les 4000 années écoulées sur les lieux du GISP2 (NdT : où ont eu lieu les carottages glaciaires du même nom) (près du Sommet de la masse glacée du Groenland; ce que nous désignons dans l'article comme "la température du Groenland".) avec une nouvelle méthode qui utilise les taux d'isotopes de l'argon et de l'azote extraits des bulles d'air emprisonnées. La température moyenne de la neige du Groenland est estimée à −30.7°C sur les 4000 ans passés et ceci avec une incertitude standard de 1,0°C. Elle a subi une décroissance à long terme d'environ 1,5°C, ce qui est cohérent avec les études précédentes. La moyenne décennale actuelle de la température de surface (2001-2010) sur le site GISP2 est de -29,9°C. Les enregistrements montrent que des températures plus élevées étaient la norme durant la période la plus ancienne des 4000 ans passés, y compris pendant des intervalles séculaires avec des températures plus élevées de 1°C que celles de la présente décennie (2001-2010).
C'est pourquoi nous concluons que la température décennale moyenne au Groenland n'est pas sortie de l'enveloppe de la variabilité naturelle des 4000 ans passés qui est une période qui semble inclure une partie du maximum thermique de l'Holocène. Nonobstant cette conclusion, les modèles climatiques prévoient que si les émissions de gaz à effet de serre continuent, la température du Groenland pourrait excéder la variabilité naturelle de ces 4000 ans passés d'ici l'an 2100.

Remarques :

Cet article adopte une démarche scientifique traditionnelle mais qui peut sembler résolument novatrice par rapport à celle que l'on pouvait trouver sur ce sujet (et quelques autres), il y a quelques années, sous la plume des chercheurs affiliés ou proches du GIEC et qui sont répertoriés dans les rapports successifs du GIEC.
En effet, et comme cela est clairement affirmé dès le début du résumé de cet article , il s'agit de discerner ce qui, dans les variations de température observées durant la période récente, relève d'une élévation anormale ou inhabituelle des températures par rapport à celles que l'on a pu observer dans le passé. Il s'agit de déterminer quelle est la proportion des variations observées qui reste dans les limites de variations déjà observées durant les quelques millénaires passés. Et de fait, les chercheurs trouvent que la totalité des variations de température actuelles ne sort pas du cadre de la variabilité naturelle.
Il est difficile de contester qu'il s'agit là (enfin !) d'une démarche scientifique aussi normale que souhaitable. C'est celle qui aurait dû prévaloir dès la création du GIEC en 1988.
Autrement dit, avant de se préoccuper de déterminer l'importance d'une éventuelle influence humaine sur les changements climatiques (ce qui constituait l'ordre de mission du GIEC, dès sa création), encore aurait-il fallu connaître et si possible comprendre et interpréter, les variations naturelles inhérentes à la machine climatique. A l'évidence, le climat a toujours varié avec ou sans intervention humaine.

Ainsi est-il encourageant de lire, sous la plume de climatologues du National Institute of Polar Research Japonais, de la prestigieuse Scripps Institution of Oceanography de Californie USA, du Niels Bohr Institute Danois, du Byrd Polar Research Center de Columbus, et du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement de Grenoble, un article qui, à mon avis, emprunte le chemin de la démarche scientifique telle qu'elle aurait dû prévaloir, depuis le début.
En comparaison avec l'abondante littérature scientifique compilée dans la série des rapports (FAR, SAR, TAR et AR4) du GIEC, on peut considérer que cet article constitue, avec quelques autres publications récentes, un véritable changement de paradigme. Cet article est loin de constituer une exception dans le contexte actuel des publications scientifiques. Il semble que, depuis quelques mois, nous assistions à une évolution positive avec un retour vers la démarche scientifique traditionnelle que j'évoquais plus haut et qui peut être brièvement résumée par :
"Que nous dit l'histoire ? Qu'y a-t-il de réellement différent par rapport au passé ?".

N'est-ce pas ainsi que l'on aurait dû commencer ?
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La technique, récemment mise au point par Kobashi et al et utilisée par les auteurs de cette article, relève d'une analyse isotopique apparentée à celle qui a été utilisée, entre autres, pour les forages GISP2 effectués au Groenland. Cependant, à la différence des analyses traditionnelles des carottages qui utilisent le rapport O18/O16 pour estimer la température et pour des raisons exposées dans plusieurs travaux antérieurs, les auteurs de cet article utilisent, cette fois-ci, les isotopes de l'azote et de l'argon. C'est ainsi que Kobashi et al obtiennent les mesures de la température de la neige en surface, comme cela est précisé dans le corps de l'article. Voici quelques mots d'explication, extraits du corps du texte :

"La méthode pour la reconstruction de température repose sur le fait que les gaz dans la neige non consolidée se fractionne selon la profondeur et le gradient de température au sommet et à l'extrémité de la couche [Severinghaus et al., 1998] (voir les explications complémentaires). Les informations au sujet des profondeurs du passé et des gradients de températures à l'époque du piégeage des bulles dans la glace peuvent être obtenues en mesurant les variations des isotopes N15 et Ar40 dans l'air occlus dans les carottes de glace [Severinghaus et al., 1998; Kobashi et al., 2008a]. Dès lors, l'histoire de la température de surface peut être reconstruite en intégrant les gradients de températures en fonction du temps [Kobashi et al., 2008b, 2010] à partir d'un modèle de diffusion densification/chaleur dans la neige non consolidée [Goujon et al., 2003] (voir les explications complémentaires)"

Voici maintenant à titre d'illustration pour le résumé qui précède, la Figure 1 de l'article en question, accompagnée de l'extrait de légende correspondant à la section qui couvre les 4000 années passées..

La Figure 1 regroupe les trois reconstructions pertinentes : kobashi1



-Les 170 dernières années : On constate que le réchauffement des années 1930-1940 est équivalent à celui que nous connaissons actuellement.
Cette portion de la Figure 1 est à rapprocher du graphique, très semblable, qui indique que la fonte actuelle des glaces du Groenland est équivalente mais non supérieure à celle des années 1920-1940.

 

 

-Les 1000 dernières années :

On perçoit parfaitement l'Optimum Médiéval vers l'an mil, ainsi que le Petit Age Glaciaire (de 1600 à 1850).

La température durant l'Optimum Médiéval était semblable à ce qu'elle est de nos jours.

 

-Les 4000 dernières années :

A l'évidence, il y a également eu des périodes nettement plus chaudes que l'OM et que la période actuelle au cours des millénaires précédents, comme cela est précisé dans le texte (ci-dessous) extrait de l'article.
On peut également voir, comme le pense S. Akasofu, que la période de réchauffement actuelle correspond, en réalité, à la sortie du Petit Age Glaciaire et au retour vers la moyenne des températures qui régnait au Groenland depuis 4000 ans.

Voici la légende de la figure du bas :

"Les 4000 dernières années de la température au Groenland. La ligne bleue épaisse et les bandes bleues représentent respectivement la température reconstruite au Groenland et l'erreur à un sigma. La ligne verte épaisse représente la moyenne glissante sur 100 ans.La température actuelle et les deux sigmas sont indiqués par les lignes horizontales dans le graphique. Le cercle vert montre la température actuelle moyennée sur 10 ans (−29.9°C, 2001–2010)"

Kobashi et al donnent plusieurs détails intéressants dans le courant de l'exposé. En voici deux extraits significatifs :

"5.3. Température actuelle dans le contexte des 4000 ans écoulés.

[15] On trouve que la température actuelle moyennée sur 10 ans (2000-2010) au Sommet (NdT : du Groenland. Sommet s'écrit avec une majuscule en anglais parce qu'il désigne l'endroit où ont été effectués les carottages GISP2) est égale à −29.9 ± 0.6°C à partir de l'enregistrement AWS ajusté et inversé (Figure 1). Ceci est indiqué dans le contexte des 4000 années précédentes (Figure 1). La température moyenne de la surface est aussi élevée que dans les années 1930-1940 (Figure 1 en haut) et il y a eu une autre période aussi chaude (−29.7 ± 0.6°C) dans les années 1140 (Figure 1, au milieu) (Optimum Médiéval), ce qui montre que la décennie actuelle ne se situe pas en dehors de l'enveloppe de la variabilité des 1000 dernières années. Si on exclut le dernier millénaire, il y a eu 72 décennies plus chaudes que la décennie actuelle, pendant lesquelles les températures étaient de 1,0 à 1,5°C plus chaudes, tout particulièrement dans la partie la plus ancienne des 4000 dernières années. [Dahl‐Jensen et al., 1998; Wanner et al., 2008]. Durant deux périodes (∼1300 B.P. and ∼3360 B.P, Ndt BP= avant le présent).) les températures moyennées sur 100 ans étaient presque 1,0°C plus chaudes (−28.9°C, percentiles 97) que lors de la présente décennie (Figure 1, en bas) .
A partir de ces observations, nous concluons que la température décennale moyenne de la neige au centre du Groenland n'a pas dépassé l'enveloppe de la variabilité naturelle des 4000 années passées.

5.4. Contexte futur

...] La température moyenne reconstruite de la période 1970–1999 est de −31.4°C de telle manière que les valeurs de +2 à +4°C au dessus de la période 1970–1999 au sommet du Groenland vont de −29.4°C à −27.4°C, ce qui indique une possibilité de dépasser la limite supérieure (−28.7°C) de la variabilité naturelle avant 2100."

A noter également que Kobashi et al ont effectué une analyse spectrale des graphes précédents. Ils notent un certain nombre de périodes dont celles de 87 ans et 210 ans qui pourraient être celles des cycles de Suess et de Gleissberg [Wanner et al., 2008], ce qui suggérerait une possible influence solaire sur la température de la neige au Groenland [Vinther et al. [2009]. Ils retrouvent également un cycle de 64,5 ans qui s'apparente aux cycles récurrents très souvent évoqués dans ce site. map1

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Partant du Sommet du Groenland, nous allons maintenant survoler une grande partie de l'hémisphère Nord en direction des hauts plateaux du Tibet situés à quelques 9000 km au Sud-Est du Groenland.

Comment la température a-t-elle évolué au cours des millénaires passés dans cette région particulièrement continentale, proche de l'Himalaya ?
C'est ce que nous apprend un article qui est paru en Octobre 2011.

 

2- L'évolution des températures sur les hauts plateaux du Tibet, depuis 2845 ans.

Officiellement province chinoise, cette région constitue un terrain de choix pour les recherches du Professeur Liu Yu qui est Directeur de l'Institut de l'Environnement Terrestre de l'Académie des Sciences Chinoise.

Avec l'aide de trois collaborateurs et d'un chercheur suédois, Liu Yu vient de publier un article remarquable sur l'évolution du climat de cette région depuis 2845 ans. Voici l'entête de cet article qui est la traduction en anglais, relayée par Springer, d'un article du Bulletin des Sciences de l'Académie des Sciences Chinoise. Cet article (disponible ici) figure dans un numéro spécial consacré au "Changement climatique durant le dernier millénaire en Chine". Il a été publié en Octobre 2011.

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Voici le résumé de l'article intitulé "Amplitudes, taux de variation, périodicités et causes des variations de température, durant les 2485 années passée et tendances futures pour la partie centre Est du plateau Tibétain".
Il s'agit, cette fois de dendrochronologie mais avec une seule sorte d'arbre (le genévrier Qilian).
Le résumé original est suivi d'une traduction en français :

Abstract : Amplitudes, rates, periodicities, causes and future trends of temperature variations based on tree rings for the past 2485 years on the central-eastern Tibetan Plateau were analyzed. The results showed that extreme climatic events on the Plateau, such as the Medieval Warm Period, Little Ice Age and 20th Century Warming appeared synchronously with those in other places worldwide. The largest amplitude and rate of temperature change occurred during the Eastern Jin Event (343–425 AD), and not in the late 20th century. There were significant cycles of 1324 a, 800 a, 199 a, 110 a and 2–3 a in the 2485-year temperature series. The 1324 a, 800 a, 199 a and 110 a cycles are associated with solar activity, which greatly affects the Earth surface temperature. The long-term trends (>1000 a) of temperature were controlled by the millennium-scale cycle, and amplitudes were dominated by multi-century cycles. Moreover, cold intervals corresponded to sunspot minimums. The prediction indicated that the temperature will decrease in the future until to 2068 AD and then increase again.

Résumé : "Cette étude consiste en une analyse des amplitudes, des taux de variation des périodicités, des causes et des tendances futures des variations de température, basées sur les cernes des arbres du plateau central-Est du Tibet. Les résultats montrent que les événements climatiques extrêmes comme la période chaude médiévale, le petit âge glaciaire et le réchauffement du XXème siècle, apparaissent de manière synchrone avec ceux qui sont observés dans d'autres parties de la planète. Les plus grandes variations d'amplitude et de vitesse de variations se sont produites pendant l'Evénement Jin de l'Est (343-425 AD) et non pas au cours du XXème siècle. Il y a eu des cycles significatifs de 1324, 800, 199 , 110 et 2 à 3 années dans les séries temporelles qui s'étendent sur 2485 années. Les cycles de 1324, 800, 199 et 110 ans sont associés à l'activité solaire qui affecte grandement la température de la surface terrestre. Les tendances à long terme (>1000 ans) des températures ont été pilotées par les cycles à l'échelle millénaire et les amplitudes ont été dominées par les cycles multi-centenaires. De plus, les intervalles froids correspondent aux minima des taches solaires. Les prédictions indiquent que la température va décroître dans le futur jusqu'en 2068 AD, puis croître de nouveau."


Liu Yu, Directeur de l'Institut pour l'Environnement Terrestre de l'Académie des Sciences Chinoise, a répondu à un interview d'un journaliste chinois du .South China Morning Post (4 Décembre 2011). En voici quelques extraits significatifs qui éclairent le sujet :

...] Mais dans certaines montagnes sur le plateau Tibétain où l'altitude atteint 4000 mètres, j'ai parcouru des quantités de genévriers Qilian qui sont restés intactes depuis des milliers d'années.
Comment fait un arbre pour survivre dans un environnement aussi rigoureux pendant aussi longtemps ?
Le genévrier Qilian est une des espèce d'arbres survivante les plus vieilles sur la Terre. Dans la partie Est du plateau Tibétain à haute altitude où le sol est peu riche, il y a peu de pluies et les basses températures font qu'il est impossible pour les autres arbres de survivre. Les genévriers se sont parfaitement adaptés à cet environnement rigoureux en croissant très lentement. Nous en avons récemment trouvé un qui a près de 2000 ans mais dont la taille n'est que de 8 mètres. Lors de l'étude des cernes d'arbre, les arbres à croissance lente fournissent des informations sur le climat pour de très longues périodes. Les genévriers de Qilian ne poussent qu'en Chine.

Les observations archéologiques à Loulan, Xinjiang (NdT : Turkestan Oriental), montrent que la grenade, un fruit riche en vitamine C, était utilisée comme monnaie pendant la dynastie Jin de l'Est (AD 317-420). Il aurait été impossible que ce fruit apparaisse en Chine du Nord si le climat n'avait pas été plus chaud qu'aujourd'hui.

Alors, qu'est-ce qui fait changer le climat ? Nous pensons que le soleil et la circulation atmosphérique jouent un rôle vital, sinon décisif dans tout ça. Le cycle millénaire de l'activité solaire détermine les tendances à long terme des variations de température. Presque tous les minima de taches solaires (qui sont des périodes parfois de quelques décennies durant lesquelles les taches solaires deviennent rares) correspondent à des périodes de basses températures."...]

NdT : Et enfin une question posée par le journaliste du SCMP à la veille du COP17 de Durban :

Pensez-vous que vos résultats vont donner du grain à moudre à Pékin lors des négociations sur le climat ?
Je suis un scientifique et je ne connais rien à la politique. Mais, à mon avis, le débat sur le changement climatique a plus à voir avec la politique qu'avec la science. Les diplomates peuvent s'asseoir autour d'une table de négociation et discuter au sujet des limitations du carbone alors que les scientifiques ne se sont pas mis d'accord sur le rôle du dioxyde de carbone dans le réchauffement climatique. Mais les décisions politiques doivent reposer sur des fondations scientifiques solides ou bien elles seront inutiles, voire dangereuses."

NdT : Ceci éclaire peut-être la position des Chinois sur le (non) prolongement des accords de Kyoto. Ils attendent d'être certains.

Voici la figure maîtresse, accompagnée de sa légende, de l'article de Liu et al. recon1

 

"Figure 1 : Reconstruction des températures basées sur les cernes des arbres pour la partie du centre-Est du plateau Tibétain pendant les 2845 années passées (ligne en gris). La moyenne glissante sur 40 ans est représentée en trait noir épais et la moyenne glissante sur 40 ans de la déviation standard en trait noir fin. La ligne horizontale représente la température moyenne pour les 2845 ans."

 

Comme on peut le constater et comme cela est précisé dans l'article, l'Optimum Médiéval aux alentours de l'an 1000 est clairement visible sur ce graphe. La température était supérieure à ce qu'elle est de nos jours. De même, le petit âge glaciaire (environ 1600-1800) est clairement perceptible.

Liu et al nous précisent que " les minima froids coïncident avec les minima d'activité solaire". En effet, on distingue nettement une période de refroidissement intense vers 1600-1700 qui coïncide avec le Minimum de Maunder. On peut aussi percevoir une baisse des températures autour de 1800 (Minimum de Dalton) et vers 1450 (Minimum de Spörer), ou encore vers 1300 (Minimum de Wolf).

A noter que la hausse des températures de la période récente, observée dans le graphe de Liu et al, correspond également à la montée de l'activité solaire vers ce que l'on appelle "Le Grand Maximum" actuel dont Samir Solanki a montré qu'il correspondait à l'activité éruptive du soleil la plus intense depuis, au moins, 7000 ans.

Forts de ces observations, Liu et ses collègues ont effectué une analyse des fréquences contenues dans les variations de température obtenues par dendrochronologie des genévriers Qilian, rapportées dans la Figure 1. Plus précisément, ils ont effectué une analyse en "spectre de puissance" dans l'esprit de ce qu'avait réalisé Nicola Scafetta pour des variations de la température de 1850 à nos jours.
On se souvient que Scafetta avait mis en évidence, et ceci dans une série d'articles successifs, une périodicité marquée correspondant à des cycles de 60-65 ans environ. A l'instar, entre autres, de plusieurs scientifiques Russes, Scafetta a suggéré (sans support théorique) à partir d'une analyse empirique, que ce cycle (et quelques autres de plus courte durée) coïncide avec celui des mouvements relatifs de l'astre solaire et des ses planètes. Il est clair que, travaillant sur des données correspondant à une durée totale de quelques 150 ans, Scafetta ne pouvait guère trouver dans ses analyses des cycles de durée supérieure à 80 ans.
Il est remarquable que l'analyse en spectre de puissances de l'analyse dendrochronologique de Liu et al indique également la présence d'une périodicité marquée aux alentours de 66 ans, sans, bien sûr, que l'on puisse écarter l'hypothèse que cette coïncidence soit purement fortuite

L'article de Yu et al avancent également quelques prévisions, essentiellement basées sur l'analyse harmonique que je viens d'évoquer.

Voici le graphique et sa légende qui figurent dans leur article : recon7

 

Figure 5 : Prédiction des tendances de température sur la partie centrale Est du plateau Tibétain pour les prochaines 120 années. Ligne bleue : séries initiales. Ligne orange : séries utilisées pour la calibration de 464 BC à 834 AD. Ligne rouge : séries projetées de 1980 à 2134 AD.

Selon Liu et al, les températures pourraient baisser jusqu'en 2068, puis remonter par la suite.

A noter que Liu et al pensent que la montée des températures actuelles résulte de la sortie du Petit âge Glaciaire (cycles de 600 ans). C'est une idée qui est chère à S. I. Akasofu.

Voici la conclusion de l'article de Liu Yu et al :

Les événements climatiques mondiaux tels que l'Optimum Médiéval et le Petit Age Glaciaire sont apparents dans nos séries de températures qui portent sur 2845 ans. Les comparaisons entre les prévisions et les observations des températures les plus élevées et les plus rapides de la Figure 6 avec des données prélevées sur la partie centrale du plateau Tibétain (7 stations : Delingha, Dulan, Golmud, Lhasa, Nagqu, Dachaidan et Bange) se sont produites durant l'EJE et non durant le XXème siècle. A l'échelle millénaire, les cycles de l'activité solaire ont déterminé les variations de température à long terme. Les minimas de taches solaires sont associés avec des périodes froides. Les résultats des prédictions obtenus en utilisant la chenille-SSA (NdT : un algorithme de calcul statistique) ont montré que la température augmenterait jusqu'en 2006 sur le plateau central Est, puis décroîtrait jusqu'en 2068, puis augmenteraient de nouveau. La régularité des augmentations durant 600 ans et des baisses durant 600 ans (Fig. 3) suggère que la température continuera à augmenter pendant encore 200 ans, puisque seulement 400 ans se sont écoulés depuis le Petit Age Glaciaire. Cependant une baisse de température contrôlée par des cycles séculaires ne peut être exclue. A l'évidence, l'activité solaire affecte les températures sur le centre Est du Plateau. Cependant, il existe encore des incertitudes dans notre compréhension du changement climatique et la concentration de CO2 affecte le climat. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires.

Tous les détails sur l'article, les auteurs, le matériel supplémentaire etc.

3- Prolongements et conclusion :

J'ai sélectionné deux articles qui me semblaient représentatifs des nombreux travaux tout récents de reconstruction des températures des siècles (des millénaires) écoulés. Il en existe beaucoup d'autres qui concernent d'autres régions de la planète.
A titre d'exemple, en voici un autre, récent également (2011) qui résulte d'une coopération entre les Argentins, les Chiliens, les Allemands, les Suisses, les Néerlandais, les Anglais et les Américains (USA). Cet article concerne l'Amérique du Sud. Il retrouve, lui aussi le Petit Age glaciaire et l'Optimum Médiéval ... dans l'hémisphère Sud.
" Reconstruction multi-indicateurs couvrant les siècles passés de la température de surface en été et en hiver pour la région Sud de l'Amérique du Sud
"
Multiproxy summer and winter surface air temperature field reconstructions for southern South America covering the past centuries. Climate Dynamics 37: 35-51.
Neukom, R., Luterbacher, J., Villalba, R., Kuttel, M., Frank, D., Jones, P.D., Grosjean, M., Wanner, H., Aravena, J.-C., Black, D.E., Christie, D.A., D'Arrigo, R., Lara, A., Morales, M., Soliz-Gamboa, C., Srur, A., Urritia, R. and von Gunten, L. 2011.

Que peut-on en conclure ?

1) Plusieurs reconstructions modernes montrent que le Petit Age Glaciaire et l'Optimum médiéval ont affecté de nombreuses régions, pourtant très éloignées, de la planète. Et ceci dans l'hémisphère Sud comme dans l'hémisphère Nord. De plus il apparaît que les températures de l'Optimum Médiéval étaient au moins égales sinon supérieures à celles que nous connaissons actuellement.
Ainsi, le discours que l'on peut lire dans les rapports successifs du GIEC affirmant que l'OM et le PAG seraient limités au Nord de l'Europe, doit être sérieusement revu à la lumière des résultats publiés récemment. Le sera-t-il ?

2) De la même manière, on constate que plusieurs reconstructions récentes montrent qu'à plusieurs reprises au cours des siècles et des millénaires écoulés, les températures de la planète étaient nettement plus élevées que les températures de l'OM et que celles nous connaissons actuellement. Il serait donc important que les chercheurs proches du GIEC (et les médias) se posent des questions quant "au réchauffement sans précédent" que nous subissons actuellement.
Ne devaient-ils pas emprunter la démarche du premier article que j'ai cité ci-dessus ?

Je me demande quel écho sera réservé à ces articles importants, pourtant tous revus par les pairs et publiés par des chercheurs estimables, dans le prochain rapport AR5 du GIEC. Hélas, probablement aucun.
Il est probable que tous ces articles qui montrent la présence de l'OM un peu partout, ne doivent pas faire plaisir à celui qui a écrit, en 1995, "We have to get rid ot the Medieval Warm périod" (Il faut que nous nous débarrassions de la période Médiévale Chaude) à David Deming qui en a témoigné devant les Sénat Américain. C'était peu avant la fameuse "crosse de hockey" de Michael Mann et al (1998).

Quand aux mentions qu'en feront nos médias, nos grands journaux etc. j'ai déjà la réponse : Aucune !

Je vous souhaite à toutes et à tous, chères lectrices (lecteurs), d'heureuses et joyeuses fêtes de Noël !

05 Novembre 2011 : Après la "ola", encore de multiples évidences des cycles de 60 ans de l'Oscillation Nord Atlantique, retrouvés dans l'évolution de la température globale de surface des océans, dans la vitesse de rotation de la planète (LOD) ainsi que dans les observations des aurores boréales observées en Europe, depuis 1700.

A. Introduction :
Ce billet s'inscrit dans la droite ligne du billet précédent (plus bas dans cette page) qui était intitulé :
"La ola et les oscillations climatiques : Une analyse détaillée de la périodicité d'environ 60 ans qui se retrouve dans de très nombreux indicateurs climatiques".
De fait, il vient le compléter. Il montre que les oscillations de période environ 60 ans sont omniprésentes dans les observables du climat et même jusque dans la vitesse de rotation de la planète et les aurores boréales, comme vous allez le voir.

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Comme je l'ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises, la présence de ces oscillations de période 60 ans et donc de demi-période trentenaire, est d'une importance considérable dans le débat actuel sur l'évolution du climat ainsi que l'illustre le dessin évocateur ci-contre, dû au Prof. Syun Ishi Akasofu, maintes fois mentionné dans ce site, à côté d'autres collègues scientifiques (tels William Gray et al, Scafetta et al, Mojib Latif, Swanson et al, Klyashtorin et Lyubishin, Joseph d'Aleo) qui partagent, en grande partie, le même point de vue.

En bref, l'accroissement de la température du globe observée au cours du XXème siècle a commencé dans les années 1970-75, soit près de 25-30 ans avant la stabilisation des températures que nous connaissons depuis 2000 c'est à dire depuis une dizaine d'années.

Si le cycle de 60 ans est bien une réalité, nous devrions donc assister à une baisse (ou, au moins, à une stagnation) de la température pendant au moins deux décennies comme cela a été exposé à plusieurs reprises et à partir de différents arguments dans cette page du site.

B. L'article sujet de ce billet :

Voici donc les résultats d'une publication (peer-reviewée) récente qui apporte des éléments nouveaux et intéressants à ce sujet :

Le 25 Août dernier est paru dans le journal Theor. Appl. Climatol. (Theoretical Applied Climatology, DOI 10.1007/s00704-011-0499-4) un article intitulé :

"Evidences pour une oscillation Nord-Atlantique de période environ 60 ans depuis 1700 et sa signification pour le changement climatique global."
"Evidences for a quasi 60-year North Atlantic Oscillation since 1700 and its meaning for global climate change"

Sous la signature de
Adriano Mazzarella & Nicola Scafetta

Dont voici les affiliations :

A. Mazzarella (*)
Meteorological Observatory, Department of Earth Science,University of Naples Federico II, Italie
N. Scafetta
Active Cavity Radiometer Irradiance Monitor (ACRIM) Lab, Coronado, CA 92118, USA
et Duke University, Durham, NC 27708, USA

L'article que je vais commenter est disponible en pdf sur le site de Nicola Scafetta à l'Université de Duke (USA). Le présent site a déjà, à plusieurs reprises, fait état de ses publications (Par exemple, ici et ).
Comme je l'ai déjà mentionné, Scafetta est un physicien-statisticien-théoricien que l'on peut qualifier, du moins pour ce qui relève du climat, d'adepte de la méthode empirique.
Note : Wikipedia rapporte que " l'empirisme considère que la connaissance se fonde sur l'accumulation d'observations et de faits mesurables, dont on peut extraire des lois générales par un raisonnement inductif, allant par conséquent du concret à l'abstrait." On peut donc voir la méthode scientifique empirique comme la démarche inverse de celle qui est utilisée par le GIEC laquelle est déductive et part de théories de base et de modèles informatiques dont on peut confronter, à posteriori, les résultats (prévisions, scénarios) avec les observations.

Dans cet article, Scafetta utilise la méthode empirique pour comparer, entre elles, les observations des cycles de 60 ans de l'Oscillation Nord Atlantique, celles des cycles de la température de surface des océans, celles des variations de la longueur du jour (dépendant donc de la vitesse de rotation de la Terre) et celles des aurores boréales. Je précise que, dans cet article, les auteurs s'intéressent plus spécifiquement aux cycles de 60 ans, ce qui ne signifie pas qu'il n'en existe pas d'autres, de plus courte et de plus longue durée, comme ils l'indiquent eux-mêmes. Simplement et comme nous l'avons vu dans ce précédent billet ou encore dans celui-ci, parmi d'autres, il se trouve que les cycles de soixante ans sont particulièrement remarquables.

Comme à l'accoutumée, voici le résumé original de l'article, suivi d'une traduction en français.

Abstract The North Atlantic Oscillation (NAO) obtained using instrumental and documentary proxy predictors from Eurasia is found to be characterized by a quasi 60-year dominant oscillation since 1650. This pattern emerges clearly once the NAO record is time integrated to stress its comparison with the temperature record. The integrated NAO (INAO) is found to well correlate with the length of the day (since 1650) and the global surface sea temperature record HadSST2 and HadSST3 (since 1850). These findings suggest that INAO can be used as a good proxy for global climate change, and that a ~60-year cycle exists in the global climate since at least 1700. Finally, the INAO ~60-year oscillation well correlates with the ~60- year oscillations found in the historical European aurora record since 1700, which suggests that this ~60-year dominant climatic cycle has a solar–astronomical origin.

Résumé : On trouve que l'Oscillation Atlantique Nord (NAO) obtenue à partir de données instrumentales et de la bibliothèque des indicateurs pour la zone Eurasienne, est caractérisée par une oscillation dominante de période proche de 60 ans et ceci depuis 1650. Ce motif devient clairement apparent quand les tables des données NAO sont intégrées en fonction du temps pour mettre en évidence leur comparaison avec l'enregistrement de température. On trouve que La NAO intégrée (nommée INAO) est bien corrélée avec la durée du jour (LOD) (depuis 1650) et avec les enregistrements de la température de surface des océans HadSST2 et HadSST3 (depuis 1850). Ces observations suggèrent que l'INAO peut être utilisé comme un bon indicateur pour le changement du climat global et qu'il existe un cycle d'environ 60 ans dans le climat du globe depuis au moins 1700. De plus, les oscillations d'environ 60 ans sont bien corrélées avec les oscillations d'environ 60 ans trouvées dans les enregistrements historiques européens des aurores (NdT: boréales) depuis 1700, ce qui suggère que ce cycle dominant d'environ 60 ans est d'origine astronomique et solaire.

Une explication simple (et en français) de l'Oscillation Nord-Atlantique (la NAO) est rappelée sur le site de l'Ifremer. La NAO est intimement liée à l'Oscillation Arctique (AO) dont on peut suivre les variations au jour le jour dans la page indicateurs. Comme cela a été montré dans l'article précédent (ci-dessous), la NAO ou l'AO jouent un rôle très important sur le climat par le biais des téléconnexions.
Les données sur les variations récentes de la NAO se trouvent sur le site de la NOAA (Climate Prediction Center). Le calcul de l'indice NAO est très proche de celui de l'AO qui mesure simplement le différentiel de pression entre la région des Açores et celle de l'Islande. Le calcul de la NAO est explicité dans l'article de Mazzarella et Scafetta.

A noter que pour pouvoir comparer les variations de la NAO avec les autres indices pertinents, Mazzarella et Scafetta utilisent un indice dérivé de la NAO (qui est spécifique d'une date donnée), qu'ils appellent INAO et qui représente la NAO intégrée à l'aide d'une sommation séquentielle.

J'ai extrait de l'article en question quelques graphiques représentatifs du travail de Mazzarella et Scafetta. Dans la suite, ces deux auteurs superposent, en remontant dans le temps aussi loin que les données sont disponibles (parfois jusqu'en 1700), les variations temporelles de :

  1. La NAO (INAO) et le LOD (La longueur du jour liée à la vitesse de rotation de la terre)
  2. Le LOD et la température de surface des océans.
  3. La NAO (INAO), le LOD et la température de surface des océans.
  4. Les aurores boréales et la NAO.

Voici les extraits des figures en question accompagnées de leurs légendes traduites en français :

1. Superposition des variations de la NAO et des variations du LOD (Longueur du jour).

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"Fig. 3
Graphes des variations temporelles (corrigées de leur tendance à long terme) annuelles pour l'INAO et le LOD, lissées suivant une moyenne courante sur 11 ans. Le symbole (-1) devant le LOD indique que le graphe a été inversé (le haut en bas et vice versa) pour permettre une meilleure comparaison visuelle."

Je rappelle en passant que, l'année dernière, V. Courtillot, J-L Le Mouël et al ont mis en évidence une corrélation marquée entre le LOD et les cycles solaires, ce qui peut être mis en relation avec la conclusion de Mazzarella et Scafetta sur "l'origine astronomique et solaire" de ces oscillations.

 

 

 

 

2. Superposition des variations du LOD et des variations de la température de surface des océans

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"Fig. 4
Graphes des variations temporelles (corrigées de leur tendance à long terme) annuelles pour le LOD et HadSST2, lissées suivant une moyenne courante sur 11 ans. Le symbole (-1) devant le LOD indique que le graphe a été inversé (le haut en bas et vice versa) pour permettre une meilleure comparaison visuelle."

 

 

 

 

 

 

 

 

3. Superposition des cycles de la température de la surface des océans avec le LOD et la NAO (INAO) :

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A noter que l'article de Mazzarella et Scafetta était déjà soumis à publication lorsque le Hadley Center (UK) a publié une série de données améliorées des mesures de la température de la surface des océans. C'est cette dernière série de mesures appelée HadSST3 qui a été utilisée pour ce graphique. Les auteurs se félicitent du fait que la superposition des graphes est encore plus convaincante avec l'utilisation de HadSST3 au lieu de HadSST2 comme ci-dessus.

"Fig. 8
Graphes des variations temporelles annuelles pour le HadSST3, le LOD et l'INAO, lissées suivant une moyenne courante sur 11 ans."

La superposition de ces trois observables est remarquable.

 

 

 

 

4. Le plus étonnant : Cycles des aurores boréales et cycles NAO de ~60 ans :

Rappel : les aurores boréales.
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Les lumières aurorales sont émises à des altitudes comprises entre 80 et 150 kilomètres, dans l'ionosphère. La lumière des aurores provient des collisions entre des particules rapides provenant de la magnétosphère et les atomes et ions de l'ionosphère.
Les aurores boréales sont les aurores polaires que l'on observe dans l'hémisphère Nord. Les aurores australes sont les aurores polaires que l'on observe dans l'hémisphère Sud." (source). Comme on le voit sur le dessin ci-contre (échelles non respéectées), les aurores boréales (et australes) résultent directement des éruptions solaires.

 

 

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Ceux qui ne sont pas familiers avec les aurores boréales peuvent visionner cette superbe vidéo (durée28 secondes) prise dans le Michigan le 24 octobre dernier (2011).
Elle vaut vraiment le coup d'oeil.

 

Comparaison entre les cycles des aurores boréales (observées en Europe du Nord) et le cycles NAO, depuis l'année 1700 :

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"Fig. 7

Graphes des variations temporelles (corrigées de leur tendance à long terme) annuelles pour le INAO et les aurores, lissées suivant une moyenne courante sur 23 ans. Les deux enregistrements sont décalés (NdT verticalement) pour améliorer la visibilité. Les enregistrements sont comparés à une variation sinusoïdale qui montre l'existence d'une oscillation cohérente des variations avec une période d'environ 60 ans. La période des deux cycles sinusoïdaux est obtenue avec un fit (ajustement) de meilleure régression. Noter que bien que le coefficient de meilleure régression, T=63 ans et T=61 ans apparaissent différents, ils sont, en réalité, identiques compte tenu de l'erreur statistique qui est d'environ 8 à 10 ans."

 

 

 

A l'évidence, ces graphiques parlent d'eux-mêmes.

Cependant et s'agissant d'empirisme et de corrélations entre des phénomènes qui ne sont pas interdépendants de manière évidente, on peut toujours penser que tout cela est fortuit, quoiqu'une telle accumulation d'observations concordantes entre des observables dont les variations sont très loin d'être monotones, puisse difficilement résulter du simple jeu du "hasard".

Quoiqu'il en soit, et comme nous le verrons ci-dessous (section C), peu à peu, les modélisations (et les observations) progressent.
Ainsi une publication toute récente vient, cette fois-ci, à partir de modèles théoriques et informatiques, de retrouver une corrélation entre les cycles éruptifs solaires de 11 ans (c'est sans doute le lien astronomique solaire évoqué par Scafetta) et les régimes de vents et de pression qui "ressemblent aux phases négatives de l'Oscillation Arctique et Nord Atlantique" comme l'écrivent les auteurs de l'article.

La conclusion de l'article de Mazzarella et Scafetta :

"In conclusion, the findings of this work indicate that the global climate likely presents a ~60-year oscillation since at least 1700. This natural oscillation was in its warm phase during the period 1970–2000 and has likely largely contributed to the global warming during this period. Scafetta (2010) evaluated that about 60% of the warming observed since 1970s could be associated to a 60-year oscillation. Moreover, this quasi 60-year oscillation does not appear to have a constant amplitude. For example, the 1880-1940 oscillation appears to have a larger period than the 1940-2000 oscillation which would further stress a natural origin of the warming observed from 1970 to 2000. Finally, this quasi 60-year oscillation likely has a solar–astronomical origin, in agreement with the hypothesis advanced by Scafetta (2010). In conclusion, the finding of this paper confirms a quasi 60-year cycle in the climate system that also further confirms the result of Loehle and Scafetta (2011) that the climate models used by the IPCC have significantly overestimated the anthropogenic effect on climate since 1950 by three to four times."

"En conclusion, les résultats de ce travail montrent que le climat du globe présente une oscillation de période d'environ 60 ans depuis au moins 1700. Cette oscillation naturelle se trouvait dans sa phase chaude durant la période 1970-2000 et elle a largement contribué au réchauffement global durant cette période. Scafetta (2010) a calculé qu'environ 60% du réchauffement observé depuis les années 1970 pouvait être associé à cette oscillation de période 60 ans. De plus, cette oscillation d'environ 60 ans n'apparaît pas avoir une amplitude constante. Par exemple, il ressort que l'oscillation 1880-1940 avait probablement une période plus longue que celle de 1940-2000, ce qui renforce encore l'idée d'une origine naturelle pour le réchauffement observé de 1970 à 2000. Enfin, cette oscillation d'environ 60 ans a probablement une origine astronomique en accord avec l'hypothèse avancée par Scafetta (2010). En conclusion, les résultats de cet article apportent la confirmation de l'existence d'un cycle d'environ 60 ans dans le système climatique ce qui renforce les conclusion de Loehle et Scafetta (2011) que les modèles climatiques utilisés par le GIEC ont considérablement surestimé l'effet anthropique sur le climat depuis 1950 et ceci d'un facteur trois à quatre."

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C. Un complément récent sur le lien entre l'activité solaire et le climat :

L'origine "astronomique et solaire" des oscillations, suggérée par Mazzarella et Scafetta dans l'article mentionné ci-dessus, pourrait être mise en relation avec les résultats d'un autre article paru tout récemment.

Dans la lignée des articles de Mike Lockwood de Reading suivant lesquels les émissions d'UV durant les éruptions solaires jouent un rôle important sur le climat (hivernal), des modélisateurs britanniques et US sont parvenus à tenir compte de ces observations (les grandes variations des UV) dans leurs modèles. Un article sur ce sujet vient de paraître dans NATURE Geosciences. Ce modèle établit un lien entre les éruptions solaires et les régimes de vents et de pression qui "ressemblent aux phases négatives de l'Oscillation Arctique et Nord Atlantique".

Voici les références de cet article :

"Forçage solaire de la variabilité du climat hivernal dans l'hémisphère Nord."
"
Solar forcing of winter climate variability in the Northern Hemisphere"

Sarah Ineson, Adam A. Scaife, Jeff R. Knight, James C. Manners, Nick J. Dunstone, Lesley J. Gray & Joanna D. Haigh
Affiliés au MetOffice (UK), à la NOAA (US) et à l'Imperial College (UK).

Publié online le 09 Octobre 2011 dans Nature Geoscience 4, 753–757 (2011) doi:10.1038/ngeo1282
(Merci à ma collègue scientifique (et amie) qui a attiré mon attention sur cet article tout récent).

Extrait du résumé :

[...]"Specifically, weaker westerly winds have been observed in winters with a less active sun, for example at the minimum phase of the 11-year sunspot cycle. With some possible exceptions, it has proved difficult for climate models to consistently reproduce this signal. Spectral Irradiance Monitor satellite measurements indicate that variations in solar ultraviolet irradiance may be larger than previously thought. Here we drive an ocean–atmosphere climate model with ultraviolet irradiance variations based on these observations. We find that the model responds to the solar minimum with patterns in surface pressure and temperature that resemble the negative phase of the North Atlantic or Arctic Oscillation, of similar magnitude to observations. "[...]

[...] "De manière plus spécifique, des vents d'Ouest plus faibles ont été observés durant les hivers, lors d'un soleil moins actif, par exemple lors de la phase minimale du cycle d'éruptions solaires de 11 ans. A part quelques possibles exceptions, il s'est avéré difficile pour les modèles climatiques de reproduire de manière consistante ce signal. Les mesures satellitaires du Spectral Irradiance Monitor montrent que les variations de l'irradiance solaire dans le domaine de l'UV peuvent être plus importantes qu'on ne le pensait auparavant. Dans cet article nous mettons en avant un modèle océan-atmosphère avec une irradiation ultraviolette basée sur ces observations. Nous trouvons que les modèles répondent aux minima solaires par la constitution de systèmes de pression de surface et de température qui ressemblent à la phase négative de l'Oscillation Arctique ou Nord Atlantique, et qui est de même amplitude que les observations."[...]

Je rappelle que les rapports successifs du GIEC (FAR, SAR, TAR, AR4) ont écarté, d'emblée, l'influence solaire, au profit de celle des gaz à effet de serre, pour expliquer l'évolution du climat durant le XXème siècle et le début du XXIème. L'argument invoqué était que la variation d'irradiance solaire (donc intégrée sur toutes les longueurs d'ondes perceptibles) durant cette période n'était que de l'ordre de 0,1%.
Cependant, des mesures récentes plus fines et plus détaillées de l'irradiance solaire, dans différents domaines de longueurs d'onde, durant les éruptions solaires sont devenues disponibles. Il est apparu que, si les variations de l'irradiance totale demeuraient faibles, il n'en était pas de même des variations de l'irradiance dans le domaine ultraviolet, comme le rappelle le résumé ci-dessus.
Selon cet article publié dans Nature Geosciences, il semblerait que l'on puisse reproduire (par des modèles atmosphère-océans couplés) pourquoi et comment ces variations importantes d'émission UV durant les éruptions solaires, jouent un rôle important sur le climat, tout au moins hivernal et dans l'hémisphère Nord (comme l'avaient montré les observations de Mike Lockwood et al).
Bien entendu, il ne s'agit là que d'un début. Mais cet article est important parce qu'à ma connaissance, il est le premier qui établit un lien théorique (via les modélisations numériques) entre les éruptions solaires et le climat, au moins, pour une saison et un hémisphère de la panète.

Inutile de préciser que ceci ne remet nullement en cause les observations et les recherches menées par le projet CLOUD du CERN. Le but poursuivi par ce dernier projet, abondamment commenté dans cette page, est la compréhension de la variation de la nébulosité en fonction des rayons ionisants et de la nature des aérosols présents dans l'atmosphère.
Disons, pour l'instant, que la "piste UV" est une piste intéressante qu'il s'agit également d'approfondir.

Ces résultats sont encourageants. Ceux de Mazzarella et Scafetta comme ceux de l'article de Nature Geosciences.
La Science du Climat progresse envers et contre tout, et ceci d'autant mieux, qu'elle s'intéresse (enfin !) aux causes naturelles de la variabilité climatique de notre planète, et notamment aux éruptions solaires dont les empreintes sur les climats du passé sont innombrables et omniprésentes.
En effet, les causes naturelles et les cycles climatiques, pourtant évidents, ont été largement "oubliés" par les climatologues proches du GIEC, au cours des deux décennies passées, au profit du "tout effet de serre".

Comme d'habitude, il est peu probable, pour ne pas dire tout à fait improbable, que vous n'entendrez jamais parler de ces articles importants, pourtant dûment peer-reviewés et parus dans d'excellentes revues, dans la "grande" presse.

Sans aucun doute : A suivre !

 

09 Mai 2011 : La ola et les oscillations climatiques : Une analyse détaillée de la périodicité d'environ 60 ans qui se retrouve dans de nombreux (sinon dans la plupart) des indicateurs climatiques.

Comme le savent bien les lecteurs de ce site, les chercheurs aiment bien donner une représentation imagée des concepts qu'ils utilisent. C'est ainsi que nous avons déjà évoqué, dans cette page, la "bascule polaire" (alias le "tape-cul polaire").
Pour expliciter leur modèle, les auteurs de l'article que je vais vous décrire ci-dessous, utilisent une image qui est bien connue des aficionados des stades. Il s'agit de ce que les supporters hispanophones ou même francophones appellent "la ola" (la "vague de stade" en français, the "stadium wave" en anglais) assez bien représentée par la vignette animée ci-dessous :

stadium_wave

Comme tout le monde le sait, les spectateurs qui font la "ola" ne quittent pas leurs sièges. Ils se dressent en levant les bras en imitant leur voisin le plus proche , après un temps de retard, et cette onde se propage en faisant le tour du stade donnant un effet spectaculaire bien connu. En langage plus technique, on dirait qu'il s'agit d'une onde transversale (le déplacement est perpendiculaire au vecteur de propagation de l'onde).

I - L'article :

"Oscillation Multidécennale Atlantique et variabilité du climat de l'hémisphère Nord. "

Atlantic Multidecadal Oscillation and Northern Hemispheres climate variability

Publié dans "Climate Dynamics": DOI: 10.1007/s00382-011-1071-8.

Les auteurs :

Marcia Glaze Wyatt1, Sergey Kravtsov2 and Anastasios A. Tsonis2

1 Department of Geologic Sciences, CIRES/INSTAAR, University of Colorado-Boulder, 2200 Colorado Ave, Boulder, CO 80309-0399!
2 Department of Mathematics, Atmospheric Sciences Group, University of Wisconsin-Milwaukee, P.O. Box 413, Milwaukee, WI 53201

Cet article qui constitue une partie de la thèse de Doctorat (PhD) de Marcia Glaze Wyatt à l'Université du Colorado-Boulder, est également disponible (en format condensé) avec un poster accessible sur Internet. tsonis2

Je rappelle qu'Anastasios Tsonis (ci-contre) est le directeur de l'unité des sciences atmosphériques à l'Université du Wisconsin-Milwaukee. Il est un spécialiste de la dynamique non-linéaire en géosciences. Il est, aussi et entre autres, l'auteur de plusieurs livres pédagogiques dont un porte sur le Chaos et un autre sur la thermodynamique atmosphérique, sujet qu'il a enseigné pendant une vingtaine d'années à l'Université. J'ai déjà rapporté sur un article de A.A Tsonis dans ce billet :



Voici le résumé original de l'article en anglais, suivi d'une traduction en français.

 

Abstract :
Proxy and instrumental records reflect a quasi-cyclic 50-to-80-year climate signal across the Northern Hemisphere, with particular presence in the North Atlantic. Modeling studies rationalize this variability in terms of intrinsic dynamics of the Atlantic Meridional Overturning Circulation influencing distribution of sea-surface-temperature anomalies in the Atlantic Ocean; hence the name Atlantic Multidecadal Oscillation (AMO). By analyzing a lagged covariance structure of a network of climate indices, this study details the AMO-signal propagation throughout the Northern Hemisphere via a sequence of atmospheric and lagged oceanic teleconnections, which the authors term the “stadium wave”. Initial changes in the North Atlantic temperature anomaly associated with AMO culminate in an oppositely signed hemispheric signal about 30 years later. Furthermore, shorter-term, interannual-to-interdecadal climate variability alters character according to polarity of the stadium-wave-induced prevailing hemispheric climate regime. Ongoing research suggests mutual interaction between shorter-term variability and the stadium wave, with indication of ensuing modifications of multidecadal variability within the Atlantic sector. Results presented here support the hypothesis that AMO plays a significant role in hemispheric and, by inference, global climate variability, with implications for climate-change attribution and prediction.

Résumé :
"Les archives des indicateurs et des données instrumentales rendent compte d'une évolution quasi-cyclique du signal climatique avec une période de 50 à 80 ans dans l'hémisphère Nord, tout particulièrement dans l'Atlantique Nord. Les études de modélisation prennent en compte cette variabilité en termes de dynamique intrinsèque des températures de surface des océans liées à l'AMOC (Atlantic Méridional Overturning Circulation) dans l'océan atlantique : D'où le nom d'Oscillation Multidécennale Atlantique (AMO).
A partir de l'analyse de la structure covariante (impliquant des retards) du réseau des indices climatiques, cette étude examine en détail la propagation du signal de l'AMO à travers l'hémisphère Nord par le biais d'une séquence de téléconnexions entre l'atmosphère et les océans (téléconnexions retardées), qui constitue ce que les auteurs appellent "l'onde de stade". Les variations initiales de l'anomalie de température de l'Atlantique Nord, associées avec l'AMO, culminent en un signal hémisphérique de signe opposé, après environ 30 ans. De plus, la variabilité climatique à court terme allant de l'interannuel au décennal change de caractéristiques en fonction du régime climatique dominant induit par l'onde de stade. Les recherches en cours suggèrent des interactions mutuelles entre la variabilité à court terme et l'onde de stade, ainsi que des indications des modifications résultantes de la variabilité multidécennale du secteur atlantique.
Les résultats présentés ici, supportent l'hypothèse que l'AMO joue un rôle significatif dans l'hémisphère, et par conséquent, dans la variabilité globale du climat, avec des implications pour les attributions et les prédictions du changement climatique."
_______________________________________________

Les auteurs de cet article ont rédigé un billet invité sur le site de R. Pielke Sr qui qualifie cet article de "very important new paper" (un nouvel article très important). La démarche utilisée dans ce travail y est parfaitement décrite. J'invite les lecteurs anglophones à lire ce billet. En particulier, les auteurs nous expliquent que :

"L'onde de stade" (Fig. 1) intègre une collection de téléconnexions atmosphériques et océaniques retardées qui se propagent au sein de notre espace de phases des indices climatiques. Elle décrit comment le signal climatique généré par l'Atlantique produit des changements du régime climatique hémisphérique. En particulier, un Atlantique Nord chaud (froid) initie une téléconnexion qui génère des circulations Pacifique froides (chaudes) en, à peu près, 20 ans, culminant dans un refroidissement (réchauffement) hémisphérique. Cette réponse hémisphérique est perçue dans la température de surface de l'hémisphère Nord (NHT, en retranchant la variation linéaire à l'échelle du siècle) : on peut le voir comme une somme pondérée des anomalies des températures de surface de l'Atlantique Nord et du Pacifique Nord (Fig. 2). (Ndt : Ces deux figures sont reproduites ci-dessous).

Tandis que les téléconnexions de l'onde de stade évoluent, ainsi fait la NHT (la température de surface de l'hémisphère Nord).

+AMO → – AT → –NAO → –NINO3.4 → –NPO/PDO → –ALPI → –NHT → –AMO →+AT → +NAO → +NINO3.4 → +NPO/PDO → +NHT → +AMO…"

Le décodage de cet enchaînement d'acronymes est assez simple. Le signes + ou - qui précèdent les noms des noeuds du réseau (par exemple +AMO) indiquent que l'on se trouve en phase respectivement positive ou négative de l'indicateur en question.
Les acronymes des indices de la "ola" sont explicités par Glaze Wyatt et al de la manière suivante :

  • Atlantic Multidecadal Oscillation (AMO) –Oscillation multidécennale Atlantique. Un motif monopolaire des anomalies des températures de surface dans l'océan Atlantique Nord.
  • Atmospheric-Mass Transfer anomalies (AT) – Anomalies de transfert des masses atmosphériques (AT) caractérisant la direction des modes de comportement de vents dominants au dessus du continent Eurasien.
  • North Atlantic Oscillation (NAO) – Oscillation Nord Atlantique reflétant la distribution des masses atmosphériques entre les latitudes subpolaires et subtropicales au dessus du bassin Nord Atlantique.
  • NINO3.4 – Un proxy (indicateur) pour le comportement du El Niño dans le bassin tropical du Pacifique.
  • North Pacific Oscillation (NPO) – L'analogue pour le Pacifique de la NAO pour l'Atlantique.
  • Pacific Decadal Oscillation (PDO) – Un mode de comportement de la SST (Température de surface des océans) de l'océan Pacifique Nord.
  • Aleutian Low Pressure Index (ALPI) – Une mesure de l'intensité des basses pressions Aléoutiennes au dessus des latitudes moyennes de l'Océan Pacifique.
  • Northern Hemisphere Temperature (NHT) – anomalies de température dans l'hémisphère Nord.

Si, maintenant on cherche à obtenir une chronologie détaillée de la "ola", la voici telle qu'elle est indiquée dans l'article :

-AMO → (7 ans) → +AT → (2 ans) → +NAO → (5 ans) → +NINO3.4 → (3 ans) → +NPO/PDO → (3 ans) → +ALPI → (8 ans) → +NHT → (4 ans) → +AMO → (7 ans) → -AT → (2 ans) → -NAO → (5 ans) → -NINO3.4 → (3 ans) → -NPO/-PDO → (3 ans) → -ALPI → (8 ans) → -NHT → (4 ans) → -AMO

Ce qui donne un cycle complet de 64 ans et un demi-cycle, avec renversement de l'AMO de 32 ans. Il est évident que toutes ces téléconnexions et les évolutions subséquentes n'ont pas la précision d'une horloge. Les fluctuations s'additionnent et c'est sans doute pour cette raison que le cycle total peut varier de 50 à 80 ans comme indiqué par les auteurs.

Il va de soi que cet article et les estimations qui précédent résultent d'un grand nombre d'études antérieures, citées par les auteurs de l'article. La méthodologie utilisée est expliquée comme suit :

" Méthodologie : Nous avons utilisé l'analyse " Multi-channel Singular Spectrum Analysis" (MSSA; Ghil et al. 2002) pour identifier le signal multidécennal dominant dans notre réseau climatique, lequel comprend 15 indices. Le choix des indices a été guidé par notre hypothèse de l'influence hémisphérique de l'AMO. Les indices considérés incluent ceux basés sur l'anomalie de la SST (Température de surface des océans) dans l'Atlantique Nord ..[NdT suit une explication des acronymes cités plus haut]...Le signal climatique est représenté par la paire dominante M-SSA dont la reconstruction est visible sur la Fig. 1."

La Figure 1 de l'article permet de visualiser la notion de "Stadium Wave" (Ola) invoqué par les auteurs pour illustrer le processus de propagation dans le réseau de phases des indicateurs climatiques. Cette figure, tracée dans l'espace des phases (c'est à dire des temps), s'appelle diagramme de Hoffmuller. Voici la figure accompagnée de sa légende.

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"Fig. 1. Diagramme de Hoffmuller de la propagation de la "ola"dans l'espace des 15 indices climatiques. Les sections horizontales dans les endroits indiquées par les acronymes des indices représenteraient les séries temporelles des reconstructions basées sur les paires maîtresses M-SSA ; ces séries temporelles sont, en fait, reportées pour des indices choisis dans la Fig. 2 [...]. La distance verticale entre des indices adjacents représente le temps de retard entre les séries temporelles reconstruites. "

L'axe des ordonnées est gradué en retard cumulé (en fonction du temps écoulé).
Ainsi, l'inclinaison des différentes zones rouges, bleues, vertes et oranges, permet de visualiser la "ola". Cette inclinaison indique la propagation du retard relatif des indices, proportionnellement au temps (échelle des abscisses) écoulé, de la même manière que la "ola" se propage autour du stade en cumulant le retard induit par les spectateurs qui se dressent les uns après les autres.

Voici la Figure 2 de l'article accompagnée de sa légende. Cette figure représente une reconstruction de l'anomalie de température ("detrended", c'est à dire à laquelle on a retranché une variation linéaire croissante de l'ordre de 0,5°C/100 ans (voir ci-dessous)) en fonction du temps.

marcia1

 

"Fig. 2. La reconstruction M-SSA des séries temporelles de la température de l'hémisphère Nord peut être presque parfaitement représentée par une somme pondérée des reconstructions de l'AMO et de la PDO. "

Notez que la somme 0,83*PDO + 0,44*AMO (courbe en tireté rose-rouge) se superpose de manière remarquable à la courbe de variation de température de l'hémisphère Nord (courbe en bleu foncé). .

 

 

 

 

 

Nous avons déjà signalé à plusieurs reprises des articles qui insistaient sur la coïncidence frappante existant entre différents observables climatiques et l'Oscillation Multidécennale Atlantique. En voici quelques exemples.

II - Rappels : huss21

 

La fonte des glaciers alpins :

"La variation de la masse des glaciers des Alpes suisses depuis 100 ans, est liée à l'Oscillation Multidécennale Atlantique "
"100‐year mass changes in the Swiss Alps linked to the Atlantic Multidecadal Oscillation"
Matthias Huss, Regine Hock, Andreas Bauder, and Martin Funk (Universités de Fribourg et de Zürich)
Publié le 22 Mai 2010 dans Geophys. Res. Lett., 37, L10501, doi:10.1029/2010GL042616.

Figure 3 de l'article de Huss et al, avec sa légende.

a) moyenne glissante lissée sur 11 ans de la fonte annuelle des glaciers moyennée sur 30 glaciers.

b) accumulation annuelle (en trait épais) et anomalie de précipitations (en tiretés (par rapport à la moyenne 1908-2008)


(c) Anomalie annuelle du bilan massique. Une sinusoïde superposée à une tendance linéaire est indiquée.

(d) Indice de l'Oscillation Multidécennale Atlantique AMO [Enfield et al., 2001].

 

 

La bascule polaire : chylek2

 

Selon un article de P. Chylek et al, rapporté dans ce billet, la bascule polaire (c'est à dire le fait que les anomalies de fonte et de regel des pôles Nord et Sud sont en opposition de phase) serait lié à l'AMO, comme on le voit sur ces graphes tirés de la référence suivante :

Bascule bi-polaire du vingtième siècle des températures de surface de l'Arctique et de l'Antarctique.
"Twentieth century bipolar seesaw of the Arctic and Antarctic surface air temperatures"

Petr Chylek, Chris K. Folland, Glen Lesins, and Manvendra K. Dubey.

GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 37, L08703, doi:10.1029/2010GL042793, 2010 (publié le 22 Avril 2010).

Légende de la figure ci-contre :

"Figure 2. (a) Séries temporelles de température corrigées
de l'Arctique (en bleu )
de l'Antarctique (en rouge ).
Les données sont lissées avec une moyenne glissante sur une durée de 11 ans (lignes fines) et de 17 ans (lignes épaisses).
"(b) Les valeurs annuelles de indice de l'AMO [d'après Parker et al., 2007] (ligne fine) et la moyenne glissante sur 17 ans (ligne épaisse)."

Vous noterez que l'article de Glaze Wyatt et al mentionné ci-dessus ne s'intéresse qu'à l'hémisphère Nord, tandis que celui de Chylek et al fait référence aux pôles Nord et Sud. L'explication donnée par Chylek et al est rappelée dans ce billet.

 

chylek09b

 

Voici une autre superposition intéressante des températures arctiques et des indices AMO (Parker et NOAA), publiée dans un article plus ancien de P. Chylek et al (ce billet).

 

 

 

 

 

Enfin, tout récemment, nous avons rapporté ( billet ci-dessous) sur un article qui reconstruisait l'indice de fonte du Groenland depuis les 100 dernières années.

La fonte du Groenlandmarcia5


 

 

Ci-contre, le graphe (tronqué à partir de 1900 pour pouvoir le comparer avec le graphe ci-dessus), de l'article commenté dans le billet ci-dessous.

On retrouve, de nouveau, une forte fonte (comme pour les glaciers alpins) vers 1940-1950 suivi d'un regel jusque vers 1976, lui-même suivi d'une nouvelle fonte qui se poursuit jusqu'à nos jours.

 

 

 

 

 

Couverture neigeuse du plateau Tibétain et AMO depuis 200 ans :

Un article encore sous presse au Geophysical Research Letters, est intitulé :

"Variabilité décennale de la couverture neigeuse sur le plateau Tibétain pendant les deux derniers siècles "
Decadal Variability in Snow Cover over the Tibetan Plateau during the Last Two Centuries

Caiming Shen, Wei-Chyung Wang, and Gang Zeng
Atmospheric Sciences Research Center, State University of New York, Albany, New York

Le résumé de cet article qui retrouve, une fois encore, une corrélation marquée d'un indicateur climatique (la couverture neigeuse du Tibet) avec l'AMO (par l'intermédiaire de la NAO, selon les auteurs) se conclut par les phrases suivantes :
marcia6

...The analysis suggests that the snow cover exhibits significant decadal variability with major shifts around 1840s, 1880s, 1920s, and 1960s. Its variations are found to be closely correlated with the Atlantic Multidecadal Oscillation: Cool/warm phases coincide with large/small snow cover. A plausible mechanism linking the North Atlantic climate to Asian monsoon is presented.


"L'analyse suggère que la couverture neigeuse montre une variabilité décennale avec des changements marqués dans les années 1840, 1880, 1920 et 1960. On trouve que ces variations sont étroitement corrélées avec l'Oscillation Multidécennale Atlantique. Les phases froides/chaudes coïncident avec les couvertures fortes/faibles. Un mécanisme plausible reliant l'Atlantique Nord à la mousson Asiatique est présenté. "

(Figure ci-contre : en bleu l'AMO. En rouge, la couverture neigeuse du plateau tibétain)

 

Si les oscillations océaniques évoquées précédemment sont effectivement actives au niveau des pertes de glaces, aussi bien dans les massifs alpins que pour le Groenland et les pôles, et sans doute dans de nombreuses autres circonstances comme pour l'enneigement du plateau Tibétain, on peut penser que les glaciers devraient regeler dans les années qui viennent, la neige devenir plus abondate etc. comme je l'avais mentionné dans ce billet.
Nous verrons...

III - Compléments : Au sujet de la superposition des effets résultant des oscillations climatiques évoquées ci-dessus et d'une hausse progressive des températures de l'ordre de 0,5°C par siècle :

Comme je l'ai mentionné ci-dessus, l'article cité fait usage de séries données de températures "detrended", c'est à dire auxquelles on a soustrait une hausse linéaire des températures mentionnée par de nombreux autres chercheurs. Vous retrouverez dans ce billet, d'autres graphes du même genre, publiés par d'autres auteurs tels que William Gray et al, Scafetta et al, Mojib Latif, Swanson et al, Klyashtorin et Lyubishin, Joseph d'Aleo ...

Il est tentant d'attribuer cette hausse sous-jacente aux variations cycliques naturelles des observables climatiques, aux effets des gaz à effet de serre. C'est d'ailleurs ce que suggèrent Anastasios Tsonis et Mojib Latif, par exemple. D'autres auteurs, comme Syun Ichi Akasofu penchent plutôt pour une hausse naturelles des températures due à la sortie du petit âge glaciaire précédent. Un des arguments essentiels d'Akasofu repose sur la constatation que le réchauffement observé actuellement a commencé dès le début du XIXème siècle, comme le montre l'analyse d'un certains nombre d'indicateurs, c'est à dire bien avant que les émissions de gaz à effet de serre deviennent notables.

Il est crucial de réaliser, que lorsque l'on tient compte des oscillations naturelles du climat, la pente de la hausse des températures est notablement inférieure à celle de l'arche montante de la quasi-sinusoïde (allant de 1979 à 1998) qui est souvent présentée comme un argument décisif par les adhérents du GIEC.
C'est exactement ce qu'a voulu illustrer le Professeur Akasofu lorsqu'il a réalisé le schéma ci-dessous. En effet, si l'on ne prend pas en compte les oscillations naturelles et que l'on se contente de ne considérer que la dernière fraction de la courbe, comme cela est représenté sur ce graphique, on est conduit à des prévisions (prédictions, scénarios etc.) beaucoup plus alarmistes telles que celles qui sont mis en avant par le GIEC et les médias. De fait, et même si on admet que la hausse sous-jacente des températures est due à l'effet de serre, et si l'on tient compte des oscillations naturelles, on est conduit à une sensibilité aux gaz à effets de serre de l'ordre de 3 à 4 fois moins importante que celle des modèles du GIEC, ce qui rejoint les sensibilités (donc quasiment négligeables) avancées par Richard Lindzen ou Roy Spencer, souvent mentionnées dans ce site.

akasofu1

Le graphe ci-contre que les lecteurs de ce site connaissent bien, est de la main du Prof. Syun Ishi Akasofu. Je l'avais rapporté dans ce billet. Son article le plus récent (et copieux) à ce sujet est intitulé : "Composantes naturelles du changement climatique" (attention ! chargement très long. Soyez patient).

Au vu des oscillations naturelles, de période proche de 60 ans et que l'on retrouve aussi dans l'analyse spectrale de l'évolution de la température du globe (et ...du soleil, Scafetta (2009)), Akasofu fait remarquer que les prédictions (prévisions, scénarios etc...) du GIEC sont très exagérées.

Le point indiqué par une flèche rouge indique la situation actuelle.

 

 

 

IV Conclusion :

L'article de Glaze Wyatt et al, cité ci-dessus, vient compléter la longue série des observations déjà publiées ou en voie de publication dans les revues à comité de lecture qui montrent que le climat du globe obéit à des variations cycliques, avec une périodicité marquée qui se situe aux environs de 60 ans. Plusieurs auteurs attribuent cette périodicité à l'Oscillation Multidécennale Atlantique qui influence, au moyen de diverses téléconnexions retardées, les autres acteurs du climat.

Il se trouve que les études de climatologie ont connu un fort regain d'intérêt depuis une trentaine d'années environ. Malencontreusement, cette période correspond assez précisément avec une arche montante de la quasi-sinusoïde des variations cycliques naturelles auxquelles sont apparemment soumis les observables climatiques tels que la fonte des glaciers, la température etc. Dans ces conditions, il n'est ni étonnant, ni alarmant, que l'on observe actuellement un "réchauffement climatique". Celui-ci n'est pas un cas isolé dans l'histoire récente. Jusqu'à présent, il n'est exceptionnel ni par son amplitude ni par ses conséquences.
La requête d'Akasofu qui demande que l'on prenne en compte ces oscillations climatiques naturelles AVANT d'avancer des hypothèses et des modèles sur le rôle supposé des émissions des gaz à effets de serre, semble donc justifiée.

Pour terminer, voici un petit conseil : A l'appui de leur thèse, les tenants de l'hypothèse anthropique du GIEC mettent fréquemment en avant, des graphiques (de fonte des glaces, de hausse des températures etc.) qui couvrent justement la période allant de 1976 à nos jours.

Demandez leur simplement ce qu'il s'est passé, pour les mêmes observables, de 1910 à 1940-45, puis de 1945 à 1976...

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Addendum : A noter qu'un livre récemment publié chez Springer (Praxis Publishing, Chichester) dont les auteurs sont des chercheurs russes spécialistes de l'Arctique (Frolov, Gudkovitch, Karlin, Kovalev et Smolyanitsky), sous le titre "Climate Change in Eurasian Arctic Shelf Seas -Centennial Ice cover Observations", tient exactement le même langage que les articles mentionnés ci-dessus : Tout cela est géré par des cycles de 60 ans...
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26 Avril 2011 : Rien de bien nouveau du côté de la fonte du Groenland...depuis 200 ans.

Une des difficultés majeures auxquelles se trouvent confrontées les sciences du climat, tient au fait que si les données de l'observation de toutes natures green3abondent depuis le début de l'ère satellitaire (typiquement à partir de 1979, c'est à dire depuis seulement une trentaine d'années), les données plus anciennes sont beaucoup plus rares, souvent fragmentaires et parfois sujettes à caution.
Comme le savent les lecteurs de ce site, il se trouve (malencontreusement) que les années 1970-1980 qui ont vu la naissance des premières observations détaillées obtenues grâce aux satellites, ont également été des années plus froides que celles qui les ont précédé (au point que certains redoutaient, à l'époque, la survenue d'un nouveau petit âge glaciaire) et que celles qui les ont suivi.
Cette coïncidence fortuite entre le point de départ des observations satellitaires d'une part et de la période froide 1946-1976, d'autre part, a peut-être contribué, dans une certaine mesure, à la naissance de l'alarmisme climatique qui sévit depuis plus de deux décennies. En effet, les températures étant reparties à la hausse, après la baisse des années 1946-1979, un grand nombre d'observations bien documentées, disponibles depuis 1979, ont mis en évidence une série d'évolutions (températures, fontes des glaces etc.) par rapport aux données observées au début de l'ère satellite, que certains considèrent comme alarmantes.
Et de fait, elles le seraient... si elles étaient sans précédent historique.
Le sont-elles ?

L'article qui fait l'objet de ce billet, a été publié le 19 avril au Journal of Geophysical Research. Il nous montre que la fonte récente du Groenland, fréquemment utilisée comme argument massue par les alarmistes (qui limitent le plus souvent leurs graphiques aux trente dernières années) n'est pas inhabituelle dans le contexte historique des deux siècles précédents.
Le voici :
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"Une reconstruction de l'extension de la fonte annuelle du Groenland de 1784 à 2009."

A reconstruction of annual Greenland ice melt extent, 1784–2009

JOURNAL OF GEOPHYSICAL RESEARCH, VOL. 116, D08104, doi:10.1029/2010JD014918, 2011


Oliver W. Frauenfeld ( Department of Geography, Texas A&M University,College Station, Texas, USA)
Paul C. Knappenberger (New Hope Environmental Services, Charlottesville, Virginia, USA)
Patrick J. Michaels (Cato Institute, Washington, D. C., USA).
A noter que Pat Michaels, plusieurs fois cité dans ce site, est un ancien président des Climatologues d'Etat des Etats-Unis. Il gère le site Word Climate Report.

Manuscrit reçu le 17 Août 2010; révisé le 21 Décembre 2010; accepté le 31 Janvier 2011; Publié le 19 Avril 2011.

Cet article constitue le prolongement d'un travail présenté, par les mêmes auteurs, en 2008, lors de la conférence d'automne de l'AGU (American Geophysical Union) où il avait beaucoup été question du Groenland, comme je l'avais mentionné à l'époque. Voici le résumé de cet article en version originale d'abord, suivie d'une traduction en français.

Abstract :
The total extent of ice melt on the Greenland ice sheet has been increasing during the last three decades. The melt extent observed in 2007 in particular was the greatest on
record according to several satellite‐derived records of total Greenland melt extent. Total annual observed melt extent across the Greenland ice sheet has been shown to be strongly
related to summer temperature measurements from stations located along Greenland’s coast, as well as to variations in atmospheric circulation across the North Atlantic. We
make use of these relationships along with historical temperature and circulation observations to develop a near‐continuous 226 year reconstructed history of annual Greenland melt extent dating from 2009 back into the late eighteenth century. We find that the recent period of high‐melt extent is similar in magnitude but, thus far, shorter in duration, than a period of high melt lasting from the early 1920s through the early 1960s. The greatest melt extent over the last 2 1/4 centuries occurred in 2007; however, this value is not statistically significantly different from the reconstructed melt extent during 20 other melt seasons, primarily during 1923–1961.

Résumé : " L'étendue totale de la fonte des glaces de la surface glacée du Groenland a augmenté durant les trois dernières décennies. En particulier, l'étendue de la fonte observée en 2007 a été la plus importante selon les données de l'étendue totale de la fonte du Groenland, d'après les observations de plusieurs satellites.
Il a été montré que le fonte annuelle totale observée de la couche glacée du Groenland est étroitement dépendante de la température en été, mesurée par les stations situées le long des côtes du Groenland, aussi bien que des variations de la circulation atmosphérique sur l'Atlantique Nord.
Nous prenons en compte cette dépendance avec les enregistrements historiques des températures et avec les observations des modes de circulation pour mettre en place une reconstruction de l'histoire de l'extension de la fonte annuelle du Groenland sur une période quasi-continue s'étendant sur 226 années, en partant de 2009 et en remontant jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
Nous trouvons que la période récente de forte extension de la fonte est semblable du point de vue de l'extension mais, jusqu'à présent, de durée plus courte qu'une période de forte fonte qui s'est prolongée du début des années 1920 jusqu'au début des années 1960. La plus grande étendue de fonte durant les deux siècles et un quart derniers, s'est produite en 2007, mais cette valeur n'est pas significativement différente, du point de vue statistique, de l'extension de la fonte reconstruite pendant 20 autres saisons de fonte, et en tout premier lieu de 1923 à 1961. "
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Le corps de l'article porte essentiellement sur l'analyse des données anciennes de température et de la circulation atmosphérique disponibles à partir de multiples sources déjà publiées ainsi que sur les trois modèles statistiques utilisés pour extraire les données utiles à la reconstruction de l'indice de fonte du Groenland à partir des observations précédant l'ère satellitaire.

Voici la figure maîtresse de l'article en question, accompagnée de sa légende.

green1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 2.
"Reconstruction de l'histoire de l'indice de l'extension totale de la fonte du Groenland de 1784 à 2009.
Valeurs observées de l'indice de fonte des glaces (cercles bleus pleins).
Valeurs reconstruites de l'indice de fonte des glaces (cercles gris vides)
Moyenne glissante sur 10 ans des valeurs reconstruites et ajustées (ligne rouge épaisse)
Marges d'erreurs à 95% d'indice de confiance (lignes grises fines).
"

Comme on peut le voir sur ce graphique et conformément aux conclusions des auteurs, la période de fonte actuelle n'est pas significativement différente de celles qui l'ont précédé. A noter que les marges d'erreurs de ces mesures ( la zone encadrée par les lignes fines en grisé) sont près de deux fois plus grandes que le signal. C'est assez fréquent en climatologie.

Les conclusions de cet article replacent les observations rapportées dans le contexte de la hausse du niveau des mers qui pourrait résulter de la fonte des glaces Groenlandaises. Ici encore, les conclusions vont à l'encontre de bien des idées reçues et généreusement propagées par quelques activistes et par les médias

6. Conclusions
We have created a record of total annual ice melt extent across Greenland extending back approximately 226 years by combining satellite‐derived observations with melt extent values reconstructed with historical observations of summer temperatures and winter circulation patterns. This record of ice melt indicates that the melt extent observed since the late 1990s is among the highest likely to have occurred since the late 18th century, although recent values are not statistically different from those common during the period 1923–1961, a period when summer temperatures along the southern coast of Greenland were similarly high as those experienced in recent years. Our reconstruction indicates that if the current trend toward increasing melt extent continues, total melt across the Greenland ice sheet will exceed historic values of the past two and a quarter centuries.
[28] Of primary concern is the impact that Greenland ice melt will have on the rate of global sea level rise. A number of factors including snowfall accumulation variations, and any impact that surface melting has on glacial flow rates complicate this determination. Currently, surface mass balance estimates considering only loss from surface melting and input from precipitation (not including loss from glacial outflow) suggest that in recent years there has been a decline in the surface mass balance of Greenland. Mass loss from melting has exceeded small increases in snowfall accumulation [Fettweis, 2007; Hanna et al., 2008] leading to a positive contribution to global sea level rise. Mass loss from increased glacial discharge adds an additional contribution [Rignot and Kanagaratnam, 2006] and is well correlated to surface mass balance [Rignot et al., 2008]. However, the strength and duration of glacial discharge exhibits shortterm (days to years) variability and it remains unclear to what level glacial flow rates will be sustained even under a future regime of rising temperatures [Nick et al., 2009;Schoof, 2010].
[29] The forces acting in concert with ice melt across Greenland to produce higher global sea levels currently, should also have been acting during the extended high‐melt conditions from the mid‐1920s to the early 1960s. There is some qualitative indication of an observable influence of the variations in input from Greenland in the decadal rates of sea level change over the course of the past century [Jevrejeva et al., 2006; Church and White, 2006]. However, there is no indication that the increased contribution from the Greenland melt in the early to mid 20th century, a roughly 40 year interval when average annual melt was more or less equivalent to the average of the most recent 10 years(2000–2009), resulted in a rate of total global sea level rise that exceeded around 3 mm/yr.
This suggests that Greenland’s contribution to global sea level rise, even during multidecadal conditions as warm as during the past several years, is relatively modest.

Conclusions, en français :

"[27]Nous avons créé un enregistrement de l'étendue totale annuelle de la fonte du Groenland qui s'étend sur environ 226 années en combinant les observations issues des satellites avec les observations historiques des températures et des modes de circulation hivernaux. Cet enregistrement de la fonte des glaces montre que l'extension de la fonte observée depuis la fin des années 1990 figure parmi les plus élevées qui se sont produites depuis la fin du XVIIIème siècle, bien que les valeurs récentes ne soient pas statistiquement différentes de celles qui ont été observées durant la période 1923-1961, qui est une période pendant laquelle les températures estivales le long de la côte Sud du Groenland était aussi élevées que celles que nous avons connues dans les années récentes. Notre reconstruction montre que si la tendance actuelle vers une augmentation de l'extension de la fonte continue, la fonte totale de la nappe glacée du Groenland excédera les valeurs historiques des deux siècles et un quart écoulés.

[28] L'impact de la fonte des glaces du Groenland sur le taux de montée de la hausse du niveau des mers est la première cause de préoccupation. Un grand nombre de facteurs incluant les variations de l'accumulation de la neige ainsi que n'importe quel impact que pourrait avoir la fonte de la surface sur les taux d'écoulement des glaces rend cette détermination délicate. Dans l'état actuel, l'équilibre entre les estimations des masses surfaciques, en ne considérant que les pertes dues à la fonte en surface, avec les entrées provenant des précipitations (en ne prenant pas en compte les pertes dues aux flux sortant dus aux courants glaciaires) suggèrent que durant ces dernières années, il y a eu un déclin de l'équilibre de la masse surfacique du Groenland. La perte de masse résultant de la fonte a dépassé la faible augmentation de l'augmentation des chutes de neige [[Fettweis, 2007; Hanna et al., 2008] induisant une contribution positive à la hausse du niveau global des mers. La perte de masse résultant de l'augmentation de la décharge glaciale ajoute une contribution supplémentaire [Rignot and Kanagaratnam, 2006] et ceci est bien corrélé avec l'équilibre de la masse surfacique [Rignot et al., 2008]. Cependant, la force et la durée de la décharge glaciaire montre une variabilité à court terme (de la journée à l'année) et la détermination du taux de décharge glaciaire qui pourrait survenir même en cas d'un régime futur de hausse de la température [Nick et al., 2009; Schoof, 2010] reste problématique.

[29] Les forces qui agissent de concert avec la fonte des glaces au Groenland pour contribuer à provoquer, dans les conditions actuelles, une hausse du niveau marin devraient aussi avoir été à l'oeuvre pendant les conditions de forte fonte généralisée qui ont eu cours depuis la moitié des années 1920 jusqu'au début des années 1960. Il existe certaines indications qualitatives d'une influence observable des variations dues au Groenland dans le taux décennal de la variation du niveau des mers au cours du siècle passé [Jevrejeva et al., 2006; Church and White, 2006]. Cependant, il n'existe aucune indication que l'augmentation de la contribution de la fonte du Groenland, du début à la fin du XXème siècle, c'est à dire durant une période d'environ 40 ans durant lequel la fonte moyenne annuelle était plus ou moins équivalente à celle des dix dernières années (2000 à 2009), ait conduit à un taux d'augmentation du niveau global des océans qui ait excédé environ 3 mm/an.
Ceci suggère que la contribution du Groenland à la hausse globale du niveau des océans est relativement modeste, même durant des conditions multidécennales aussi chaudes que durant les dernières années."

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En résumé, et bien qu'elle soient, ici ou là, subtilement édulcorées par quelques concessions à "l'establishment climatique" (publication oblige ! voir ci-dessous), les conclusions de cet article sont parfaitement claires :

- La fonte actuelle des glaces Groenlandaises n'est actuellement pas statistiquement distinguable de celles qui l'ont précédé durant les deux siècles précédents, notamment de celle qui s'est prolongée durant près de la première moitié du XXème siècle jusque vers les années 60.
-Comme, à cette époque, le taux de hausse du niveau des mers n'a pas excédé la valeur classique de 3mm/an, ceci suggère que la contribution de la fonte du Groenland à la hausse du niveau global, est relativement modeste.

Ce qui - vous l'avez compris - ne va pas du tout dans le sens alarmiste prôné par les tenants du GIEC et par la quasi-totalité des médias (qui éviteront soigneusement de rapporter sur cet article dérangeant)...
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Pour la petite histoire :
Au sujet du processus de relecture par les pairs avant publication :
le peer-review.

Inutile de dire que l'article précédent qui va à l'encontre de l'alarmisme climatique, a dû avoir du mal à passer le tir de barrage des referees (les relecteurs) habituels du Journal of Geophysical Research.

Il est inutile de préciser également que si cet article a finalement été accepté et publié, c'est sans nul doute que les relecteurs n'ont pu y déceler de faute rédhibitoire. Le processus de revue par les pairs qui a duré 6 mois environ, peut sembler très long aux lecteurs profanes. Il n'est cependant guère inhabituel en matière de publication dans les revues réputées, et tout spécialement dans ce domaine où les controverses vont bon train.

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Voici, ci-contre, une illustration du processus de la relecture par les pairs, tel qu'il est perçu par beaucoup de chercheurs. Notamment, par ceux qui s'aventurent, à leurs risques et périls, à publier des articles qui ne "sont pas dans la ligne" et qui, lorsqu'un "consensus" s'installe, ont toutes les chances de tomber sur un referee qui lui, y est.

L'article de Frauenfeld et al., rapporté ci-dessus, a été soumis au JGR en Août 2010, c'est à dire avant que les données de l'année 2010 soient connues. Contrairement à la règle d'or du processus de relecture, et une fois encore (voir les emails du climategate), le referee principal s'est fait connaître.
Il s'agit de
Jason Box. Box est le chercheur que j'avais mentionné dans un billet précédent. Jason Box et ses collègues avaient compilé un certains nombre de documents anciens (tels que des photos aériennes du Groenland), pour, finalement, retrouver des résultats assez proches de ceux de l'article cité dans ce billet.
Bien que les données 2010 ne soient pas disponibles au moment de la soumission de l 'article, le referee a reproché aux auteurs de ne pas les avoir incorporées dans l'analyse ce qui est, pour le moins, spécieux. Les auteurs ont répondu que les données 2010 ne seront rendues disponibles, après traitement, que bien plus tard, tout en prenant date pour la suite.
Une explication sur le site "The blackboard" de Lucia, intitulé "
Le referee se disqualifie", donne une copie de certains commentaires du referee Jason Box au sujet du contenu de l'article en question et... au sujet de la personnalité de ses auteurs, ce qui est pour le moins inhabituel et déontologiquement inacceptable. Un referee doit s'en tenir aux faits et au contenu de l'article. Certains commentaires de Jason Box, du style "les auteurs sont des climato-sceptiques et sont payés par Big Oil !" laissent rêveur sur la dégradation désastreuse du processus de peer-review qui semble avoir actuellement cours en sciences du climat.

Le processus de revue par les pairs possède, sans aucun doute, de grands mérites. Cependant, et de l'avis de beaucoup, il présente aussi de graves inconvénients surtout lorsqu'il s'agit de sujets très sensibles ou plus ou moins politisés, dans lesquels d'aucuns voudraient imposer une certaine "pensée unique " comme dans le cas du réchauffement climatique.

Il est bon de relire ce qu'écrivait, au sujet du peer review,
Richard Horton, l'éditeur du Lancet, la très renommée et prestigieuse revue médicale britannique, en relation avec une polémique récente (à propos des OGM, un sujet hautement passionnel) qui avait agité le microcosme médico-scientifique.

"La faute, bien entendu, est d'avoir pensé que le processus de revue par les pairs était autre chose qu'un moyen grossier de découvrir l'acceptabilité - et non pas la validité - d'une nouvelle découverte. Les éditeurs, tout comme les scientifiques, insistent sur l'importance cruciale du processus de revue par les pairs. Nous donnons une image du peer review au public comme s'il s'agissait d'un processus quasi-sacré qui aide à faire de la science notre garant le plus objectif de la vérité . Mais nous savons que le système de la relecture par les pairs est biaisé, injuste, irresponsable, incomplet, facilement truqué, souvent insultant, couramment ignorant, parfois stupide et fréquemment erroné."

C'est, malheureusement, ce qu'on avait compris en lisant les courriels échangés à ce propos, entre les protagonistes du Climategate.
Voir également ce qu'en pense le climatologue Roger Pielke Sr dans un billet au sujet des tribulations rocambolesques d'un article (non mainstream) soumis récemment par Ross McKittrick.

En tant qu'éditeur du Lancet, Richard Horton sait à quoi s'en tenir en matière de processus du peer review, mais sa vision est sans doute un peu pessimiste et, en tout cas, ne concerne pas tous les domaines de la science.
Dans les sciences plus "paisibles" et moins passionnelles, le processus de relecture par les pairs est aussi fréquemment constructif, enrichissant (pour le relecteur, pour les auteurs comme pour les lecteurs) et finalement bénéfique pour la science.
Cependant, il faut savoir que, contrairement à une croyance très répandue, le processus de relecture par les pairs ne garantit nullement la validité d'un article publié, comme le dit fort justement Horton. Tous les chercheurs savent que des articles qui contenaient des âneries ont fréquemment réussi à passer le filtre des meilleures revues scientifiques, même s'il ne s'agit que d'une minorité.
Plus certainement, et comme le dit Richard Horton, le peer review est un filtre "grossier" qui garantit l'acceptabilité d'un article par le "mainstream" scientifique ...du moment. Ce qui n'est certainement pas une caractéristique en faveur du développement des idées novatrices mais devient plutôt une machine à fabriquer des consensus.


En réalité, en matière de sciences, le progrès s'effectue plutôt par une succession continue d'essais, d'erreurs et de corrections qui, du moins en principe, maintiennent le navire sur son cap.
Mais, parfois, et comme l'histoire en témoigne, les erreurs et les croyances ont eu la peau dure.

Rien n'est parfait et la recherche n'est certainement pas le "long fleuve tranquille" que le public imagine.

A suivre....


05 Avril 2011 : Pas d'accélération de la hausse du niveau moyen des mers du globe !

Les lecteurs avertis se souviennent de la vive polémique qui avait agité les sphères spécialisées dans les prédictions de la hausse du niveau des océans lors de la publication du rapport AR4 du GIEC en 2007. Ce rapport, se basant essentiellement sur les travaux de Bindoff et al (2007), avait annoncé que, la hausse du niveau moyen des océans du globe devrait se situer quelque part entre 18 et 59 cm en 2100 par rapport au niveau des mers en 1990.
Plusieurs auteurs, proches du GIEC, dont Stefan Rhamstorf, bien connu des lecteurs de ce site, se basant sur des analyses semi-empiriques et sur les scénarios variés de l'élévation de température, avaient avancé des hausses de niveau bien supérieures, de l'ordre de 60 à 190 cm pour la même période.
Les lecteurs se souviennent peut-être aussi des visions apocalyptiques d'Al Gore, de Hansen et de quelques autres qui n'avaient pas hésité à prédire des hausses du niveau des mers de quelques mètres ou, même, de quelques dizaines de mètres...

Pour rester sur des bases plus solides que ces spéculations et comme toujours, il vaut mieux dans ce domaine comme dans les autres, se baser sur les observations plutôt que sur des "projections".

L'article que je vais commenter ci-dessous fait suite et corrobore les observations et les analyses d'un article de Manfred Wenzel et Jens Schröter (de l'Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research, Bremerhaven, Allemagne) publié le 13 Août 2010 dans le J. Geophys. Res., 115, C08013, doi:10.1029/2009JC005630. (2010), telles que je les avais rapportées dans ce billet.
L'article qui est le sujet de ce billet est encore sous presse au Journal of Coastal Research, (encore accessible en ligne). (ISSN 0749-0208).
Le JCR est une publication revue par les pairs, spécialisée dans l'étude des zones côtières continentales. Cet article est intitulé :

"Accélération du niveau des mers basée sur les marégraphes des USA et extension des analyses publiées précédemment à partir de jauges de niveau à l'échelle du globe."
"Sea-Level Acceleration Based on U.S. Tide Gauges and
Extensions of Previous Global-Gauge Analyses"

Les deux auteurs sont J. R. Houston and R. G. Dean

J. R. Houston : Director Emeritus
Engineer Research and Development
Center, Corps of Engineers

R. G. Dean : Professor Emeritus
Department of Civil and Coastal Civil
Engineering. University of Florida

L'idée qui sous-tend cet article est aussi simple que naturelle : Si la hausse du niveau des mers, observée actuellement, se poursuit à la même vitesse que celle que nous connaissons à présent et que nous avons connue depuis au moins un siècle, il n'y a aucune de raison de s'inquiéter. Le niveau des mers ne montera que de 15cm jusqu'en 2100.
Afin de pouvoir faire des prévisions sérieuses en matière de hausse du niveau des mers
, il est donc crucial de savoir s'il existe (ou non) une tendance à l'accélération, détectable dans les bases de données dont nous disposons actuellement.

Voici, comme à l'accoutumée, le résumé original de l'article suivi d'une traduction en français :

Abstract :
Without sea-level acceleration, the 20th-century sea-level trend of 1.7 mm/y would produce a rise of only approximately 0.15 m from 2010 to 2100; therefore, sea-level acceleration is a critical component of projected sea-level rise. To determine this acceleration, we analyze monthly-averaged records for 57 U.S. tide gauges in the Permanent Service for Mean Sea Level (PSMSL) data base that have lengths of 60–156 years. Least-squares quadratic analysis of each of the 57 records are performed to quantify accelerations, and 25 gauge records having data spanning from 1930 to 2010 are analyzed. In both cases we obtain small average sea-level decelerations. To compare these results with worldwide data, we extend the analysis of Douglas (1992) by an additional 25 years and analyze revised data of Church and White (2006) from 1930 to 2007 and also obtain small sea-level decelerations similar to those we obtain from U.S. gauge records.
Résumé :
"Sans accélération du niveau des mers, la tendance de la hausse du niveau des mers du XXème siècle conduirait à une hausse de seulement environ 0,15m de 2010 à 2100. C'est pourquoi l'accélération du niveau des mers est une composante critique de la hausse projetée du niveau des mers. De manière à analyser cette accélération, nous analysons les enregistrements mensuels de 57 jauges de niveau US de la base de données du PSML (Permanent Service for Mean Sea Levels, Service permanent pour le niveau moyen des océans) qui couvrent des périodes de 60 à 156 ans. Une analyse par la méthode des moindres carrés de chacun des 57 enregistrements est effectuée de manière à quantifier les accélérations. De plus 25 jauges de niveau ayant des données couvrant la période allant de 1930 à 2010 est analysée.
Dans les deux cas, nous obtenons des faibles décélérations de la hauteur moyenne du niveau des mers. De manière à comparer ces résultats avec les données valables pour le globe, nous avons prolongé l'analyse de Douglas (1992) en la prolongeant de 25 années supplémentaires et nous avons analysé les données de Church et White (2006) de 1930 à 2007 et nous obtenons aussi des faibles décélérations semblables à celles que nous avons obtenues pour les jauges de niveau des USA."
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Voici, indiquées par des points noirs, les emplacements des 57 jauges de niveau utilisées par les auteurs de cet article.

 

Comme on peut le voir, il s'agit d'une série de jauges distribuées le long des côtes atlantiques et Pacifiques des USA. D'autres jauges, également utilisées, sont situées dans le Pacifique sur des îles telles que Hawaï ou Midway. La liste complète des sites de mesures figure dans l'article. .

 

 

Voici un résultat typique de l'analyse effectuée par les deux auteurs de cet article :
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" Pour chacune des 57 des 25 séries de données des marégraphes, nous avons déterminé le décalage à l'origine, α0 en mm, la pente α1 en mm/y, et le terme quadratique correspondant à l'accélération, α2 in mm/y2, en utilisant une méthode des moindres carrés qui satisfait à l'équation :

y(t) = α0 + α1t + (α2/2)(t2)

Dans laquelle le temps est exprimé en années et y(t) est la mesure du niveau marin à la date t.
C'est l'accélération seule qui est concernée dans cet article."

La figure ci-contre (Fig. 4) donne un histogramme du nombre de données enregistrées par les jauges selon l'accélération observée. L'histogramme présente une légère dissymétrie vers les décélérations ce qui justifie les affirmations des auteurs qui observent une stabilité de la hausse du niveau des mers ou une légère décélération.

"Notre première analyse a déterminé une valeur de l'accélération α2 pour chacun des 57 enregistrements, dont les résultats sont tabulés dans la Table 1 et montrés dans le Figure 4. Il y a pratiquement un équilibre avec 30 enregistrements marégraphiques indiquant une décélération et 27 montrant une accélération, le tout se regroupant autour de 0.0 mm/y2. La moyenne indique une légère décélération correspondant à α2 = -0.0014 ± 0.0161 mm/y2 (avec un taux de confiance de 95%)."

La conclusion de l'article attire l'attention sur la contradiction entre les résultats des observations directes et les prédictions de plusieurs articles parus précédemment. En bref, et bien que la température moyenne ait augmenté de quelques 0,7°C, et contrairement aux analyses précédentes, depuis le début du XXème siècle et jusqu'en 2010, on n'a vu aucune accélération de la hausse du niveau des mers.
Voici cette conclusion, la version originale d'abord, suivie d'une traduction en français :

Conclusion:
Our analyses do not indicate acceleration in sea level in U.S. tide gauge records during the 20th century. Instead, for each time period we consider, the records show small decelerations that are consistent with a number of earlier studies of worldwide-gauge records. The decelerations that we obtain are opposite in sign and one to two orders of magnitude less than the +0.07 to +0.28 mm/y2 accelerations that are required to reach sea levels predicted for 2100 by Vermeer and Rahmstorf (2009), Jevrejeva, Moore, and Grinsted (2010), and Grinsted, Moore, and Jevrejeva (2010). Bindoff et al. (2007) note an increase in worldwide temperature from 1906 to 2005 of 0.74C.
It is essential that investigations continue to address why this worldwide-temperature increase has not produced acceleration of global sea level over the past 100 years, and indeed why global sea level has possibly decelerated for at least the last 80 years.

Conclusion :

"Nos analyses ne montrent pas d'accélération du niveau des mers dans les bases de données des jauges de niveau des USA durant le XXème siècle. Au contraire, pour chaque période de temps considérée, les bases de données indiquent de faibles décélérations qui sont cohérentes avec les études précédentes des enregistrements des jauges de niveau pour le globe entier. Les décélérations que nous obtenons sont de signe opposé et d'un ou deux ordres de grandeurs plus faibles que les accélérations de +0,07 à 0,28 mm/an/an qui sont exigées pour atteindre des niveaux des mers en 2100 prédits par Vermeer et Rahmstorf (2009), Jevrejeva, Moore, et Grinsted (2010), et Grinsted, Moore, et Jevrejeva (2010). Bindoff et al. (2007) note une augmentation de la température du globe de 1906 à 2005 de 0,74°C. Il est essentiel que les recherches soient poursuivies afin de comprendre comment cette augmentation globale de la température n'a pas provoqué une accélération du niveau des mers du globe durant les 100 dernières années et en en réalité, pourquoi le niveau des mers du globe a peut-être décéléré depuis, au moins, les 80 dernières années."

Ces résultats de Houston et Dean sont conformes aux observations et à l'analyse sophistiquée (par les réseaux neuronaux) de Manfred Wenzel et Jens Schröter de l'Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research, (Bremerhaven, Allemagne) publié le 13 Août 2010 dans le J. Geophys. Res., 115, C08013, doi:10.1029/2009JC005630. (2010), telles que je les avais rapportées dans ce billet.

Bibliographie des articles cités par J. R. Houston et R. G. Dean :

Bindoff, N.L., Willebrand, J., Artale, V., Cazenave, A., Gregory, J., Gulev, S., Hanawa, K., Le Quere, C., Levitus, S., Noijiri, Y., Shum, C.K., Talley, L.D. and Unnikrishnan, A. 2007. Observations: oceanic climate change and sea level. In: Solomon, S. et al. (Eds.), Climate Change 2007: The Physical Science Basis. Intergovernmental Panel on Climate Change, Cambridge University Press, New York, New York, USA.
Church, J.A. and White, N.J. 2006. 20th century acceleration in global sea-level rise. Geophysical Research Letters 33: 10.1029/2005GL024826.
Douglas, B.C. 1992. Global sea level acceleration. Journal of Geophysical Research 97: 12,699-12,706.
Grinsted, A., Moore, J.C. and Jevrejeva, S. 2010. Reconstructing sea level from paleo and projected temperatures 200 to 2100 AD. Climate Dynamics 34: 461-472.
Houston, J.R. and Dean, R.G. 2011. Sea-level acceleration based on U.S. tide gauges and extensions of previous global-gauge analyses. Journal of Coastal Research (in press).
Jevrejeva, S., Moore, J.C. and Grinsted, A. 2010. How will sea level respond to changes in natural and anthropogenic forcings by 2100? Geophysical Research Letters 37: 10.1029/2010GL042947.
Vermeer, M. and Rahmstorf, S. 2009. Global sea level linked to global temperature. Proceedings of the National Academy of Sciences USA 106: 21,527-21,532.

___________________________________

En complément de cet article de Houston et Dean, il est intéressant d'examiner les résultats des mesures satellitaires (disponibles depuis les années 90) et les rapprocher de deux observables pertinents : l'évolution de la température du globe et le contenu calorique des océans.

  • Evolution récente de la hausse du niveau des océans du globe ?
    Et comment ont évolué le contenu calorique des océans et la température de la surface de la Terre, durant la même période ?

Variation globale du niveau des océans depuis 1993 :

Ci-contre, en bleu, le graphe tracé à partir des données de l'Université du Colorado.

La droite rouge correspond à la pente moyenne de la hausse du niveau des océans de la planète de 1993 à 2003-2004. La droite verte représente celle qui a eu lieu à partir de 2003-2004 jusqu'à nos jours.

On constate que la hausse du niveau des mers du globe s'est ralentie à partir des années 2003-2004.

D''après le climatologue Ole Humlum, ceci correspond à une diminution de la hausse du niveau des mers qui est passée d'environ 4mm/an à 3mm/an, selon les satellites.



Un des paramètres essentiels invoqués pour expliquer la hausse du niveau des océans est le contenu calorique, supposé en augmentation, de ces derniers. Qu'en est-il ?

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Variation du contenu calorique global des océans depuis 1993

Variation du contenu calorique des océans (couche de 0 à -700m) de 1993 à Déc. 2010 d'après les données du NODC (National Oceanographic Data Center US).

(Figure extraite du site de Ole Humlum, tronquée de manière à ne conserver que la période 1993-2010 pour permettre la comparaison avec la figure précédente et avec la figure suivante). La figure originale est ici.
La ligne bleue épaisse représente un lissage sur 37 mois.

On constate qu'après une augmentation assez régulière de la chaleur contenue dans les océans, jusqu'en 2003-2004, celle-ci semble s'être stabilisée depuis cette époque et jusqu'à nos jours. Cette observation permet sans doute d'expliquer la décroissance de la pente de la courbe précédente lors de cette même période.
En effet, une part importante de la variation du niveau des océans résulte de la dilatation (ou de la contraction) thermique des océans.

Je rappelle que cette stagnation du contenu calorique des océans est en contradiction flagrante avec les modèles utilisés par le GIEC comme l'avait noté Roger Pielke Sr.

 

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Variation des anomalies de la température de surface du globe de 1993 à nos jours d'après le HadCRUT.

(Voir une analyse détaillée des mesures de température fournies par les différents organismes)

 

 

Les observations précédentes (Niveau des mers et contenu calorique des océans) sont cohérentes avec la stagnation des températures de surface du globe depuis les années 2000 telles que nous l'avons rapportée dans ce billet.

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Ainsi et comme on peut le constater, la température moyenne de surface, le contenu calorique des océans et la hausse du niveau moyen des océans marquent le pas depuis quelques années, en opposition avec la théorie '"standard" de l'effet de serre mise en avant par le GIEC.

Comme nous l'avons plusieurs fois fait remarquer, il est très probable que le début de ce XXIème siècle constitue une période singulière de l'évolution du climat de la planète. Il pourrait bien s'agir d'un maximum tel que celui qui avait été observé dans les années quarante, et qui se reproduit tous les 60 ans environ, conformément aux observations rapportées dans ce billet.
Comme le savent les lecteurs de ce site, cette idée qui s'écarte fondamentalement des prédictions (prévisions, scénarios) du GIEC est défendue par Akasofu, Klyashtorin et Lyubishin, William Gray, Joseph d'Aleo, Nicola Scafetta et quelques autres.

Pour l'instant, les observations sur le niveau moyen des mers rapportées ci-dessus vont dans leur sens.
Wait and see !


Notes :

1) Les observations de Houston et Dean confirment les résultats obtenus et publiés en 2010 par les chercheurs du Wegener Institute, tous obtenus à partir des données marégraphiques qui, seules, permettent de remonter suffisamment dans le temps.

Plus récemment, c'est à dire depuis les années 1990, les mesures satellitaires sont venues compléter les observations marégraphiques. Comme je l'avais noté dans ce billet, les mesures altimétriques satellitaires indiquent généralement une hausse nettement supérieure (~3 mm/an) à celle qui est observée avec les marégraphes (~1,7 mm/an), sans d'ailleurs que l'on en connaisse la raison profonde. En réalité, le niveau des océans ne s'élève pas de manière homogène sur la surface d'un bassin. Tout cela est très variable en fonction des conditions locales, des bassins etc. comme on l'a vu dans ce billet.
L'effet de gyre lié à l'évolution de la pression atmosphérique semble jouer un rôle important et il n'est pas évident que l'élévation du niveau des mers mesurée à proximité des zones continentales soit identique à celle qui est observée au centre d'un bassin océanique. Quoiqu'il en soit, l'évolution des données satellitaires indiquent plutôt une décélération qu'une accélération comme celle postulée par les chercheurs proches du GIEC tels que Rhamstorf et al.

2) D'autre part, il est fréquemment répété (à tort) que la hausse du niveau marin résulte de trois facteurs : D'une part, la fonte des glaces continentales (Groenland etc.). D'autre part, la dilatation des océans due à la hausse des températures et enfin la variation de la pression atmosphérique qui n'a d'ailleurs, aucune raison de n'agir que dans un seul sens. C'est, en particulier, ce que nous affirme, assez naïvement, un article typique sur ce sujet. .

La réalité est beaucoup plus complexe. D'une part, on essaye de corriger les données mesurées des effets de la variation globale de la pression atmosphérique (voir, par exemple, les légendes des graphes rapportés par Ole Humlum).

D'autre part et comme cela a été expliqué dans ce billet, l'effet de "gyre" contribue de manière très significative à la variation du niveau des océans comme l'ont montré entre autres, P. L. Woodworth, N. Pouvreau, et G. Wöppelmann.

Je rappelle qu'en 2004, deux scientifiques américains, Laury Miller de la NOAA et Bruce C. Douglas de l’Université de Floride pointaient déjà du doigt, dans un article publié dans la revue Nature, le fait que la dilatation thermique et la fonte des glaces ne permettaient pas d’expliquer l’élévation moyenne globale de 2 mm/an environ, car les vitesses d’augmentation de volume et les quantités de glaces fondues ne pouvaient se traduire que par une hausse, d’au mieux, 0,5 mm/an.
En 2006, ils confirmaient leurs affirmations dans une autre publication à la Royal Society .
En 2007, ils émettaient l’hypothèse que la variation des niveaux océaniques n’était pas directement due au réchauffement, mais aux variations décennales ou multidécennales du champ de pression atmosphérique dans certaines zones océaniques particulières appelées gyres ( Réf : Miller L., Douglas B. C. : Gyre-scale atmospheric pressure variations and their relation to 19th and 20th century sea level rise) publié dans Geophysical Research Letters, 34, L16602, DOI : 10.1029/GL030862, 2007)


3)
Enfin, un article encore sous presse à paraître au Geophysical Research Letters montre que la déplétion anthropique relativement intensive des nappes phréatiques des zones semi-arides (qui se retrouve dans les océans), provoque une hausse moyenne du niveau des océans de l'ordre de 0,8 mm/an ce qui est loin d'être négligeable par rapport aux +3,1 mm/an des mesures satellites ou des + 1,7 mm/an des mesures marégraphiques.
Voici la référence complète de l'article (analyse ici) en question :
Référence : Wada, Y., L. P.H. van Beek, C. M. van Kempen, J. W.T.M. Reckman, S. Vasak, and M.F.P. Bierkens (2010), Global depletion of groundwater resources, Geophysical Research Letters doi:10.1029/2010GL044571, sous presse.

Il reste donc encore bien des questions à résoudre pour analyser correctement les moteurs de la hausse récente du niveau moyen des océans de la planète qui a commencé il y a quelques... 20000 ans comme le rappelle ce graphique très connu. C'est ainsi que l'entrée de la grotte Cosquer qui se trouve actuellement à quelques 37 m en dessous du niveau de la mer, se trouvait sans doute, à l'origine, située sur le flanc d'une colline. yannyeti


En résumé et en conclusion - et ceci devrait nous rassurer - comme nous le montrent les résultats publiés par Houston et Dean ainsi que ceux de Manfred Wenzel et Jens Schröter, il n'y a pas d'accélération perceptible du niveau global des océans de la planète comme en attestent d'ailleurs aussi bien les mesures marégraphiques que les mesures altimétriques satellitaires.
Au contraire, une décélération semble s'être amorcée depuis quelques années.

Plusieurs médias anglophones ont honnêtement informé leurs lecteurs de cette bonne nouvelle en rapportant sur l'article de Houston et Dean.
Notre sympathique Yéti (ci-contre), lui, s'informe auprès des médias francophones...
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Compléments du 12 Avril 2010 : Caractère oscillatoire de la tendance du niveau des mers

Toujours à propos de l'article de Houston et Dean, mentionné ci-dessus, j'ai omis de vous présenter un de leurs graphiques (leur Fig. 6, plus bas) qui est, en fait le prolongement d'un graphe antérieur publié par Holgate S. J. en 2007 qui a lui même prolongé un graphique antérieur (Holgate et Woodworth 2004- HW04). Le graphique de Holgate (2007) est particulièrement intéressant. Ce dernier a, lui-même, été complété successivement par Houston et Dean, puis, peu après, par Pat Michaels. Michaels a utilisé les dernières données altimétriques (satellitaires) disponibles à ce jour.
Tous les graphes suivants représentent les variations du taux de hausse des océans de la planète en fonction du temps.

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Holgate S. J. ( 2007).
On the decadal rates of sea level change during the twentieth century,
"A propos du taux décennal de variation du niveau des mers durant le XXème siècle "
Geophysical Research Letters, 34, L01602, doi:10.1029/2006GL028492.

Voici la figure 2 de cet article. Elle a été obtenue en compilant les résultats des données marégraphiques d'un grand nombre de stations (du moins après 1950) réparties dans le monde, sélectionnées pour leur fiabilité. La légende de cette figure est la suivante :

Figure 2 : Comparaison des taux de variations décennaux de la hausse du niveau des océans, sur la base des 9 enregistrements avec les taux mesurés par les 177 stations marégraphiques utilisées dans HW04. Tous les taux sont corrigés de l'ajustement isostatique et des effets barométriques inverses. La zone grisée correspond à l'erreur standard de ±1.

Voici les dernières lignes de la conclusion de l 'article de Holgate (2007)::

"Finalement, en prolongeant le travail de HW04 (Ndt : HW04 = l' article précédent de Holgate et Woordworth, 2004), on trouve que le taux de montée élevé et décennal du niveau moyen des océans, durant les 20 dernières années des données, n'était pas particulièrement inhabituel dans un contexte de longue durée."

Pour leur part, Houston et Dean ont superposé les résultats des mesures altimétriques (donc satellitaires) récentes au graphe précédent de Holgate qui est obtenu à partir des mesures marégraphiques, jusqu'en 2003. La figure 6 de l'article de Houston et Dean qui est complétée avec les données altimétriques disponibles jusqu'en avril 2010, est accompagnée de la légendesuivante :

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Figure 6. Données altimétriques (points noirs) reportés sur la figure de Holgate (2007).

A ce propos et dans leur article, Houston et Dean remarquent que :

"Lorsqu'on les replace dans un contexte historique, les mesures altimétriques (satellitaires) semblent similaires aux multiples oscillations qui ont eu lieu au cours des cent dernières années et il n'est pas possible de déterminer si l'augmentation du taux de hausse mesuré par les altimètres représentent le front montant d'une accélération ou, simplement, une oscillation décennale typique; De fait, le fait que la moyenne décroisse suggère une oscillation."

 

 

 

Pour sa part, Pat Michaels (Climatologue US, ancien Professeur à l'Université de Virginie) a prolongé les données altimétriques utilisées par Houston et Dean jusqu'aux dernières données disponibles actuellement.
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Voici le résultat, ci-contre :

Comme on le constate et comme je l'ai déjà signalé plus haut, les données altimétriques sont systématiquement plus élevées que les données marégraphiques pour des raisons qui demeurent encore mystérieuses. Cependant la tendance des données altimétriques (satellitaires, seulement disponibles depuis 1993), semble suivre la tendance oscillatoire décennale relevée depuis 100 ans à partir des données marégraphiques. Nous sommes actuellement dans une phase décroissante, depuis 2003 environ, comme nous l'avons vu plus haut.

Les données complétées par Pat Michalels s'arrêtent en Décembre 2010. Nous sommes en Avril 2011. Il se trouve que l'Université du Colorado qui gère cette base de données des mesures altimétriques a cessé de mettre à jour ce fichier depuis la fin de l'année dernière sans que l'on en connaisse la raison.

C'est bien dommage...

En conclusion, cher(e)s lecteurs (-trices), vous voilà armé(e)s pour répondre aux innombrables affirmations de ceux qui clament, haut et fort, dans les médias et dans les livres que "la hausse du niveau des océans est trois fois plus rapide qu'auparavant". C'est faux.
En réalité, le taux de montée des océans n'est nullement en voie d'accélération. Il oscille avec une période proche de 9-10 ans et la tendance moyenne n'est nullement en augmentation comme on le voit sur les graphiques précédents et dans les articles scientifiques publiés sur ce sujet qui utilisent les données objectives tels que les marégraphes et les altimètres satellitaires.

Il est donc totalement vain de sonner le tocsin, comme le font certains, lorsque l'on se trouve dans une phase d'augmentation. Evidemment, personne ne sait comment tout cela va évoluer, mais le caractère oscillatoire du taux de hausse des océans avec une période de l'ordre de 10 ans est une réalité objective et ceci depuis au moins cent ans. D'autre part, rien ne dit que le taux de hausse des océans est en voie d'accélération. Bien au contraire.

A suivre (bien sûr !).
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Rappel : Pat Michaels, cité ci-dessus, est un climatologue "critique" du travail des ses collègues "mainstream" proches du GIEC. Il ne s'est pas fait que des amis. C'est ainsi que dans les courriels du Climategate, l'un des protagonistes de ces échanges de emails affirme que lorsqu'il rencontrera Pat Michaels lors d'une conférence, il sera tenté de lui "faire sa fête" comme l'on dit.. L'expression anglaise utilisée est beaucoup plus explicite.

1er Mars 2011 : La machine à remonter le temps (pour le temps météorologique).
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Certaines idées sont si lumineuses, si évidentes, qu'on se demande pourquoi on ne les a pas eues avant...

De fait, depuis quelques temps - personne n'a pu y échapper grâce à nos médias - on nous rebat les oreilles avec l'augmentation "évidente" (dit-on, d'ailleurs sans la moindre preuve scientifique) de la fréquence et de l'intensité des événements climatiques extrêmes. C'est ainsi que l'on nous affirme que l'augmentation de la concentration du CO2 et des autres gaz à effet de serre d'origine anthropique vont nous conduire tout droit aux cataclysmes les plus variés : Plus chaud, plus froid, plus d'inondations, plus de sécheresses, plus de cyclones violents etc...tout ceci en fonction de la dernière catastrophe météorologique qui fait la une des journaux. Et certains scientifiques opinent...

S'agissant de cette évolution, supposée apocalyptique, des événements météorologiques (et non pas climatiques), la première question qui vient à l'esprit d'une personne raisonnable, est évidemment :
"Peut-être. Mais comment c'était, avant ? Ce que nous voyons est-il vraiment différent de ce qu'ont subi nos parents et nos grands-parents. Pouvons nous observer une évolution nette dans la trajectoire temporelle des grands indicateurs qui déterminent les événements météorologiques, (plutôt que climatiques) ? ".

Cette idée aussi sensée qu'évidente est enfin parvenue à percer l'épaisse carapace des certitudes essentiellement basée sur les "projections/scénarios /prédictions" climatiques basées sur les simulations numériques issues des ordinateurs, quand ce n'est pas sur les affirmations péremptoires de quelques activistes du climat.
Cette fois-ci il s'agit de tout autre chose. Il s'agit d'observations. D'une énorme quantité d'observations cumulées dans les disque dur des ordinateurs géants et surpuissants dont dispose maintenant la recherche scientifique. En fait, il s'agit de "remonter dans le temps" et de retracer tout ce qui a bien pu arriver, en matière de météorologie, à notre belle planète bleue dans le passé, jusqu'à nos jours et ceci avec une échelle temporelle extrêmement petite (de quelques heures à quelques jours)..

Comme vous le savez si vous avez suivi la longue série des articles publiés ici (depuis la fin 2006), à Pensee-Unique.fr nous avons une préférence marquée pour les mesures et les observations plutôt qu'aux résultats des simulations numériques des multiples observables du climat et la mise en place d'un tel projet ne peut que nous réjouir.

L'article de revue forcément très copieux que je vais vous décrire très brièvement ci-dessous, rassemble les analyses et les résultats d'un grand nombre d'observations historiques, cruciales pour l'évolution du climat et sa modélisation. Ces observations, très variées, couvrent une période de 138 ans, s'étendant de 1872 jusqu'à nos jours.

Si le présent est différent du passé, nous le verrons.

Une telle entreprise qui équivaut, à peu près, à regarder tous les détails d'un éléphant avec une loupe grossissante, pour ne pas dire un microscope, est évidemment gigantesque. Elle ne pouvait être menée à bien qu'à l'occasion d'une vaste coopération internationale. C'est ce qui a été fait, sans aucune doute sous l'impulsion du jeune chef de projet, Gil Compo, dont je parlerai un peu plus loin.

Les premiers résultats de cette vaste coopération internationale sont, pour le moins, surprenants et sans aucun doute, décevants pour les tenants de l'apocalypse et de la modélisation sur ordinateur. C'est ce que nous allons voir en résumant les résultats de l'article suivant qui n'est rien d'autre que le premier rapport d'expertise de ce projet. L'article est intitulé :

(Le projet de réanalyse du XXème siècle).The Twentieth Century Reanalysis Project
Publié online le 25 Janvier 2011. Accès libre.

Il est publié dans cette revue bien connue :

Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society, Volume 137, Issue 654.

Voici la liste des auteurs et leurs affiliations :

G. P. Compo, a, b ; J. S.Whitaker, b ; P. D. Sardeshmukh, a, b ; N. Matsui, a, b ; R. J. Allan, c ; X. Yin, d ;
B. E. Gleason, Jr., e : R. S. Vose, e ; G. Rutledge, e ; P. Bessemoulin, f ; S. Brönnimann, g, h ; M. Brunet, i, l ;
R. I. Crouthamel, j ; A. N. Grant, g ; P. Y. Groisman, e, k ; P. D. Jones, l ; M. C. Kruk, d ; A. C. Kruger, m ;
G. J. Marshall, n ; M. Maugeri, o ; H. Y. Mok, p ; Ø. Nordli, q ; T. F. Ross, r ; R. M. Trigo, s ; X. L. Wang, t ;
S. D. Woodruff, b ; and S. J.Worley, u ;

a University of Colorado, CIRES, Climate Diagnostics Center, Boulder, CO, USA
b
NOAA Earth System Research Laboratory, Physical Sciences Division, Boulder, CO, USA
c ACRE Project,
Hadley Centre, Met Office, Exeter, UK
d
STG Inc., Asheville, NC, USA
e
NOAA National Climatic Data Center, Asheville, NC, USA
f
Météo France, Toulouse, France
g
ETH Zurich, Switzerland
h Oeschger Center for Climate Change Research,
University of Bern, Switzerland
i
Centre for Climate Change, Universitat Rovira i Virgili, Tarragona, Spain
j International Environmental Data Rescue Organization, Deale, MD, USA
k University Corporation for Atmospheric Research,(
UCAR) Boulder, CO, USA
l
Climatic Research Unit, University of East Anglia, Norwich, UK
m South African Weather Service, Pretoria, South Africa
n
British Antarctic Survey, Cambridge, UK
o Dipartimento di Fisica, Universit`a degli Studi di Milano, Milano, Italy
p Hong Kong Observatory, Hong Kong, China
q Norwegian Meteorological Institute, (
NMI) Oslo, Norway
r
NOAA Climate Database Modernization Program, NCDC, Asheville, NC, USA
s Centro de Geofısica da Universidade de Lisboa, IDL, University of Lisbon, Portugal
t
Environment Canada, Toronto, Ontario, Canada
u National Center for Atmospheric Research (
NCAR), Boulder, CO, USA

Comme vous le constatez, il s'agit bien d'un projet de coopération internationale d'envergure dans laquelle on retrouve tous les "poids lourds" du domaine tels que la NOAA (US), le NCAR (US) , le CRU et le MetOffice (UK), le CRU (UK), le NMI Norvégien, le British Antarctic Survey (UK), Le Hadley Center (UK), l'ETH de Zurich et Météo-France (Fr).

Parmi d'autres, les lecteurs attentifs de ce site reconnaîtront, au passage, le nom du représentant Français de Météo-France qui n'est autre que Pierre Bessemoulin (l 'ancien Directeur de la Climatologie à Météo-France, actuel président de la commission de Climatologie de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM)), dont nous avons déjà cité les travaux (rassurants) portant sur l'évolution de la fréquence des tempêtes en France, publiés en 2002.

De même, les lecteurs attentifs reconnaîtront les noms du premier auteur et auteur principal de cet article de Revue, G. P. Compo et de son collègue P.D. Sardeshmukh (tous deux de la NOAA et de l'Université du Colorado, Boulder) qui sont également les deux auteurs d'un article (2008) plutôt contestataire des modèles des gaz à effet de serre, qui portait sur l'importance cruciale de la chaleur océanique dans la détermination de la température des continents.

Enfin, les lecteurs qui suivent de près l'actualité, ne manqueront pas de remarquer que le Climate Research Unit (le CRU de l'Université d'East Anglia) est représenté par son directeur (reconduit après une courte suspension), Phil Jones qui est l'un des principaux protagonistes (avec Michael Mann) de l'affaire des courriers dérobés (le Climategate) qui n'a cessée de défrayer la chronique (dans les pays anglophones) depuis le mois de novembre 2009 et dont les conséquences se font encore sentir (outre-Manche et outre-Atlantique).compo3

Voici, ci-dessous, ce que nous dit (sur le site du Berkeley Lab Computing Science et sous le titre
"Le projet 20CR, une machine à remonter le temps pour le Climat"), Gil Compo (ci-contre), le principal auteur de cet article et le leader de ce vaste projet baptisé 20CR. Je vous conseille vivement de visionner la vidéo de présentation du projet que vous trouverez sur le site du Berkeley Lab.

"La mise au point de cette gigantesque base de données a nécessité un effort international pour collecter les observations historiques et les données de sources aussi diverses que celles de capitaines de vaisseaux du XIXème siècle, des explorateurs du tournant du siècle et des médecins, toutes collationnées en utilisant quelques uns des plus puissants ordinateurs du monde au US Department of Energy's National Research Scientific Computing Center en Californie et au Oak Ridge Leadership Computing Facility dans le Tennessee,"

En référence aux affirmations de certains selon lesquelles les extrêmes climatiques devraient devenir plus nombreux, voici ce que déclare Gil Compo quicompo4 présente une suite de diapos intéressantes dans sa présentation. Celle qui est reproduite ci-contre nous rappelle la fameuse tempête du 18 mars 1925 qui a affecté trois états des USA et qui est la plus meurtrière aux USA jusqu'à ce jour.

"La nouvelle base de données va permettre aux climatologues de placer les extrêmes météorologiques actuels dans une perspective historique et de déterminer dans quelle mesure ces extrêmes évoluent " dit Gil Compo [...]

Un peu plus loin, Gil Compo résume :

"Les données résultant de cette réanalyse permettront aux climatologues d'évaluer avec rigueur les évolutions climatiques du passé et de les comparer aux projections issues des simulations sorties des modèles, ce qui est critique pour instaurer la confiance dans les projections des modèles sur les changements à l'échelle régionale et sur les événements extrêmes à fort impact '..." Nous espérons que ces données issues de la réanalyse des 138 dernières années permettront aux chercheurs du climat de mieux prendre en compte les questions telles que l'amplitude des variations naturelles des événements extrêmes, y compris les inondations, les sécheresses, les cyclones extra-tropicaux et les vagues de froid."

Aucun scientifique digne de ce nom, ne rejetterait un tel discours..."L'amnésie historique" est, hélas, beaucoup trop pratiquée de nos jours. Replacer les événements dans leur contexte historique est sans aucun doute la meilleure démarche à adopter pour essayer de discerner en quoi et dans quelle mesure les événements climatiques actuels sortent de la norme des fluctuations naturelles. Cela relève du simple bon sens et on se demande pourquoi une idée aussi évidente (quoiqu'assez difficile à mettre en pratique), n'est venue à l'esprit qu'après quelques trente années de modélisation numérique...

Voici donc le résumé de l'article cité ci-dessus et qui représente une étape marquante du déroulement du "20CR project" :
Comme toujours, la version originale en anglais suivie d'une traduction en français.

Abstract :
The Twentieth Century Reanalysis (20CR) project is an international effort to produce a comprehensive global atmospheric circulation dataset spanning the twentieth century, assimilating only surface pressure reports and using observed monthly sea-surface temperature and sea-ice distributions as boundary conditions. It is chiefly motivated by a need to provide an observational dataset with quantified uncertainties for validations of climate model simulations of the twentieth century on all time-scales,with emphasis on the statistics of daily weather. It uses an Ensemble Kalman Filter data assimilation method with background ‘first guess’ fields supplied by an ensemble of forecasts from a global numerical weather prediction model. This directly yields a global analysis every 6 hours as the most likely state of the atmosphere, and also an uncertainty estimate of that analysis. The 20CR dataset provides the first estimates of global tropospheric variability, and of the dataset’s time-varying quality, from 1871 to the present at 6-hourly temporal and 2◦ spatial resolutions. Intercomparisons with independent radiosonde data indicate that the reanalyses are generally of high quality. The quality in the extratropical Northern Hemisphere throughout the century is similar to that of current three-day operational NWP forecasts. Intercomparisons over the second half-century of these surface-based reanalyses with other reanalyses that also make use of upper-air and satellite data are equally encouraging. It is anticipated that the 20CR dataset will be a valuable resource to the climate research community for both model validations and diagnostic studies.
Some surprising results are already evident. For instance, the long-term trends of indices representing the North Atlantic Oscillation, the tropical Pacific Walker Circulation, and the Pacific–North American pattern are weak or non-existent over the full period of record. The long-term trends of zonally averaged precipitation minus evaporation also differ in character from those in climate model simulations of the twentieth century.

"Résumé :
Le projet de réanalyse du XXème siècle (20CR) constitue un effort international destiné à produire un jeu de données complètes sur la circulation atmosphérique du globe, concernant le XXème siècle. Ce projet est essentiellement motivé par le besoin de fournir un jeu de données observationnelles avec des incertitudes quantifiées, destinées à la validation des simulations des modèles climatiques pour le XXème siècle, et ceci sur toutes les échelles de temps, en insistant sur les statistiques concernant les données météo quotidiennes. Ce projet utilise une méthode d'assimilation des données par un ensemble de Filtres de Kalman avec, en arrière plan, des champs "de première approximation" fournis par un ensemble de prévisions obtenues à partir d'un modèle numérique global pour la prédiction météorologique. Ceci nous conduit directement à une analyse globale, pour chaque période de 6 heures, des états les plus probables de l'atmosphère ainsi qu'à une estimation des incertitudes de cette analyse. Les données du projet 20CR procurent les premières estimations de la variabilité troposphérique du globe ainsi que les jeux de données dont la qualité varie en fonction du temps, pour la période allant de 1871 jusqu'à présent avec des résolutions temporelles de 6h et des résolutions spatiales de 2°. La comparaison avec des données indépendantes des radiosondes, montrent que les réanalyses sont généralement de haute qualité. La qualité des résultats dans l'hémisphère Nord extratropical tout au long du siècle est semblable à celle des prévisions actuelles à trois jours du NWP (NdT : Numerical Weather Prediction). La comparaison sur la durée de la seconde partie du siècle de ces réanalyses basées sur les mesures en surface avec les autres réanalyses qui utilisent les données satellitaires en altitude est également encourageante. On prévoit que la base de données du projet 20CR constituera une ressource profitable pour la communauté de la recherche climatique aussi bien pour la validation des modèles que pour les études diagnostiques.
Quelques résultats surprenants sont déjà évidents. Par exemple, la tendance à long terme des indices représentant l'Oscillation Nord Atlantique, la Circulation de Walker du Pacifique Tropical et celle du Pacifique Nord Américain, est faible ou non-existante sur la totalité de la période étudiée. Les tendances à long terme des précipitations moyennées par zones, moins l'évaporation, diffèrent aussi du point de vue de leurs caractéristiques de celles des modélisations numériques du climat du XXème siècle."

  • Quelques explications concernant le dernier paragraphe du résumé, en relation avec la figure 16 du rapport du 20CR présentée ci-dessous :

compo6La Circulation de Walker du Pacifique est illustrée par le dessin ci-contre (source Wiki). Comme on le voit, il s'agit d'un régime de vent bien identifié (par Walker) couplé avec la circulation océanique.

La circulation de Walker résulte du gradient de pression qui provient du système de hautes pressions qui réside au dessus de l'Est de l'océan Pacifique et du système de basse pression qui règne au dessus de l'Indonésie. Lorsque la circulation de Walker s'affaiblit ou s'inverse, il en résulte un El Niño qui réchauffe la surface de l'océan parce que les remontées d'eaux froides sont moins intenses ou n'existent plus. Une circulation de Walker particulièrement active produit un La Niña, ce qui entraîne un refroidissement de l'océan dû à une augmentation des remontées d'eau froide.

La variation de l'indice de la circulation de Walker est donc un indice précieux pour apprécier, entre autres, la variation des occurrences des El Niño et La Niña qui jouent un rôle très important dans la détermination de la température du globe. A noter qu'un article paru dans Nature en 2004 avait affirmé que la fréquence des El Niño augmentait du fait du réchauffement climatique. Le bilan effectué par le projet 20CR montre qu'il n'en est rien (voir ci-dessous). En fait, rien n'a changé depuis 1872. A noter que l'article de Wikipedia est remis à jour régulièrement puisqu'il mentionne l'article, tout récent, qui est commenté dans cette page.

De même la NAO (L'oscillation Atlantique Nord) résulte du différentiel de pression qui existe, au niveau de la mer, entre l'Islande et la zone des Açores. Je rappelle ici quelques notions que doivent connaître les nombreux lecteurs qui fréquentent la page des indicateurs :
La NAO contrôle la force et la direction des trajectoires des tempêtes de l'Atlantique Nord. La NAO fait partie de l'AO (l'Oscillation Arctique ou encore, le NAM, North Atlantic Annular Mode) et elle varie dans le temps, semble-t-il sans période clairement identifiée. La NAO a été également découverte par Sir Gilbert Walker, en 1922. La NAO est essentiellement un mode d'oscillation fondamentalement atmosphérique à la différence de la circulation de Walker mentionnée ci-dessus qui implique les océans. Tout ceci ne doit pas être confondu avec l'AMO (L'oscillation multidécennale Atlantique).

Voici maintenant comment la NOAA décrit le troisième indice important : Le PNA (The Pacific/ North American teleconnection pattern soit Le comportement de la téléconnexion du Pacifique proche de l'Amérique du Nord). Cest un peu compliqué.
"
Le (la) PNA est l'un des modes les plus importants de la variabilité à basse fréquence de la région extra-tropicale de l'hémisphère Nord. La phase positive du comportement de la PNA atteint des valeurs au dessus de la moyenne près de Hawaï et au dessus de la région inter-montagneuse de l'Amérique du Nord et des valeurs en dessous de la moyenne au Sud des Aléoutiennes et au dessus du Sud Est des USA. Le comportement de la PNA est associé avec les fortes fluctuations dans la position et la force du jet-stream Est asiatique. La phase positive correspond à une augmentation du jet-stream Est asiatique ainsi qu'avec une déviation vers l'Est de la sortie du jet (Stream) vers la partie Ouest des USA. La phase négative correspond à une rétraction vers l'Ouest de ce jet Stream vers la partie Est de l'Asie, bloquant ainsi l'activité au dessus des hautes latitudes du Pacifique Nord ainsi qu'une configuration de forte séparation des flux au dessus du centre du Pacifique Nord."

  • Voici maintenant un des principaux graphiques de l'article de revue du projet 20CR qui retrace l'évolution, depuis 1872, des trois indices mentionnés ci-dessus :

compo1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 16 : Séries temporelles moyennées des indices climatiques représentant (a) la circulation de Walker du Pacifique (de Septembre à Janvier) (PWC) , (b) l'Oscillation Atlantique Nord (NAO) de Décembre à Mars, et (c) le comportement du Pacifique Nord américain de Décembre à Mars. [... suite : des détails techniques]

Comme on le constate et qui motive la surprise exprimée par les auteurs de l'article du 20CR, l'évolution des trois indices principaux qui déterminent la météorologie (et le climat) d'une grande partie du globe, est pratiquement imperceptible de 1872 à nos jours et, en tout cas, nettement inférieure aux fluctuations naturelles. En langage courant, on peut dire que les trois principaux indicateurs des variations de pression ou de courants atmosphériques qui déterminent les sécheresse, les inondations, les vagues de froid et de chaud etc. n'ont pas évolué depuis 138 ans et ceci jusqu'à nos jours. Ils ont, par contre, subi de grandes fluctuations naturelles au cours de l'histoire.
Autrement dit encore, les événements météorologiques qu'ont connus nos parents, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents, selon cette étude, ne sont probablement pas différents de ceux que nous connaissons actuellement. En tout cas, l'évolution des grands indicateurs météorologiques ne montre rien de la sorte.

Un autre résultat mis en avant par les auteurs de cet article et qui justifie la dernière phrase du résumé " Les tendances à long terme des précipitations moyennées par zones, moins l'évaporation, diffèrent aussi du point de vue de leurs caractéristiques de celles des modélisations numériques du climat du XXème siècle." porte sur la comparaison entre la réanalyse des précipitations observées avec les résultats des modélisations numériques. Outre que les rétro-prédictions numériques, s'écartent sensiblement des observations, on peut noter qu'il arrive que les signes de l'évolution des précipitations soient carrément inversés dans les modèles par rapport aux observations.
Ceci ne doit pas étonner les lecteurs qui connaissent les articles de l'équipe de Koutsoyannis. En matière de pluviométrie, les prédictions des ordinateurs s'avèrent exécrables.

  • Quelques remarques complémentaires :

Comme l'auront certainement remarqué les lecteurs avertis, une des caractéristiques fondamentales du projet 20CR est sa capacité à intégrer des données relatives à des pas de temps très courts (quelques heures à quelques jours). Ceci est absolument essentiel en ce sens que cette approche permet d'utiliser les algorithmes et les raisonnements bien rodés de la météorologie (visions synoptiques). Cette technique qui nécessite évidemment l'utilisation d'une quantité astronomique de données et de très puissants ordinateurs, fait écho à ce que nous disait Pierre Morel qui évoquait le fossé, difficilement franchissable, qui existe entre la météorologie et la climatologie. En bref, les auteurs de l'article commenté ici, ont utilisé ce que Pierre Morel appelle "l'assimilation des données" sur une très longue période de temps pour restituer le climat du passé. Il est malheureusement évident que ceci reste impossible pour le futur et les prédictions/scénarios du type de ceux du GIEC dont on voit d'ailleurs qu'ils sont défaillants même pour rétro-prédire les évolutions des principaux indicateurs du XXème siècle.

  • Quelques observations sur cet article et sur le même sujet :

- La conclusion du climatologue Roger Pielke Sr sur les résultats présentés par cet article, est sans concession : " Les résultats obtenus jusqu'à maintenant sont tout à fait provoquants en ce sens qu'ils soulèvent encore des questions sur la capacité des modèles du GIEC à reproduire (i.e. à faire des rétro-prédictions) l'évolution du système climatique durant les cent dernières années."

- L'historien Emmanuel Garnier, l'auteur de "Les dérangements du temps : 500 ans de froid et de chaud en Europe" que nous avons signalé dans la pages des liens, a déclaré récemment, au cours d'un minicolloque organisé par l'Institut Français du Vin à Colmar, que :

"Le caractère inédit et trop souvent mis en avant du réchauffement observé ces dernières années ou des événements extrêmes qui lui sont souvent associés comme les sécheresses, canicules, inondations et autres tempêtes, n'est pas fondé au regard des sources historiques."

Voilà qui rejoint les résultats présentés par le projet 20CR (qui ne remonte pas si loin, cependant).

A noter également qu'un groupe composé majoritairement de physiciens de l'Université de Berkeley (Ca) a également entrepris un vaste projet de remise à plat des mesures de températures du globe, comme je vous l'avais signalé dans ce billet.
Voir un article du Guardian à ce sujet.

Tout cela va dans le bon sens !

Pour terminer sur une note plus amusante et grâce aux numérisations des articles de journaux effectuées par Google, il est maintenant relativement aisé de relire des dépêches qui remontent jusqu'au XIXème siècle. C'est ainsi qu'on peut lire qu'en 1922, l'Arctique s'était tellement réchauffé et avait tellement fondu que certains clamaient que le Nord des USA aurait bientôt un climat Sub-tropical (!)... Quelques années plus tard (en 1975) on nous affirmait que nous risquions un nouvel âge glaciaire, et ainsi de suite.
fermilin91

 

Lors de l'une de ses récentes conférences, Richard Lindzen, lui-même, n'avait pas hésité à tirer un pied de nez aux alarmistes de la glace fondue, en présentant ce texte du Weather Bureau (l'Office de Météorologie US de l'époque) qui date de 1922. Ce texte officiel nous raconte, entre autres, que les "phoques trouvaient l'eau trop chaude" et qu'il s'agissait d'un "changement radical du climat" et que "beaucoup de glaciers bien connus avaient entièrement disparu"

Tout cela s'est bien regelé par la suite... jusqu'à il y a quelques années et ainsi de suite, sans doute.


A suivre, bien sûr...

04 Octobre 2010 : Océans : A la recherche de la chaleur perdue...

Comme tous les lecteurs de ce site le savent, le réchauffement (ou changement) climatique résulte, d'un point de vue global, de la différence entre l'énergie entrante (apportée par le soleil, la géothermie étant pratiquement négligeable de ce point de vue) et l'énergie sortante rayonnée vers l'espace à partir du sommet de l'atmosphère (appelée TOA, "top of atmosphere"). Si l'énergie entrante est supérieure à l'énergie sortante (par exemple, à cause de l'effet de serre); la planète se réchauffera. Et l'inverse, mutatis mutandis.
Il est clair que cette énergie, ou plutôt cette chaleur, si elle n'est pas apparente, doit se trouver stockée quelque part. Par exemple et avant tout, dans les océans. C'est ce qu'on appelle "la missing energy" ou la "chaleur manquante"

L'évaluation aussi exacte que possible du budget énergétique global (c'est-à-dire, ce qui rentre dans le système climatique, ce qui y reste et ce qui en sort), sa clôture et sa confrontation avec les modèles constituent, à l'évidence, un test crucial pour les théories soutenues par les climatologues proches du GIEC et évidemment pour la "théorie de l'effet de serre anthropique".

1) Quelques rappels :

Dans un email du mois d'octobre 2009 (que j'avais rapporté dans ce billet), révélé lors du Climategate du CRU de l'Université d'East Anglia, Kevin Trenberth exprimait ses inquiétudes au sujet de la clôture défaillante du budget énergétique de la planète, auprès de son célèbre collègue Michael Mann. A noter que Kevin Trenberth s'est fait connaître en publiant un célèbre schéma du bilan des échanges énergétiques soleil-planète-atmosphère (au Watt/m2 près), dès 1997, suivi par une nouvelle version publiée en 2008 (au demi watt/m2 près). Mann, lui, est, et restera sans doute à jamais, l'auteur de la très célèbre courbe en crosse de hockey, publiée en 1998-99 et icône du rapport TAR du GIEC, que j'ai évoquée dans ce billet, rédigé il y a (déjà) quatre ans. Tous deux sont des auteurs principaux et des leaders du Working Group I du GIEC.
Voici ce courrier de Kevin à Mike qui date de 2009. Il est particulièrement éclairant par rapport aux articles que je décrirai ci-dessous. (Courrier du CRU du 14 oct 2009, référence : 1255523796.txt). Certains caractères sont engraissés par l'auteur du site.


Mike,
Voici quelques uns des problèmes tels que je les vois :
Dire qu'il s'agit de variabilité naturelle n'est pas une explication. Quels sont les processus physiques ?
Où est passée toute cette chaleur ? Nous savons qu'il existe une montée de la chaleur des océans avant un El Niño et une décharge (et un réchauffement de la surface) pendant les derniers stades du El Niño, mais le système d'observation est-il suffisant pour le suivre ? Tout à fait en dehors des changements dans les océans, nous savons qu'il se produit des changements majeurs dans les trajectoires des tempêtes et leur téléconnexions avec l'ENSO et il y a BEAUCOUP plus de pluie sur les continents durant La Niña (plus de sécheresse pendant un El Niño), alors comment l'albedo change-t-il (changements dans les nuages) ? Pour le moins, l'excédent de pluie qui tombe sur les continents implique que beaucoup plus de chaleur sert à l'évaporation qu'à faire monter les températures, et ainsi, refroidit les terres et ainsi devrait générer des nuages. Mais le refroidissement dû à l'évaporation signifie que la chaleur va dans l'atmosphère et devrait être irradiée dans l'espace. Ainsi nous devrions être capables de le suivre avec les données de CERES. Les données de CERES n'ont malheureusement pas bougé de même que les données sur les nuages. Les données sur les océans nous manquent aussi, bien qu'une partie de cela puisse venir des changements de courants et d'un enfouissement de la chaleur à des profondeurs où on ne peut le voir. Si elle (Ndt : la chaleur) est sequestrée en profondeur, alors elle reviendra nous hanter plus tard et ainsi, il faudrait que nous le sachions.
Kevin

[...] Comment se fait-il que tu ne sois pas d'accord avec une affirmation qui dit que nous sommes loin de savoir où l'énergie s'en va ou de savoir si les nuages évoluent pour rendre la planète plus brillante ? Nous ne sommes pas près d'équilibrer le bilan énergétique. Le fait que nous ne puissions pas rendre compte de ce qui se passe dans le système climatique rend n'importe quelle considération en géoingeniering tout à fait sans espoir parce que nous ne pourrons jamais dire si ce sera une réussite ou non ! C'est grotesque !
Kevin

Kevin Trenberth

trenberth

Mike Mann

Mann5

 

Inutile d'ajouter que le "It's a travesty" ("c'est grotesque") de Kevin Trenberth a fait couler beaucoup d'encre (ou d'octets sur le WEB). Et de fait, Kevin Trenberth avait de très bonnes raisons d'être inquiet : il s'agit d'un point clef sur lequel repose la plus grande partie de l'édifice construit par les climatologues proches du GIEC.

Il y a déjà plusieurs années que les scientifiques indépendants du GIEC s'efforcent d'attirer l'attention sur le fait que les résultats des modèles s'écartent de plus en plus en plus de la réalité observée, notamment depuis le début du XXIème siècle et pour ce qui est du budget énergétique, comme je l'avais rapporté dans ce billet. En bref, les modèles prévoient que la Terre (et surtout les océans) devraient amasser plus de chaleur qu'elle ne le fait. Et de fait, les mesures montrent que la Terre est plutôt en train de perdre de la chaleur et ceci depuis plusieurs années...

Trenberth, l'auteur du email rappelé ci-dessus et qui est "LE" spécialiste (pro-GIEC) du bilan énergétique de la planète, n'a pas hésité à en informer l'ensemble de ses collègues climatologues en écrivant un article très important, pour ne pas dire crucial...mais qui est passé inaperçu (au moins des médias français, à ma connaissance).
Il faut se souvenir que les mesures du bilan thermique des océans faisaient encore l'objet d'un débat avant 2009. Les choses se sont éclaircies depuis comme je l'avais rapporté dans ce billet au sujet de R. Pielke Sr et Joshua Willis. Ceci explique sans doute la démarche de Kevin Trenberth et de son colllègue John Fasullo.
J'ai patienté quelques mois avant de rapporter sur l'article suivant, de manière à ce que les choses "relaxent" comme on dit en physique.

2) L'article de Trenberth et Fasullo paru dans Science au mois d'Avril dernier.

tren6

Le titre : "A la recherche de l'énergie de la Terre."
Sous titre (à droite) : "Où est passée l'énergie dû au réchauffement climatique ?"

Voici les deux figures (et une traduction des légendes) de l'article de Trenberth et Fasullo (caractères engraissés par l'auteur du site) :

"Où s'en va l'énergie ?tren3
(A) Estimation du taux de variation de l'énergie du globe.
Les courbes sont fortement lissées et quelque peu simplifiées. De 1992 à 2003, la variation décennale du contenu calorifique des océans (en bleu), en tenant compte des contributions de la fonte des glaciers, des surfaces glacées et des glaces des mers ainsi que les contributions venant des terres et du réchauffement de l'atmosphère, suggèrent un réchauffement global (en rouge) pour la planète de 0.6 ± 0.2 W/m2 (marges d'erreurs à 95% de confiance). Après 2000, les observations au sommet de l'atmosphère (en noir) divergent de plus en plus du réchauffement total observé."

tren1

Pour les non-anglophones, voici la même figure avec ses indications en français.

La figure originale est en accès libre sur le site de la National Science Foundation (US).

 

 

 

 


Ndt : Comme on s'en doute, la partie importante de cette figure est celle qui est représentée en couleur orangée figurant à droite et labellisée "énergie manquante". L" énergie manquante" est loin d'être un détail. Comme on le voit, il s'agit de près de 1 watt par m2. C'est à dire qu'elle est proche de celle qui résulterait de l'apport du CO2 humain, selon les modèles. Comme on le voit aussi sur ce dessin; le bilan thermique de la Terre est à peine positif (la terre vue par le contenu thermique des océans, se refroidit plus qu'elle ne se réchauffe) alors qu'il devrait être largement positif, toujours selon les modèles et donc suivre la courbe en trait noir. Cependant, comme nous allons le voir, la situation réelle est bien pire (pour les modèles) que celle que décrivent Trenberth et Fasullo.

" Figure (B) : La croissance continue du dioxyde de carbone et la hausse du niveau des mers sont en opposition avec la variation de la température de l'air à la surface.tren4"

"Cette figure montre, d'une part, les anomalies (par rapport à la moyenne de 1901 à 2000) de la température moyenne des océans, moyennée sur 12 mois, donnée par la NOAA (courbe fine en rouge et moyenne décénnale : la courbe épaisse en rouge) en degrés Celsius (échelle en bas à gauche), d'autre part, les concentrations de dioxyde de carbone (en vert) en parties par million en volume (ppmv) de la NOAA ainsi que le niveau moyen global corrigé du rebond eustatique avec AVISO ( Archivage, Validation et Interprétation des données océanographiques par satellites) (en bleu, relatives à 1993, échelle de gauche en millimètres) Filtre décennal de la référence (4)."

Ndt : Tout comme le graphe (A), le graphe (B) met en évidence, mais d'une manière différente, le grave problème soulevé par Trenberth et Fasullo (et par nombre de scientifiques indépendants, tels que Roger Pielke Sr ou Craig Loehle, avant eux) . En bref, les températures ne montent plus ou baissent, après 2000, tandis que le taux de CO2 continue à augmenter et, avec lui, pensent Trenberth et Fasullo, le déséquilibre radiatif...
La hausse du niveau des mers n'est, à mon avis, pas significative. Celle-ci a commencé bien avant la naissance de la civilisation industrielle et des rejets de CO2 dans l'atmosphère, même si elle semble accompagner la montée de ces derniers, à quelques exceptions notables près.

Voici quelques phrases clefs extraites de l'article de Trenberth et Fasullo :

"Over the past 50 years, the oceans have absorbed ~90% of the energy added to the climate system; the rest has gone into melting sea and land ice and heating the land surface and atmosphere ( 4). CO2 concentrations have further increased since 2003, and even more heat should have accumulated at a faster rate since then. Where has this energy gone (see the figure)?"

Traduction : "Depuis les cinquante dernières années, les océans ont absorbé environ 90% de l'énergie ajoutée au système climatique; le reste a servi a faire fondre les mers glacées, à réchauffer la surface des terres et l'atmosphère (4). Les concentrations de CO2 ont poursuivi leur croissance depuis 2003 et encore encore plus de chaleur derait s'être accumulée une vitesse plus grande, depuis lors. Où donc est passée cette énergie (voir la figure) ? "

3) Mais où est passée la chaleur perdue ?

A l'évidence, tout le monde est d'accord pour considérer que cette "chaleur perdue" doit être recherchée dans les océans qui, comme chacun le sait, recouvrent quelques 70% de la planète et absorbent 90% de l'énergie ajoutée au système climatique (selon Trenberth et Fasullo eux-mêmes)...

Comme je l'ai déjà expliqué, du point de vue thermique, il est raisonnable de considérer que les océans sont constitués de trois couches superposées, entre lesquelles, bien entendu, se produisent des échanges plus ou moins efficaces, en fonction des grandes circulations thermohalines que j'ai brièvement évoquées, entre autres, dans ce billet. :

-Une couche superficielle qui part de la surface et s'étend jusqu'à une profondeur de quelques centimètres. Cette couche de surface est particulièrement sensible aux vents dominants qui la refroidissent par évaporation. Le temps de réponse de cette couche aux diverses sollicitations est évidemment très court. Les variations de température sont pratiquement instantanées. Compte tenu de son très faible contenu thermique, cette couche présente une très faible inertie thermique.

-Une couche intermédiaire qui va de quelques centimètres de profondeur à un peu moins de 1000 m. Cette couche dont l'inertie thermique est encore assez faible pour qu'on puisse y discerner les variations de températures saisonnières ou intra-annuelles, est le domaine d'étude des balises ARGO que j'ai évoquées à plusieurs reprises et notamment dans ce billet.
argo12

La couverture géographique des quelques 3300 balises ARGO qui explorent cette zone critique des océans est particulièrement fournie comme le montre l'image ci-contre, à droite, dans laquelle les points noirs représentent les balises en activité. Elle ne peut évidemment couvrir les régions des mers glacées comme on le voit sur cette image.
C'est cette couche intermédiaire qui est évoquée par l'article de Trenberth et Fasullo. Compte tenu des grandes différences de capacité thermique entre les gaz et les liquides, son contenu thermique est de l'ordre de 1000 fois celui de l'atmosphère terrestre. Comme il est mentionné dans l'article de Trenberth et Fasullo, elle représente 90% de la partie variable (à des échelles temporelles humaines) du réservoir thermique de la planète. Du point de vue climatique et des échanges atmosphère-océans, le rôle de cette couche des océans est crucial. Son contenu thermique, généralement évalué en unités de 1022 joules est appelé l'OHC. (Ocean Heat Content).

-La couche dite "abyssale" qui va d'environ -1000m jusqu'au fond des océans. Comme chacun le sait la température des profondeurs océaniques est sensiblement constante et égale à environ 4°C. La lumière n'y parvient que très difficilement, pour ne pas dire pas du tout. C'est le domaine des grands fonds. L'inertie thermique de cette couche abyssale est considérable. On estime qu'il faut plusieurs centaines d'années pour que les variations thermiques de cette couche soient perceptibles à la surface. Cette énorme inertie thermique est souvent invoquée pour expliquer le retard des quelques 500 à 800 ans qu'a subie la variation de la concentration de CO2 atmosphérique par rapport à la température de la surface lors des dernières déglaciations (voir dans ce billet).

Comme l'ont précisé Trenberth et Fasullo, 90% de la chaleur emmagasinée par suite du "réchauffement climatique", doit se trouver dans les océans. C'est donc là qu'il faut chercher. Nous allons considérer successivement les trois couches océaniques mentionnées ci-dessus... à la recherche de la chaleur manquante..
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  • A) La couche superficielle :
    tren9

Pour comprendre comment la lumière (visible, UV et Infrarouge) est absorbée par l'eau, il est bon de se référer au graphe ci-contre (tiré d'un article publié dans Applied Optics en 1973).
Comme on le voit, la lumière infrarouge dont la longueur d'onde se trouve aux alentours de 10-15 microns qui est la longueur d'onde centrale de l'émission de l'atmosphère, ne pénètre que très peu la couche d'eau superficielle. Cette pénétration se chiffre en microns ou dizaines de microns. Il est évident que cette couche superficielle est rapidement "écrémée" par le processus d'évaporation qui se produit continuellement à la surface des océans. Autrement dit, les infrarouges, absorbées par les océans, sont surtout impliqués dans l'évaporation de l'eau de mer.

Pour le sujet qui nous préoccupe ici, il n'est pas question que les radiations infrarouges, en principe amplifiées par l'effet de serre du CO2 anthropique, restent stockées dans la couche surfacique des océans. Autrement dit encore, ce n'est pas ici que nous trouverons la "chaleur perdue". Et, du reste, personne ne le prétend.

Bien entendu, la lumière visible (et ultraviolette) parvient à pénétrer en profondeur dans les océans, au moins dans quelques mètres ou quelques dizaines de mètres comme tous les plongeurs sous-marins l'ont constaté. Mais ceci est constant et n'a rien à voir avec l'effet de serre, ni avec la "chaleur perdue".

La couche intermédiaire 0-1000 m est évidemment de la plus grande importance pour le sujet qui nous préoccupe puisqu'elle participe directement aux échanges océans-atmosphère. Si la "chaleur manquante" se trouve quelque part, c'est là que nous devrions la trouver. Nous allons nous y attarder.
Pour être complet, nous examinerons ci-dessous le cas des profondeurs abyssales bien que cette couche profonde n'intéragisse que très peu ou même pas du tout avec l'atmosphère.
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  • B) La couche intermédiaire : l'OHC, le contenu thermique des océans

L'évaluation du contenu thermique de cette couche, examiné à la loupe, notamment à l'aide des balises ARGO, a fait l'objet de plusieurs études. Les mesures des balises ARGO étant maintenant considérées comme fiables, les résultats sont désormais difficilement contestables. Voici donc un article publié tout récemment online. Il est encore sous presse et ne paraîtra sous forme imprimée qu'en Novembre prochain.


"Recent energy balance of Earth", "Equilibre énergétique récent de la Terre"
R. S. Knox and D. H. Douglass
Department of Physics and Astronomy, University of Rochester, Rochester, NY 14627-0171 USA

International Journal of Geosciences, 2010, vol. 1, no. 3 (November) – Sous presse
doi:10.4236/ijg2010.00000 Publié Online 2010.
Accepté Août 2010.

Donc plus récent que l'article de Trenberth et Fasullo indiqué ci-dessus.

Abstract
A recently published estimate of Earth’s global warming trend is 0.63 ± 0.28 W/m2, as calculated from ocean heat content anomaly data spanning 1993–2008. This value is not representative of the recent (2003–2008) warming/cooling rate because of a “flattening” that occurred around 2001–2002. Using only 2003–2008 data from Argo floats, we find
by four different algorithms that the recent trend ranges from –0.010 to –0.160 W/m2 with a typical error bar of ±0.2 W/m2. These results fail to support the existence of a frequently-cited large positive computed radiative imbalance.

Résumé :" Une estimation de la tendance au réchauffement global, publiée récemment, indique 0.63 ± 0.28 W/m2. Elle est calculée à partir de l'anomalie du contenu thermique des océans de 1993 à 2008. Cette valeur n'est pas représentative du récent (2003-2008) taux de refroidissement/réchauffement à cause d'une stagnation qui s'est produite vers 2001-2002. En utilisant seulement les données des bouées Argo de 2003 à 2008, nous trouvons, à l'aide de quatre algorithmes différents que la tendance récente s'étend de –0.010 à –0.160 W/m2 avec une incertitude typique de ±0.2 W/m2.
Ces résultats sont en désaccord avec les déséquilibres radiatifs importants et positifs obtenus par les modélisations et fréquemment cités. "

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"Figure 1. Contenu thermique des océans déduit des mesures ARGO (échelle de gauche, en bleu, données originales, en rouge : données filtrées) et température de surface des océans (échelle de droite, en vert).
La conversion de la pente du OHC (Ndt : Océan heat content, contenu calorifique des océans) en W/m2 est obtenue en multipliant par 0,62, donnant -0,161 W/m2. "

A noter que les résultats (moyennés, en vert) publiés par le Hadley Center (qui est aussi responsable aussi des mesures de températures HadCruT) sont cohérents avec le résultats montrés par Knox et Douglass.

 

 

La conclusion de cet article est tout à fait explicite :

"Trenberth and Fasullo (TF) [2] believe that missing energy has been accumulating at a considerable rate since 2005. According to their rough graph, as of 2010 the missing energy production rate is about 1.0 W/m2, which represents the difference between FTOA ~ 1.4 and FOHC ~ 0.4 W/m2. It is clear that the TF missing-energy problem is made much more severe if FOHC is negative or even zero. In our opinion, the missing energy problem is probably caused by a serious overestimate by TF of FTOA, which, they state, is most accurately determined by modeling.
In summary, we find that estimates of the recent (2003–2008) OHC rates of change are preponderantly negative. This does not support the existence of either a large positive radiative imbalance or a “missing energy.”"

"Trenberth et Fasullo (TF) pensent que l'énergie manquante s'est accumulée à un taux considérable depuis 2005. A partir de leur graphique simplifié, et pour ce qui est de 2010, la production d'énergie manquante est d'environ 1 W/m2, ce qui représente la différence entre le FTOA ~1,4 et le FOHC~0,4W/m2 (Ndt : FTOA est le flux de chaleur rentrant à partir du sommet de l'atmosphère, FOHC celui qui part dans les océans). Il est clair que le problème de l'énergie manquante de Trenberth et Fasullo est rendu beaucoup plus sévère si la FOHC est négative ou même égale à zéro. Nous pensons que le problème de l'énergie manquante est probablement dû à une forte surestimation par Trenberth et Fasullo du FTOA, qui, affirment-ils, est déterminé avec une grande précision à partir des modèles.
En résumé, nous trouvons que les estimations du taux de variation de l'OHC (le contenu thermique des océans) pendant la période 2003-2008, est majoritairement négatif. Ceci contredit l'existence d'un fort déséquilibre radiatif ou d'une "énergie manquante". "

Ndt : Je précise que le flux venant du sommet de l'atmosphère, le FTOA est défini par Knox et Douglass comme "le flux radiatif net rentrant (inward) qui passe à travers la sphère externe". FOHC est défini comme la vitesse de variation du contenu thermique des océans divisé par la surface de la terre, ce qui donne l'équivalent d'un flux d'énergie.
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Autrement dit, Knox et Douglass ne trouvent pas "d'énergie manquante" dans les océans. Au contraire, ces derniers se refroidissent...
Cet article de Knox et Douglass concernait la période 2003 et 2008, mais qu'en était-il lors de la période antérieure ?

En réalité, cet article de Knox et Douglass constitue le prolongement d'un article précédent, publié en 2009 (réf : D.H. Douglass, R.S. Knox dans Physics Letters A 373 (2009) 3296–3300) qui étudiait la variation de la FTOA calculée à partir des données sur le contenu thermique des océans depuis 1950 jusqu'en 2009.

Le résumé de cet article, publié l'année dernière, nous disait que :


"Earth’s radiation imbalance is determined from ocean heat content data and compared with results of direct measurements. Distinct time intervals of alternating positive and negative values are found: 1960– mid-1970s (−0.15), mid-1970s–2000 (+0.15), 2001–present (−0.2 W/m2), and are consistent with prior reports. These climate shifts limit climate predictability."
Soit :
"Le déséquilibre radiatif de la terre est déterminé à partir des données du contenu thermique des océans et comparé aux résultats des mesures directes. On observe des intervalles de temps avec des valeurs négatives et positives alternées : de 1960 à la moitié des années 70 (-0,15), de la moitié des années 70 à 2000 (+0,15), de 2001 jusqu'à présent (-0,2 W/m2). Ceci est cohérent avec les publications précédentes. Ces variations climatiques constituent une limitation à la prédictibilité du climat."

A noter qu'en première approximation, le flux radiatif FTOA est donné par la formule suivante :

FTOA = 0,62 (dH0/dt) -Fg

FTOA est en W/m2. L'unité de temps est une année. H0 est le contenu thermique de la tranche considérée. Il est exprimé en unités de 1022 joules. Fg est le flux correspondant à la géothermie.
Fg est très petit. Le flux géothermique total est estimé à 87 milliwatts par m2.
Fg, la contribution au FTOA n'est qu'une fraction de ce dernier.

tren10

Voici le graphe maître de cet article de 2009, avec sa légende :

"Fig. 3. Valeur de la FTOA résultante, au cours de différentes périodes montrant la relation entre les variations du climat (lignes en tiretés) . De 1960 à 1975: −0.15 ± 0.10 W/m2; de 1975 à 2000: 0.15 ± 0.07 W/m2; et après 2000: −0.303 ± 0.187 pour les mesures CERES; −0.224 ± 0.99 W/m2 pour Argo; −0.087±0.03 W/m2 tirés de Levitus [ref 18]. Chacune de ces valeurs est corrigée de +0.060 W/m2 si on veut prendre une valeur plus "conservatrice" pour Fg (Cf section 5.2) "

Comme on le constate, l'anomalie du flux sortant de l'atmosphère vers l'espace aurait changé plusieurs fois de signe au cours de cette période.

Knox et Douglass précisent qu'ils rejoignent, également et entre autres, les observations de Swanson et Tsonis ( Geophys. Res. Lett. 36 (2009) L06711, doi:10.1029/
2008GL037022.) dont j'ai évoqué un article plus ancien dans un billet antérieur :

Ces basculements du comportement de la FTOA correspondent sensiblement aux basculements de la PDO, l'oscillation décennale de l'océan Pacifique.

On se souvient, en particulier, comme on le retrouve sur ce graphique, que la période 1945-1976 a été une période de refroidissement faisant craindre, à certains, la venue d'une nouveau petit âge glaciaire....Tout ceci évoque, à l'évidence, une évolution naturelle du climat, comme le mentionnent Knox et Douglass en citant la conclusion d'un article de White et al (W.B. White, D.R. Cayan, M.D. Dettinger, G. Auad, J. Geophys. Res. 106 (2001) 4349) :

" White et al.[44] state: “global warming and cooling arise from fluctuations in the global hydrological balance, not the global radiation balance.”"

"White et al [44] écrivent : "Le réchauffement et le refroidissement climatique global proviennent des fluctuations de l'équilibre hydrologique global, pas de l'équilibre radiatif global.""
Ce qui est très clair et n'a guère été mentionné dans l'AR4 du GIEC (2007)...
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  • C) Les profondeurs abyssales.

La mesure du réchauffement ou du refroidissement (forcément très faible, voir ci-dessous) des mers, dans les profondeurs abyssales est, comme on s'en doute, extrêmement délicate. A vrai dire, il n'existe pas d'autre méthode que celle qui consiste à laisser descendre un thermomètre (ou encore un appareil de mesure de la salinité) au bout d'un fil. Obtenir des mesures précises et fiables sur les immenses surfaces couvertes par les océans avec une telle méthode relève d'un exploit... Très loin d'être réalisé.

Les mesures de ce genre sont donc aussi rares que sujettes à caution. C'est d'ailleurs ce que nous disait, en 2009, un spécialiste de la question, Gregory Johnson de la NOAA dans une communication dont voici les références :
Recent decadal warming and freshening of Antarctic-derived abyssal waters

Gregory Johnson
NOAA/Pacific Marine Environmental Laboratory, Seattle, WA, USA
IOP Conf. Series: Earth and Environmental Science 6 (2009)
source: http://iopp.fileburst.com/ees/ees9_6_032006.pdf

Extraits :

"Les grandes distances qui séparent les sections hydrographiques (Ndt : autrement dit, le fait que les points de mesure sont très dispersés) et le fait qu'ils sont réoccupés seulement de décennie en décennie (Ndt : autrement dit, les mesures sont aussi très espacées dans le temps) rendent difficile la quantification de la contribution du récent réchauffement abyssal observé au budget de la chaleur du globe. La quantification de la contribution du réchauffement et du refroidissement observés pour le budget de la hausse du niveau des mers est difficile, pour les mêmes raisons."

Ce qui est pure vérité. La rareté des points de mesures dans l'espace et dans le temps ne permet pas de tirer de conclusions scientifiquement établies. Ce qui n'empêche pas Johnson d'affirmer dans la suite du même papier que "Cependant, l'analyse quantitative suggère que les variations abyssales peuvent jouer un certain rôle dans la chaleur globale et dans les budgets de la hausse du niveau des mers."

Ce qui, vous en conviendrez est quelque peu contradictoire et fait appel à une certaine imagination, pour ne pas dire à une certaine croyance. Affirmer dans le même article que "la quantification est difficile ", puis expliquer pourquoi, et enfin déclarer qu'une "analyse quantitative" pourrait prouver quelque chose est plutôt étonnant.

Malgré ces difficultés compréhensibles, le même auteur de la NOAA (Greg Johnson) n'a pas hésité à rédiger un article tout récent (encore sous presse) dans lequel il nous donne quelques informations sur la "chaleur perdue" dans les profondeurs abyssales. Voici les références de cet article :

"Warming of Global Abyssal and Deep Southern Ocean Waters Between the 1990s and 2000s: Contributions to Global Heat and Sea Level Rise
Budgets." Réchauffement abyssal global et eaux profondes des océans Sud entre les décennies 1990 et 2000. Contributions à la chaleur globale et à la hausse du niveau des mers.

Journal of Climate (accepté le 18 août 2010) (sous presse)
Sarah G. Purkey and Gregory C. Johnson
School of Oceanography, University of Washington, Seattle WA 98195, USA
NOAA/Pacific Marine Environmental Laboratory, Seattle WA 98115, USA

Une version pre-print de cet article de 49 pages est disponible à cette adresse. Compte tenu de la rareté des mesures et des méthodes d'interpolation employées, c'est évidemment très compliqué.
Sans rentrer dans les détails de l'article, on peut se contenter de ce communiqué de la NOOA (sur Facebook !) qui nous résume le contenu de l'article :

"Cette étude montre que les profondeurs des océans -en dessous de 3300 pieds- prélèvent environ 16% de ce que la partie supérieure des océans absorbe. Les auteurs notent qu'il existe différentes causes possible pour ce réchauffement en profondeur : Un déplacement des vents des océans du Sud, une variation de la densité de ce qui est appelé "Eau du Fond de planétarium", ou encore de la vitesse avec laquelle cette "eau du fond" est formée près de l'Antarctique et à quel endroit elle s'enfonce pour remplir les portions les plus profondes et les plus froides de l'océan autour de la plus grande partie du globe.
Les scientifiques ont trouvé le réchauffement en profondeur le plus intense autour de l'Antarctique. Il s'affaiblit avec la distance depuis sa source en se répandant autour du globe. Bien que les augmentations de températures soient faibles (environ 0,03°C dans les profondeurs des Océans du Sud, et moins ailleurs)..
."

Que faut-il en retirer ?
Si les résultats de cet article sont corrects -ce qui n'est pas certain-, la contribution des abysses aux variations du budget thermique de la planète n'est que 16% de celle des océans supérieurs (le domaine des balises ARGO) qui, comme on l'a vu ci-dessus, ont plutôt tendance à se refroidir et, comme le fait remarquer Trenberth dans le premier article cité, sont très loin d'expliquer la "chaleur manquante".

D'autre part, cet article pose quand même quelques problèmes aux lecteurs avertis :

-Sur la précision et la signification réelle de mesures de variations de températures aussi faibles que 0,03°C (au mieux !) dans des conditions très difficiles.
-Sur le fait que le réchauffement (très faible ) observé semble partir des eaux profondes de l'antarctique. D'une part, on se demande ce qui pourrait réchauffer anormalement les eaux profondes de l'antarctique (peut-être l'activité volcanique en profondeur, mais c'est très faible) et d'autre part, on se souvient qu'une expédition polaire récente du Polar Stern (le navire spécialisé du Wegener Institute de Potsdam) avait trouvé, au contraire de cet article, que les eaux profondes de l'antarctique se refroidissaient...(Article dans Nature et billet dans cette page).
-Enfin, beaucoup pensent que si les eaux profondes s'étaient, un tant soit peu, réchauffées, cela aurait été perceptible dans les mesures de balises Argo. En principe, l'eau plus chaude, moins dense, remonte (aux variations de salinité près) mais, évidemment, tout cela dépend des courants sous-marins.

4) Conclusions et quelques remarques

Si vous avez eu le courage de lire ce billet in extenso (bravo !), vous connaissez déjà la réponse à la question que tout le monde se pose :

La "chaleur perdue "ou "l'énergie manquante" considérable (selon les modèles) qui résulte de la différence entre l'énergie entrante et l'énergie sortante de la planète, ne se trouve pas à l'endroit où elle devrait se trouver : dans les océans. Elle ne se trouve ni dans la couche surfacique, ni dans la couche intermédiaire, ni dans les profondeurs abyssales. De fait, on ne la trouve nulle part.

Dès lors, on comprend l'inquiétude de Kevin Trenberth qui déclare "It's a travesty". C'est grotesque, en effet.
Et Trenberth de se poser la bonne question : "Where has the energy from global warming
gone? " Où est passée l'énergie due au réchauffement climatique ?"

A vrai dire, Trenberth reconnaît honnêtement qu'il n'a pas de réponse. Même si, selon lui, on considère les énergies qui ont été nécessaires pour la fonte des glaces, des glaciers etc... le compte n'y est pas et on en est très loin.

Alors ?

Tout d'abord, il est intéressant, au moins du point de vue de la psychologie des chercheurs qui travaillent pour le GIEC, de se souvenir que Kevin Trenberth a déclaré, à propos de la "chaleur perdue" et sous différentes formes : "The heat will come back to haunt us sooner or later."

C'est à dire "La chaleur reviendra nous hanter, tôt ou tard".


Selon un interview donné à la National Science Foundation, Trenberth ajoute que "Le répit que nous avons connu dans la hausse des températures de ces dernières années, ne va pas continuer. Il est critique (Ndt : C'est le mot. Je suis tout à fait d'accord) de pouvoir suivre la montée de l'énergie dans notre système climatique de manière à comprendre ce qui se passe et pour prédire le climat du futur."

L'article de la NSF, précise que "Scientists at the National Center for Atmospheric Research (NCAR) in Boulder, Colorado., warn that satellite sensors, ocean floats, and other instruments are inadequate to track this "missing" heat, which may be building up in the deep oceans or elsewhere in the climate system."

Soit : " Des scientifiques du Centre National Pour la Recherche Atmosphérique (le NCAR) à Boulder dans le Colorado (Ndt : en fait essentiellement Trenberth), avertissent que les capteurs des satellites, les bouées flottantes (Ndt :Allusion au système ARGO) et d'autres instruments sont inadéquats pour retrouver la trace de la "chaleur manquante" qui est peut-être en train de s'installer dans les profondeurs des océans ou quelques part ailleurs dans le système climatique."

Certes mais dans cette hypothèse qui n'est pas vérifiée par les mesures les plus récentes et compte tenu de l'énorme inertie des profondeurs abssales la chaleur prendrait son temps... avant de revenir "nous hanter".

Bref, selon Trenberth, rien ne marche dans les instruments d'observations qui sont incapables de retrouver sa "chaleur manquante"...

Sans aller bien loin, et avant d'essayer de se faire une opinion, il faut se souvenir que :

  • Santer et d'autres ont déjà soutenus (en 2007) contre des observations publiées, que le fait qu'on n'observait pas de "hotspot" (point chaud), prévu par la théorie, dans l'atmosphère au dessus de tropiques (j'ai évoqué cette question également dans ce billet), venait de la déficience des moyens d'observations. Pourtant, il existe une batterie de satellites consacrés à ce genre de mesures. On en connaît les performances et ils sont très soigneusement étalonnés. Cette affaire, dont on ne parle plus, a fait couler beaucoup d'encre, il y a deux ans .
  • Trenberth a également énergiquement contesté l'article de Richard Lindzen et Choi (2009) qui comparaient le résultat des mesures de flux sortant de l'atmosphère avec les prédictions des modèles à partir des mesures ERBE. De fait, Lindzen et Choi constataient que le flux s'échappant dans l'espace à partir du sommet de l'atmosphère était bien supérieur aux prédictions des modèles. Autrement dit, il sortait nettement plus de chaleur qu'on ne le croyait. C'est également l'avis de Douglass et Knox cités ci-dessus qui trouvent que moins de chaleur rentre dans le système climatique que l'indiquent les modèles. Dans ce cas, pas de "chaleur manquante", puisque celle-ci s'échappe dans l'espace.
    Là encore, les mesures étaient sujettes à caution, selon Trenberth.
  • Trenberth affirme dans l'article cité en tête de ce billet : " This inability to properly track energy—due to either inadequate measurement accuracy or inadequate data processing— has implications for understanding and predicting future climate." cad : "Cette incapacité à suivre correctement l'énergie -ceci étant dû soit à une précision inadéquate des mesures soit à un traitement inadéquat des données- a des implications pour la compréhension et la prédiction du climat du futur."

En bref, c'est parfaitement clair : A l'instar de la quasi-totalité des climatologues, Trenberth pense que les modèles et, en particulier, les modèles numériques (sur ordinateur) sont forcément corrects et que si les mesures et les observations ne les confirment pas, c'est que les mesures et les observations sont erronées ou "inadéquates" comme il le dit.

Malheureusement, cette croyance (cette foi) dans les modélisations du climat qui sont pourtant très loin d'être assurées, est extrêmement répandue.
Les climatologues semblent incapables de remettre en question leurs hypothèses et leurs modélisations, même face aux observations qui les démentent.

Inutile d'ajouter que la science "pré-post-moderne" raisonnait différemment. Une seule observation qui remettait un modèle ou une théorie en question, suffisait à invalider le modèle ou la théorie en question...
O tempora o mores !
yannchaleur

 

 

Cependant, j'en connais certains qui accuseront certainement les climato-sceptiques d'avoir dérobé la chaleur manquante....Les Klimaseptiks sont comme le réchauffement climatique : Ils sont toujours responsables de tout.

Y compris d'avoir caché la "chaleur perdue", comme on le voit sur l'affichette ci-contre (due au talent de Yann Goap -Jean le Moqueur.)

A suivre : C'est une affaire... brûlante !

9 Septembre 2010 : Les glaces polaires fondent deux fois moins vite qu'on l'affirmait auparavant. On avait largement sous-estimé un paramètre crucial, nous indique un article tout récent, paru dans Nature Geoscience.

Comme vous le savez, la Science progresse, jour après jour, contre vents et marées, loin des parti-pris médiatico-politiques qui ont sérieusement dévoyé la progression des sciences du climat. Cette page, comme quelques autres, apporte de multiples preuves que ce qui avait été tenu pour certain et affirmé comme tel il y a peu encore (y compris dans les rapports du GIEC), était, en fait, gravement erroné.
Ainsi va la Science. Parce que rien n'est définitivement assuré, tout particulièrement en matière de sciences climatiques, prudence et scepticisme restent de rigueur. Comme nous allons le voir, les erreurs peuvent être considérables.

1) Introduction : La fonte de la masse des glaces polaires, susceptible de faire monter le niveau des océans, a été suivie avec beaucoup d'attention depuis 2002, à l'aide d'un instrument satellitaire remarquable (appelé GRACE) capable de mesurer de très faibles variations du champ gravitationnel de notre planète. Ces changements du champ gravitationnel sont évidemment liés à la distribution des masses sur la terre, incluant l'eau et la glace. Quand la glace fond et que l'eau de fonte s'écoule dans la mer, ceci est perçu comme une variation du champ gravitationnel. Ces mesures sont couramment nommées mesures gravimétriques.

Quelques mots sur la mission GRACE ("Gravity Recovery and Climate Experiment", déjà évoquée dans deux billets de Nov. 2006 et Nov. 2007. ). On trouvera des informations beaucoup plus complètes sur le site de la NASA.

grace2

La mission GRACE consiste en un couple de deux satellites identiques qui sont placées en orbite basse à 500 km au dessus de la terre. Ces deux satellites voyagent en tandem sur la même orbite, l'un derrière l'autre. Ils sont distants de 220 km (l'image n'est pas à l'échelle). La détection et l'évaluation de très faibles variations du champ gravitationnel terrestre est obtenue par une mesure très précise de la distance qui sépare les deux satellites jumeaux ainsi que de leurs vitesses.
La technique micro-onde utilisée est si sensible qu'elle est capable de détecter des variations de distance entre les deux satellites aussi petites que 10 microns (sur une distance de 220 km).
Bien que l'analyse détaillée de la relation entre les variations de distance et de vitesse des deux satellites avec les variations du champ gravitationnel terrestre soit assez compliquée, on comprend que la moindre variation de ce dernier va affecter l'orbite du satellite leader puis celle du satellite suiveur, et donc leur distance et leur vitesse relative.

 

geoidVue du ciel, et du point de vue gravimétrique, notre géoide terrestre présente un aspect 'boursouflé" tel qu'on le voit sur les deux images ci-contre (crédit NASA).

Les applications des mesures de la mission GRACE sont très nombreuses. Elles vont de l'étude des courants marins, de la mesure de la pression au fond des océans, de l'étude des plissements de la croûte terrestre à la suite des tremblements de terre, à la découverte (en 2006) de "masses cachées" comme le cratère Wilkes qui doit dater de 250 millions d'années et qui est enfoui sous les glaces de l'Antarctique, entre autres exemples.

Cependant et comme on s'en doute, il n'est pas toujours aisé d'interpréter les mesures gravimétriques effectuées par le tandem GRACE. La mesure des variations de la gravité en un point est une donnée unique qui peut relever de plusieurs phénomènes concomitants qu'il n'est pas toujours facile de démêler.

C'est très exactement ce que nous dit un article très récent paru dans la revue Nature Geoscience

2) L'article qui nous explique que les mesures de la fonte de la glace des pôles était largement surestimée :

NATURE Geoscience Vol 3, 642-646, Septembre 2010. (Publié on-line le 15 août. DOI: 10.1038/NGEO938)

"Simultaneous estimation of global present-day water transport and glacial isostatic adjustment"

"Estimation simultanée du transport d'eau global actuel et l'ajustement glaciaire isostatique."

XiaopingWu, Michael B. Heflin, Hugo Schotman, Bert L. A. Vermeersen, Danan Dong,
Richard S. Gross, Erik R. Ivins, AngelynW. Moore and Susan E. Owen.

Jet Propulsion Laboratory, California Institute of Technology,USA
Faculty of Aerospace Engineering, Delft University of Technology,Netherlands,
Netherlands Institute for Space Research, Netherlands.


Summary : Global water transport between oceans and continents during the transition from glacial to interglacial times has been enormous. The viscoelastic solid Earth has been responding to this unloading of large ice masses with a rise of the land masses, in a process termed glacial isostatic adjustment. In addition, significant changes in the land/ocean water distribution occur at present. As both present-day changes in the ice/water thickness and glacial isostatic adjustment affect space geodetic measurements, it is difficult to untangle the relative contributions of these two processes. Here we combine gravity measurements and geodetic data of surface movement with a data-assimilating model of ocean bottom pressure to simultaneously estimate present-day water transport and glacial isostatic adjustment. We determine their separate contributions to movements in the geocentre, which occur in response to changes in the Earth’s mass distribution, with uncertainties below 0.1mmyr-1.According to our estimates, mass losses between 2002 and 2008 in Greenland, Alaska/Yukon and West Antarctica are 104±23, 101±23 and 64±32 Gt yr-1, respectively. Our estimates of glacial isostatic adjustment indicate a large geocentre velocity of -0:72±0:06mm.yr-1 in the polar direction. We conclude that a significant revision of the present estimates of glacial isostatic adjustments and land–ocean water exchange is required.

Résumé : "Le transport des eaux à l'échelle globale entre les océans et les continents pendant la transition entre les périodes glaciaires et interglaciaires, a été gigantesque. La terre considérée comme un solide visco-élastique a répondu à ces décharges de vastes masses de glace par une hausse des masses continentales, suivant un processus nommé ajustement glacial isostatique. De plus, des variations significatives dans la distribution terres/océans se produisent actuellement. Comme la variation actuelle de l'épaisseur eau/glace et de l'ajustement glaciaire isostatique actuel affectent les mesures géodésiques vue de l'espace, il est difficile de séparer les contributions relatives de ces deux processus.
Dans cet article, nous combinons les mesures de la gravité et les données géodésiques des mouvements de la surface à l'aide d'un modèle d'assimilation des données de la pression au fond des océans, de manière à estimer simultanément le transport actuel des eaux et l'ajustement glaciaire isostatique. Nous déterminons les contributions séparées aux mouvements du géocentre qui se produisent en réponse aux variations dans la distribution des masses terrestres, et ceci avec une incertitude inférieure à 0,1 mm/an. Suivant nos estimations, les pertes de glace entre 2002 et 2008, au Groenland, dans l'Alaska/Yukon et dans l'Antarctique Ouest sont respectivement de 104±23, 101±23 et 64±32 Gigatonnes par an. Nos estimations de l'ajustement glaciaire isostatique indique une grande vitesse du géocentre égale à -0,72± 0,06 mm/an dans la direction polaire.
Nous en concluons qu'une révision significative de l'estimation actuelle des ajustements glaciaires isostatiques et de l'échange entre les terres et les océans, est indispensable. "

Quelques mots d'explications:

"La terre est considérée comme un solide visco-élastique" signifie, par exemple, que lorsqu'un continent est assez brusquement soulagé d'une couverture de glace, la croûte terrestre va relaxer lentement et sans oscillations pour s'adapter à cette variation de masse. Ce "rebond" glaciaire isostatique suit approximativement les lois d'un oscillateur amorti (par la viscosité) au delà du régime critique, c'est à dire que la déformation tend asymptotiquement vers une limite... jamais atteinte. C'est exactement comme si vous lâchiez un ressort, préalablement comprimé, dans un liquide très visqueux comme de la mélasse. Le ressort n'oscillera pas et retournera lentement vers sa position détendue. Un des auteurs de l'article indique l'analogie avec le retour à l'équilibre d'un matelas, lorsqu'on se lève après y avoir passé toute la nuit. postglacialsea


C'est ce qui fait que quelques 20000 ans après la dernière époque glaciaire (la dernière déglaciation a fait monter le niveau des mers de quelques 130m, comme on le voit sur l'image ci-contre), la croûte terrestre poursuit son ajustement glaciaire isostatique. Certes le taux de variation est maintenant très faible mais celui-ci affecte notablement les mesures gravimétriques de GRACE de même d'ailleurs que les autres déformations de la croûte terrestre qui, à l'échelle de ces mesures, est, en réalité, constamment en mouvement.

C'est cet ajustement glaciaire isostatique qui avait été largement mésestimé lors des précédentes études. Plutôt que d'utiliser les mesures directes ( y compris avec des GPS convenablement disposés) comme les auteurs de cet article, les chercheurs s'étaient basés essentiellement sur des hypothèses et des résultats de modèles qui s'avèrent donc, et pour le moins, gravement déficients.

Le résultat final de la fonte des glaces était surestimé d'un bon facteur 2, ce qui est évidemment considérable.
wu1

L'image ci-contre est extraite de l'article de Wu et al.

Estimation moyenne de la PDMT du globe (PDMT : Present Day Mass Trend :Evolution actuelle des masses) incluant la masse atmosphérique en équivalent d'épaisseur d'eau.

Code des sigles : AIS (Abbott Ice Shelf), ASE (Amundsen Sea embayment), DML (Dronning Maud Land), KIS (Kamb Ice Stream), RIS (Ross Ice Shelf), Totten (Glacier), WIS (Whillans Ice Stream), WL (Wilkes Land).

Les parties colorées en bleu indique les fontes de glace. Les parties colorées en jaune ou orange indiquent un renforcement.
Comme on peut le voir sur cette image, ce sont la partie Ouest de l'Alaska (Le Yukon), les parties périphériques du Groenland et la partie Ouest de l'Antarctique qui subissent des pertes de glace.
A contraire, la partie centrale du Groenland et le Kiss (en Antarctique) gagnent de la glace. Les taches jaune/orange visibles sur les continents indiquent que des glaciers se renforcent. Les taches bleues montrent ceux qui perdent de la glace.

Dans l'état actuel, la principale source d'eau de fonte se trouve au Groenland et dans le Yukon. La contribution de l'immense continent Antarctique est nettement moins importante. A vrai dire, la plus grande partie ne fond absolument pas.

Comme on le voit, la situation est nettement plus complexe qu'on voudrait nous le faire croire.

 

geoid2

Cette autre image; extraite du même article illustre une comparaison entre les résultats des mesures de l'ajustement glaciaire isostatique (à gauche) effectuées par Wu et ses collaborateurs d'une part et, d'autre part, les tendances précédemment utilisées (à droite) déduites d'un modèle appelé ICE-5G/IJ05/VM2 .

Comme on peut le voir les divergences mesures/modèles sont considérables, notamment sur le Groenland, l'Antarctique et le Continent Asiatique. Comme chacun le sait (ou devrait le savoir) les résultats des modèles peuvent s'avérer complètement erronés.

 

 

 

La conclusion de l'article aborde la question cruciale qui concerne la contribution de la fonte de glaces à la hausse du niveau des mers. Comme on l'imagine, les estimations précédentes qui figurent dans tous les rapports qui traitent de ces question, devront être sérieusement revues à la baisse. Voici cette conclusion :

Implications and perspectives
The simultaneous kinematic global inversion presented here allows us to separate the global PDMT (NDT : Present Day Mass Trend) and GIA (NDT :Glacial Isostatic Adjustement) signatures in the geodetic data with unprecedented precision. These results are achieved by combining the multi-satellite high-precision geodetic data with the a priori information on GIA dynamics and the relatively well-constrained spatial extent of deglaciation from glacio-geological data. The GIA improvement and the enhanced resolution and accuracy from the data combination result in (about a factor of two) smaller mass loss estimates for Greenland and Antarctica during 20022008 than other recent GIA-corrected GRACE estimates. The non-steric mean sea level rise is estimated to be 0.54±0:3mm/yr (global) and 0.70±0:3mm/yr (±66°). The time span of the geodetic data, however, is still short. For example, the SLR-observed J2 during 2002-2008 greatly contradicts that of the longer-term (33 years) SLR tracking data. This indicates that the estimated PDMT in J2 or any other PDMT coefficients may be interannual or decadal in nature rather than a century-scale secular trend. Our GIA estimates reveal significant new features in areas where GIA models are known to be poor...

Implications et perspectives

"L'inversion cinématique simultanée globale présentée ici nous permet de séparer les signatures de l'Evolution Actuelle de la Masse (PDMT) et l'Ajustement Glaciaire Isostatique (GIA) dans les données géodésiques avec une précision sans précédent. Ces résultats sont obtenus en combinant les données géodésiques multi-satellites de haute précision avec des informations a priori de la dynamique (GIA) de l'ajustement glaciaire isostatique ainsi que de l'étendue spatiale (relativement bien délimitée) de la déglaciation à partir des données géologiques glaciaires. L'amélioration de l'ajustement glaciaire isostatique et l'augmentation de la résolution et de la précision obtenue à partir de la combinaison des données, résultent en une estimation en baisse (environ d'un facteur deux) de la perte de glace du Groenland et de l'Antarctique pendant la période 2002-2008 par rapport aux autres estimations (corrigées de l'ajustement glacial isostatique) obtenues par GRACE. La hausse non-stérique (NDT : C'est à dire, hors dilatation thermique) du niveau des mers est estimée à 0,54±0,3mm/an (globale) et à 0,70±0,3 mm/an (entre les latitudes +66 et -66°). Cependant, la période couverte par les données géodésiques, est encore courte. Par exemple, la hausse du niveau des mers observée par Jason-2 de 2002 à 2008 contredit fortement la tendance pour une plus longue durée (33 ans). Ceci montre que l'estimation de la PDMT (Le mouvement de masse actuel) observé dans Jason-2 ou de tout autre coefficient PDMT, doit être de nature interannuelle ou décennale plutôt qu'une tendance à l'échelle centennale. Notre estimation de l'ajustement glacial isostatique met en évidence de nouvelles observations dans des zones où les modèles de l'ajustement glaciaire isostatique sont connus pour être défaillants...."

3) Sur le site de l'Université TU de Delft, on trouve un article explicatif ainsi que des déclarations de chercheurs qui ont participé à cette étude.

"S'appuyant sur ce principe (NDT : c'est à dire sur les mesures de GRACE), les estimations antérieures pour la couverture glacée du Groenland avaient calculé que la glace fondait au rythme de 230 gigatonnes par an. Ceci résulterait en une hausse du niveau moyen des mers d'environ 0,75mm/an. Pour ce qui est de l'Antarctique Ouest, l'estimation était de 132 gigatonnes par an. Cependant, il apparaît maintenant que ces résultats n'étaient pas correctement corrigés de l'ajustement glacial isostatique qui correspond au phénomène de rebond de la croûte terrestre du fait de la fonte des couvertures massives de glace depuis le dernier âge glaciaire, il y a quelques 20.000 ans. Ces mouvements de la croûte terrestre doivent être incorporés dans les calculs, parce que ces mouvements verticaux modifient la distribution de la masse terrestre et, en conséquence, ont aussi une influence sur le champ gravitationnel." ...

"L'aspect innovant de notre méthode consiste à comparer de manière simultanée le changement présent de la masse glaciaire et l'ajustement glacial isostatique avec les observations, plutôt que de supposer que tel ou tel modèle d'ajustement isostatique est correct " a déclaré le Dr Vermeesen. " Pour ce qui concerne en particulier le Groenland, nous avons trouvé que l'ajustement glacial isostatique diffère assez fortement des hypothèses généralement acceptés."...

4) Dans le même volume de la revue NATURE Geoscience et dans la section "news and views" (Nature Geoscience 3, 596 - 597 (2010)), d'autres chercheurs, spécialistes des glaces polaires, illustrent les résultats obtenus par Wu et al :


David H. Bromwich and Julien P. Nicolas
The Polar Meteorology Group, Byrd Polar Research Center, Ohio State University.

Voici, extraite de ce court article, la figure qui nous dit tout sur la différence considérable qui existe entre les précédents estimations et les nouvelles :
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Légende la figure : " Cumulative mass loss of Greenland’s ice sheet. The estimate by Wu and colleagues of Greenland ice-mass loss since 2003 (red) is considerably lower than an earlier predicted value (blue), owing in part to larger than previously estimated subsidence rates of the underlying bedrock. Only the blue curve was corrected for changes in atmospheric mass, but these corrections are small over Greenland, and the curves and their differences can thus be interpreted in terms of contribution to global mean sea level (right-hand scale). The shaded areas reflect stated uncertainties."

"La perte de masse cumulée de la glace du Groenland.
L'estimation de Wu et de ses collègues de la perte de masse de la glace du Groenland depuis 2003 (en rouge) est considérablement plus faible qu'une valeur initialement prévue (en bleu), ceci étant dû en partie à un taux de subsidence du lit rocheux sous-jacent plus important qu'estimé auparavant. Seule la courbe bleue a été corrigée de la masse atmosphérique (NDT : comme expliqué dans un billet précédent) mais ces corrections sont faibles pour le Groenland de telle manière que les graphes et leur différence peuvent être interprétés en termes de contribution au niveau global des mers (échelle de droite). Les zones colorées indiquent les incertitudes estimées."

Comme vous le voyez, il ne s'agit pas d'un détail : Les glaces fondent deux fois moins vite que ce qui avait été affirmé auparavant (y compris dans le rapport AR4 du GIEC). Soit environ 0,3 mm/an d'équivalent de hausse du niveau des mers au lieu de 0,63 mm/an.
A noter que "
Laury Miller de la NOAA et Bruce C. Douglas de l’Université de Floride pointaient déjà du doigt, dans un article publié dans la revue Nature, le fait que la dilatation thermique et la fonte des glaces ne permettaient pas d’expliquer l’élévation moyenne globale de 2 mm/an environ, car les vitesses d’augmentation de volume et les quantités de glaces fondues ne pouvaient se traduire que par une hausse, d’au mieux, 0,5 mm/an."

5) Quelques commentaires :

- Tout d'abord, il est évident qu'il faut revoir à la baisse les estimations du rapport AR4 (2007) du GIEC qui prévoyait une hausse du niveau des mers de quelques 18-59 cm en 2100. Il est tout aussi évident que les estimations catastrophiques de certains (telles que celles de Rahmstorf et de ses collègues qui avaient, à tort, protesté contre les "sous-estimations" (selon eux) du GIEC, (ainsi que je l'avais évoqué dans un billet de Jan. 2009 au sujet du Groenland) devraient être sérieusement corrigées. Idem pour les quelques mètres de hausse prévues par Al Gore ou J. Hansen. yannpole2

On peut (?) espérer que cet article de Wu et al sera pris en compte dans le prochain rapport AR5 (2014) du GIEC. Néanmoins, compte tenu des précédents dans ce domaine, rien n'est moins sûr...

- Les résultats de cette recherche sur la fonte des glaces polaires sont franchement rassurants. La fonte des glaces polaires et environ deux fois moins importante qu'on le pensait.
Le grand public devrait en être informé.
Hélas, il ne faut pas trop y compter en cette période où les micros et les caméras ne sont tendus par des journalistes dits scientifiques qu'à des "experts" qui viennent, à chaque instant, clamer haut et fort que "c'est pire que nous le pensions", voire que "c'est la fin du monde".

Cependant, dans certains pays démocratiques, une partie de la presse, surtout via Internet, tente de faire son travail en rapportant aussi bien sur les bonnes nouvelles que sur les moins bonnes.
Une toute petite revue de presse s'impose. Voici quelques organes de presse qui ont rapporté sur ces travaux publiés dans une revue prestigieuse entre toutes :

Daily Mail (UK): " Les calottes polaires fondent "deux fois moins vite que prévu".
... à rapprocher par exemple de cet article alarmiste du Telegraph (publié en sept 2009) " Les scientifiques trouvent une fonte de la glace polaire plus grande que l'on pensait ". C'est plutôt cocasse. .
Daily Tech (US) : "Les estimations de la fonte de la glace polaire se réduisent plus vite que les glaces polaires elles-mêmes."
L'AFP, version en anglais (en progrès ! encore que..) "Climat : Une nouvelle étude démolit l'estimation de la perte des glaces polaires".
Science Daily (US) : "Le taux de fonte des calottes polaires plus faible qu'attendu."

Une petite fraction de la presse francophone (merci aux lecteurs attentifs pour les compléments) a publié quelques infos sur cette nouvelle importante :

Suisse : Vingt Minutes online : "La calotte glaciaire fond moins vite"
France : Le Progrès de Lyon : "La fonte des glaces surévaluée ?".
France : Rue 89 : Une brève note :"La fonte de la calotte glaciaire serait surévaluée".
France : Le Figaro : "Calotte glaciaire : fonte surévaluée".
Liban : L'orient- le jour.com : "La fonte de la calotte glaciaire serait-elle surévaluée ?".
Canada : Cyberpresse.ca : "La fonte de la calotte glaciaire aurait été surévaluée".

Comme on le constate, les titres sont très semblables. En réalité, ces dépêches sont très largement inspirées voire copiées-collées sur celle de l'AFP.

Beaucoup, et pas des moindres (télés, radios, grands quotidiens), manquent encore à l'appel (sauf omission de ma part). Ils n'avaient pourtant pas laissé passer ça. (le 20 Janvier 2010) à propos de la fonte des glaces. On trouve, dans cet article journalistique, des phrases typiques de ce genre de prose, telles que " l’accélération récente de leur fonte est encore plus marquée que ce que l'on pensait " (sic).
Il est instructif de comparer les estimations de la contribution à la hausse du niveau des mers, lues dans cet article français du 20 janvier 2010, avec celles qui sont indiquées dans l'article de Wu et al.
A noter que les experts invités par le journaliste, auteur de cet article francophone, ont aussi utilisé les données de GRACE ainsi que, certainement, les données traditionnelles de la correction due à l'ajustement glaciaire isostatique, démontées par le présent papier de Wu et al.
On attend des éclaircissements et surtout un compte-rendu objectif avec des citations exactes de l'article de Wu et de se collègues...
On peut toujours espérer.

 

31 Août 2010 : Un traitement élaboré des données disponibles montre qu'il n'y a pas d'accélération de la hausse du niveau des mers depuis au moins cent ans, contrairement aux prévisions apocalyptiques et aux affirmations maintes fois répétées.

Le niveau de certains océans monte régulièrement, d'autres baissent, d'autres restent stables. Du point de vue global, le taux de hausse du niveau des mers n'a pas varié, depuis, au moins, cent ans. Cette hausse est d'environ +1,6 cm par décennie.

C'est le résultat auquel sont parvenus deux chercheurs allemands (Manfred Wenzel et Jens Schröter) de l'Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research, Bremerhaven, Allemagne) et qui vient d'être publié ( le 13 Août 2010) dans le :

J. Geophys. Res., 115, C08013, doi:10.1029/2009JC005630. (2010)

Sous l'intitulé :

"Reconstruction des anomalies du niveau moyen des océans à l'échelle locale, mesurées par les jauges de niveau, au moyen de réseaux neuronaux."
" Reconstruction of regional mean sea level anomalies from tide gauges using neural networks"

Voici le résumé orginal de l'article suivi d'une traduction en français.

Abstract :
The 20th century regional and global sea level variations are estimated based on long‐term tide gauge records. For this the neural network technique is utilized that connects the coastal sea level with the regional and global mean via a nonlinear empirical relationship. Two major difficulties are overcome this way: the vertical movement of tide gauges over time and the problem of what weighting function to choose for each individual tide gauge record. Neural networks are also used to fill data gaps in the tide gauge records, which is a prerequisite for our analysis technique. A suite of different gap‐filling strategies is tested which provides information about stability and variance of the results. The global mean sea level for the period January 1900 to December 2006 is estimated to rise at a rate of 1.56 ± 0.25 mm/yr which is reasonably consistent with earlier estimates, but we do not find significant acceleration. The regional mean sea level of the single ocean basins show mixed long‐term behavior. While most of the basins show a sea level rise of varying strength there is an indication for a mean sea level fall in the southern Indian Ocean. Also for the the tropical Indian and the South Atlantic no significant trend can be detected. Nevertheless, the South Atlantic as well as the tropical Atlantic are the only basins that show significant acceleration. On shorter timescales, but longer than the annual cycle, the basins sea level are dominated by oscillations with periods of about 50–75 years and of about 25 years. Consequently, we find high (lagged) correlations between the single basins.

Résumé:
Les variations du niveau des mers, régionales et globales, durant le XXème siècle, sont estimées à partir des enregistrements sur des longues durées des marégraphes. Dans ce but, on utilise la technique du réseau neuronal qui établit une connexion entre le niveau des mers mesurés sur les côtes avec la moyenne régionale ou globale via une relation empirique non linéaire. De cette manière, deux difficultés majeures sont surmontées : le mouvement vertical des marégraphes en fonction du temps et le choix du poids à attribuer aux enregistrements de chaque marégraphe. Les réseaux neuronaux sont aussi utilisés pour combler les vides existants dans les enregistrements des marégraphes, ce qui constitue un préalable pour notre technique d'analyse. Une série de stratégies pour combler les vides est testée pour obtenir des informations sur la stabilité et la variance des résultats. La hausse du niveau moyen global pour la période allant de Janvier 1900 à Décembre 2006 est estimée à 1.56 ± 0.25 mm/an, ce qui est en accord raisonnable avec les précédentes estimations, mais nous ne trouvons pas d'accélération significative. La variation du niveau des mers pour chacun des océans montre un comportement à long terme varié. Alors que la plupart des bassins montre une hausse de niveau de différente amplitude, il existe des indications d'une baisse du niveau moyen dans le Sud de l'océan Indien. De plus, en ce qui concerne l'océan Indien tropical et l'Atlantique Sud aucune variation significative ne peut être trouvée. Néanmoins, l'Atlantique Sud tout comme la région tropicale de l'Atlantique sont les seuls bassins qui montrent une accélération significative. Sur des durées plus courtes mais plus grandes qu'un cycle annuel, les variations du niveau des bassins sont dominées par des oscillations de période d'environ 50-70 ans et d'environ 25 ans. En conséquence, nous trouvons de fortes (et retardées) corrélations entre les différents bassins."

Quelques explications préliminaires :

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1) Les marégraphes (figure ci-contre de l'Université du Colorado) qui mesurent le niveau des océans en bordure des côtes sont basés sur un principe assez simple. On mesure, à l'aide d'un laser et par rapport à un pylône planté dans le sol, l'élévation d'un flotteur placé à l'extrémité d'un ponton qui s'avance dans la mer.
La principale difficulté de ce genre de mesure provient des mouvements tectoniques ou des déformations variées qui affectent le point de référence, c'est à dire la terre ferme (qui, en l'occurence, ne l'est pas !).

C'est dans le but de de tenir compte de ces variations du niveau de référence que sont disposés les différents appareils que l'on voit sur la droite de cette image.
De plus la hausse du niveau des mers peut être corrigée des variations de pression atmosphérique qui influent grandement sur le niveau des océans ainsi que cela a été expliqué dans le billet sur les gyres.
Le niveau des océans est, depuis peu, suivi par les satellites (mesures TOPEX, JASON) .Cependant, ici encore, la mesure absolue est rendue difficile par les imprécisions sur le niveau de référence sans compter que la variation du niveau des océans est une donnée particulièrement hétérogène sur la surface du globe ainsi qu'on le voit sur cette image où les niveaux sont symbolisés par des couleurs. gyre11

 

Par exemple, le niveau de la mer baisse au voisinage de la côte Est de l’Afrique et de la côte Ouest de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord, comme on le voit sur l''image ci-contre qui indique l'évolution des niveaux océaniques entre 1993 et 2003 mesurée à partir des données altimétriques des satellites TOPEX-POSEIDON. Il est visible que le niveau des océans a monté dans l'Ouest de l'océan Pacifique mais qu'il a baissé à l'Est.
Tout cela est donc extrêmement inhomogène.

La comparaison des mesures indiquées par les marégraphes ( 1.56 ± 0.25 mm/an) avec les mesures satellitaires récentes (3,2 ± 0.4 mm/an), tout en tirant la conclusion que la hausse du niveau des océans s'accélère est pour le moins fallacieuse. Il s'agit de deux méthodes de mesures différentes qu'il semble, pour l'instant, difficile de réconcilier.
Il n'en reste pas moins que les mesures par marégraphes restent les seules qui remontent loin dans le temps. Si le but est d'évaluer la variation du niveau des océans sur de longues durées comme cela doit se faire en climatologie, seules les mesures marégraphiques sont pertinentes.

Il n'en reste pas moins que le traitement des mesures marégraphiques (et satellitaires) est particulièrement délicat. C'est pourquoi, l'idée des auteurs de l'article commenté ici, est aussi astucieuse que novatrice. La technique des réseaux neuronaux est tout spécialement adaptée au traitement de données complexes affectées par un nombre important de variables plus ou moins bien connues. A ma connaissance, elle n'a pas encore été appliquée au traitement des diverses données climatiques, telles que les températures ou les données dendrochronologiques, par exemple.

2) Brève note sur la technique des réseaux neuronaux artificiels (ou formels):
Le concept des réseaux neuronaux a été énoncé, dès la fin du XIXème siècle, dans le but de modéliser le système nerveux humain. Cependant, l'extension du concept des réseaux de neurones réels aux applications robotiques et à l'analyse de données complexes n'a connu un essor significatif que depuis une vingtaine d'années. (pour plus de détails, voir, par exemple, ce bon article sur Wikipedia).

L'idée fondamentale des réseaux neuronaux artificiels (ou formels) repose sur la notion d'apprentissage. A l'inverse des logiciels informatiques qui procèdent pas à pas et qui requièrent la connaissance et la compréhension de chaque processus devant conduire au résultat, les réseaux neuronaux sont basés sur la connaissance acquise par l'expérience. De manière un peu caricaturale, on pourrait rapprocher l'idée des réseaux neuronaux formels de celle du savoir-faire par opposition au savoir scientifique. Ainsi, un forgeron a-t-il acquis suffisamment d'expérience pour être capable d'avoir une idée précise de la température d'un métal chauffé sans qu'il lui soit nécessaire de connaître la loi de Wien. Un parallèle concernant les réseaux de neurones biologiques peut être fait en remarquant que l'on peut apprendre à distinguer et à identifier le champ du rossignol par rapport à celui du merle, par simple observation, sans posséder aucune connaissance musicale. .
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Du point de vue formel, un réseau de neurones formels est représenté de la même manière qu'un réseau de neurones vivants, c'est à dire comme un réseau de neurones interconnectés par des synapses.
Les entrées sont les données qui peuvent être très nombreuses. Elles sont généralement issues de multiples capteurs.
Les couches de sorties sont, par exemple, les ordres qui sont donnés aux différents actuateurs (micromoteurs, muscles ou autres).
La couche (ou plutôt, les couches) intermédiaires regroupent (par exemple sous la forme d'une série de fonctions de transfert représentées par des matrices) les éléments de calcul résultant de l'apprentissage.

Le succès de la technique des réseaux neuronaux formels dépend évidemment de la multiplicité des exercices d'apprentissage qui permettent peu à peu d'élaborer avec précision les éléments des fonctions de transfert. La structure du réseau de neurones peut être extrêmement complexe comme c'est le cas de celui qui est utilisé par les auteurs de l'article commenté ici.
Les domaines d'applications des ANN (Artificial Neuronal Networks) sont aussi nombreux que variés. C'est ainsi qu'ils sont très utilisés, par exemple, en technique de reconnaissance des formes, en analyse des signaux radars, en diagnostic médical, en applications financières, en pratique des jeux (échecs), en détection et analyse des spams etc. et, évidemment, en tout premier lieu, en robotique. Les réseaux neuronaux sont au coeur de l'IA, l'intelligence artificielle.
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Quelques figures significatives extraites de l'article.

Pour le cas qui nous intéresse ici, les bases de données nécessaires à l'apprentissage des réseaux neuronaux sont issues de différents organismes qui pratiquent les mesures du niveau des mers à l'aide des marégraphes, tels que le CSIRO australien (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation, l'équivalent du CNRS pour les français) ou le GFZ ( Deutsches GeoForschungsZentrum, Centre de Recherche en Sciences de la Terre) allemand.
Comme cela est spécifié dans le résumé de l'article, la technique des réseaux neuronaux appliquée aux données des marégraphes, présente trois avantages décisifs : surmonter le problème posé par le mouvement vertical des jauges au cours du temps ainsi que résoudre la question du choix des poids à attribuer aux données de chacun des marégraphes. De plus, les réseaux neuronaux permettent de combler, de manière crédible, les données manquantes dans les enregistrements.

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Fig. 2 : Position des 56 marégraphes sélectionnés, indiqués par des cercles rouges. La quantité de données mensuelles disponibles pour chacun de ces marégraphes est indiquée par la longueur des barres verticales. Les zones colorées indiquent les régions qui sont concernées par cet article.

 

 

 

 


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Variation du niveau moyen global (C'est à dire la hausse moyenne de tous les bassins océaniques). A noter que dans ce graphe comme dans les suivants, les variations annuelles ont été éliminées par filtrage préalable.

Les traits bleus, rouges, noir fin, représentent les résultats obtenus à partir de différents apprentissages (training GFZ, CSIRO, GFZ+CSIRO).
La courbe en trait noir épais représente le résultat obtenu en tenant compte de l'ensemble des bases de données.
Les auteurs ont également fait figurer sur ces graphes les résultats publiés précédemment par d'autres chercheurs (Church et White, et Javrejeva et al en 2006).

On voit immédiatement que la courbe noire (en trait épais) résultante indique une variation quasi constante du niveau global des océans, au moins, depuis 110 ans. A noter que ce résultat est assez proche de celui obtenu par le PSML (Permanent Service For Mean Sea Level Britannique) et que vous retrouverez dans la page des indicateurs.



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La courbe précédente est à rapprocher de celle qui figure dans le dernier Rapport AR4 du GIEC (2007) et qui est accompagnée du texte suivant : "Pour la période allant de 1961 à 2003, la variation moyenne du niveau global, estimée à l'aide des marégraphes, vaut 1.8 ± 0.5 mm/an". Ce qui recoupe le résultat des chercheurs du Alfred Wegener Institute et du PSML cité ci-dessus.

La forme de la courbe est cependant sensiblement différente de celle qui est reportée dans le graphe ci-dessus. En effet, celle-ci montre une concavité notable analogue à celle qui avait été rapportée dans les articles des auteurs précédents ( Church et White, et Jevrejeva et al).

Inutile de rappeler que l'allure de cette courbe, contredite par l'analyse toute récente de Manfred Wenzel et Jens Schröter, a fait couler beaucoup d'encre. Beaucoup y ont vu l'indice d'une accélération de la hausse du niveau des mers et en ont déduit des prévisions apocalyptiques...

Comme je l'ai précisé ci-dessus et dans un billet précédent, les variations du niveau des océans sont très loin d'être homogènes d'un point à l'autre du globe. Les niveaux de certains océans ont baissé. D'autres ont monté. Les comportements sont très variés.
Voici trois exemples des graphes obtenus par les deux chercheurs de
l'Alfred Wegener Institute, cette fois-ci à l'échelle régionale:
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Variation du niveau du bassin Sud de l'Océan Indien de 1900 à 2007.
Comme on le voit le niveau de ce bassin a baissé d'environ 5cm de 1900 à 1965. Il est pratiquement stabilisé depuis 1965.

 

 

 


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Variation du niveau du bassin Sud de l'Atlantique de 1900 à 2007.
Comme on le voit le niveau a baissé d'environ 7 cm de 1900 à 1963 puis est remonté jusqu'à l'époque actuelle où il a retrouvé son étiage actuel.

 

 

 

 

 

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Variation du niveau du bassin de l'Atlantique Nord.
Comme on le voit, la hausse a été remarquablement régulière depuis 100 ans. On ne perçoit aucune concavité indiquant une accélération de cette hausse.

 

 

 

 

 

Manfred Wenzel et Jens Schröter ont étudié en détail les corrélations entre les variations du niveau des mers des différents bassins représentés sur la carte ci-dessus. Ils en concluent qu'il existe des transferts significatifs entre les bassins contigus. A noter aussi que ces chercheurs ont détecté, dans la variation du niveau des mers, des oscillations multidécennales de 50-70 ans de périodes très proches ou identiques à celles que d'autres chercheurs ont retrouvé, entre autres, dans l'analyse des données de température.
A l'évidence, la hausse (ou la baisse) des bassins océaniques est encore très loin d'être comprise. Cette étude et la technique d'analyse par réseaux neuronaux ne sont qu'un premier pas vers la compréhension de ces phénomènes complexes qu'il est encore à présent, et sans doute pour longtemps, impossible de modéliser même en utilisant des modèles sophistiqués océans-atmosphère couplés.

Si vous êtes intéressé par cette problématique de la hausse du niveau des mers, je vous invite à relire un billet précédent qui traite d'un article remarquable :

"The gyre-scale circulation of the North Atlantic and sea level at Brest".

P. L. Woodworth1, N. Pouvreau2, and G. Wöppelmann3
1Proudman Oceanographic Laboratory, Joseph Proudman Building, 6 Brownlow Street, Liverpool L3 5DA, UK
2UMR 5566 LEGOS-CNES, 14 av. Edouard Belin, 31400 Toulouse, France
3UMR 6250 LIENSs, Université de La Rochelle – CNRS, 2 rue Olympe de Gouges, 17000 La Rochelle, France

Comme vous le constaterez, les choses ne sont pas aussi simples que certains s'efforcent de vous le faire croire...


1er Août 2010 : Encore une nouvelle rassurante : Non seulement Les îlots coralliens du Pacifique ne sont pas submergés par la hausse du niveau des océans, mais au contraire, ils "repoussent" quand l'eau monte ! Ils s'adaptent aux variations du niveau des mers.

C'est le constat surprenant que viennent de publier deux chercheurs géologues néo-zélandais dans la revue "Globe and Planetary Change".

Je me fais un plaisir de vous relater le contenu de cet article novateur, non pas tant parce qu'il représente un énorme pavé dans la mare des alarmistes du réchauffement climatique, mais surtout parce qu'il nous montre, une fois de plus, que la Nature a plus d'un tour dans son sac qui déjoue, toujours et encore, notre imagination ainsi que les prévisions et les modèles aussi simplistes que pessimistes.

En guise d'introduction, quelques rappels :

En effet, que n'avons nous pas lu, vu et entendu au sujets des atolls coralliens des Maldives, des chapelets d'îlots coralliens du Pacifique etc...qui devaient tous s'engloutir dans les océans, provoquant l'exode de milliers de "réfugiés climatiques"?
Un vrai déluge submergeait les médias, (à défaut des atolls), à l'instar des histoires sur les ours blancs de l'Arctique agrippés à leur glaçon.
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France 5, la spécialiste du genre, nous racontait, la larme à l'objectif de la caméra, que les habitants de Tuvalu, désespérés, abandonnaient précipitamment leur île (ce qui est complètement faux).

Le président des Maldives organisait un conseil des ministres sous-marin, à 3m sous l'eau, le 17 Octobre 2009, c'est à dire peu de temps avant la réunion de Copenhague, afin d'alerter l'opinion publique internationale sur le risque de disparition de son pays (point culminant à 3 mètres) et des autres pays de l'AOSIS (Association de petits états insulaires vulnérables) (photo ci-contre) etc...

Souvenez-vous aussi de l'histoire de l'atoll de Takuu (un îlot peuplé, situé à l'Est de la Nouvelle Guinée) qui, selon un "expert" de l'Université d'Auckland, devait être engloutie en 2001, au grand dam de la population. Ce qui ne s'est jamais produit, bien entendu. Tout va bien à Takuu.

Le professeur Niels Axel Mörner, un (sinon le) grand spécialiste de ces questions avait beau s'évertuer à essayer de rétablir la vérité sur cette inquiétante perspective (pourtant démentie par les mesures effectuées sur le terrain). Rien n'y faisait. Mörner alla jusqu'à écrire une lettre furibonde au Président des Maldives en lui précisant que les jauges de niveau placées sur les atolls maldiviens n'indiquaient aucune variation depuis 30 ans. Peine perdue.

Il faut reconnaître que les résultats indiqués par les jauges de niveau du Professeur Mörner et de ses collègues, ainsi que les nombreuses observations faites sur place (par exemple, un vieil arbre qui avait poussé sur la plage, à peine au dessus du niveau de la mer, portait récemment encore toutes ses feuilles, jusqu'à ce qu'une nuit, il soit mystérieusement tronçonné...), avaient de quoi surprendre. Les mesures effectuées en d'autres points des océans montraient que le niveau de ces derniers montait de 1 à 3 mm/an.

Comment cela est-il possible ?

Pour comprendre l'étonnante découverte rapportée par les deux chercheurs Néo-zélandais, il est important de savoir comment se sont formés les atolls coralliens. Le dessin ci-contre nous l'explique : webb3

 

1) Il y a des millions d'années, les coraux commencèrent à se développer sur les flances de volcans émergés, créant ainsi des récifs coralliens de forme circulaire.

2) Tandis que le niveau des mers montait (par exemple, +14 mètres depuis 8000 ans), après la fin du dernier âge glaciaire, les coraux ont continués à croître. Les volcans éteints ont disparus sous l'eau du fait de l'érosion et de la hausse du niveau des mers.

3) Les matériaux calcifères résultant des coraux morts se sont déposé sur les récifs semi émergés, créant ainsi des plateformes circulaires.

4) Ces récifs coralliens ont constitué des sortes de pièges qui, du fait des tempêtes, ont été plus ou moins comblés par de nouveaux sédiments (dont du sable de silice). S'y sont ajoutées des débris calcifères provenant des coraux, des squelettes de mollusque, de coquillages qui constituent l'essentiel du sable des plage. Les îlots sont donc entourés d'un cercle de récifs coralliens qui enserrent des lagons. Le squelette de ces îles est donc constitué d'une matière vivante, les coraux, qui évoluent au gré des circonstances et confèrent un caractère dynamique à la conformation des ces îlots.

L'efficacité de ce processus auto-adaptatif par rapport aux variations du niveau marin est indéniable comme le montre l'article paru le 21 Mai 2010 dans la revue Global and Planetary Change.
Le voici :

Titre : "Réponse dynamique des îlots basés sur les récifs vis à vis de la hausse du niveau des mers : Évidences à partir d'une analyse multi-décennale de l'évolution des îles du Centre du Pacifique."
"The dynamic response of reef islands to sea-level rise: Evidence from multi-decadal analysis of island change in the Central Pacific"

Arthur P. Webb (a), Paul S. Kench (b),
(a) Pacific Islands Applied Geoscience Commission, SOPAC, Fiji
(b) School of Environment, The University of Auckland, Private Bag 92019, Auckland, New Zealand

Global and Planetary Change, 72 (2010) 234–246

Comme à l'accoutumée, voici le résumé original suivi d'une traduction en français.

ABSTRACT : Low-lying atoll islands are widely perceived to erode in response to measured and future sea-level rise. Using historical aerial photography and satellite images this study presents the first quantitative analysis of physical changes in 27 atoll islands in the central Pacific over a 19 to 61 yr period. This period of analysis corresponds with instrumental records that show a rate of sea-level rise of 2.0 mm yr−1 in the Pacific. Results show that 86% of islands remained stable (43%) or increased in area (43%) over the timeframe of analysis. Largest decadal rates of increase in island area range between 0.1 to 5.6 ha. Only 14% of study islands exhibited a net reduction in island area. Despite small net changes in area, islands exhibited larger gross changes. This was expressed as changes in the planform configuration and position of islands on reef platforms. Modes of island change included: ocean shoreline displacement toward the lagoon; lagoon shoreline progradation; and, extension of the ends of elongate islands. Collectively these adjustments represent net lagoonward migration of islands in 65% of cases. Results contradict existing paradigms of island response and have significant implications for the consideration of island stability under ongoing sea-level rise in the central Pacific. First, islands are geomorphologically persistent features on atoll reef platforms and can increase in island area despite sea-level change. Second, islands are dynamic landforms that undergo a range of physical adjustments in responses to changing boundary conditions, of which sea level is just one factor. Third, erosion of island shorelines must be reconsidered in the context of physical adjustments of the entire island shoreline as erosion may be balanced by progradation on other sectors of shorelines. Results indicate that the style and magnitude of geomorphic change will vary between islands. Therefore, island nations must place a high priority on resolving the precise styles and rates of change that will occur over the next century and reconsider the implications for adaption.webb6

 

Photo ci-contre : Paul Kench au travail dans les Maldives. Comme on le voit, son activité est probablement moins pénible que celle qui consiste à prélever des carottes de glace au sommet de l'Antarctique...

Résumé : L'idée universellement répandue au sujet des îlots (atolls) de faible élévation au dessus du niveau, c'est qu'ils devraient s'éroder en réponse à la hausse du niveau des mers mesurée et prévue pour le futur.
Notre étude, effectuée
à partir de photographies aériennes historiques et d'images satellites, présente la première analyse quantitative de l'évolution physique des 27 îlots-atolls de la zone centrale du Pacifiques sur une période allant de 19, à 61 ans. Cette période correspond a des enregistrements qui montrent un taux de hausse du niveau de la mer de 2.0mm/an dans le Pacifique.
Les résultats montrent que 86% des îlots sont restés stables ou ont augmenté leur superficie (43%) sur la période de notre analyse. Les augmentations de surface les plus importantes vont de 0,1 hectares à 5,6 hectares. Seulement 14% des îlots étudiés ont montré une diminution globale de leur superficie. Les modes d'évolution des îlots incluent : le déplacement de la ligne de côte vers le lagon; la progradation de la côte des lagons (NdT : Progradation = Accumulation de dépôts sédimentaires sur la marge continentale en progression vers le large, dessinant des biseaux descendants. Traduit une baisse du niveau marin.); et l'extension des extrémités des îles allongées. Pris dans leur ensemble, ces ajustements représentent une migration résultante des îles vers le lagon dans 65% des cas. Ces résultats contredisent les paradigmes sur les réponses des îles et ont des implications significatives pour la considération de la stabilité des îles dans le Pacifique Central.
Tout d'abord, les îles sont des éléments géomorphologiquement persistants sur les plateformes des récifs autour des lagons et sont capables d'augmenter leur superficie en dépit du changement de niveau de la mer. Deuxièmement, les îles sont des territoires dynamiques qui subissent une série d'ajustements physiques de la totalité de la ligne de côte en réponse à des changements des conditions aux limites, dont la variation du niveau de la mer n'est qu'un facteur parmi d'autres. Troisièmement, l'érosion des lignes côtières doit être reconsidérée dans le contexte d'ajustements physiques de l'ensemble de la lignes côtière parce que l'érosion peut être contrebalancée par la progradation d'autres secteurs des lignes côtières. Nos résultats indiquent que le style et l'amplitude des variations géomorphiques variera d'une île à l'autre. C'est pourquoi, les nations îliennes doivent considérer comme une priorité d'analyser les modes précis et les taux de variations qui se produiront dans le courant du siècle à venir et d'en reconsidérer les implications afin de s'adapter..
(Caractères en gras de l'auteur du site).
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Si on voulait résumer le résumé en quelques mots, plus aisément compréhensibles, on dirait que :

Des géologues néozélandais, spécialisés dans l'étude des îlots coralliens, ont comparé des photos aériennes historiques, notamment datant de la dernière guerre (en 1943-44), avec les observations satellitaires récentes.
A la surprise générale, et malgré la hausse constatée du niveau des mers dans cette région du Monde, la très grande majorité des îlots ont augmenté leur superficie ou ne l'ont pas changé depuis 1943-1944. De plus, les chercheurs ont observés des évolutions dans la forme et la position de ces îlots. Les chercheurs en concluent que les îlots coralliens sont, en réalité, des territoires dynamiques qui s'adaptent et croissent de manière à compenser, et parfois au delà, la hausse du niveau des mers. Ils ont notamment observé de nombreuses situations d'accumulation de dépôts sédimentaires sur la marge continentale en progression vers le large, dessinant des biseaux descendants. (Ce qui traduit, très généralement, une baisse du niveau marin et qui est évidemment totalement paradoxal dans un océan en hausse)
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Voici, ci-contre, la zone du Pacifique où se trouvent les 27 îlots coralliens explorés au cours de cette étude. Comme on le voit, les îlots se situent à l'est de l'australie et de la Nouvelle Guinée et au Nord de la Nouvelle Zélande.

Tuvalu et Vanuatu situés au centre de la carte sont les plus connus.

Je rappelle que les Maldives qui présentent un comportement semblable et sur lesquels travaillent aussi Paul Kench et ses collègues, se trouvent au Sud Ouest de l'Inde.

A noter qu'une série de forages prélevés dans les Maldives montre que les îlots actuels ont atteint leur configuration actuelle depuis 4000 à 5000 ans.

 

 

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Deux exemples, parmi beaucoup d'autres, extraits de l'article, de la comparaison entre les photos aériennes prises en 1944 (côtes indiquées en tiretés) et les photos récentes (côtes en trait plein).

Ci-contre à droite : Fig. 8. Lignes de côtes 1944–2006, Îlot de Mwandhom, Atoll Mokil, Etats Fédérés de Micronésie. "Reef rim" désigne la bordure de récifs (coralliens).

Comme on le constate, la superficie de l'île a augmenté presque partout, de 1946 à 2006, à l'exception d'une petite portion située à l'opposé du lagon. L'îlot s'est donc légèrement déplacé vers le lagon comme 65% des îlots répertoriés dans l'article.

Ci-dessous : Fig. 7. Îlot de Sukoru, Atoll Pingelap, Etats Fédérés de Micronésie.
On distingue les arbres sur cette photo. Une fois encore l'îlot a augmenté sa superficie et s'est déplacé vers le lagon.

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A noter qu'une série importante d'îlots coralliens montrent des comportements analogues que l'ont peut observer sur des durées aussi courtes que les 20 dernières années, ce qui signifie que le temps de réponse de ces îlots à une hausse, même faible, du niveau de la mer, est relativement rapide. Il n'en reste pas moins que nul ne peut prévoir ce qu'il se passerait si le niveau des eaux augmentait très rapidement, au point de dépasser la capacité d'adaptation des plateformes coralliennes. Cependant, dans l'état actuel des choses, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.

Bien entendu, une partie importante de l'article est consacrée à l'analyse des facteurs qui pourraient faire évoluer dans un sens ou dans l'autre, la protection des îlots vis à vis de la hausse du niveau des mers, offerte par la Nature. On y apprend, en particulier, que les poissons perroquets ainsi que des algues spécifiques jouent un rôle déterminant dans la survie des coraux et donc pour l'avenir des îlots coralliens.
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Un certain nombre d'organes de la grande presse anglophone ou germanophone ont rapporté sur ces observations. L'article le plus complet qui a manifestement servi de références à la plupart des autres publications, provient d'un organe de la grande presse allemande, le Spiegel.

Voici quelques, déclarations de Paul Kench, recueillies par des organes de presse anglophone ou germanophones :

"Ces îles sont comme des organismes vivants qui grossissent. Elles évoluent constamment et parfois même, cessent d'exister". (IPCC news)

""Nous prenons le changement climatique très au sérieux" dit Kench. "Mais de manière à prédire correctement les conséquences réelles pour les atolls, nous devons d'abord comprendre comment ils vont effectivement répondre à une hausse future du niveau des mers". Jusqu'à présent, la recherche sur les conséquences du changement climatique est partie d'un modèle relativement simpliste selon lequel les îlots devraient avoir déjà rétréci depuis un certain temps. En dépit de ses faiblesses, ce modèle est encore utilisé aujourd'hui et a même joué un rôle dans le rapport du GIEC. Kench et ses collègues qui ont baptisé leur groupe de recherche sur les atolls du nom de REEForms (Ndt : Probablement un jeu de mots : REEform (forme des récifs) pour REForme, sous-entendu, réforme du modèle) pensent qu'il est grand temps d'abandonner le modèle." (IPCC news)

Après la révérence requise au "changement climatique", Kench émet de sérieuses réserves sur les modèles "simplistes", utilisés et propagés par les organismes internationaux comme le GIEC..

D'ailleurs, au sein même de l'article commenté ici, Webb et Kench critiquent vertement le modèle utilisé par le GIEC en écrivant (à la page 245) :

"Whilst numerous studies have critiqued the use of this model for predicting shoreline change in response to sea level rise on sandy shorelines (e.g. Cooper and Pilkey, 2004) its continued use and advocacy at an international level is perplexing and ultimately misleading."

"Alors que de nombreuses études ont critiqué l'utilisation de ce modèle (NdT : celui qui est utilisé par le GIEC) pour la prédiction du déplacement de la ligne de côte en réponse à une hausse du niveau marin sur les lignes de côtes sablonneuses, (par exemple : Cooper et Pilkey, 2004), (NdT: soit plusieurs années avant la rédaction du rapport AR4 du GIEC publié en 2007), son utilisation persistante et son apologie au niveau international laissent perplexe et, en définitive, sont trompeuses."
(NDT : C'est une critique non déguisée, en particulier, à l'encontre du rapport AR4 du GIEC : S'agit-il d'un nouvel Atollgate ?)

“Tout le monde pense que toutes les îles sont pareilles. Les gens s’imaginent qu’il s’agit de gros blocs de béton immobiles qui se retrouvent automatiquement noyés lorsque l’eau monte.” Mais les îles ne sont pas statiques. Tuvalu et les autres atolls - des îles coralliennes en forme d’anneau autour d’un lagon - sont particulièrement dynamiques. Les morceaux de corail qui se détachent des récifs sont projetés vers le rivage. “L’histoire de la plupart de ces petits Etats le montre : les îles grandissent, s’érodent ou se modifient en réaction aux tempêtes ou aux cyclones.” Selon Paul Kench, le cyclone Bebe de 1972 a ainsi fait grandir quelques petites îles en y apportant des rocailles. " (Source : Réseau Action Climat qui est évidemment particulièrement alarmiste sur le réchauffement climatique mais qui a repris un article de Leslie Allen du Smithsonian Magazine)

A noter que tout en affirmant que le nombre et l'intensité des cyclones augmente (ce qui est démenti par les observations et qui va à l'encontre de ce que disent les auteurs de l'article qui déclarent que les cyclones et tempêtes sont plutôt des acteurs de renforcement des îles) ), l'article du Smithsonian Magazine, repris par le RAC, cite aussi les observations du Professeur Wolfgang Scherer (en 2000) qui rejoignaient assez précisément celles du Professeur Niels Axel Mörner :

"... Wolfgang Scherer, le directeur du National Tidal Centre (NTC) [centre d’observation des marées], a déclaré qu’après sept ans d’observations et de mesures rien ne permettait d’affirmer que les eaux montaient. Tuvalu a reçu une vraie gifle : le NTC annonçait que le niveau de la mer à Funafuti avait, en réalité, baissé de 8,7 cm depuis 1993.
Cette annonce a provoqué chez certains l’incrédulité quant aux inquiétudes des Tuvaluans. Les dirigeants du pays venaient de demander à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande de leur accorder le statut de réfugiés climatiques. Les sceptiques considèrent maintenant ces pressions comme un stratagème pour favoriser les perspectives économiques des Tuvaluans à l’étranger. "
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Cet article retentissant de Paul Kench et de son collègue Webb a donc fait l'objet d'une diffusion notable dans les autres pays développés et tout spécialement en allemagne, grâce à l'article, fort bien documenté du très réputé Spiegel.

Je n'ai rien vu de tel dans la grande presse écrite francophone ni dans les autres médias nationaux, non plus que sur leurs sites WEB.
Pourquoi ?

Le sort des Maldives, des Seychelles et des autres îlots coralliens, ce n'est pas suffisamment intéressant ?
Un grand titre, en une, du style "L'achat de l'île d'Arros constituait un bon placement" serait plutôt attractif, par les temps qui courent.

Il est clair que les constats de Webb et Kench ne doivent pas faire plaisir à tout le monde, en sus du Président des Maldives et des membres de l'AOSIS...
Quoiqu'il en soit et désormais, si on nous parle des "réfugiés climatiques" des atolls coralliens, nous saurons quoi répondre...

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Addendum du 8 juillet 2010 : Charles Darwin avait correctement décrit (et publié) le processus de construction et d'évolution des atolls, dès 1878 !

Tout le monde sait que Charles Darwin (1809-1882), l'auteur de la célèbre théorie de l'évolution, était un naturaliste hors-pair.
Par contre, peu de gens savent que ses talents d'observateur s'exerçaient également en météorologie et en géologie.
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Sa formation de naturaliste le conduisit à effectuer un long périple autour du monde qui dura cinq années (1831-1836) (représenté sur l'image ci-contre), à bord du HMS Beagle. C'est au cours de ce voyage qu'il effectua un grand nombre d'observations qui devaient constituer l'ossature de la théorie de l'évolution.
Parmi d'autres, il fit aussi une observation remarquable et qui aurait due être reconnue comme telle mais qui fut ignorée par ses successeurs, sur la corrélation étroite qui existe entre les oscillations ENSO (et notamment la Niña) et les sécheresses ainsi que ceci est rappelé dans cet article de l'AMS, l' American Meteorology Soc.

Pour ce qui nous concerne ici, c'est au cours de son périple à bord du Beagle que Charles Darwin émit l'hypothèse selon laquelle les atolls coralliens se formeraient sur des cônes volcaniques en cours de submersion, (comme cela est expliqué ci-dessus), ce qu'il a confirmé par son séjour dans l'archipel corallien de l'océan Indien des îles Cocos (autrefois, îles Keeling).

Un lecteur érudit (que je remercie) m'a transmis des photocopies de quelques pages de la quatrième édition du livre (publié en 1878) que Darwin publia dès 1845, ainsi que l'article de W. J. Sollas (1898), et quelques autres documents, eux aussi à propos des atolls coralliens. darwin1

Voici ci-contre le fac similé de la couverture du livre de Darwin, traduit par M. L. Cosserat:

 

On trouve dans ce livre un certain nombre de remarques et de dessins qui corroborent les découvertes de Webb et Kench décrites ci-dessus. On y lit, en particulier ce texte visionnaire (ci-dessous) de Darwin sur la formation des atolls :

darwin3

Ainsi Darwin avait déjà compris, en 1845, que ce sont les détritus, accumulés par la mer qui déterminent la hauteur maximale des récifs situés sur des plateformes coralliennes.

Quelques décennies plus tard, en 1898, un autre chercheur anglais, W. J. Sollas écrivit un article de revue ("Funafuti : The story of a corall atoll", Natural Science, vol. XIV, N°83) reprenant et développant les idées de Darwin sur la formation et l'évolution des atolls coralliens, appliquées à Funafuti. Son texte et ses observations sont aussi en accord avec l'article de Webb et Kench commenté ci-dessus.

Dès lors, en possession des éléments publiés par Darwin, dès 1845 et repris dans les années qui suivirent, ainsi que des écrits de ses nombreux successeurs comme les auteurs de l'article décrit ci-dessus, on peut se demander quelle est la justification scientifique des modèles utilisés par le GIEC que Kench commente, lors d'un interview, de la manière suivante :

" Jusqu'à présent, la recherche sur les conséquences du changement climatique est partie d'un modèle relativement simpliste selon lequel les îlots devraient avoir déjà rétréci depuis un certain temps. En dépit de ses faiblesses, ce modèle est encore utilisé aujourd'hui et a même joué un rôle dans le rapport du GIEC". alofa

 

Il faut reconnaître que la perspective de l'engloutissement des îlots coralliens permet à certains de faire de la "pédagogie" à bon marché et à d'autres, des "documentaires catastrophes" que l'on passe aux heures de grande écoute pour faire monter l'audimat. Sans préjuger d'autres arrière-pensées.

Tout comme mon lecteur averti qui m'a aussi transmis ce document, je vous invite à prendre connaissance de la plaquette en forme de bande dessinée coéditée par l'Association Alofa-Tuvalu et par l'ADEME qui est une agence gouvernementale, donc financée par l'argent public et censée promouvoir les économies d'énergie à partir de bases scientifiques solidement établies.
Cette plaquette Alofa-Tuvalu ADEME est destinée à sensibiliser les enfants, considérés comme de "futurs émigrés climatiques"...

En voici, la couverture, ci-contre.

On y trouve une chanson savoureuse, écrite par l'auteur de cette plaquette (le chanteur Kent). On y parle de "CouleTuvalu, Venise des mérous".

La rime est assez bien trouvée mais elle ne semble pas du tout émouvoir les habitants de ces territoires. Un article scientifique tout récent montre que ces derniers n'ont d'ailleurs absolument pas l'intention de quitter leurs îlots. D'ailleurs, si le niveau de la mer s'élevait (ce qu'il ne fait pas), qu'est-ce qui les empêcherait de construire des digues comme cela a déjà été pratiqué dans certains atolls pour se prémunir des vagues déferlantes et récupérer du terrain constructible ?

Sans doute, les habitants de Tuvalu ont-ils fait, sur place, les mêmes observations que Webb et Kench, ou encore que les professeurs Niels-Axel Mörner et Wolfgang Scherer, le directeur du National Tidal Centre (NTC) [centre d’observation des marées]et de beaucoup d'autres avant eux, plutôt que de faire confiance aux prédictions du GIEC, une fois de plus, basées sur des modèles simplistes (dixit Kench), exagérément pessimistes et déjà démentis par les faits .

 

18 Juillet 2010 : Il n'y a rien d'exceptionnel dans la fonte actuelle de la glace de la Péninsule Ouest de l'Antarctique. Elle s'est déjà produite plusieurs fois et a été, au moins aussi intense, au cours de l'histoire récente.

Tel est le message rassurant d'un article scientifique qui vient de paraître dans la revue GEOLOGY, en ce mois de Juillet 2010, sous la signature de trois chercheurs américains.

En effet, que n'avons nous pas entendu et lu, sur la disparition "'apocalyptique" et soi-disant "sans précédent" d'énormes blocs de glace détachés de la péninsule Ouest de l'Antarctique ?
Le comportement de la WAP (West Antarctic Peninsula), la Péninsule Antarctique Ouest, a fait l'objet de plusieurs articles scientifiques commentés, plus bas, dans cette même page (ici, ici sur la plaque Wilkin et encore ici). Inutile de préciser que les résultats de la recherche scientifique n'ont pratiquement rien à voir avec les déclarations alarmistes entendues et lues ici ou là.
Certains "reporters" n'ont pourtant pas hésité à réutiliser (sans le préciser) des photos prises lors des années précédentes, pour maintenir le lecteur en haleine, année après année....

wap3

A défaut d'observer la moindre diminution de la banquise de l'immense continent Antarctique qui, bien au contraire, s'agrandit d'année en année, comme le montre le graphique ci-contre du NSIDC (actualisé au 16 juillet 2010, voir sur cette page), l'attention des médias et de certains "experts" s'était entièrement focalisée sur la petite péninsule Ouest qui n'est d'ailleurs rien d'autre que le prolongement de la Cordillère des Andes américaine.
De fait, cette péninsule Ouest est parsemée de sommets qui culminent à 2800m et une activité volcanique intense y a été clairement identifiée.

Ainsi, faute de faire les gros titres avec la banquise du vaste continent du pôle Sud qui "ne va pas dans le bon sens", la Péninsule Ouest de l'Antarctique est devenue, pour beaucoup, "le canari dans la mine" du réchauffement climatique anthropique au pôle Sud, à l'instar de la mer glacée Arctique pour le pôle Nord. Tout ce qui se produisait dans la Péninsule résultait de l'activité humaine, bien entendu....

Comme toujours et plus spécialement pour ce qui concerne le climat de notre planète, les leçons du passé sont bonnes à prendre. En effet, l'alarmisme ambiant prend sa source dans le caractère soi-disant "sans précédent" des observations objectives effectuées sur le terrain. Lesquelles se limitent, en général, et pour ce qui concerne le pôle Sud, au trois dernières décennies correspondant à l'ére spatiale (c'est à dire l'ère des satellites). C'est très (trop) peu, pour déclarer que ce qu'il se passe actuellement est "sans précédent", comme va nous le montrer l'article scientifique qui est le sujet de ce billet.

Inutile de dire que les découvertes que je vais décrire ci-dessous ne vont pas faire plaisir à tout le monde.
Je serais vraiment très étonné que l'article suivant, pourtant dûment peer-reviewé et publié dans une revue appréciée, soit cité dans le prochain rapport du GIEC (l'AR5).
Voici donc cet article dont Phil Jones, l'ex-directeur du CRU, récemment réhabilité par la Commission Muir Russel, pourrait écrire à Michael Mann (comme il l'a fait dans les courriers du Climategate, au sujet d'autres articles peer-reviewés mais "dérangeants") : "Je ne vois pas comment un seul de ces articles pourrait figurer dans le prochain rapport du GIEC. Kevin (NdT: Kevin Trenberth) et moi nous l'empêcherons par n'importe quel moyen, même si pour cela nous devons redéfinir ce qu'est la littérature revue par les pairs !" (Sic).
Cela méritait bien une absolution.

Et de fait, cet article est particulièrement perturbant puisqu'il montre explicitement, preuves à l'appui, que la fonte locale de la Péninsule Ouest de l'Antarctique n'est pas du tout "sans précédent"....Bien au contraire.
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GEOLOGY 38 (7): 635. (Juillet 2010)

Réduction de la couverture de glace dans la Péninsule Ouest de l'Antarctique, de 700 à 970 ans avant le présent.
Reduced ice extent on the western Antarctic Peninsula at 700–970 cal. yr B.P.
B.L. Hall, T. Koffman, and G.H. Denton
Department of Earth Sciences and the Climate Change Institute, University of Maine, Orono, Maine 04469, USA
Raytheon Polar Services, Centennial, Colorado 80112, USA

Je rappelle que la datation fréquemment utilisée par les géologues, "700 avant le présent" signifie, par convention, 700 ans avant 1950, soit l'année 1250 après J.C. De 700 à 970 avant le présent couvre donc la période allant de 980 à 1250 après J.C. de notre calendrier.

Comme à l'accoutumée, voici le résumé original en anglais suivi d'une traduction en français.

Abstract: Rapid warming and consequent ice-shelf collapse have focused attention on the glacial record of the Antarctic Peninsula. Here, we present the first record of terrestrial organic material exposed by recently retreating ice that bears on past glacier extent and climate in this sensitive region. Radiocarbon dates show that ice on Anvers Island was at or behind its present position at 700–970 cal. yr B.P., coincident with ice reduction elsewhere in the Southern Hemisphere. Moreover, the data indicate that present reduced ice extent on the western Antarctic Peninsula is not unprecedented and is similar to that experienced during at least three periods in the last 5600 yr.

Résumé : "Le réchauffement rapide et l'écroulement subséquent d'importantes plaques de glace ont attiré l'attention sur l'évolution de la glace de la Péninsule Antarctique. Dans cet article, nous présentons les premières données tirées de matériaux organiques terrestres qui ont été mis à jour lors des retraits glaciaires récents. Ils apportent des enseignements sur l'étendue passée du glacier et sur le climat de cette région sensible. La datation au radio-carbone montre que la glace sur l'île d'Anvers était identique ou en retrait par rapport à sa position actuelle pendant la période 770-970 BP (NdT : Before Present : avant le présent), ce qui coïncide avec la réduction de la glace observée ailleurs dans l'hémisphère Sud.
De plus, nos données montrent que la réduction de l'extension de la glace dans la Péninsule Ouest de l'Antarctique n'est pas sans précédent et qu'elle est semblable à celle qui a eu lieu pendant, au moins, trois périodes durant les 5600 dernières années."
(caractères engraissés par l'auteur du site)
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Où ont été faites les observations rapportées dans cet article ? wap1

 

 

Extrait de la Figure 1. : Carte détaillée de la péninsule Ouest de l'Antarctique avec indication de la position de l'île d'Anvers où ont été prélevés les échantillons utilisés pour cet article.

Insert en haut à gauche : situation de la Péninsule Ouest de l'Antarctique par rapport au continent Antarctique.

 

 

 

 

 

Voici comment ont été obtenus les échantillons de matériaux organiques anciens qui sont utilisés dans cette publication :wap6

 

Comme on le voit sur la photo ci-contre qui est un extrait de la Figure 2 de l'article, le retrait récent de la couverture glacée de l'île d'Anvers, laisse à découvert certaines zones qui apparaissent en noir sur la photo.
L'échelle est indiquée par le skieur présent sur la photo (sans doute un membre de l'équipe de recherche). Les dates indiquées dans les encadrés blancs sont les dates calendaires B.P. obtenues par datation au carbone 14, accompagnées de leur marges d'erreur.
Ces zones découvertes par le retrait du glacier qui figure à l'arrière plan de la photo originale, laissent apparaître des mousses anciennes (moss) ainsi que des coquillages (shells) qu'il suffit de dater. Il est inutile de préciser que le fait que des mousses et des coquillages aient pu se développer à cet endroit, indique que cette partie du glacier était dépourvue de couverture glacée à cette époque reculée. Ce qui montre que le recul du glacier était au moins aussi important que le recul actuel, comme le notent les chercheurs dans le résumé (citation extraite du résumé : " la glace sur l'île d'Anvers était identique ou en retrait par rapport à sa position actuelle").

Voici, maintenant les résultats des datations effectuées par les chercheurs sur les échantillons prélevés dans les divers sites découverts par le retrait du glacier.

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Table 1 : Données issues de la datation au radio-carbone (C14) tirées des mousses et des coquillages récemment découverts par le retrait de la glace.

La datation est indiquée dans la 5ème colonne (Cal. age yr BP) (années avant le présent). On y voit que des coquillages datent de 3719 et 5535 avant le présent.Les mousses, elles, datent de la période 700-970 avant le présent.

 

Dans la suite de l'article, les chercheurs comparent leurs résultats avec ceux qui ont été obtenus dans différentes régions du monde. Pour l'hémisphère Nord, ils prennent l'exemple des glaciers Suisses que nous avons déjà évoqués dans cette page. Pour l'hémisphère Sud, et outre la Péninsule Ouest Antarctique, les chercheurs ont collecté les données issues de mesures effectuées en Nouvelle Zélande.

Voici une reproduction de la Fig. 4 de l'article, accompagnée d'une traduction de sa légende :

wap2

 

Figure 4. "Comparaison des datations des mousses avec des données bien datées provenant des hémisphères Nord et Sud, modifiées selon Schaefer et al (2009).

Le graphe en haut montre les fluctuations des glaciers Alpins (Holzhauser et al., 2005), tandis que celui du dessous indique les températures en Nouvelle Zélande tirées des cernes de croissance des arbres (Cook et al, 2002), les dates des épisodes de construction des moraines en Nouvelle Zélande obtenues à partir du Be10 cosmogénique (Shaefer et al, 2009, indiquées comme des probabilités, les probabilités élevées indiquant l'époque de la formation des moraines), ainsi qu'un graphique de probabilité indiquant l'époque des mousses (cet article). Noter que la période de chaleur déduite de ces observations (déduite des dates des mousses et représentée en grisé) de la Péninsule Ouest de l'Antarctique est contemporaine d'un réchauffement analogue et d'un retrait des glaciers observé en Nouvelle Zélande."

 

Notez que cette période de réchauffement du pôle Sud correspond, comme le précisent les auteurs, au premier "blip" du refroidissement de l'hémisphère Nord, annonçant la venue du petit âge glaciaire (les glaciers Suisses ont avancé) subséquent. Le petit âge glaciaire s'est prolongé pendant plusieurs siècles jusque vers 1900.

Comme toujours, la conclusion de cet article résume le contenu de la publication et ouvre des perspectives. Elle est intéressante à plusieurs titres et se distingue notablement de celles de nombreux articles que nous avons commentés, en ce sens qu'on n'y trouve aucune "phrase magique", ni aucune révérence au réchauffement climatique anthropique. Au contraire, même, si on en juge par les quelques dernières phrases de cet article que voici :

Fin de la conclusion de l'article :

..."Moreover, in contrast to our data, glacial records from Europe show that the first pulse of the Little Ice Age occurred at ca. 700–970 cal. yr B.P. (Fig. 4). If our interpretations of western Antarctic Peninsula data are correct, then this hints at asynchronous behavior between at least parts of the two hemispheres, a conclusion also reached by Schaefer et al. (2009) and Ljung and Björck (2007), among others. Such asynchrony, if borne out by additional data, would argue against hypotheses of millennial-scale climate change involving direct solar or greenhousegas forcing and favor instead mechanisms such as the bipolar seesaw (Broecker, 1998, 2001) or control by local insolation or wind patterns."

Et une traduction de cet extrait :

"De plus, et à l'opposé de nos données, les enregistrements de glace Européens montrent que la première impulsion du Petit Âge Glaciaire s'est produite vers 700-970 avant le présent (Fig. 4). Si nos interprétations sur la Péninsule Ouest de l'Antarctique sont correctes, ceci met en évidence le comportement asynchrone d'au moins des parties des deux hémisphères. C'est une conclusion à laquelle sont déjà parvenus Schaefer et al (2009), ainsi que Ljung et Björck (2007), parmi d'autres. Une telle asynchronisation, si elle est supportée par des mesures supplémentaires, irait à l'encontre de changements climatiques à l'échelle du millénaire impliquant l'action directe du soleil ou du forçage par les gaz à effet de serre. Au contraire, elle irait en faveur de mécanismes tels que celui de la bascule bipolaire (Broeker, 1998, 2001) ou du contrôle par l'insolation locale ou les régimes de vents."

Voilà qui nous ramène, en particulier, à l'excellent article de Petr Chylek et al sur la bascule polaire que vous trouverez ci-dessous.

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Cet article montre clairement que le recul des glaciers de la Péninsule Ouest de l'Antarctique s'est produit plusieurs fois au cours de l'histoire récente, à des époques où l'influence humaine ne peut être mise en cause.
Nul doute qu'il ne recevra rigoureusement aucune couverture médiatique et qu'il demeurera enfoui dans les oubliettes sans fond où vont s'accumuler les articles peer-reviewés "dérangeants", passés sous silence par le GIEC et ses disciples.

J'espère me tromper.
Un débat scientifique, sans aucune exclusive, finira-t-il, peut-être, par voir le jour...
En matière de Sciences, les faits finissent toujours par s'imposer. Mais l'attente peut parfois être très longue.

 

08 Juillet 2010 : La bascule polaire : Quand l'antarctique se refroidit, l'arctique se réchauffe et vice-versa, et ceci tout au long du XXème siècle. L'Oscillation Multidécennale Atlantique (AMO) serait la cause de ce couplage. Ce basculement, parfaitement naturel, pourrait être responsable d'au moins la moitié du réchauffement de l'Arctique. C'est ce qu'a montré, tout récemment, une équipe de chercheurs américains, canadiens et du royaume-uni.

C'est la "bascule polaire" que j'avais déjà évoquée dans ce billet à propos d'un article sur la cosmoclimatologie de
Svensmark. tapecul


Le terme anglais pour désigner cette "bascule" est "seesaw" qui se traduit pluôt en français par "tapecul", une sorte de balançoire enfantine représentée ci-contre. En langage plus savant, on dirait "un système à deux états stables ou bistable, ou encore flip-flop (langage des électroniciens) ou système bi-polaire (cad à deux pôles qui n'ont rien à voir ici avec les pôles terrestres)". "Tapecul" est une traduction probablement plus exacte et plus imagée pour "seesaw" que "balance", mais je me voyais mal intituler cet article par "le tapecul polaire" comme vous le comprendrez aisément.

En guise d'introduction ...

Cette découverte (pour ce qui concerne le XXème siècle, car, en réalité, cette observation est connue aussi pour des temps reculés) est d'une assez grande importance dans le débat (pour ne pas dire la bataille), qui oppose les tenants de la thèse officielle du GIEC à ceux qui défendent l'idée que les variations climatiques actuelles sont, sinon en totalité du moins en grande partie, d'origine naturelle. En effet et comme vous l'avez certainement lu et entendu à de multiples reprises, l'Arctique est considéré par les supporters de la thèse officielle, comme "le canari dans la mine".
Selon ces derniers, si la température augmente au pôle Nord et si la mer de glace Arctique où les glaciers du Groenland fondent, "c'est de la faute au CO2 anthropique", parce que, selon les modèles informatiques du GIEC, l'Arctique serait particulièrement sensible au réchauffement (anthropique).

D'où une kyrielle de "processions aéroportées" (pour reprendre l'expression ironique de Pierre Morel) de personnalités VIP (ministres, conseillers soigneusement sélectionnés etc.), en direction du pôle Nord, organisées par les supporters du GIEC (voir ici et aussi ici) pour assister au recul d'un glacier... qui, en réalité, a commencé, au moins, depuis les années 1800.

Bizarrement, comme certains l'ont fait remarquer, l'Antarctique -le pôle Sud- n'a jamais bénéficié des honneurs de telles "processions aéroportées".

On s'en étonne car, comme chacun le sait, le continent Antarctique est de très loin, la plus grande réserve d'eau glacée de la planète. Sa fonte, si elle se produisait, pourrait avoir de graves conséquences sur le niveau des mers alors que celle de la mer Arctique n'en aurait pratiquement aucune. Alors pourquoi ce désintérêt médiatico-politique pour l'immense continent Antarctique ?

De fait, comme le savent bien ceux qui suivent avec attention les indicateurs climatiques, la banquise Antarctique non seulement ne fond pas (ce qui n'est pas très spectaculaire), mais elle a, actuellement, même tendance à accroître son immense surface, d'année en année. Même si la (relativement) petite péninsule Ouest qui n'est rien d'autre que le prolongement Sud de la cordillère des Andes a tendance à fondre, localement pour des raisons qui n'ont d'ailleurs pas grand-chose à voir avec le réchauffement anthropique.

Si vous vous hasardez à poser la question à des supporters du GIEC, ils vous répondront immanquablement que, bien que s'agissant des deux pôles de la planète, l'Antarctique n'a vraiment rien a voir avec l'Arctique et que la situation y est complètement différente.
Ce sont deux mondes complètement distincts, nous dit-on. L'Antarctique est un continent. L'Arctique, une mer glacée (en oubliant au passage, le Groenland). On vous expliquera aussi que l'Antarctique est certainement affecté par le trou de l'ozone et un "vortex polaire", que les cendres (soot) ne s'y déposent pas de la même façon qu'en Arctique (ce qui est exact), que l'Arctique est directement couplé au réchauffement anthropique (c'est même le "canari dans la mine") tandis que l'Antarctique qui est une sorte de continent "isolé", lui, ne l'est pas etc... On vous dira, de toute manière, "rassurez-vous, on a tenu compte de tout. Tout cela est prévu par les modèles informatiques hypersophistiqués qui traitent chacun des pôles selon ses spécificités". D'ailleurs et en règle générale, les modèles informatiques ont toujours tout prévu. Quoiqu'il arrive.

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Et c'est ainsi que l'Arctique et ses ours blancs sont devenus les totems des thuriféraires du réchauffement climatique anthropique, prôné par le GIEC et donc, le sujet favori des journalistes scientifiques francophones, et aussi (hélas) de quelques responsables politiques. Mettre en berne la bannière du Réchauffement Climatique Anthropique que représente l'Arctique, c'est porter un rude coup à l'"Establishment climatique".

 

Maintenant que vous connaissez le contexte et l'état d'esprit des supporters de "l'Establishment climatique " sur cette question, vous pouvez imaginer le malaise ressenti, ou les haussements d'épaules, quand ils voient publier, dans une des meilleures revues scientifiques, sous la plume d'auteurs reconnus et appréciés, un article qui montre que les températures de l'Arctique et de l'Antarctique ne sont pas du tout indépendantes l'une de l'autre, mais, au contraire, qu'elles sont fortement corrélées et qu'au moins 50% de l'évolution récente de la température Arctique serait due à un phénomène aussi cyclique que naturel...
Voici l'article en question :

Bascule bi-polaire du vingtième siècle des températures de surface de l'Arctique et de l'Antarctique.
"Twentieth century bipolar seesaw of the Arctic and Antarctic surface air temperatures"

Petr Chylek, Chris K. Folland, Glen Lesins, and Manvendra K. Dubey.

P. Chylek, Space and Remote Sensing, Los Alamos National Laboratory, USA
M. K. Dubey, Earth and Environmental Sciences, Los Alamos National Laboratory, USA
C. K. Folland, Met Office Hadley Centre for Climate Change, UK
G. Lesins, Department of Physics and Atmospheric Science, Dalhousie University, Canada.

GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 37, L08703, doi:10.1029/2010GL042793, 2010 (publié le 22 Avril 2010).

Comme à l'accoutumé voici le résumé original suivi d'une traduction :

4. Summary
A bi‐polar seesaw pattern of the paleo temperature has been observed earlier in the Greenland and Antarctic ice core data. For the first time we identify a bi‐polar seesaw pattern in the 20th century Arctic and Antarctic instrumental temperature records. The detrended multidecadal scale variability of the Arctic and Antarctic temperature time series are highly anticorrelated. When the Arctic warms Antarctica cools and vice versa. This multidecadal variability combines with the general warming trend (presumably dominated by anthropogenic GHGs) to produce the observed Arctic and Antarctic temperature patterns. The intense Arctic warming since the 1970s (Figure 1a) arises from an additive combination of the general global warming trend with the warming phase of the multidecadal climate oscillation, while in Antarctica the cooling phase of the multidecadal oscillation opposes the general warming trend leading to essentially no significant Antarctic temperature change since the 1970s (Figure 1b). [18] The high correlation of the polar de‐trended temperature time series with the AMO index suggests that the variability of the Atlantic ocean circulation might serve as a link with the bi‐polar temperature seesaw pattern. The observed seesaw pattern is consistent with the model of the interhemispheric ocean circulation that includes a strong upwelling along the Antarctic Circumpolar Current.

4. Résumé :
"Un basculement bi-polaire de la paléo-température a été déjà observé dans les données des carottages glaciaires du Groenland et de l'Antarctique. Nous identifions, pour la première fois, un comportement de bascule bi-polaire dans les données de température instrumentales du XXème siècle de l'Arctique et de l'Antarctique. La variabilité sur une échelle multidécennale corrigée des séries de données de la température Arctique et Antarctique sont fortement corrélées. Quand l'arctique se réchauffe, l'Antarctique se refroidit et vice versa. Cette variabilité multidécennale se combine avec la tendance au réchauffement global (qui est présumée dominée par les gaz à effets de serre anthropiques) pour conduire aux tendances observées des températures Arctique et Antarctique. Le réchauffement intense de l'Arctique depuis 1970 (Fig. 1a) résulte d'une combinaison additive du réchauffement global avec la phase de réchauffement de l'oscillation multidécennale du climat tandis qu'en Antarctique la phase de refroidissement de l'oscillation multidécennale s'oppose au réchauffement général, conduisant à une variation de température non significative depuis les années 1970 (Fig. 1b). La forte corrélation des données de température polaire corrigées avec l'indice de l'AMO suggère que la variabilité de la circulation de l'océan Atlantique pourrait servir de lien pour la bascule bi-polaire des températures. Le basculement observé est cohérent avec le modèle de circulation hémisphérique qui implique une forte remontée de courants le long du Courant Circumpolaire Antarctique."
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chylek

J'ai déjà souvent évoqué les articles ou les déclarations de Petr Chylek, le responsable de cette publication, dans plusieurs billets (ici, ici, ici et (réflexions sur les suites du Climategate). Petr Chylek qui est un scientifique renommé et expérimenté (cad plus très jeune) du SRS de Los Alamos, ne se considère pas comme un climato-sceptique mais plutôt comme un "réaliste". Il se base essentiellement sur les observations et, le plus souvent, ses observations dérangent.
Les faits sont têtus, disent les scientifiques.

Voici, par exemple, comment, Chylek et ses collègues expliquent, dans l'introduction de cet article, la motivation de leur recherche sur l'évolution comparée des températures de l'Arctique et de l'Antarctique.
Je rappelle que les textes publiés au GRL sont divisés en paragraphes numérotés, ce qui facilite les citations et le processus de referee.

Au paragraphe [3], Chylek et al reconnaissent que les modèles dits AOGCM (Modèles de Circulations Générale de l'Atmosphère et des Océans ont assez correctement prévu le réchauffement récent de l'Arctique par rapport au réchauffement global, mais, au paragraphe suivant [4] Chylek ajoute que :

[4] However, there are still unanswered questions concerning the Arctic climate and its evolution that cast some doubt on the above explanation. The first problem is that the early 20th century (1910–1940) rate of the Arctic warming (0.63 K/decade) was at least as high as the 1980–2008 warming rate (0.60 K/decade), suggesting that natural climate variability can produce a warming similar to the present one. Furthermore, none of the AOGCMs used in the IPCC 2007 climate assessment report has been able to reproduce the early 20th century (1910–1940) Arctic warming followed by a sharp cooling period (1940–1970), although all models simulated the post 1970s warming trend [Gillett et al., 2008]. Consequently our understanding of Arctic climate, its internal variability, its drivers and responses is not yet complete.

"Cependant, il y a encore des questions non résolues sur le climat de l'Arctique qui jettent un certain doute sur l'explication ci-dessus (NdT : celle des modèles AOGCM). Le premier problème est le fait que le taux de réchauffement de l'Arctique ( 0,63K/décennie) durant la première partie du XXème siècle (1910-1940) était, au moins, aussi élevé que le taux de réchauffement de la période 1980-2008 (0,60K/décennie), ce qui suggère que la variabilité naturelle du climat peut produire un réchauffement similaire au réchauffement actuel. De plus, aucun des modèles AOGCM utilisés dans le rapport sur les attributions du climat du GIEC 2007 (NdT : AR4), n'a été capable de reproduire le réchauffement de l'Arctique du début du XXème siècle (1910-1940) suivi d'une période de refroidissement brutal (1940-1970), bien que tous les modèles simulent la tendance au réchauffement post-1970 [Gillett et al, 2008]. Ainsi, notre compréhension du climat de l'Arctique, de ses moteurs et de ses réponses, n'est pas encore complète."

temp1900-2010

C'est le moins que l'on puisse dire.
J'ajouterais qu'on pourrait fort bien transposer les remarques (cruelles) de Chylek qui concernent le climat Arctique au climat global, en reproduisant le graphe des mesures de la température globale officielle du HadCruT (UK) et GISTEMP de la NASA, utilisée par le GIEC. A noter que (les mesures satellitaires n'ont débuté qu'à partir de 1979.
Le voici ci-contre.
On peut aisément retrouver ces courbes en utilisant les graphiques interactifs mentionnés dans la page "indicateurs" de ce site).

Comme vous le voyez et comme Chylek et al le font remarquer pour la température Arctique, le taux de croissance (la pente) de la température du globe de 1910 à 1940 est très semblable à celui qui a été observé de 1980 à 2008. On voit aussi très bien le refroidissement des années 1945-1976, évoqué par Chylek.

Alors que, comme chacun le sait, le taux de CO2 atmosphérique a "considérablement" varié entre ces deux périodes, passant de (280-290) ppm pour la première période à 380 ppm en fin de la deuxième période... Ce graphe ne figure pas dans l'article de Chylek et al.

Au paragraphe [5] de l'article, Chylek et al nous mettent sur la voie de la conclusion de l'article :

[5]. In the following we show that the multidecadal scale variability of detrended Arctic and Antarctic temperature time series were highly anticorrelated during the 20th century. Consequently we suggest that the Atlantic Ocean may provide the physical link leading to the coherent multidecadal scale climate changes of opposite phases in the two polar regions. We further suggest the ocean variability contributed at least as much to the recent Arctic warming as the increase of atmospheric concentration of greenhouse gases (GHGs).

[3]" Dans la suite nous montrons que la variabilité, à l'échelle multidécennale, des séries temporelles de la température corrigée (NdT : C'est à dire la température à laquelle on a soustrait une tendance croissante à peu près linéaire pour la période) de l'Arctique et de l'Antarctique ont été fortement anticorrélées pendant le XXème siècle. En conséquence, nous suggérons qu'il est possible que l'Océan Atlantique constitue le lien cohérent qui conduit à des changements climatiques de phases opposées, à l'échelle multidécennale, de ces deux régions polaires. De plus nous suggérons que la variabilité océanique a contribué au moins autant au récent réchauffement de l'Arctique que la concentration de l'atmosphère en gaz à effet de serre (GES).

Voilà qui est clair.chylek1

Voici, ci-contre, la figure maîtresse de l'article de Chylek et al, accompagnée de la traduction de sa légende :

 

"Figure 2. (a) Séries temporelles de température corrigées
de l'Arctique (en bleu )
de l'Antarctique (en rouge ).
Les données sont lissées avec une moyenne glissante sur une durée de 11 ans (lignes fines) et de 17 ans (lignes épaisses)."

A noter que les axes des ordonnées sont graduées en Kelvin (ou °C). Les courbes représentent les variations dT (les "anomalies") par rapport à une température de référence.

 

 

 

 

"(b) Les valeurs annuelles de indice de l'AMO [d'après Parker et al., 2007] (ligne fine) et la moyenne glissante sur 17 ans (ligne épaisse)."

 

 

 

 

Ces corrélations se passent de commentaires. D'autant plus qu'elles sont renforcées par un diagramme d'auto-corrélation présenté vers la fin de la l'article. Dans la suite, Chylek et al. envisagent les différents mécanismes de circulations océaniques qui pourraient expliquer cette observation aussi remarquable que dérangeante. Je ne peux détailler, ici, les mécanismes invoqués. On les retrouvera dans l'article original.

Plus loin, au paragraphe [16], Chylek et al notent que :

[16] The Arctic and Antarctic temperature seesaw pattern has also been observed in paleo ice core records [Blunier et al., 1998; Blunier and Brook, 2001] and reproduced in paleoclimate modeling []. Thus polar seesaw patterns similar to the one observed during the 20th century may have indeed existed during the past centuries and millennia.

[16]" Le phénomène de bascule des températures de l'Arctique et de l'Antarctique a été aussi observé dans les paléo-enregistrements des carottes de glaces ( [Blunier et al., 1998; Blunier et Brook, 2001] et reproduits dans les modèles paléoclimatiques ( Toggweiler et Bjornsson, 2000). Ainsi, il est possible que le comportement de bascule polaire, semblable à celui qui est observé pour le XXème siècle, ait, en réalité, existé durant les siècles et les millénaires écoulés."
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Commentaires :

1) On pourrait s'étonner de voir figurer le nom d'un membre du Hadley Center (UK) (C.K. Folland), parmi les auteurs de cet article très dérangeant pour l'Establishment. En effet, le Hadley Center constitue, avec le CRU (de East Anglia, le coeur du Climategate) le fer de lance du GIEC au Royaume Uni, et même, au plan mondial.

A mon avis, C.K. Folland n'a pris aucun risque en cosignant cet article, puisqu'il est couvert par sa patronne, Vicky Pope, la responsable des prévisions climatiques au Hadley Center. Cette dernière a affirmé, lors du WCC3 (en début Septembre 2009), que les pertes dramatiques de la glace Arctique résultaient, en partie, des cycles naturels plutôt que du réchauffement climatique du globe.
De fait, Vicky Pope et Chris Folland du Hadley Center sont dans la ligne de cet article de Chylek et al. C'est une évolution aussi récente et étonnante qu'encourageante.

2) Au vu des résultats présentés par Chylek et al, dans cet article, on ne peut s'empêcher de faire remarquer que si le GIEC avait été créé dans les années 1950-1975, c'est l'Antarctique, et non pas l'Arctique, qui aurait été désigné comme le "canari dans la mine".
La presse, les médias et les journalistes "scientifiques", nous auraient menacé d'un désastre planétaire, d'une montée catastrophique du niveau des mers etc. Les politiques auraient suivi le train de même que les créateurs de films catastrophes. Al Gore aurait créé un oped apocalyptique qu'on aurait distribué dans les écoles.
On vous aurait certainement expliqué que la fonte de l'Antarctique résultait de l'activité humaine c'est à dire, à l'époque, des essais nucléaires ou de la pollution industrielle (les aérosols), sans doute les deux. Ce qu'auraient, bien entendu, immédiatement "prouvé", sans ambigüité, les modèles informatiques du GIEC. Une taxe et une bourse d'échange des permis de polluer aurait été mise en place..
Heureusement, à l'époque, personne ne scrutait, à la loupe, le réchauffement de l'Antarctique et il faisait plutôt froid sur la surface du Globe. En réalité, on craignait un nouvel âge glaciaire ce qui a motivé quelques prédictions croustillantes qui n'ont guère dépassé le stade de l'anecdote. Nous l'avons échappé belle !

Compte tenu du caractère cyclique de l'évolution des températures polaires (période 60 ans, une fois encore), il y a gros à parier que l'Arctique qui avait aussi beaucoup fondu dans les années 1930, va rebondir dans les années qui viennent et que l'Antarctique, se réchauffant à son tour, deviendra l'objet de toutes les attentions du GIEC (si Dieu lui prête vie). On peut, sans trop de risque, commencer à préparer les "processions aéroportées" des alarmistes, des journalistes et des politiques, vers l'antarctique, dans les années qui viennent...Quant aux ours blancs, ils seront remplacés, dans l'imagerie populaire, par les manchots empereur, ou, encore, les krills (petites crevettes indispensables à la survie animale en antarctique).
En aparté, j''ajoute qu'il ne faut pas croire que la température est le paramètre fondamental qui régit la fonte des glaciers et des terres englacées du Groenland et de la péninsule Ouest de l'Antarctique. Ce sont les vents et les courants marins comme l'ont montré plusieurs articles parus en 2008.

3) Que va-t-il se passer à la suite de la publication de cet article aussi intéressant que dérangeant ? Compte tenu de notre (longue) expérience dans ce domaine, nous pouvons vous certifier que :

-Les médias n'en parleront pas. Les journalistes scientifiques de la presse à grand tirage (qui s'amenuise) n'en diront pas un mot. Comme d'habitude.
-Les scientifiques du GIEC "oublieront" cet article comme ils l'ont fait pour la plupart de ceux qui sont répertoriés dans ce site. Rien de tel que le silence..
-Le prochain rapport du GIEC (l'AR5) ignorera purement et simplement cet article comme tous ceux (notamment ceux qui traitent de l'influence du soleil) qui jettent un doute sur le crédo.
A moins que Vicky Pope du Hadley Center ou encore Mojib Latif, se décident et parviennent à faire entendre leurs voix. C'est peu probable, mais qui sait ?

Comme me l'a fait remarquer un lecteur averti, il est amusant et intéressant de constater que, peu à peu, les supporters du GIEC commencent à prendre conscience de l'importance cruciale de la variabilité naturelle. Ce que beaucoup de scientifiques sensés considéraient comme un préalable indispensable dès lors qu'il s'agit d'étudier l'influence éventuelle de l'activité humaine sur le climat.

En d'autres termes, il aurait peut-être été plus judicieux d'avoir bien compris le fonctionnement réel de la machine climatique avant de se demander comment et si on pouvait le changer...Cela aurait évité bien des surprises comme celle exposée ci-dessus.
Qui n'est d'ailleurs qu'un exemple parmi beaucoup d'autres...

 

 

Juin 2010 : La fonte des glaciers alpins suisses est corrélée à l'Oscillation Multidécennale Atlantique !
huss23

Envers et contre tout, loin du battage médiatique, des chercheurs consciencieux continuent à faire progresser nos connaissances sur le climat. Et tout particulièrement celles qui vont dans le sens des variations climatiques naturelles...le plus souvent ignorées par la "science officielle".

Une équipe de chercheurs suisses vient de publier un article particulièrement intéressant sur la fonte des glaciers suisses. Ils montrent qu' au moins une grande partie des variations de la fonte et de l'avancée de ces glaciers, sur une durée de 100 ans, suit les oscillations naturelles de la température de l'Atlantique Nord, avec une demi-période proche de 30 ans que l'on retrouve dans de multiples autres observations. D'autre part, ils montrent que la signature de l'Oscillation Multidécennale Atlantique est clairement visible dans la fonte et l'avancée des glaciers suisses depuis 250 ans...

Le titre de cet article est :

"100‐year mass changes in the Swiss Alps linked to the Atlantic Multidecadal Oscillation"
"La variation de la masse des glaciers des Alpes suisses depuis 100 ans, est liée à l'Oscillation Multidécennale Atlantique "

Matthias Huss, Regine Hock, Andreas Bauder, and Martin Funk (Universités de Fribourg et de Zürich)
Publié le 22 Mai 2010 dans Geophys. Res. Lett., 37, L10501, doi:10.1029/2010GL042616.

Cet article fait suite au précédent article de l'équipe de Mathias Huss que j'avais commenté en Janvier 2010 et qui était intitulé
" Fonte prononcée des glaciers Alpins dans les années 1940 due à une forte irradiance solaire" (GRL Vol 36, L23501, doi : 10.1029/2009GL040789, 2009).

Voici le résumé : L'original en anglais, puis une traduction en français.

Thirty new 100‐year records of glacier surface mass balance, accumulation and melt in the Swiss Alps are presented. The time series are based on a comprehensive set of field data and distributed modeling and provide insights into the glacier‐climate linkage. Considerable mass loss over the 20th century is evident for all glaciers, but rates differ strongly. Glacier mass loss shows multidecadal variations and was particularly rapid in the 1940s and since the 1980s. Mass balance is significantly anticorrelated to the Atlantic Multidecadal Oscillation (AMO) index assumed to be linked to thermohaline ocean circulation. We show that North Atlantic variability had a recognizable impact on glacier changes in the Swiss Alps for at least 250 years.

"Nous présentons trente nouveaux enregistrements du bilan de la masse des glaciers de surface pendant 100 ans, ainsi que l'accumulation et la fonte dans les Alpes suisses. Les séries temporelles reposent sur un jeu complet de données d'observations sur le terrain et sur une modélisation distribuée qui procurent des informations sur le lien entre le climat et les glaciers. Une perte de masse considérable est évidente pour tous les glaciers au cours du XXème siècle, mais les taux de fontes diffèrent fortement. La perte de masse des glaciers montre des variations multidécennales. Elle était particulièrement rapide dans les années 1940 et depuis les années 1980. Le bilan de masse est anti-corrélé de manière significative à l'indice de l'Oscillation Multidécennale Atlantique (AMO) qui est supposé être lié à la circulation thermohaline océanique. Nous montrons que la variabilité Nord-Atlantique a un impact reconnaissable sur les variations des glaciers dans les Alpes Suisses depuis, au moins, 250 ans."

Comme dans leur précédent article, Huss et ses collègues montrent une carte détaillée situant les 30 glaciers des Alpes Suisses qui ont servi de base à leur étude, puis un graphe indiquant les périodes de fonte et d'avancée de ces glaciers (1910, 1980) de 1905 à nos jours.

Voici maintenant les deux figures maîtresses de l'article de Huss et al. Elles sont parfaitement explicites.

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La première (Fig 3) permet une comparaison visuelle entre les taux d'accumulation et de précipitation avec la fonte des glaciers ( courbe a) en rouge, melting anomaly), l'anomalie du bilan de masse des glaciers et l'indice de l'Oscillation Multidécennale Atlantique.de 1905 à nos jours.

 

Figure 3.

a) moyenne glissante lissée sur 11 ans de la fonte annuelle des glaciers moyennée sur 30 glaciers.

b) accumulation annuelle (en trait épais) et anomalie de précipitations (en tiretés (par rapport à la moyenne 1908-2008)


(c) Anomalie annuelle du bilan massique Une sinusoïde superposée à une tendance linéaire est indiquée.

(d) Indice de l'Oscillation Multidécennale Atlantique AMO [Enfield et al., 2001].

Les paramètres des fonctions sinusoïdales des figures 3c et 3d sont basés sur une méthode des moindres carrés.

 

Ainsi que le font remarquer les auteurs de cet article, on observe une anticorrélation entre l'indice de l'AMO et l'anomalie du bilan de masse de la moyenne des trente glaciers. Compte tenu des fluctuations inhérentes à ces mesures, on peut estimer que l'anticorrélation est nette. En bref, elle se traduit par la constatation : Indice de l'AMO en phase positive (c'est à dire océan Atlantique plus chaud) => fonte des glaciers des Alpes Suisses. Et vice-versa.

La deuxième figure (Figure 4) remarquable de l'article de Huss et al, remonte plus loin dans le temps en utilisant une reconstruction publiée de l'indice de l'AMO à partir de 1750, un relevé des températures (publié) durant les mois de fonte (Juin-Juillet-Août) depuis 1750 ainsi que les relevés archivés de fonte/avancée d'un glacier suisse (le U. Grindelwaldgletscher) qui remonte jusque vers 1750.

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Figure 4.

"(a) Reconstruction de l'indice de l'AMO [Gray et al.,2004] (NDT : courbe en bleu)
de 1750 à 1985

(b)Températures de l'air durant l'été (Juin-Juillet-Août) obtenues par des mesures thermométriques dans la grande Région Alpine (Filtre passe-bas de 11 ans appliqué) [Auer et al., 2007] (NDT : Courbe en rouge)

(c) Variation de longueur mesurée du glacier U. Grindelwaldgletscher [Holzhauser and Zumbühl, 1999]; (NDT : Courbe en noir)

Les lignes bleues indiquent les phases d'avancée du glacier en réponse à des températures plus froides."

On observe un retard de l'ordre de 5 à 10 ans entre le refroidissement et l'avancée du glacier.

Conclusion : " Our 100‐year glacier mass balance time series, unprecedented in length and coverage, provide a highly resolved data basis in the spatial and temporal domain for analyzing the response of mountain glaciers to the 20th century climate change, and for upscaling measurements from individual glaciers to entire mountain ranges. The data show that the glacier mass budget in the Swiss Alps varies in phase with the AMO, and is thus related to North Atlantic variability. This indicates that up to half of the recently accelerated mass loss might be due to natural multidecadal climate variations that might reduce the rate of Alpine glacier wastage in the next decades. Linking accumulation and ablation processes on mountain glaciers to multidecadal oscillatory modes and large‐scale forcing is important for projections of future glacier change and associated impacts."

Conclusion : "Nos séries temporelles du bilan de la masse des glaciers sur 100 ans, sans précédent pour ce qui est de l'étendue temporelle et du nombre de glaciers concernés, procurent une base de données à haute résolution aussi bien pour l'étendue géographique que pour la durée, destinée à l'analyse de la réponse des glaciers montagneux au changement climatique du XXième siècle et aussi pour étendre l'analyse de glaciers spécifiques à l'échelle de montagnes toutes entières. Les données montrent que le bilan de masse des glaciers dans les Alpes Suisses varie en phase avec l'AMO et se trouve donc relié à la variabilité Nord Atlantique. Ceci indique qu'au moins la moitié de la réduction accélérée de la perte de masse pourrait résulter des variations climatiques naturelles multidécennales. Ceci pourrait conduire à une réduction de la perte des glaciers dans les prochaines décennies. La considération du lien entre les processus d'accumulation et d'ablation des glaciers de montagne avec les modes oscillatoires multidécennaux et les forçages à grande échelle, est importante pour les prévisions des évolutions futures des glaciers et de leurs impacts associés."
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Notes complémentaires :

1) Cet article, pour l'instant limité à l'étude de l'évolution des glaciers des Alpes Suisses, ouvre des perspectives intéressantes pour l'étude de l'évolution d'une grande partie des glaciers de la planète. C'est d'ailleurs ce que reconnaît Quirin Schiermeier dans un article de Nature qui commente les résultats obtenus par Matthias Huss et son équipe. Par ailleurs, Schiermeier est connu par les lecteurs de ce site pour avoir rédigé, en 2007 et toujours dans Nature, un commentaire soi-disant définitif, d'un article de Lockwood et Fröhlich intitulé " " No solar hiding place for greenhouse sceptics" : " Le soleil ne fournit pas de refuge pour les sceptiques de l'effet de serre".
Dans le cas présent, Schiermeir et ses intervenants semblent enfin avoir compris qu'il existait des causes naturelles qui pouvaient influer sur les observables climatiques de manière significative (50 % concèdent-ils, dans le cas présent). C'est un progrès considérable même si Matthias Huss n'oublie pas d'énoncer la petite phrase magique (selon Lindzen) qui lui permet de rappeler à tous, et notamment à ses contractants, que ce n'est pas parce qu'il publie des observations manifestement contraires au credo en vigueur... qu'il a perdu la foi. .

2) Ce n'est pas, loin de là, la première fois que la fonte de glaciers a été finalement attribuée à d'autres causes que le "réchauffement climatique anthropique".
Sans oublier les exagérations ridicules sur les prévisions de fonte comme dans l'AR4 du GIEC au sujet de l'Himalaya.

Souvenons-nous aussi de "l'affaire du Kilimandjaro" ou encore de celle de la fonte des glaciers arctiques (au Groenland, visité par une kyrielle de Ministres, convenablement accompagnés) et antarctiques, toutes deux attribuées aux variations des courants et des vents océaniques, en 2008. Je rappelle ci-dessous quelques observations tirées d'un article de Science (Kerr) commentant deux articles successifs publiés dans Nature Geosciences et au GRL à ce sujet :

Texte original en anglais: " The surge of glaciers draining both the Greenland and West Antarctic ice sheets has alarmed scientists and the public alike. Global warming appeared to be taking an early toll on the planet’s largest stores of ice while acceleratingthe rise of sea level. But two new studies point to random, wind-induced circulation changes in the ocean—not global warming—as the dominant cause of the recent ice losses through those glaciers."

" La déferlante des glaciers qui s'écoulent aussi bien du Groenland que des surfaces glacées de la péninsule Ouest de l'Antarctique ont alarmé les scientifiques comme le grand public. Le réchauffement climatique semblait avoir effectué un prélèvement anticipé sur la plus grande réserve de glace de la planète tout en contribuant à une accélération de la hausse du niveau des océans. Cependant, deux études récentes montrent que des changements aléatoires de circulation des océans, dus aux vents, sont la cause principale -et non pas le réchauffement global- des pertes récentes enregistrées sur ces glaciers." (Caractères engraissés par le traducteur).

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3) Alors, où en est l'AMO en ce mois de Juin 2010 ?

Les données sur la situation de l'Oscillation Multidécennale Atlantique ainsi que sur un grand nombre d'autres indicateurs intéressant le climat, sont collationnées sur le site interactif de l'ESRL de la NOAA.

Voici, ci-contre, tirée de ces données, l'évolution de l'AMO (données mensuelles non lissées) de 1948 à nos jours. Comme on le devine sur la droite de ce graphique, (d'autres graphiques sont plus explicites) nous entamons actuellement la phase décroissante de l'AMO ce qui justifie la phrase de la conclusion de l'article de Huss et al. "Ceci pourrait conduire à une réduction de la perte des glaciers dans les prochaines décades."
Ce qui est conforme à la période de refroidissement prévue dans l'analyse "bilan" rapportée dans une autre page de ce site.

A noter aussi que nous sommes également rentrés dans une phase de refroidissement de la PDO (Oscillation Décennale Pacifique)...Brr.....

Nos connaissances progressent inéluctablement (irrémédiablement, pensent certains) dans ce domaine comme dans les autres.

Comme disent les scientifiques : "Les faits sont têtus".

23 Mars 2010 : Une nouvelle machine à remonter le temps : La paléoclimatologie par les coquillages.

Tout le monde connaît la dendrochronologie, ses qualités et ses défauts. L'application à la climatologie de cette méthode qui consiste à mesurer l'épaisseur des anneaux de croissance des arbres a fait l'objet de nombreuses controverses, fréquemment évoquées dans ce site. Le principal défaut de cette technique est que la croissance des arbres n'est pas seulement déterminée par la température ambiante mais aussi par l'humidité, le taux de CO2, les attaques parasitaires, le partage des ressources avec les végétaux environnants etc... Sans oublier le fait, découvert récemment, que, dans un certaine mesure, les arbres optimisent leur propre température qui peut-être différente de celle du milieu environnant, de manière à ne pas trop souffrir des écarts de température.wpatterson


Le texte de Nature News (Publié online 8 March 2010 | Nature | doi:10.1038/news.2010.110) rapporte sur un papier dans les Proceedings of the National Academy of Science (US) PNAS (Patterson, W. P., Dietrich, K. A., Holmden, C. & Andrews, J. T. Proc. Natl Acad. Sci. USA doi: 10.1073/pnas.0902522107 (2010)). L'auteur principal de cet article est William Patterson (ci-contre (alors qu'il était jeune !)), à ne pas confondre avec Tim Patterson qui, lui, étudie les fossiles de poissons aux environs du Canada et qui enseignait la théorie de l'effet de serre à ses étudiants jusqu'à ce qu'il devienne un solariste convaincu après avoir observé les séquences des cycles solaires dans ses échantillons).
William (Bill) Patterson,
dont il est question ici, est un chimiste des isotopes (ou un géochimiste des isotopes comme Jean Jouzel et Claude Allègre, entre autres). Il est professeur et directeur du laboratoire des isotopes de l'Université de Saskatchewan dans le Saskatoon au Canada.
La présentation de Nature News est parfaitement claire. En voici une traduction presque complète, accompagnée de quelques explications (en italique)

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naturenewsLes coquillages pourraient supplanter les données climatiques obtenues à partir des anneaux des arbres.palourde
Les enregistrements des températures tirés des coquilles de palourde révèlent l'exactitude des sagas norvégiennes.

par Richard A. Lovett

Les isotopes de l'oxygène contenu dans les coquilles de palourdes peuvent nous fournir l'enregistrement le plus détaillé, à ce jour, du changement climatique du globe, selon une équipe de scientifiques qui a étudié une collecte de mollusques Islandais anciens .

La plupart des données paléoclimatiques nous donnent des informations seulement sur des températures moyennées sur une année, déclare William Patterson, un chimiste des isotopes de l'Université de Saskatchewan au Saskatoon, Canada, et auteur principal de cette étude. Mais les mollusques ont une croissance constante et les niveaux des différents isotopes de l'oxygène contenus dans les coquilles varient avec la température de l'eau dans laquelle ils vivent. Plus l'eau est froide, plus grande est la proportion de l'isotope lourd de l'oxygène, O18. (NDT: Ceci se comprend aisément si on se souvient que la température mesure l'agitation thermique. A haute température, l'agitation thermique est importante et les isotopes O16 et O18 qui ne diffèrent que par leurs masses spécifiques très peu différentes, sont bien mélangés. Par contre, à température plus basse, le mélange ne se fait plus de façon complète et l'élément le plus lourd (O18) se retrouve majoritairement en bas. C'est exactement le même principe qui est utilisé dans l'analyse des carottages glaciaires).

L'étude s'est faite à partir de 26 coquilles trouvées dans les noyaux de sédiments extraits dans une baie Islandaise. (NDT : On effectue un forage dans la boue sédimentaire déposée au fond de l'eau au cours des millénaires . La profondeur à laquelle se trouvent les coquilles donne l'âge de ces coquilles. Ceci ressemble encore aux carottages glaciaires). Mais parce que les palourdes ont une durée de vie typique de 2 à 9 ans, le rapport des concentrations des isotopes de chacun de ces coquillages nous procure une fenêtre de 2 à 9 ans sur les conditions environnementales qu'elles ont connu pendant leur vie.

L'équipe de Patterson a utilisé un échantillonneur robotisé qui découpe de fines tranches tirées de chaque couche des bandes de croissance des coquillages. Celles-ci sont alors introduites dans un spectrographe de masse qui mesure la quantité d'isotopes dans chaque couche. A partir de ces résultats, les chercheurs ont pu évaluer les conditions dans lesquelles chaque couche a été formée.

"Ce que nous obtenons ainsi, c'est de la "paléo-météorologie" (NDT : météorologie sur de courtes durées par opposition à la climatologie sur de longues durées. Patterson veut ainsi dire qu'il obtient une résolution temporelle exceptionnellement fine). Nous pouvons reconstruire les températures avec une résolution temporelle plus petite que la semaine en utilisant ces techniques. Pour des palourdes plus grosses nous pourrions parvenir jusqu'à une résolution d'une journée."

"C'est un progrès important en paléoclimatologie", ajoute-t-il, "parce qu'il permet aux chercheurs de déterminer, non seulement les variations des températures moyennes mais aussi comment ces variations ont joué, individuellement, chaque été et chaque hiver".

" Nous commettons souvent l'erreur de dire que la température moyenne annuelle était plus élevée ou plus basse à une certaine époque ", dit Patterson "Mais ceci est relativement sans signification en termes de changements saisonniers"

"Par exemple, dans l'ancienne Islande Norvégienne - qui couvre une partie des 2000 années sur lesquelles porte cette étude- les fermiers dépendaient des produits laitiers et de l'agriculture". "Pour les produits laitiers, l'été est, de loin, le plus important", dit-il "Une baisse de température estivale de un degré pendant l'été en Islande résulte en une perte de 15% du rendement de l'agriculture . Si ceci se produit deux années de suite, votre famille est sur la paille."

Du point de vue technique, les mollusques enregistrent la température de l'eau et non celle de l'air. Mais les deux sont étroitement liées - tout particulièrement à proximité de la côte où la plupart des gens vivaient. "Ainsi, quand les températures de l'eau montent, les températures de l'air aussi. Quand les températures de l'eau baissent, les températures de l'air aussi," déclare Patterson.
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Voici, ci-dessous, la figure maîtresse qui figure dans l'article de Patterson et de ses collègues. L'axe des ordonnées est gradué en °C. Noter l'amplitude considérable des variations de températures. L'axe des abscisses est en années. On voit que les palourdes ont permis de remonter jusqu'à l'an 350 avant JC. On distingue très bien la période romaine chaude, l'Optimum Médiéval (MWP) avec ses périodes de froidure et de famine que l'on rapporte dans les sagas norvégiennes, ainsi que le petit âge glaciaire (LIA) vers 1700. Les mêmes sagas rapportent aussi les colonisations en Islande (vers 870) et au Groenland (vers 990) en traits gris, comme on le voit sur la figure. A noter que ces mesures basées sur les anneaux des palourdes donnent des résultats assez proches (mais avec une bien meilleure résolution temporelle) de ceux obtenus par les carottages glaciaires GISP2 de la NOAA au Groenland que j'avais évoqués en décembre 2009. D'après ces mesures, la période romaine a été beaucoup plus chaude que l'optimum médiéval qui, lui-même, a été nettement plus chaud que la période actuelle qui se situe à environ à 1,3°C (en moyenne annuelle) au dessus de la température qui régnait en 1700 (Scafetta). Les ronds, croix, triangles etc en couleurs pleines sont relatifs aux températures d'été. Les symboles vides sont relatifs aux températures hivernales.

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Voici la fin du résumé de l'article au PNAS (le début ne mentionnant que des éléments rappelés ci-dessus) :(NDT : AD = après JC. BC = avant JC)

" Des périodes de froid remarquables (360 B.C. à 240 B.C.; A.D. 410; et A.D. 1380 à 1420) et des périodes chaudes (230 B.C. à A.D. 140 et A.D. 640 à 760) sont observées en termes de contraste entre les températures d'été et d'hiver ainsi qu'en termes de variabilité des températures saisonnières.
La littérature datant de la période Viking (c'est à dire de 790 à 1070) pendant l'établissement des colonies norvégiennes (et plus tard) en Islande et au Groenland, permettent une comparaison entre les enregistrements des températures par le delta O18 et les données historiques, démontrant ainsi l'impact des extrêmes climatiques saisonniers sur l'installation, le développement et, dans certains cas, sur la disparition des sociétés dans l'Atlantique Nord. "

Sur le site de l'OCN, (L'Université de Patterson) on trouve une autre description de cette découverte. Entre autres, on y lit que

" Ainsi, quand la température a baissé de plusieurs degrés en quelque chose comme quelques mois; ceci a affecté toutes les formes de vie. Pour cette raison, Patterson pense que découvrir autant qu'on le peut l'histoire du climat est la seule manière de faire des plans sur le futur du climat qui est en train de changer, une fois de plus, rapidement.
Nombreux sont ceux qui pensent que la température change plus vite qu'elle ne l'a jamais fait et ceci est faux. Cela s'est produit à de nombreuses reprises au cours du temps." dit Patterson.

Nul ne sait encore quel sera l'avenir de cette découverte qui semble très prometteuse. Cependant, l'un des commentaires qui figure sur le site de Nature News à la suite du texte que j'ai traduit ci-dessus, pourrait, malheureusement, s'avérer exact, tant est biaisé le débat actuel sur la science climatique. Voici ce commentaire d'un dénommé Brian Hall :

"Il est très improbable qu'il (NDT : Patterson) obtienne des fonds pour les études complémentaires. Il a déjà mis en évidence le mensonge d'une grande partie des hypothèses en vogue et des conclusions des bailleurs de fonds et on ne lui fournira aucune aide pour provoquer de nouveaux dommages à l'orthodoxie.
NDT : Le commentaire s'achève sur un jeu de mots approprié :
Sorry, Patterson. Time to clam up! Désolé Patterson, il est temps de la boucler ! ("clam up" signifie la boucler ou la fermer en anglais, et clam = palourde) "

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Des américains facétieux et qui ne manquent pas d'humour ont baptisé cette nouvelle méthode la "paleo-clamatology" (sachant que clam signifie palourde en anglais)..

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D'autres, non moins moqueurs, se sont amusé à bricoler la célèbre photographie de Michael Mann, l'inventeur de la crosse de hockey tant contestée, qu'il a obtenu en 1998 grâce à la dendrochronologie...en substituant aux sections d'arbres que présentait M. Mann, des palourdes de bonne taille !

 

 

 

Conclusion :
Wait and see !
Un peu hors sujet : Je me souviens d'une idée amusante évoquée par Georges Charpak (je crois) qui suggérait que l'on pourrait peut-être entendre la voix des ouvriers et des bruits présents dans les ateliers de poterie de nos lointains ancètres (tels les grecs de l'histoire ancienne). L'idée est que les vibrations des outils des potiers qui faisaient monter la glaise sur leurs tours, y ont enregistré les sons environnants, exactement comme l'on gravait nos tous premiers disques. Je ne crois pas que quelqu'un ait tenté l'expérience.
De même, la microscopie ultrasonore permet de retrouver les gravures qui existaient sur les pièces de monnaies, désormais totalement effacées par le temps. Idem pour les parchemins effacés où l'on peut ainsi retrouver les textes disparus. L'idée est que le matériau a été, en quelque sorte, "écroui" à l'endroit écrasé par le stylet ou l'instrument du graveur. Les parties ainsi autrefois déformées ne possèdent pas les mêmes propriétés élastiques que leurs voisines, ce que le microscope à ultrasons détecte très bien. J'ai vu cette expérience : C'est très spectaculaire !

Bref, quand on les laisse travailler et que la politique ne s'en mêle pas, les chercheurs ne manquent pas d'imagination !
Bravo et bonne chance, Bill !

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12 Mars 2010 : Lindzen, l'Arctique et le CO2.

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Ne comptant pas trop sur les médias pour vous en parler, je voudrais vous faire partager quelques remarques astucieuses, sur le climat de l'arctique, faites par Richard Lindzen du MIT lors d'une conférence qu'il a donnée récemment (10 février 2010) au FermiLab (célèbre laboratoire des hautes énergies US). Cette conférence que je vous encourage vivement à visionner intégralement était intitulée : " La curieuse question du réchauffement climatique". (Diapo de présentation ci-contre)

Comme vous le savez, Richard Lindzen, un éminent climatologue (physique de l'atmosphère) du Massachusetts Institute of Technology, s'efforce, depuis plusieurs années, d'introduire un peu de raison dans un débat qui a été, surtout chez nous et jusqu'à présent, plus ou moins séquestré par le GIEC, les médias, les politiques, sans oublier quelques bloggueurs. J'ai déjà eu l'occasion de citer et de traduire quelques-uns de ses écrits dont celui que vous trouverez sur cette page. (traduit avec deux lecteurs avertis et l'aide de l'épouse de Lindzen, soi-même).

Les remarques de Lindzen portent sur l'effet de serre anthropique sur la fonte de l'Arctique, (ou plutôt sur l'absence de cet effet). Nous savons tous que la fonte de l'Arctique est, selon certains, le "canari dans la mine" autrement dit le tout premier indicateur du réchauffement climatique anthropique. Malgré de nombreuses publications qui remettent en doute la fonte anthropique des glaces polaires et notamment celles du Groenland, cette question est ainsi devenue, au cours des années, l'icône médiatico-politique du réchauffement climatique au même titre que la disparition des ours blancs qui continuent à fréquenter, en nombre croissant, les régions polaires.
Les diapos suivantes, tirées de la conférence de Lindzen, se trouvent à partir du compteur 16:12. En voici un extrait accompagné de leur explication en français.

Lindzen nous dit :

"Le fait de se focaliser sur le réchauffement résultant du CO2 a, sans aucun doute, inhibé les progrès dans la compréhension du climat. Les diapos suivantes montre comment cela se produit. Elles montrent les températures quotidiennes en arctique pour chaque jour disponible pour une réanalyse depuis 1958. Elle montrent aussi la température moyenne pour chaque jour.

Si on se focalise sur les variations des températures moyennées annuellement, on laisse passer des informations cruciales et ces informations nous en apprennent vraiment beaucoup. "

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Voici la première d'une série de diapos du même type que Lindzen nous projette. Ces diapos montrent de graphes des variations de température de l'Arctique, jour après jour, sur une année entière, pour des années différentes. Ils sont publiés par le "Center for Ocean and Ice" de l'Institut de Météorologie Danois. (DMI). Vous les retrouverez, pour l'époque actuelle, dans la page indicateurs. Ces diapos sont difficilement lisibles sous ce format, à cause du facteur de réduction. Vous le retrouverez, avec une meilleure netteté, en visionnant la vidéo de la conférence indiquée plus haut. A noter que l'échelle verticale est graduée en K (Kelvin. On ne dit pas en degrés K.).

Néanmoins, elles sont suffisamment nettes pour nous permettre de suivre le raisonnement de Lindzen. Les graphes ci-contre correspondent aux années 1958, 2004, 2006, 2009. Lindzen explique qu'on peut visionner toute la collection mais que cela conduira aux mêmes observations.

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Lindzen nous fait remarquer que "nous voyons, par exemple que les températures en été ne varient pas". (d'une année sur l'autre)
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NDT : Pour vérifier, par vous même, cette constatation de Richard Lindzen, je vous conseille d'aller sur le site du DMI (COI) Danois qui vous donne accès à toutes les courbes de température depuis 1958. Sur la partie gauche de la page, vous trouverez le tableau ci-contre. En cliquant sur les étiquettes des années, vous pourrez faire défiler tous les graphes des années que vous choisirez et observer, qu'en effet, la température durant l'été boréal (autour du jour 200) est pratiquement constante durant toute cette période (1958-2009).
C'est très spectaculaire.

La courbe moyenne qui figure sur ces graphes est celle de la période 1958-2002.

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Sur la diapo ci-contre, Lindzen fait remarquer qu' "en hiver, nous observons d'immenses fluctuations de température - fréquentes et aussi grandes que 20°C. "
Il déclare "Tous les hivers. Quelquefois, c'est grand, quelquefois c'est petit. Il n'y a pas de comportement systématique."
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Lindzen montre ensuite les graphes des années 1960, 1970, 1980, 1990 sur lesquels on peut observer les mêmes comportement qu'il a décrit dans les diapos précédentes. Il note que "Si on se focalise sur les petits résidus de ces grands changement, on rate un aspect crucial de la physique." fermilin6

Lindzen conclue :

"Les diapos précédentes illustrent le fait que durant les étés, quand il y a la lumière du soleil, les températures sont, en grande partie, déterminées par l'équilibre radiatif local. En revanche, pendant la nuit d'hiver, les températures seraient encore plus froides qu'elle le sont s'il n'y avait pas le transport de chaleur venant des latitudes plus basses. Ce transport se fait par des convections turbulentes ou des tempêtes.
La compréhension des températures de l'arctique doit impliquer la compréhension de la raison pour laquelle ces tempêtes pénètrent en arctique de manière erratique. Au vu du comportement des températures estivales, le CO2 n'est pas, de manière évidente, un facteur déterminant."

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Dans la diapo suivante, Lindzen nous lit une description apocalyptique sur les glaces de l'arctique qui n'est rien d'autre que ce qu'on lit et voit continuellement dans les médias :

"L'Océan Arctique se réchauffe, les icebergs se font de plus en plus rares et dans certains endroits les phoques trouvent l'eau trop chaude. Tous les rapports pointent vers un changement radical des conditions climatiques et jusqu'à des températures inconnues jusqu'à présent dans la zone arctique. Des expéditions nous rapportent que pratiquement aucune glace n'a été vue au dessus d'une latitude de 81 degrés 29 minutes. D'énormes masse de glace ont été remplacées par des moraines de terre et des pierres tandis qu'en de nombreux endroits, des glaciers bien connus ont entièrement disparu."

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Et Lindzen montre la diapo suivante et ajoute que "Le problème est que ceci vient du Bureau Météorologique des Etats Unis en ... 1922 ! " fermilin9

Lindzen ajoute que l'Arctique est notoirement variable. Il aurait pu relater des affirmations analogues proférées à différentes époque. Il précise que le facteur principal qui détermine l'englacement de l'artique est le vent qui, venant du sud, est poussé dans les détroits entourant la mer arctique....

Un peu plus loin, au cours de cette même conférence, Lindzen présente ses résultats sur les différences entre les flux SW (short wave) sortants de l'atmosphère (dits TOA) donnés par les modèles et mesurés par différents systèmes (ERBE, CERES). Lindzen a tenu compte des remarques de l'article "commentaire" de Trenberth mais cela ne change pas le résultat : Modèles et observations divergent...

Conclusion : Bel exemple de sciences de l'observation. N'est-ce pas ?
Sans oublier l'humour ! Je ne suis pas certain qu'il amusera tout le monde...


Merci au lecteur averti qui m'a donné le lien de cette conférence passionnante.

23 Février 2010 : Encore une nouvelle rassurante : Contrairement aux prévisions apocalyptiques de certains, un article tout récent, sous presse au Geophysical Research Letters (GRL), indique que la Circulation Méridionale Atlantique (dont fait partie le Gulf Stream) ne montre aucun signe d'essoufflement. Et ceci, en contradiction avec les prévisions des modèles... willis2009


Cet article à GRL est signé par Josh Willis, plusieurs fois mentionné dans ce site, notamment au sujet du contenu thermique des océans qui, lui non plus, ne varie pas comme le voulaient les modèles. Comme le savent les lecteurs de ce site Josh Willis est le grand responsable du Projet Argo. Il n'est pas un climato-sceptique. Simplement un scientifique rigoureux.
Argo, ce sont quelques 3300 bouées-balises sophistiquées distribuées de par le monde, destinées à l'analyse des données fondamentales (température, salinité, dérive etc) de la couche supérieure (jusqu'à -1000 m quand même) des océans. Ces engins "intelligents" sont capables de plonger, de dériver avec les courants, puis de remonter en surface pour transmettre les résultats de leurs observations aux satellites dédiés.

Le titre du récent article de Josh Willis, dont il est question ici, est le suivant : "Can In-Situ Floats and Satellite Altimeters Detect Long-Term Changes in Atlantic Ocean Overturning?" Soit : " Les bouées in-situ et les altimètres satellitaires sont-ils capables de détecter les changements à long terme du Renversement de l'Océan Atlantique ?"

Comme vous le savez, Josh K. Willis fait partie du Jet Propulsion Laboratory (JPL)
CALTECH (Pasadena CA 91109), USA.

Voici le résumé de cet article. Il nous dit tout. L'original d'abord, puis une traduction en français, comme d'habitude.

"Global warming has been predicted to slow the Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC), resulting in significant regional climate impacts across the North Atlantic and beyond. Here, satellite observations of sea surface height (SSH) along with temperature, salinity and velocity from profiling floats are used to estimate changes in the northward-flowing, upper limb of the AMOC at latitudes around 41°N. The 2004 through 2006 mean overturning is found to be 15.5 ± 2.4 Sv (10
6 m3/s) with somewhat smaller seasonal and interannual variability than at lower latitudes. There is no significant trend in overturning strength between 2002 and 2009. Altimeter data, however, suggest an increase of 2.6 Sv since 1993, consistent with North Atlantic warming during this same period. Despite significant seasonal to interannual fluctuations, these observations demonstrate that substantial slowing of the AMOC did not occur during the past 7 yearsand is unlikely to have occurred in the past 2 decades."

"Il a été prédit que le réchauffement global ralentirait la Circulation Méridionale Atlantique (AMOC), ce qui aurait des impacts significatifs au niveau du climat régional à travers l'Atlantique Nord et au delà. Dans ce travail, les observations satellitaires de la hauteur de la surface de la mer (SSH) conjuguées avec la température, le degré de salinité et la vitesse obtenue à partir de bouées adaptées, sont utilisées pour estimer les variations de la branche haute, s'écoulant vers le Nord, de l'AMOC à des latitudes autour de 41°N. On trouve que le renversement moyen de 2004 à 2006 est égal à 15.5 ± 2.4 Sv* (106 m3/s) avec une variabilité interannuelle et saisonnière un peu plus petite qu'aux plus basses latitudes. Il n'y a pas de tendance significative dans la force du renversement entre 2000 et 2009. Cependant, les données altimétriques suggèrent une augmentation de 2,6 Sv depuis 1993, ce qui est cohérent avec le réchauffement de l'Atlantique Nord pendant cette même période. Malgré des fluctuations saisonnières et internannuelles, ces observations démontrent qu'aucun ralentissement substantiel de l'AOMC s'est produit au cours des 7 dernières années et il est improbable qu'il se soit produit lors des deux dernières décennies."
Caractères engraissés par l'auteur du site.

Quelques explications : gulf

  • "Le nord de l’Atlantique Nord et les mers subpolaires sont les lieux de formation de l’eau profonde Nord Atlantique, qui est à l’origine d’une cellule méridienne verticale de circulation appelée AMOC (Atlantic Meridional Overturning Circulation ). Le Courant Nord Atlantique, qui constitue la branche supérieure de cette cellule, transporte vers le nord l’eau chaude et salée subtropicale qui est progressivement refroidie et convertie en eau intermédiaire ou profonde dans le gyre et les mers subpolaires."(extrait d'un sujet de thèse 2009 Ifremer).
    Le
    célèbre Gulf Stream (aussi appelé, pour ce qui nous concerne, le courant ou la circulation Nord Atlantique) qui est censé apporter un climat plus doux à l'ouest du Royaume Uni et de le France (On n'en est pas certain. Ceci est très contesté !.. bien qu'enseigné dans nos écoles), constitue une des principales branches de l'AMOC.

  • *Sv est le nom d'une unité de débit appelée Sverdup du nom d'un océanographe Norvégien (H.U. Sverdup 1888-1957). Un Sverdup équivaut à 106 m3/seconde.
    Ces mesures ont été effectuées par 41°N. C'est à cette latitude que le Titanic a sombré
    .

Voici, ci-contre, la courbe maîtresse de l'article de Josh Willis :willis21010



Elle montre différents aspects du transport (du flux) océanique, mesuré en Sverdup, vers le Nord, pour une période allant du début 2002 à la mi 2009.

"Geostrophic transport" correspond à la composante horizontale de la circulation thermohaline. (sans frottement, voir explication plus détaillée ici).

En bleu, le Geostrophic Transport combinant les mesures satellitaires du niveau des mers et les mesures des balises ARGO. En rouge, le GT en ne prenant pas en compte les mesures satellitaires du niveau des mers :SSH (Sea surface height)

Ekmann Transport désigne le transport provoqué par le vent à proximité de la surface. Ces transports vont à droite de la direction du vent dans l'hémisphère nord et à gauche dans l'hémisphère sud. (voir quelques détails ici).

Ce qu'il faut retenir de ce graphique c'est qu' aucun changement significatif n'est intervenu dans le transport de l'AMOC, durant ces dernières années, comme le déclare Josh Willis. D'autres observations, consignées dans l'article indiquent qu'il en est probablement ainsi depuis au moins deux décennies. Voilà qui est rassurant !

Conclusion : Je vous conseille de lire cet article de Wikipedia et notamment la dernière partie qui, bien que certainement revue et corrigée par le Torquemada de Wikipédia, l'ingénieur en informatique William Connolley, reflète assez bien le flou considérable qui règne sur cette question. En gros, on ne sait pas vraiment ce qu'il se passerait même si l'AMOC et le Gulf Stream venaient à ralentir. Assez prudemment, le dernier rapport du GIEC (l'AR4) n'envisage pas de catastrophe de ce côté-là pour le 21ème siècle au moins. C'est exceptionnel et mérite d'être noté. Peut-être que cette partie du rapport prend ses sources auprès d'articles scientifiques plutôt qu'auprès des brochures d'activistes environnementalistes ?

Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi on a entendu, lu, ou vu dans les médias, dans un grand nombre de forums, dont certains à prétention scientifique, que les épisodes froids voire glaciaires que nous avons connu récemment sur une grande partie de l'hémisphère Nord, "sont certainement dus à l'arrêt du Gulf Stream" ? Et que s'il fait froid dans les années à venir, ce sera certainement à cause de l'arrêt du Gulf Stream, mais évidemment, sûrement pas parce que l'hypothèse CO2 et les modèles associés, présentent quelques défauts...
Tout cela alors qu'on ne sait même pas, avec certitude, si le Gulf Stream réchauffe vraiment l'Europe de l'Ouest et que les scientifiques nous démontrent que tout va bien dans l'atlantique Nord.
Il est vraiment urgent de tordre définitivement le cou à ce canard alarmiste !

Quoiqu'il en soit, faites le savoir : L'AMOC et le Gulf Stream ne se sont jamais si bien portés. Merci pour eux ...

 

20 Janvier 2010 : Fonte des glaciers ? Une étude récente montre que la fonte des glaciers Alpins était plus importante dans les années 1940 que de nos jours, bien que la température actuelle soit plus élevée qu'à cette époque.
C'est un démenti cinglant apporté aux affirmations du rapport AR4 2007 du GIEC qui assurait que la fonte des glaciers Alpins (et autres) résultait du réchauffement climatique.

L'analyse de cet article scientifique récent sur la fonte réelle des glaciers alpins depuis 1920 met aussi en lumière l'"amateurisme " (comme dit Paul Reiter) de certaines sections du rapport scientifique du GIEC.
Nous allons comparer les affirmations et les sources afférentes du rapport AR4 du GIEC au sujet de la fonte des glaciers alpins, à la réalité objective. Le résultat est, pour le moins, dérangeant pour le GIEC.

1. Le Rapport Scientifique du GIEC :

Tout d'abord, voyons ce que le GIEC affirmait dans son dernier rapport scientifique de 2007 au sujet de la "disparition" des glaciers alpins, Andins et Africains, résultants, selon lui, du réchauffement climatique :.
Dans le rapport scientifique AR4, groupe WGII, au paragraphe 1.3.1.1 Effets observés dus au changement de la cryosphère (NDT : résultants du réchauffement climatique) , vous trouverez la Table 1.2 ci-dessous dont j'ai extrait la ligne qui concernait la réduction de la glace de montagne.

Table 1.2. Selected observed effects due to changes in the cryosphere produced by warming. (Fac Simile de l'AR4 : Effets observés dus aux changements de la cryosphère résultant du réchauffement)

Environmental factor  Observed changes  Time period  Location  Selected references 
Reduction in mountain ice  Loss of ice climbs  1900-2000  Andes, Alps, Africa  Schwörer, 1997; Bowen, 2002 

Les effets observés pour la réduction des glaciers des montagnes due au réchauffement climatique, sont, d'après ce rapport; la perte de parcours d'escalades sur parois glacées, de 1900 à 2000, dans les Andes, les Alpes et en Afrique. On s'attendrait à ce que cette affirmation soit supportée par un et, si possible, plusieurs articles scientifiques revus par les pairs, pourvus de données chiffrées couvrant la période 1900-2000 et les zones géographiques précisées (Andes, Alpes, Afrique). De plus et pour soutenir les affirmations ( "produced by warming") contenues dans cette table, faudrait-il, au moins, que les données chiffrées sur la perte des zones glacées soient corrélées aux variations de températures constatées dans ces même zones. C'est ce que l'on pourrait exiger d'une micro-thèse d'étudiant en université mais c'était, sans doute, trop demander au rapport scientifique du GIEC. Le (ou les) rédacteurs de ce chapitre du AR4 WGII se sont contentés de deux sources anecdotiques, dépourvues de données chiffrées et de corrélations, évidemment non revues par les pairs et rédigées (une fois encore) par deux propagandistes du réchauffement climatique, pour en tirer des conclusions si hasardeuses qu'elles ont été démenties par les observations rigoureuses effectuées sur le terrain.

climbing- La référence Bowen 2002 est celle-ci "Bowen, N., 2002: " Canary in a coalmine". Climbing News, 208, 90-97, 138-139.".(ci-contre). Climbing News est une revue de kiosque, populaire auprès des adeptes de la grimpette en haute montagne. Le titre "Le Canari dans la mine" est déjà une indication claire de la volonté de l'auteur d'affirmer que la fonte des parcours d'escalade est un indicateur certain du réchauffement climatique global (ce qui est faux comme nous allons le voir ci-dessous). Cet article cite des anecdotes d'alpinistes racontant leurs observations sur le terrain depuis les années 1970. A noter que Mark Bowen est un activiste bien connu des thèses du réchauffement global. et auteur de deux livres pro-RCA Censoring science et Thin Ice. Comme source "scientifique" indépendante, on doit pouvoir trouver beaucoup mieux qu'un article de revue de kiosque rédigé par un auteur visiblement très engagé.
-La référence "Schwörer 1997" est une simple micro-thèse d'un étudiant en géographie de l'Université de Berne en Suisse pour l'obtention d'un diplôme équivalent au Master of Science. Dario-Andri Schwörer est actuellement guide professionnel et activiste du changement climatique. Sa dissertation rapporte, entre autres, les interviews de quelques 80 guides de montagnes de la région de Bernina dans les Alpes Suisses dont nous allons justement parler ci-dessous. Inutile de préciser que cette dissertation n'a pas suivi le processus rigoureux exigé pour les articles des revues scientifiques.

En bref, les sources invoquées par le GIEC pour la disparition des glaciers Alpins, Andins et Africains de 1900 à 2000, ne sont rien d'autre qu'une série de témoignages d'alpinistes encore vivants, qui, pour la plupart exercent leur art dans les Alpes et qui n'ont certainement pas connu ni les années 1900, ni même les années 1940-45....Enfin, les sources pour l'affirmation du GIEC sur la disparition des glaciers "en Afrique" sont inexistantes. Et pour cause, ils n 'osent plus trop évoquer le Kilimandjaro. On les comprend.
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2. L'article scientifique sur la "fonte" des glaciers des Alpes suisses.

Une équipe de chercheurs Suisses de Zurich et de Fribourg (M. Huss, M. Funk et A Ohmura) vient de publier un article dans les Geophysical Research Letters intitulé " Strong Alpine glacier melt in the 1940 due to enhanced solar radiation" (ref : Vol 36, L23501, doi : 10.1029/2009GL040789, 2009). Soit, en français : " Forte fonte des glaciers Alpins dans les années 1940 due à une forte irradiance solaire".. Voici le résumé en anglais puis en français :

"A 94-year time series of annual glacier melt at four high elevation sites in the European Alps is used to investigate the effect of global dimming and brightening of solar radiation on glacier mass balance. Snow and ice melt was stronger in the 1940s than in recent years, in spite of significantly higher air temperatures in the present decade. An inner Alpine radiation record shows that in the 1940sglobal shortwave radiation over the summer months was 8% above the long-term average and significantly higher than today, favoring rapid glacier mass loss. Dimming of solar radiation from the 1950s until the 1980s is in line with reduced melt rates and advancing glaciers."

Résumé en français : " Une série, sur 94 ans, de mesures annuelles de la fonte des glaciers situés à quatre hautes altitudes dans les Alpes Européennes est utilisée pour étudier les effets de l'obscurcissement et de l'augmentation de l'irradiance solaire sur le bilan massique des glaciers. La fonte de la neige et de la glace était plus importante dans les années 1940 que lors des années récentes, malgré une température de l'air plus élevée dans la présente décennie. Un enregistrement de l'irradiance mesurée au sein des Alpes montre que dans les années 1940, l'irradiance à courte longueur d'onde (NDT : dans le visible et l'UV par opposition avec l'infrarouge aux grandes longueurs d'onde) était de 8% au dessus de la moyenne à long terme et, de manière significative, plus élevée qu'aujourd'hui, favorisant ainsi la perte rapide de la masse des glaciers. L'affaiblissement de l'irradiance solaire depuis les années 1950 jusqu'aux années 1980 est en accord avec les taux réduits de fonte et l'avance des glaciers." (Les caractères engraissés sont de l'auteur de ce site). huss3

 

 

Les mesures collationnées par ces trois chercheurs suisses concernent les grands glaciers indiqués en grands caractères sur cette carte. Les mesure d'irradiance solaire proviennent essentiellement des bases de données de Davos et d'autres emplacements indiqués par des symboles rouges comme cela est indiqué dans la légende figurant dans le coin inférieur droit. Les taches bleues montrent la disposition des glaciers des Alpes Suisses. Les triangles bleus indiquent la position des stations météo.

 

 

Voici, ci-contre, les courbes maîtresses de l'article de nos chercheurs Suisses.
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Courbes de la partie haute :
L'anomalie de fonte (fonte vers le haut) est représentée par des x noirs reliés par un trait fin bleu. La fonte moyennée est représentée par le trait noir épais. Les trois cadres rouges (fonte positive) et bleu (renforcement des glaciers) indiquent que la fonte qui s'est produite dans les années 1945 était de +17,4% et donc nettement supérieure à celle (13,4%) qui s'est produite dans les années 2005 conformément à ce qui est déclaré dans le résumé.
La courbe en tiretés rouges montre l'évolution de la température durant les périodes pendant lesquelles la température était supérieure à 0°C et donc susceptibles de provoquer la fonte. On observe immédiatement que les courbes d'anomalie de fonte (trait noir épais) et la courbe en tiretés rouges des températures ne sont pas parallèles, d'où la conclusion que ce n'est pas la température qui détermine la "fonte" des glaciers alpins tout comme d'ailleurs celle du glacier du Kilimandjaro.

La courbe en rouge du bas représente l'anomalie d'irradiation solaire enregistrée à la station de Davos pendant les mois d'été (donc pendant les mois de fonte). Cette mesure tient évidemment compte de l'ennuagement présent au dessus de la région. Comme on le voit, l'insolation, au dessus des Alpes Suisse, était supérieure pendant les années 1945 à ce qu'elle est maintenant. D'où la conclusion des auteurs que le soleil est responsable de la fonte des glaciers et non pas la température ambiante. Les auteurs attribuent le fait que l'insolation ait été plus importante dans les années 40, à une plus faible teneur de l'atmosphère en aérosols, sans que l'on puisse en être certain. Les premières mesures satellitaires ont été entreprises dans les années 80.

La conclusion des trois auteurs de cet article contient une condamnation, à peine voilée, des affirmations du rapport du GIEC. La voici, en anglais puis en français :

"Our data sets provide evidence that the extraordinary melt rates in the 1940s can be attributed to enhanced solar radiation in summertime. Models for past and future glacier changes should take into account the effect of decadal radiation variations as they significantly alter the relationship between glacier melt and air temperature."

"Les données issues de nos observations apportent des éléments de preuve que les taux de fontes extraordinaires des années 1940 peuvent être attribués à une irradiance solaire plus élevée pendant les mois d'été. Les modèles pour le passé et le futur de l'évolution des glaciers devraient prendre en compte l'effet des variations d'insolations décennales parce qu'elles altèrent, de manière significative, la relation entre la fonte des glaciers et la température de l'air."

En bref et en résumé : Sans doute à cause de leur altitude élevée, les glaces et les neiges éternelles des glaciers ne subissent pas, de manière triviale, les effets du réchauffement climatique comme cela a souvent été imprudemment affirmé. Dans la plupart des situations, aussi bien au Kilimandjaro que dans l'Himalaya (rapport du glaciologue Vijay Kumar Raina qui a observé que les glaciers Himalayens évoluent de manière désordonnée) comme dans les Alpes Suisses, la quantité de glace et de neige supportée par les glaciers dépend surtout de la pluviométrie (de neige) et de l'ensoleillement et non pas de la température ambiante à basse altitude. Ainsi, non seulement les affirmations du rapport scientifique du GIEC étaient-elles infondées du point de vue scientifique mais elles ont été démenties par les observations précises effectuées sur le terrain.

D'autres commentaires à propos de l'article sur la fonte des glaciers alpins : Prof. Roger Pielke Sr.

23 Décembre 2009 : Contrairement à ce qui est très souvent affirmé, la hausse modérée des températures du XXème siècle ( +0,7°C en cent ans) n'est ni particulièrement rapide ni particulièrement intense par rapport au passé, même récent.

On nous dit et on nous répète sans cesse que "la vitesse du changement climatique est sans précédent... depuis les temps les plus reculés".
De fait, c'est l'argument "choc" des supporters du GIEC. L'argument ultime qui est censé remporter l'adhésion.
Beaucoup l'admettent sans aller chercher plus loin.
Les politiques et les médias qui ne craignent pas d'en rajouter, nous parlent sans cesse de
"dérèglement climatique", voire de "crise climatique", ou encore, plus fort, de catastrophe climatique " et de "chaos climatique"...

Mais ces expressions alarmistes sont-elles fondées ? Vivons nous réellement dans une période de "catastrophe climatique" ?
Voyons cela à la lumière des données récemment observées et publiées...

Il n'est nul besoin d'aller chercher bien loin pour trouver des points de comparaison avec la période actuelle. L'optimum médiéval (l'an mil) et la période Minoéenne ((1200 avant JC) ont fait aussi bien, et même mieux, que le XXème siècle, comme le montrent les mesures isotopiques tirées des forages glaciaires prélevés au sommet du Groenland et publiées par la NOAA en 2000.

Les données de la NOAA datent de 1997. Elles ont été mises en ligne en 2000, mais étaient, semble-t-il, restées dans les cartons...

Le site adhoc de la NOAA (National Oceanographic and Atmospheric Administration U.S.) est ici "GISP2 - Temperature Reconstruction and Accumulation Data"
Vous trouverez ici les résultats des mesures (lissées) des carottages du Groenland
, en format txt. Vous pourrez tracer, vous-même et sans difficulté, les courbes que je donne ci-dessous, en utilisant n'importe quel tableur comme Excell ou (mieux) Origin. Ces données proviennent de forages réalisées sur le sommet du Groenland où la couche de glace atteint 3000m.

Vous remarquerez que les données des abscisses sont en milliers d'année BP (before present; avant le présent. Le présent étant 1997) et que le relevé le plus récent est indicé 0,0951409. Ceci signifie qu'il s'agit de l'année 1997-95,1 soit 1902 environ.
En effet, on estime qu'il faut environ 80 ans pour que les bulles d'air piègées dans la neige puis dans la glace qui forme le substrat du glacier, se referment. Il faudra donc attendre jusqu'à l'année 2090 pour pouvoir utiliser les forages glaciaires qui correspondent à l'époque actuelle.
A noter que ces données remontent jusqu'à -50.000 ans, ce qui est rendu possible par l'énorme épaisseur de la couche de glace présente au centre du Groenland.

Vous trouverez une collection complète de ces courbes pour les périodes 1400->1900, 800->1900, -3000->1900, -9000->1900, -11000->1900 et -50000->1900 sur ce site.

om1

L'Optimum Médiéval (MWP en anglais : Medieval Warm Period) est parfaitement visible sur la courbe de la température 800->1900. On voit que le réchauffement a commencé en l'an 800 et qu'il a atteint son maximum vers 1045. La chute de température qui suivi a duré jusque vers la moitié du XIIIème siècle comme cela est bien documenté dans les récits historiques. Comme on le voit sur ce graphique, la vitesse de montée de la température lors de l'Optimum Médiéval a été d'environ +0,7°C/100 ans (droite en rouge). La hausse était d'environ 1,8°C. Elle s'est poursuivie pendant un peu plus de 250 ans.... Au moins, au Groenland.

 

om2

A noter que le réchauffement de l' Optimum Médiéval est loin d'être un cas exceptionnel dans l'histoire récente (et lointaine) de notre planète comme le montrent les résultats des forages glaciaires qui couvrent la période -3000->1900 tirés de la même source. On retrouve sur ce graphe les périodes documentées sur le plan historique tels que le période dite romaine et la période Minoéenne, particulièrement chaude, qui a connu une hausse de température de 1,5°C/100 ans pendant 70 ans. A noter que ces épisodes chauds ont tout trois coïncidé avec des périodes riches de l'histoire de l'humanité. Par exemple, les grandes cathédrales furent construites autour de l'an mil.

om3

Et si on remonte dans le temps jusqu'en 8000 avant J-C, toujours avec la même base de données de la NOAA, on observe que les hausses et le baisses rapides de 2°C ou plus, ont été très fréquentes au cours des derniers millénaires.
On voit que le climat a toujours beaucoup changé au cours des âges. Ce qui fait de l'expression utilisée à présent :"Changement Climatique" en lieu et place de "Réchauffement Climatique", n'est rien d'autre qu'un pur truisme, vide de sens...

 

Addendum du 27 décembre : Un lecteur attentif (merci Sam) a effectué une analyse plus détaillée des dix mille dernières années (l'holocène) de la base de données citée ci-dessus, à l'aide d'un tableur. Voici, ci-dessous, son graphique qui est orienté dans le sens inverse des précédents (comme le font les paléontologues). Les années les plus récentes sont donc à gauche. Sam nous fait remarquer que les pics de température se produisent, environ, tous les mille ans). Ce qui, si cette périodicité observée durant les quelques 8000 ans passés, s'avérait exacte, impliquerait que la température actuelle devrait culminer vers l'an 2000-2020 (comme l'on trouvé d'autres chercheurs à partir de différentes analyses). Comme vous le constatez, les vitesses de hausse de températures sur toute cette période sont comprises entre 0,4°C /100 ans et 1,4°C /100 ans. Il est évident que les résultats indiqués sur le graphe suivant résultent de calculs et doivent être affectés d'une marge d'erreur de l'ordre de l'ordre de 10%, au moins.
De plus, il faut se souvenir que ces données ont été "lissées" ce qui équivaut à l'application d'un filtre passe-bas sur les données brutes. Il est donc fort possible que les vitesses de hausse de température réelles aient été supérieures à celles qui sont observées dans cette base de données de la NOAA.

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Comme vous le savez si vous avez parcouru le site Pensee-unique.fr, la courbe qui représente l'évolution des températures du globe (la fameuse "crosse de hockey" de Michael Mann et al qui couvre la période de -1000 à nos jours) et qui figure dans tous les rapports du GIEC depuis 1998, a complètement effacé l'Optimum Médiéval ce qui justifie l'affirmation des supporters du GIEC que "le réchauffement que nous connaissons est sans précédent". Cette reconstruction en crosse de hockey a fait l'objet de très nombreuses controverses dont j'ai donné un très bref aperçu ici. La polémique, à ce sujet, a rebondi récemment lors de l'affaire des courriels du CRU de l'Université d'East Anglia.
Voici, ci-contre, la reconstruction du climat en "crosse de hockey" telle qu'elle figure, de manière plus ou moins visible, dans les rapports successifs du GIEC depuis 1998.
Les auteurs de cette reconstruction (dendrochronologique) justifient l'absence de l'optimum médiéval en affirmant que leur courbe est globale tandis que l'optimum médiéval serait localisé à l'hémisphère Nord.
Cette dernière affirmation est cependant mise en défaut par une très longue série d'études scientifiques qui ont retrouvé les traces de l'Optimum Médiéval sur l'ensemble de la planète et pas seulement dans l'hémisphère Nord.

Quoiqu'il en soit, il est important, pour le but que nous poursuivons ici, qui vise à comparer la vitesse de montée des températures lors de l'Optimum Médiéval et de la période Minoéenne à celle que nous avons connue au XXème siècle, de s'affranchir de toute critique sur le caractère localisé ou non de la période chaude de l'Optimum Médiéval.

Autrement dit, nous ne comparerons pas la vitesse de montée de la température lors des temps anciens au Groenland avec la vitesse de montée de la température du globe du XXème siècle qui, comme vous le savez, est d'environ 0,7°C/100 ans.
Nous comparerons la vitesse de montée (et l'amplitude) des variations de température lors de l'Optimum Médiéval et de la période Minoéenne avec celle de la période récente, au même endroit, c'est à dire au Groenland même où ont été prélevés les forages glaciaires. Les stations de mesure se trouvent à basse altitude comparativement aux sommets où ont été prélévés les carottages et où les températures sont évidemment plus basses. groentemp


Pour cela et dans un premier temps, nous utiliserons les données réellement mesurées, moyennées et rassemblées dans la table ci-contre, tirée d'un article paru dans le JGR du mois de Juin 2006. Voici sa référence :

Vinther, B.M., K.K. Andersen, P.D. Jones, K.R. Briffa, and J. Cappelen. 2006. Extending Greenland temperature records into the late eighteenth century. Journal of Geophysical Research, 111, 10.1029/2005JD006810. (cette table se trouve dans le document pdf).

"Annual" signifie la moyenne annuelle des températures des 13 stations de mesure de température du Groenland.

DJF : Décembre, Janvier, Février.
MAM : Mars, Avril, Mai
JJA : Juin, Juillet, Août
SON : Septembre, Octobre, Novembre.

Sur la période de 100 ans la plus récente, nous trouvons que la température moyenne (sur un an ) a varié de -2,9°C à -2,1°C soit un réchauffement de +0,8°C/100 ans pour les températures terrestres du Groenland. Notons, en passant que la température a nettement plus augmenté pendant les deux décennies 1931-1940 et 1941-1950 que pendant les trois dernières décennies (1971-2000).

Ceci se retrouve dans un article tout récent qui vient d'être publié au Journal of Climate de l'AMS et dont la référence est :
Box, J.E., L. Yang, D.H. Bromwich, L.-S. Bai. 2009. "Greenland ice sheet surface air temperature variability: 1840–2007".
Journal of Climate, 22, 4029-4049
(résumé disponible ici)

Le résumé de cet article précise d'ailleurs que "La tendance au réchauffement de 1919 à 1932 de la totalité de la surface glacée a été de 33% plus groenboxgrande que celle du réchauffement de la période 1994-2007 "

 

A noter que le graphe ci-contre, extrait de ce dernier article, a été obtenu en combinant les données mesurées par les stations terrestres et celles d'une modélisation informatique. La courbe en noir épais indique la variation de température de 1835 à 2007.
On observe bien, comme dans la table précédente que vers 1930 il a fait plus chaud et que la montée a été plus rapide que pendant la période récente, ce qui jette un doute sérieux sur l'importance réelle de la concentration du CO2 qui est nettement plus élevée de nos jours (385 ppm) qu'elle l'était en 1932 (306 ppm).

Quoiqu'il en soit, selon cette étude, pendant la période des cent années 1901-2000 qui nous sert de base pour cette comparaison le réchauffement du Groenland a été de :
0°C-(-0,9°C) = +0,9°C/100 ans qui, compte tenu des erreurs inhérentes à ce type de mesures est statistiquement indistinguable du +0,7°C trouvé dans l'article précédent. A noter que si nous avions tracé une régression linéaire au sein de la courbe annuelle, nous aurions obtenu sensiblement le même résultat.

Rappel : Petr Chylek et ses collaborateurs ont étudié les chylek09bvariations de température de l'ensemble de l'Arctique (et non pas seulement du Groenland) de 1910 à 2005, ainsi que je vous l'avais rapporté ci-dessous.

Je reproduis ci-contre la corrélation frappante qu'il a trouvé entre la température de l'arctique (en traits rouges) et l'indice de l'AMO (Oscillation Atlantique Multidécennale) de la NOAA (en bleu) et de Parker (en noir). Les oscillations AMO sont d'origine parfaitement naturelles. Bien entendu.

Il en déduit que (selon le propre résumé de Chylek ) : " les variations de température de l'Arctique sont étroitement corrélées avec l'AMO (l'Oscillation Atlantique Multidécennale) suggérant que la circulation thermohaline de l'Océan Atlantique est reliée à la variabilité de la température Arctique suivant une échelle multidécennale."
Conformément d'ailleurs à ce que plusieurs chercheurs ont suggéré lors de la récente réunion du Congrès WCC3.

D'ailleurs on retrouve la trace de l'Oscillation Multidécennale Atlantique dans les mesures de températures du Groenland ( Box et al) mentionnées ci-dessus. Tout cela est parfaitement cohérent.

Résumé: Nous allons résumer le résultat de ces comparaisons entre les vitesses de hausse de la température observée au Groenland, de nos jours avec celles observées lors de l'Optimum Médiéval et lors de la période Minoéenne au même endroit, sous la forme de deux petits tableaux :

yannmedieval2

Epoques anciennes

Vitesse de montée des
Températures

Période Optimum Médiéval (an mil) 0,7 °C/ 100 ans
Période Minoéenne (-1200 ) 1,4 °C/ 100 ans

Epoque 1901-2000  
D'après Vinther et al 0,8 °C/ 100 ans
D'après Box et al 0,9 °C/ 100 ans
Température globale 1901-2000 0,7°C/ 100 ans

Conclusion :
Objectivement et au vu de ces comparaisons des mesures effectuées sur un même site (au Groenland) à différentes époques, on ne peut certainement pas affirmer, comme beaucoup le font, que la vitesse de la hausse de la température du XXème siècle est exceptionnelle et "sans comparaison" avec ce que nous avons connu dans le passé ... pendant lequel le taux de CO2 étaient notoirement inférieur à celui que nous connaissons actuellement.. Au contraire, les vitesses de hausse de la température sont tout a fait comparables sinon identiques. A noter également que la vitesse de hausse de la température globale qui est de 0,7°C/ 100 ans, est très proche ou égale à celle qui a été observée au Groenland aussi bien lors du siècle écoulé que pendant l'an mil. Ces dernières sont bien inférieures à celle qui a eu lieu pendant 94 ans lors de l'époque Minoéenne et sans doute à d'autres époques antérieures.

Anthropocène ?

Certains ont décidé de baptiser la période dans laquelle nous vivons actuellement du nom d'Antropocène pour la distinguer de l'Holocène qui l'aurait précédé et qui se prolonge depuis les quelques 10000 dernières années...au prétexte que l'action humaine nous aurait fait changer d'époque géologique.
Du point de vue des variations de températures observées depuis 10000 ans jusqu'à nos jours, on ne voit pas en quoi l'époque actuelle se distinguerait de l'holocène dont, en réalité, elle fait partie intégrante.

Joyeux Noël et Meilleurs Voeux à tous (toutes)...

12 Novembre 2009 : Pourquoi la mer monte ? Une nouvelle explication plus rassurante et qui bouleverse les idées reçues.

Un lecteur attentif, spécialiste de la mesure du niveau des mers, a attiré mon attention sur un article très récent, paru dans la revue en ligne Ocean Science de l'European Geosciences Union.

The gyre-scale circulation of the North Atlantic and sea level at Brest (Circulation de l'Atlantique Nord à l'échelle du gyre et niveau de la mer à Brest)

P. L. Woodworth1, N. Pouvreau2, and G. Wöppelmann3
1Proudman Oceanographic Laboratory, Joseph Proudman Building, 6 Brownlow Street, Liverpool L3 5DA, UK
2UMR 5566 LEGOS-CNES, 14 av. Edouard Belin, 31400 Toulouse, France
3UMR 6250 LIENSs, Université de La Rochelle – CNRS, 2 rue Olympe de Gouges, 17000 La Rochelle, France

Cet article confirme et renforce une explication très intéressante et novatrice de la hausse du niveau des mers, proposée il y a peu d'années. Le lecteur a rédigé un texte sur ce sujet à l'intention de Pensee-unique.fr que je me fais un plaisir de publier. Le voici, remis dans la forme des billets de ce site :

Qui n’a pas entendu parler de la montée inexorable du niveau des mers, de la disparition de certaines îles paradisiaques, et que bien sûr, la cause de tout cela est le réchauffement climatique, lié, cela va de soi, aux activités humaines ?

Sur ce sujet, certains organismes de recherche français n’hésitent pas à surenchérir au niveau de leur site Web, affirmant que depuis des millénaires le niveau de la mer a peu varié, et que depuis un siècle, l’élévation moyenne est de l’ordre de 1,8 mm/an (voir le site du LEGOS, Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océnaographie Spatiales).
C'est sans doute aller un peu vite et oublier, au passage, l’histoire de quelques villages recouverts par le sable en Bretagne entre le XVIème et le XVIIIème siècle car la mer s’était retirée… preuve que le littoral a toujours été en mouvement et à la merci des océans bien avant que l’on se chauffe et que l’on se déplace à l’aide d’énergies fossiles. gyre1

Il est fondamental de noter que l'élévation du niveau des mers n’est pas uniforme et qu’en fait, sur certaines côtes, les niveaux océaniques décroissent à peu près au même rythme qu'ils s'accroissent sur d'autres.

Par exemple, le niveau de la mer baisse au voisinage de la côte Est de l’Afrique et de la côte Ouest de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord, comme on le voit sur l''image ci-contre qui indique l'évolution des niveaux océaniques entre 1993 et 2003 mesurée à partir des données altimétriques des satellites TOPEX-POSEIDON. Il est visible que le niveau des océans a monté dans l'Ouest de l'océan Pacifique mais il a baissé à l'Est.
Tout cela est donc très inhomogène.

 


Les raisons généralement avancées pour expliquer les variations actuelles du niveau des mers sont les suivantes :

  • La température moyenne des océans augmente ou a augmenté (ce fait est encore l’objet de discussions au niveau de la communauté des océanographes, mais il est pris d’emblée comme hypothèse valide. (A noter que les derniers résultats publiés montrent qu'il n'en est rien au moins depuis 2003 ainsi qu'il a été montré dans ce billet) et donc, le volume des océans augmente par dilatation thermique de l’eau de mer.

  • Les glaciers fondent.Cette eau est transportée par les fleuves jusqu’à la mer. De même, les calottes polaires se réduisent au Groénland et en Antarctique entraînant également un apport d’eau.

    ...Seulement voilà, les explications évidentes ne sont pas toujours les plus pertinentes, et c'est ainsi que :

En 2004, deux scientifiques américains, Laury Miller de la NOAA et Bruce C. Douglas de l’Université de Floride pointaient déjà du doigt, dans un article publié dans la revue Nature, le fait que la dilatation thermique et la fonte des glaces ne permettaient pas d’expliquer l’élévation moyenne globale de 2 mm/an environ, car les vitesses d’augmentation de volume et les quantités de glaces fondues ne pouvaient se traduire que par une hausse, d’au mieux, 0,5 mm/an.

En 2006, ils confirmaient leurs affirmations dans une autre publication à la Royal Society .

En 2007, ils émettaient l’hypothèse que la variation des niveaux océaniques n’était pas directement due au réchauffement, mais aux variations décennales ou multidécennales du champ de pression atmosphérique dans certaines zones océaniques particulières appelées gyres ( Réf : Miller L., Douglas B. C. : Gyre-scale atmospheric pressure variations and their relation to 19th and 20th century sea level rise) publié dans Geophysical Research Letters, 34, L16602, DOI : 10.1029/GL030862, 2007). Voici ce que Miller et Douglas indiquaient dans le résumé de cet article :

"The rates of sea level rise tend to be lower in the 19th compared to 20th century. We show this behavior may be related to long-term, gyre-scale surface pressure variations similar to those associated with the Northern Annular Mode. As sea level pressure increases (decreases) at decadal and longer timescales at the centers of the subtropical atmospheric gyres, sea level trends along the eastern margins in each ocean basin decrease (increase)."
Soit, en français :

" Les vitesses de la hausse du niveau des mers tendent à être plus faibles pendant le XIXème siècle que pendant le XXème siècle. Nous montrons que ce comportement peut résulter des variations de pressions de longue durée, à l'échelle du gyre, semblables à celles qui sont associées avec le Mode Annulaire du Nord (NAM). Quand la pression à la surface de la mer croit (décroît) sur des échelles de temps décennales ou de plus longues durées, aux centres des gyres atmosphériques subtropicaux, les tendances à la hausse des niveaux des mers le long des marges de l'Est dans chaque bassin océanique, décroissent (croissent)."

Autrement dit, l'augmentation de la vitesse de hausse du niveau des mers, observée au XXème siècle, par rapport au XIXème, peut fort bien résulter des variations de pression atmosphérique décennales ou de plus longues durées, résultant des gyres. (voir l'explication du gyre ci-dessous)

Cette hypothèse vient de recevoir une éclatante confirmation dans une publication récente que l’on doit à un anglais, P. L. Woodworth et deux français, N. Pouvreau et Guy Wöppelmann.

Ces derniers auteurs se sont appuyés sur des données historiques du plus ancien marégraphe au monde, qui est installé à Brest.
Les plus anciennes données de ce site remontent à la fin du 17ème siècle, début du 18ème. Ils ont corrélé ces données avec des données de pression atmosphérique mesurées régulièrement par des bateaux faisant la traversée de l’Atlantique et consignées dans leurs carnets de bord.
Les données manquantes ont pu être reconstruites à l’aide d’un modèle en développement appelé ACRE.

Leur conclusion est sans appel. Ils concluent que : ‘sea level on the eastern boundary of the North Atlantic does appear to be related on multi-decadal and century-timescales to the strength of the gyre-scale circulation, as represented by air pressure in the centre of the gyre. This conclusion verifies that of Miller and Douglas (2007) but with the use of a data set twice the length as that employed previously’.

Traduit dans la langue de Molière, cela signifie que : ‘le niveau de la mer sur les côtes Nord Atlantiques apparaît être relié sur des échelles de temps de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’années, à la force de la circulation à l’échelle du gyre (Atlantique), représentée par la pression atmosphérique au centre du gyre. Cette conclusion confirme celle de Miller et Douglas (2007), mais avec une base de données s'étendant sur une durée deux fois plus longue que celle précédemment employée."

Alors, qu’est-ce exactement que le gyre Atlantique ? Il s’agit simplement d’une zone océanique, située au niveau de l’Afrique du Nord, que l’on appelle aussi mer des Sargasses représentée sur la figure ci-contre :

gyre2

 

Cette zone est bordée à l’Ouest par le fameux Gulf Stream, au Nord par la dérive Nord Atlantique, à l’Est par le courant des Canaries et au Sud par le courant Nord-équatorial.

Cet ensemble forme un vortex (ou tourbillon d’axe vertical), qui induit des variations de pression atmosphérique. Ce sont ces variations de pressions qui ont été corrélées aux variations de niveaux marins enregistrées à Brest depuis des décennies.

 

 


Le même phénomène de gyre existe aussi dans le Pacifique et il pourrait également expliquer les variations de niveau observées.

En conclusion, nous sommes bien loin des explications alarmistes fournies jusqu’à présent pour justifier la montée des eaux sur certaines côtes ou la (non) disparition de certaines îles comme Tuvalu et Takuu. Ici encore, les découvertes scientifiques bouleversent les idées reçues.
On pourra toujours dire que le réchauffement amplifie l’effet des gyres et contribue à la montée des eaux, mais cela reste encore à prouver.

Dans tous les cas, l’explication alarmiste de la fonte des glaces et de la dilatation thermique des océans pour expliquer le hausse observée du niveau des océans, se trouve très sérieusement remise en question....
___________________________________________________________________________________________________________________pascontent

"The science is settled" , " La science est établie " nous répètaient sans cesse Al Gore, R. Pauchauri, le Président du GIEC et ses affidés ...
Le Président Obama affirmait récemment dans un discours que : " La science ne peut être remise en cause et les faits sont clairs : les niveaux des mers montent, les zones côtières se rétrécissent ...."
Sans doute, Mr President, mais ce n'est pas ce que vous croyez !
Pas plus sur la question de la hausse du niveau des mers que sur les autres, d'ailleurs...

 

31 Octobre 2009 : Mais où est donc passé le Méthane ?

Comme vous l'avez constaté, si vous êtes des assidus de la presse, d'Internet ou des médias télévisuels, il ne se passe pas une journée sans qu'un docte "expert du climat" vienne vous expliquer que "le méthane (CH4), c'est bien pire que le CO2", "qu'il ne faut plus manger de viande bovine parce que les ruminants éructent du méthane à la tonne", que "les conséquences du méthane produit par les élevages sont pires que celles du CO2 résultant de la circulation automobile" et que "la fonte des pôles va libérer d'énormes quantité de méthane piégé dans le pergélisol, ce qui ferait fondre les pôles qui libéreraient du méthane qui ferait fondre les pôles qui libéreraient du méthane" ce qui, finalement, "transformerait notre planète en poêle à frire" comme l'a affirmé Michel Rocard à propos du CO2 qui troue la couche d'ozone.
Et le doute n'est plus permis parce que c'est le GIEC qui l'a dit...

De son côté, La FAO (titulaire du premier bonnet d'âne de décembre 2006), l'organisme de l'ONU qui est chargé de lutter contre la faim dans le plasticowmonde, sonne le tocsin pour qu'on débarrasse, au plus vite, notre planète de ses malheureux ruminants...

Et les chercheurs argentins d'équiper leurs vaches de bouées en plastique, non pour leur éviter la noyade dans les eaux du Rio Negro, mais pour recueillir leur rôts, comme on le voit sur l'image ci-contre. Tandis que leurs camarades biologistes du monde entier travaillent d'arrache-pied sur de vastes projets, richement dotés et destinés à remplacer l'herbe des pâturages par des aliments moins générateurs de méthane...

Cependant, comme vous le savez, à Pensee-unique.fr, nous préférons prendre du recul par rapport à ces perspectives ébouriffantes, surtout en cette période qui précède les (dés)accords de Copenhague. Et suivant notre bonne habitude, nous allons puiser nos informations à la source de résultats scientifiques publiées dans les journaux scientifiques de la meilleure qualité. Peer-reviewés, cela va sans dire.

Il n'est pas nécessaire d'effectuer de longues recherches pour trouver l'article très récent (du 17 Sept. 2009) suivant, publié dans une revue qui bénéficie de toutes les garanties requises. Voici la référence, le titre et la (longue) liste des auteurs :

GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 36, L18803, doi:10.1029/2009GL039780, 2009

"Observational constraints on recent increases in the atmospheric CH4 burden" soit "Limitations, résultant des observations, des hausses récentes de la charge en CH4 de l'atmosphère."
A noter, en passant, que l'utilisation du mot "burden" qui signifie littéralement "fardeau" ou "charge pesante" pour désigner le méthane en dit long sur les convictions profondes des auteurs de l'article. Voici la (longue) liste de ces auteurs :

E. J. Dlugokencky, L. Bruhwiler, J. W. C. White, L. K. Emmons P. C. Novelli, S. A. Montzka, K. A. Masarie, P. M. Lang, A. M. Crotwell, J. B. Miller et L. V. Gatti
Ces chercheurs relèvent tous des organismes qui font, depuis des années, la promotion du réchauffement climatique aux Etats-Unis. C'est à dire la NOAA et l'Université du Colorado (Boulder) à l'exception de Gatti qui est un chercheur Brésilien. Dlugokencky est considéré comme le grand manitou du méthane à la NOOA.

Ce chercheurs ont mobilisé les données de pas moins de 46 sites de mesures pour tracer les deux courbes maîtresses suivantes qui sont extraites de l'article en CH41question et qui sont rapportées ci-contre.

La courbe du haut qui est très connue, nous indique la proportion du CH4 atmosphérique en ppb, de 1983 au début 2009.
Un ppb c'est une partie (en volume) par milliard. Cela représente 1 mm3 dans un volume de mille litres. Un ppb, c'est aussi un millième de ppm qui est l'unité standard utilisée pour mesurer le taux de CO2 dans l'atmosphère.

Pour avoir une idée de l'influence de l'effet de serre (selon le GIEC) du méthane atmosphérique par rapport à celui du CO2, on peut faire un calcul (grossier) en se souvenant que l'effet de serre du CH4 serait 25 fois plus grand que celui du CO2 (Un article tout récent dit que c'est 33 fois, mais c'est à vérifier).

Ainsi, l'effet du méthane contenu dans l'atmosphère correspondrait approximativement à l'équivalent de de 45 ppm de CO2 à comparer aux 385 ppm de CO2 actuellement mesurés à Mauna Loa. On constate que d'après les mesures rapportées ci-contre, l'équivalent en CO2 du méthane présent dans l'atmosphère est passé de 41ppm (en 1983) à 45 ppm (en début 2009) ce qui correspond à une augmentation, en équivalent CO2 de 4 ppm en 26 ans. Rappelons que, pendant la même période, c'est à dire entre 1983 et le début 2009, le taux de CO2 réel, lui, aurait augmenté de quelques 45 ppm (en 26 ans) selon les mesures effectuées à Mauna Loa.

Autrement dit, l'augmentation du taux de CH4 dans l'atmosphère de 1983 à nos jours est pratiquement négligeable par rapport à celle du CO2 pendant la même période... contrairement à ce que pourrait laisser penser la courbe (du haut), représentée ci-dessus, dont l'axe des ordonnées est zoomé de façon outrancière..

Ce qui est plus surprenant encore et qui est, à ma connaissance, inexpliqué (il y a bien quelques hypothèses...) c'est le fait, bien visible sur ce graphe que le taux de méthane présent dans l'atmosphère tend à se saturer. Autrement dit, le taux de croissance du CH4 atmosphérique diminue dans le temps.
Pour en avoir le coeur net, les 11 chercheurs cités ci-dessus, ont étudié la variation temporelle du taux de CH4 présent dans l'atmosphère pendant la même période. En termes plus savants, ils ont tracé, sur la graphe du bas, la dérivée temporelle du taux de méthane en fonction du temps (reporté ici en d(CH4)/dt en ppb par an). En quelque sorte, ils ont tracé la vitesse d'augmentation du taux de méthane.

Comme on s'y attend au vu de la courbe précédente, cette courbe (du bas) présente une pente moyenne négative. Autrement dit, la vitesse décroît nettement depuis 1983 jusqu'à nos jours en subissant un certain nombre de montées et de descentes perceptibles sur ce graphe. Celui-ci est intéressant à plus d'un titre :

  • Le taux d'augmentation du CH4 atmosphérique est pratiquement égal à zéro en début 2009. Autrement dit le méthane n'augmente pratiquement plus en ce moment même.

  • Le "pic" de température de 1998, sans doute dû au El Niño qui a régné à cette époque, a conduit à une légère accélération de l'augmentation du taux de méthane et il en a été de même lors de l'éruption du Pinatubo (1991). On peut penser que du méthane, présent dans les marécages, a été relâché lors du tremblement de terre subséquent.

  • L'accélération apparente de la montée du taux de méthane en 2007 a provoqué une véritable panique parmi les alarmistes du climat qui ont aussitôt établi un lien avec la fonte exceptionnelle de l'arctique de cette année-là (elle aussi stoppée depuis lors). Malheureusement pour leurs prédictions apocalyptiques et heureusement pour nous, la hausse du taux de méthane s'est aussitôt ralentie jusqu'à nos jours.Il n'y pas eu de "tipping point" ou de divergence du genre de celle que j'ai évoquée au début de ce billet. En réalité, le méthane contenu dans le pergélisol reste sagement piégé comme il l'a fait dans le passé même quand la température avait augmenté de 10°C .

  • Si la tendance observée de 1983 à nos jours, se poursuit dans les années à venir, la taux de méthane présent dans l'atmosphère risque de partir à la baisse. Nous verrons. Mais les observations de ces 11 chercheurs sont incompatibles avec les affirmations alarmistes qui clouent au pilori les activités humaines, actuellement en pleine croissance.
    CH42
  • Cette saturation apparente du taux de méthane présent dans l'atmosphère est en contradiction flagrante avec les projections du GIEC ainsi que l'a relevé l'ancien climatologue d'Etat, Patrick J. Michaels, en reportant sur le graphe précédent, les projections officielles du GIEC, comme on peut les voir sur cette courbe.

 

 

 

 

La dernière phrase de la conclusion de l'article cité et cosigné par les 11 chercheurs de la NOOA, de l'Université du Colorado et de l'IPEN de Sao Paulo, en dit long sur le mode de fonctionnement de la science climatique actuelle : :

"We emphasize that, although changing climate has the potential to dramatically increase CH4 emissions from huge stores of carbon in permafrost and from Arctic hydrates, our observations are not consistent with sustained changes there yet."

"Nous insistons sur le fait que bien que le changement climatique ait le potentiel d'induire un accroissement significatif des émissions de CH4 à partir des énormes réserves de carbone stockées dans le pergélisol et dans les hydrates présents en Arctique, nos observations ne sont pas, pour le moment, en accord avec des changements persistant dans cette région."

En bref, ils récitent le credo du GIEC... mais ils constatent qu'il n'est pas en accord avec ce qu'ils observent ! Déchirant, n'est-ce pas ? Quoiqu'ils gardent la foi, en précisant "pour le moment", c'est à dire "pas encore". Nous espérons qu'ils continueront à bénéficier de leurs contrats de recherche. A noter que cette démarche, très fréquente en climatologie et qui consiste à effectuer des observations qui ne collent pas avec les modèles du GIEC tout en en limitant la portée, avait été stigmatisée par Lindzen.

Notes : Ces observations sont rassurantes tout comme celles que nous avons déjà rapportées. Elles ressortent d'un article et de chercheurs GIEC-labélisés, mais comme d'habitude, elles n'ont fait l'objet d'aucun écho de la part des médias...C'est toujours aussi curieux, de la part d'organes prétenduement d'information.
porc

Et cela n'a pas empêché, non plus, Sir Nicholas Stern (baptisé "l'économiste du changement climatique". Il est l'auteur du fameux rapport pour Tony Blair et il vient d'être sollicité pour donner une série de cours au Collège de France dont la devise est "Docet Omnia" ("Il enseigne tout": En effet !)) de nous inviter, comme Pachauri, à devenir "légumistes" (comme on disait au temps de Jules Verne) et à ne plus manger de viande pour sauver la planète.(Sic)..

 

 

14 Octobre 2009 : Le taux de fonte de l'Antarctique est au plus bas depuis 30 ans !

Cette nouvelle très rassurante sur l'évolution de la glace antarctique dont beaucoup avaient annoncé qu'elle "fondait à grande vitesse et submergerait bientôt nos continents", n'a reçu strictement aucun écho dans les médias...

Pourtant, elle résulte des recherches menées et publiées par des chercheurs reconnus tels que Marco Tedesco du Earth and Atmospheric Sciences, City College of New York, et Andrew J. Monaghan du National Center for Atmospheric Research, Boulder, Colorado, USA (le NCAR), qu'on ne peut certainement pas qualifier de sceptiques du climat.
Leurs résultats ont été publiés tout récemment dans une revue renommée (et très souvent citée dans ce site) sous la référence :
GEOPHYSICAL RESEARCH LETTERS, VOL. 36, L18502, doi:10.1029/2009GL039186, 2009

et sous l'intitulé : "An updated Antarctic melt record through 2009 and its linkages to high-latitude and tropical climate variability"
soit " Un état des lieux, mis à jour, de la fonte de l'Antarctique jusqu'en 2009 et ses liens avec la variabilité climatique tropicale et des hautes latitudes".

Le résumé de cet article débute par cette phrase qui nous dit tout : " Un minimum, pour les trente dernières années, de la fonte des glaces de l'Antarctique s'est produit durant l'été austral 2008-2009 (NDT : qui a lieu d'octobre à janvier) selon les observations microondes satellitaires pour la période 2008-2009. Les deux fortes phases positives de l'Oscillation Sud de l'El Niño (El Niño Southern Oscillation, ENSO) et du Mode Annulaire de l'Hémisphère Sud (NDT Southern Hemisphere Annular Mode), (SAM) ont été observées durant les mois précédents et incluant la saison de fonte 2008-2009..."

On ne peut mieux résumer cet article intéressant (mais complètement passé sous silence) qu'en donnant le graphe suivant qui est extrait de l'article en question :

tedesco1

 

Sur l'échelle des ordonnées, SOI signifie le Southern Oscillation Index que j'ai déjà évoqué ici. SAM correspond au Mode Annulaire de l'Hémisphère Sud et "Melting index" signifie l'anomalie de l'indice de fonte de la glace antarctique.

Comme on le voit immédiatement sur ce graphe, pour le moins, "embrouillé", il est difficile sinon impossible de suivre, individuellement, l'évolution de chacun des paramètres mentionnés.

Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, est de visualiser l'évolution de l'anomalie de l'indice de fonte de la glace Antarctique indiquée par des triangles sur ce graphe. Mais vous remarquerez que les variations de la SOI et du SAM sont en assez stricte opposition de phase avec l'indice de fonte ce qui indique qu'une augmentation de la SOI et du SAM conduisent à une réduction de la fonte antarctique.
Or la SOI et le SAM sont des variations cycliques parfaitement naturelles qui n'ont rien à voir avec le gaz carbonique anthropique, ce qui nous en dit long sur l'influence probablement faible ou nulle, mais constamment réaffirmée, du réchauffement climatique anthropique sur les glaces antarctiques ce qui est d'ailleurs conforme aux observations précédentes que j'avais rapportées ici.

Patrick J. Michaels (Professeur retraité de Sciences Environnementales de l'Université et ancien climatologue d'Etat (1980-2007) de Virginie (USA)) (voir son site ici) s'est donné la peine d'extraire les données pertinentes (c'est à dire celles qui représentent l'indice de fonte, symbolisées par les triangles sur ce graphe assez obscur). tedesco3

 

Voici le graphe obtenu Par P.J. Michaels :

Le dernier point à droite indiqué "Summer 2008-2009" nous donne l'anomalie de l'indice de fonte mesurée pendant le récent été austral.

Comme on le voit immédiatement sur ce graphique, ce point 2008-2009 représente le plus faible niveau de fonte de l'Antarctique jamais enregistré depuis 1980 qui est la date des premières observations satellitaires fiables de cette région du globe.

Si on trace une ligne droite médiane passant au milieu de ces points, comme je l'ai fait avec un trait bleu sur le graphe de Michaels, on représente une régression linéaire de l'anomalie de fonte des glaces. Nous observons que cette droite présente une pente négative. En d'autres termes :
L'Antarctique fond de moins en moins, au moins depuis 1980, et nous sommes parvenus à un minimum historique de fonte des glaces.

Dès lors, comment se fait-il que la totalité des journaux de la grande presse ainsi que les autres médias audiovisuels continuent à affirmer que l'Antarctique est "en train de fondre du fait du réchauffement climatique et va nous submerger", en attirant l'attention du public sur la petite région volcanique de la péninsule Ouest sans jamais mentionner le fait que la glace de l'énorme partie continentale se renforce constamment ?
Ainsi que les lecteurs de ce site qui lisent la page des grands indicateurs en sont avertis.

Je vous laisse juge de la réponse.

L'article cité ci-dessus est paru "online" (In press) sur le site de l'AGU (American Geological Asssociation) le 12 Août 2009. Il a été publié sur papier le 24 septembre dernier. Aucun journaliste scientifique de nos grands journaux n'y a prêté attention depuis lors...

C'est pourtant une bonne nouvelle pour la planète. Non ?
Curieux "cherry-picking" journalistique : Inutile de vous dire que si le résultat avait été l'inverse, cela aurait fait la une de tous les médias...Ouf !

 

15 Juin 2009 : Le Professeur Pietr Chylek, éminent chercheur et chef d'équipe au Los Alamos National Laboratory ( New Mexico, USA) n'est pas un chylek inconnu pour ceux qui ont lu attentivement le contenu de ce site. Spécialiste reconnu de la physique atmosphérique (notamment des transferts radiatifs) des aérosols et des glaces polaires, il a publié plusieurs articles "peer-reviewed" (souvent dans le JGR ou GRL) qui contredisent frontalement les thèses du GIEC (voir ici et ici).

Son dernier article qui est encore sous presse au Geophysical Research Letters, jette encore un pavé dans la mare des théories du réchauffement anthropique des ordinateurs du GIEC. Selon cet article, le réchauffement actuel de l'Arctique qui sert de cheval de bataille aux alarmistes, résulterait, non pas de l'effet de serre anthropique, mais bien directement des oscillations naturelles et multidécennales de la température de l'Océan Atlantique (AMO). Il précise aussi que le réchauffement Arctique qui a eu lieu de 1910 à 1940 était notablement plus rapide que celui que nous avons connu récemment de 1970 à 2008 ce qui est très gênant pour les théories de l'effet de serre du GIEC étant donné que la très grande majorité du CO2 anthropique a été émise après 1945...
L'idée de base de cet article est très simple : Les modèles de l'effet de serre du GIEC prédisent que l'Arctique doit se réchauffer plus vite que le reste de la planète, ce qui semble être le cas du moins pour la période 1970-2008. On définit ainsi un "coefficient d'amplification" qui est utilisé par les tenants du GIEC pour affirmer que leur modèle est ainsi validé.
Manque de chance pour eux !
Chylek et al montrent que ce "coefficient amplificateur" qui est issu des modèles de l'effet de serre n'est non seulement pas constant mais suit les variations naturelles des oscillations de la température océanique (période d'environ 60 à 80 ans)....Donc, rien à voir avec l'effet de serre !

Cet article est publié sur le titre :"Amplification des variations de la température de l'air en Arctique et l'Oscillation Multidécennale Atlantique." Les auteurs sont : Chylek, P., C. K. Folland, G. Lesins, M. K. Dubey, and M. Wang (2009),Geophys. Res. Lett., doi:10.1029/2009GL038777, sous presse..

Voici deux graphiques extraits de cet article qui en disent long sur les corrélations observées par Chylek et al :chylek09a

 

La graphique (a) reproduit les données moyennes annuelles (losanges) enregistrées par 37 stations météorologiques distribuées en Arctique. La courbe en noir représente la moyenne glissante sur cinq ans de ces données. Les droites bleues et rouges sont les régressions linéaires correspondant aux périodes de refroidissement et de réchauffement identifiées dans l'article. Idem pour la figure (b) mais cette fois-ci pour la température du globe.

On remarque que le coefficient d'amplification est beaucoup plus prononcé pour la période de refroidissement (de 9 à 13) en Arctique que pour les périodes de réchauffement. Cette remarque est importante parce qu'elle élimine d'emblée l'explication favorite du GIEC qui invoquait une augmentation des aérosols obscurcissants pour justifier le refroidissement observé dans les années 1940-1970 alors que le taux de CO2 était, lui, en forte croissance, ce qui était évidemment très gênant pour les modèles d'effet de serre.
Comme disent les auteurs de l'article : " ... il n'y a pas de raison pour que le refroidissement résultant d'aérosols puisse induire un refroidissement dans l'Arctique quelques 9 à 13 fois plus important par rapport à la moyenne globale. Une explication plus plausible peut être trouvée dans le changement de la circulation thermohaline (NDT : C'est à dire de l'AMO)".
A noter que la fiabilité des mesures avant 1910 est douteuse et ne permet guère de tirer de conclusions.

Voici une superposition particulièrement frappante (Fig. 3 de l'article) :chylek09b

 

Courbe moyennée sur 11 années de l'anomalie de température arctique (par rapport à la moyenne 1910-2008) en rouge superposée aux données de l'AMO de la NOAA (courbe bleue) et à celles de Parker (courbe noire).

La corrélation entre la courbe de température Arctique et la courbe des températures de l'AMO est évidente. D'ailleurs, le coefficient de corrélation r2 est de 0,69 pour la courbe de la NOAA et de 0,73 pour celle de Parker.

 

Voici le résumé complet de l'article:

"La compréhension de la variabilité de la température de l'Arctique est essentielle si on veut prédire la fonte de la nappe glacée du Groenland, celle de la mer glacée et celle du pergélisol arctique. Le renversement de tendance des années 1940 et 1970 indique une séparation nette entre les deux réchauffements (1910-1940 et 1970-2008) par une période de refroidissement significative (1940-1970). En analysant les enregistrements des stations météorologiques de l'Arctique nous trouvons que a) l'amplification arctique (c'est à dire le rapport entre l'évolution de la température de l'arctique par rapport à la température globale) n'est pas constant mais varie dans le temps suivant une échelle de temps multidécennale, b) le réchauffement de l'arctique pendant la période 1910-1940 s'est produit avec une vitesse notablement plus rapide que le réchauffement des années 1970-2008 et c) les variations de température de l'Arctique sont étroitement corrélées avec l'AMO (l'Oscillation Atlantique Multidécennale) suggérant que la circulation thermohaline de l'Océan Atlantique est reliée à la variabilité de la température Arctique suivant une échelle multidécennale."

Et une partie de la conclusion de l'article de Chylek et al. :

"...La région Arctique s'est réchauffée plus rapidement pendant le réchauffement de 1910-1940 que lors du réchauffement de 1970-2008 (Table 1). Pendant la période de refroidissement 1940-1970 l'amplification Arctique a été extrêmement intense, entre 9 et 13. Nous suggérons que la variabilité multidécennale de la circulation thermohaline de l'Océan Atlantique est la cause principale de la variation de la température Arctique. " ......

L'idée que la variabilité du climat terrestre est étroitement corrélée aux oscillations naturelles océaniques (PDO, AMO, ENSO etc...) et beaucoup moins, ou pas du tout, aux concentrations de gaz à effet de serre, n'est pas une nouveauté pour ceux qui ont lu ce site et notamment cette page dans laquelle ils retrouveront des observations analogues notamment avec la PDO (Pacific Decadal Oscillation). Une telle démarche va dans le sens des idées et des observations, en particulier et parmi bien d'autres, de Joseph d'Aleo (ici et ici) , Bill Gray (ici) et Roy Spencer (ici).

A noter que l'AMO a basculé dans sa phase froide depuis près de 6 mois (source NOAA) à ce jour, ce qui, si Chylek et al ont raison, implique que l'Arctique devrait se refroidir dans les années à venir, contrairement à ce qu'affirment tous les modèles du GIEC...Le basculement de la PDO en phase froide, elle aussi bien confirmée, devrait aussi refroidir le climat. Ce qui, conjugué avec plusieurs autres observations, pourrait nous entraîner dans une assez longue période froide (30 ans environ) dans les années qui viennent (lire ici).

Nous verrons bien, mais il est à parier, une fois encore, que vous n'entendrez jamais parler de cet article remarquable ni dans nos médias "de référence", ni dans le prochain rapport du GIEC (2012-2014, s'il y en a un ?). Cet article est pourtant publié "peer-reviewed" dans une des meilleures revues du genre et écrit par des climatologues patentés... C'est curieux, non ?

 

1er Mai 2009 : Les mesures les plus récentes de l'épaisseur de la glace arctique montrent qu'elle est plus épaisse qu'on le pensait...

ASIEavril

Contrairement aux affirmations mille fois répétées, en ce début mai 2009, dans les médias (notamment francophones. Merci l'AFP !), l'arctique ne fond pas ! (l'Antarctique non plus d'ailleurs. Bien au contraire).

En tout cas, en ce printemps 2009, l'étendue de la zone glacée qui recouvre le pôle Nord a plutôt tendance à augmenter qu'à diminuer ainsi que le montre le graphe actualisé au 30 avril 2009, ci-contre. Ce graphe (voir les indicateurs) provient du NSIDC qui fait autorité en la matière (quand les sondes satellites fonctionnent ! ). La glace arctique fond si peu que sa superficie actuelle (trait bleu continu) a pratiquement retrouvé la valeur moyenne (1979-2000) de référence (trait noir continu), à la même époque de l'année. Etonnant mais vrai !

Si cette évidence ne semble pas avoir effleuré l'esprit des rédacteurs des communiqués de nos agences de presse qui continuent à recycler les données de 2007, elle n'a évidemment pas échappé à l'oeil averti des chercheurs affiliés au GIEC. En effet, voilà qui est extrêmement gênant pour ceux qui nous avaient prédit la disparition imminente (pour l'été dernier !) de la glace arctique (comme Marc Serreze, le futur directeur du NSIDC, par exemple). Devant l'impossibilité de nier l'évidence sur l'extension des glaces, on a alors été averti que " Oui, la glace du pôle s'étend. C'est vrai. Mais elle est très peu épaisse. Elle va fondre comme neige au soleil...Vous allez voir ce que vous allez voir !"

Et c'est sans doute pour cette simple raison que l'on a assisté récemment à un "changement d'objectif " de la part des chercheurs affiliés au GIEC qui considèrent, comme Al Gore, que la glace arctique est le "canari dans la mine" du réchauffement climatique anthropique et qu'il leur faut absolument démontrer que cette dernière va disparaître sous peu, sous peine de voir s'écrouler tout l'édifice, patiemment mis en oeuvre depuis des années.

En bref, les mesures des superficies des glaces des deux pôles n'étant décidément pas coopératives, on a décidé que la nouvelle question cruciale était, désormais, l'épaisseur de la glace arctique...

Or, la mesure précise de l'épaisseur de la glace qui recouvre la mer Arctique est une opération particulièrement délicate. Les résultats avancés à l'aide techniques satellitaires complexes sont sujets à caution. Je vous ai déjà parlé des bouées disposées à cet effet par la marine américaine (voir ici). Ces bouées présentent de nombreux inconvénients, dont le principal est qu'elles ont tendance à dériver. La glace aussi, d'ailleurs, ce qui ne simplifie pas les choses : Voir cette animation très spectaculaire de la "centrifugeuse arctique" en 2007).

Deux méthodes de mesure de l'épaisseur de glace Arctique

Avec la bénédiction du Prince Charles ("pour nos enfants et nos petits enfants..") et du responsable du WWF ("pour sensibiliser les politiques..") (voir l'entête ici), une équipe de trois hardis explorateurs des pôles se sont lancés, il y a deux mois, dans une périlleuse expédition, non loin du pôle Nord, pour mesurer, tout le long d'un parcours de 1000km, l'épaisseur de la mer de la Glace Arctique (Catlin Arctic Survey). Le but avoué sur le site de cette expédition est, bien entendu, de montrer que l'Arctique fond.

Cette expédition, très risquée compte tenu du climat redoutable qui règne au pôle Nord, surtout cette année, se trouve actuellement en difficulté ( atterrissage de l'avion ravitailleur impossible). En ce 1er Mai 2009, Elle est bloquée depuis une semaine à quelques 530 km de l'objectif ( le pôle Nord).
La totalité du matériel de mesure sophistiqué ayant été détruit par le froid et le blizzard, nos courageux explorateurs en sont actuellement réduit aux mesures directes "à la main" c'est à dire avec un forêt manuel -une sorte de très longue vrille de menuisier- et un décamètre, tout en réduisant leurs portions alimentaires...
On peut raisonnablement s'inquiéter pour leur survie si la météo ne s'améliore pas dans les jours qui viennent.
Il est inutile d'ajouter que l'apport de ces mesures directes à la science est assez problématique, compte tenu de la très grande hétérogénéité de l'épaisseur de la glace et du fait que les mesures sont clairsemées sur un seule ligne et peu significatives au vu du mouvement incessant des plaques de glace, en perpétuelle dérive, qui constituent la mer arctique.

La photo ci-contre montre un de ces trois explorateurs traînant derrière lui le pesant traîneau contenant l'équipement, suivi du dispositif radar (en jaune) destiné aux mesures automatiques de l'épaisseur de glace. Cet équipement endommagé a été abandonné depuis quelques jours. Les explorateurs en sont aujourd'hui réduits au décamètre comme instrument de mesure et à la vrille pour percer les trous.

Ce sont des méthodes dignes du XIXème siècle...

catlin1

 

Pendant ce temps-là...

L'Alfred Wegener Institute (AWI) allemand est le grand spécialiste mondial de la glace des pôles et aussi, des mesures de la température des mers glacées antarctiques qu'il a effectué récemment avec une équipe de 58 scientifiques à bord du plus puissant brise glace du monde, le Polarstern (commentées ici).
L'AWI a décidé de se lancer sérieusement dans cette délicate mesure de l'épaisseur de la glace arctique.
Depuis quelques années déjà, une équipe de cet Institut renommé, avait entrepris un projet basé sur une conception totalement différente de la Catlin Arctic Survey : Le projet Polar 5 de l'AWI.

Plutôt qu'un traîneau radar traîné par des skieurs, ce projet de recherche utilise un avion (un vieux DC3 modernisé dont la robustesse est à toute épreuve) qui entraîne, au bout d'un filin de 80m, une sonde radar sophistiquée (appelée EM-bird, en bas sur la photo) qui est déplacée au dessus et à peu de distance de la glace arctique dont elle mesure l'épaisseur avec une technique d'échos similaire à celle du traîneau jaune de la Catlin, maintenant abandonné .. Un photo ci-contre vous montre le dispositif, lors d'une campagne d'essais préliminaires effectués (d'autres photos ici). On voit très bien, attaché sous l'avion, le radar destiné aux mesures d'épaisseurs de la glace.

Il est inutile d'ajouter que cette technique présente d'énormes avantages par rapport à celle des explorateurs de l'équipe Catlin. D'une part, elle ne met pas en danger la vie des participants et, surtout, elle permet d'explorer, avec facilité, de manière automatique et avec une grande célérité (ce qui est important car les glaces bougent), des zones infiniment plus vastes (voir ci-dessous) que le simple trajet de trois d'explorateurs se déplaçant péniblement sur des skis, en tirant de lourds traîneaux sur des plaques de glaces constamment à la dérive.

awiplane

Dès lors et sachant que la mission Polar 5, extrêmement bien équipée, gérée par les professionnels reconnus de l'Alfred Wegener Institute, existait et était programmée bien avant que soit lancé le projet Catlin Artic Survey, on peut se demander pour quelles raisons les responsables de ce dernier projet on persisté, sachant très bien qu'ils risqueraient la vie de plusieurs personnes (les trois membres de l'expédition ainsi que celle de l'équipage du Twin-Otter qui doit atterrir sur la glace dans des conditions très périlleuses, comme cela s'est déjà produit en 2003 pour sauver le chef de l'expédition, Pen Hadow (source)) et sachant aussi que le bénéfice pour la science serait, en comparaison des résultats de Polar 5, pratiquement négligeable.

La réponse à cette question se trouve dans le site de la Catlin Arctic Survey. A l'évidence, il s'agit d'une opération de promotion hyper-médiatisée pour les sponsors fournisseurs de matériel où espérant des retombées de mesures politiques du type taxe-carbone (voir la liste des sponsors) et d'une opération politico-médiatique supportée par le WWF... destinée à "prouver " au monde entier" que la glace fond en Arctique "plus vite que prévu"... le Dr Neil Hamilton, grand responsable du WWF déclare sans ambages, dans l'entête du site que : "L'opération Catlin Arctic Survey vise à avoir un effet retentissant sur la perception croissante du changement climatique à travers le monde. Elle a le potentiel d'entraîner des conséquences durables pour la science qui influe sur la politique."

Ceci au prix d'une expédition dangereuse et sous-équipée, digne du XIX ème siècle, alors qu'une technique infiniment plus performante et sans danger est en pleine activité ?

Les résultats de Polar 5 :

polar5Ci-contre, La carte du projet d'exploration Polar 5 avant le départ (27 Mars). Les chiffres de 1 à 11 marquent le parcours de l'avion et les cercles en pointillés, les zones de mesure explorées finement avec la sonde EM-bird. (source du 27 mars 2009). On voit que les zones , 6 et 11 ont fait l'objet d'une attention particulière pour des raisons qu'il serait trop long d'expliquer ici.
L'avion de l' AWI a effectué sa mission.Nous ne disposons pas encore des résultats complets des mesures de l'expédition Polar 5. Ces résultats feront sans nul doute l'objet d'une publication à venir, mais la radio de Brême qui est le port d'attache du Alfred Wegener Institute (Bremerhaven) a interviouvé des participants à cette campagne de mesure (source). Voici ce qu'elle rapporte sous le titre :
" La couverture de glace au pôle Nord est plus épaisse que prévu" : "
"Résultat : La mer de glace, dans les zones explorées est nettement plus épaisse que les scientifiques pensaient... Normalement, la glace, à cet endroit est faite de glace de deux ans et a un peu plus de 2 m d'épaisseur ... Un porte-parole du Alfred Wegener Institute a déclaré que " Mais elle fait plus de quatre mètres d'épaisseur".

 

Mise à jour du 22 Mai : Le Wegener Institute a publié ses conclusions officielles peu après les déclarations faites aux journal cité ci-dessus. Les voici, en langage mesuré propre aux scientifiques (mais pas aux journalistes...):
"De multiples vols en direction du Nord à partir de différentes bases ont montré que l'épaisseur de la glace variait entre 2,5m (glace de deux ans autour du pôle Nord) et 4 mètres (glace pérenne dans les régions proches des côtes du Canada). Globalement, la glace est quelque peu plus épaisse que celle de l'année dernière dans ces mêmes régions ce qui nous conduit à la conclusion que la couverture de glace de l'Arctique s'est temporairement reconstituée (Source)"
(Note : On se demande sur quels éléments ils se basent pour affirmer que cela n'est que temporaire... mais bon..)

...Ce qui n'empêche pas, bien sûr, la presse pseudoscientifique a sensation de titrer avec une conclusion alarmiste strictement à l'opposé des résultats des recherche du Wegener Institute, en se basant sur les déclarations d'un membre de l'équipe Catlin ... (" Réchauffement Climatique : La banquise encore plus fine qu'on le pensait..." (par MaxiSciences relayé servilement par Yahoo et les autres médias, bien sûr : Encore de bons candidats aux bonnets d'âne)
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Pour l'instant, j'en tire deux deux conclusions :

-L'épaisseur de la glace arctique est loin d'être aussi faible qu'on veut nous le faire croire. Elle s'est même renforcée ces derniers temps. Si on ajoute les résultats de ces mesures aux observations satellitaires des superficies glacées par le NSDIC, le NANSEN Norvégien ou le JAXA Japonais, on se dit que les médias qui remplissent actuellement leurs colonnes avec des affirmations infondées sur la fonte de la glace arctique, feraient bien de revoir les bases de leur métier et, surtout, réviser leur déontologie.

-Sachant qu'il existe de nombreuses institutions spécialisées, abondamment pourvues en chercheurs compétents et en matériel de pointe, pour effectuer des mesures précises sur tout ce qui concerne la glace du Pôle Nord (et du pôle Sud), quel est le but réel d'expéditions pseudo-scientifiques dans le style du Catlin Arctic Survey, la brève séance de kayak de Lewis Pugh qui comptait pagayer jusqu'au pôle, ou encore du Total Pole Airship (financé par Total, entre autres), la fameuse expédition polaire de J-L Etienne en dirigeable, lequel s'est crashé sur une maisonnette avant le départ, emporté par un vent de 40km/h (source) ? Quel est le but réel poursuivi par les sponsors qui financent à tout-va ces âneries médiatico-politico-pseudo-scientifiques ?
Ne feraient-ils pas mieux d'aider tout simplement la recherche. La vraie recherche ?
Même s'il est certain que la mission Polar 5 ne recevra sûrement pas le centième de la couverture médiatique (surtout au vu des résultats qu'elle rapporte) qu'a reçue (notamment de la part du Guardian UK) l'expédition de la Catlin Arctic Survey...
Désolant !

PS : Compte tenu de l'état critique dans lequel se trouvent actuellement les trois membres de l'expédition Catlin, je n'ai pas eu le coeur de leur attribuer un bonnet d'âne. Par contre, les responsables et les sponsors de cette équipée qui, eux, sont restés bien au chaud, méritent certainement une collection complète de ces couvre-chefs tant convoités. A voir.

 

25 Avril 2009 : Encore une découverte rassurante !

Un article publié (hier) dans la revue Science montre que l'augmentation du taux de méthane qui a accompagné une période de réchauffement intense (plus de 10°C en quelques dizaines d'années !), lors de la transition brutale Dryas récent / époque préboréale, il y a environ 11650 ans, ne provenait pas de la désintégration des clathrates sous-marins mais de la prolifération de marais humides au Groenland.

Que n'a t'on pas entendu répéter, dans les grands médias comme dans certains sites Internet, au sujet de la possible libération du CH4 (un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2) par les clathrates déposés sur les fonds marins comme conséquence, soi-disant inéluctable duCH4sea réchauffement climatique anthropique ? Certains qui échafaudaient des scénarios de cauchemars (voir ici, par exemple) en empilant une foule d' hypothétiques rétroactions positives, nous affirmaient qu'ils "étaient certains à 100%" que le danger viendrait de là.. Ils nous présentaient l'émergence de bulles de CH4 des fonds océaniques tel qu'on le voit sur la photo ci-contre, comme une preuve et un avertissement de ce qui allait, inévitablement selon eux, se produire...

Heureusement, pendant ce temps là, loin de ce battage insensé et infondé, la Science (la vraie) progresse... A petits pas mesurés, certes, mais elle progresse. Je vous ai déjà raconté dans cette page, à partir d'une autre article publié dans Science en 2008, comment la pérennité d'une zone de pergélisol (riche en méthane) dans le Canada sub-arctique, datant de 700.000 ans, montrait que la glace enterrée pourtant loin du pôle, pouvait subsister même pendant les périodes les plus chaudes, évitant ainsi la libération de méthane tant redouté par les tenants de l'effet de serre anthropo-catastrophique.

L'article que je vais commenter pour vous est intitulé : "Mesures du 14CH4 dans la glace du Groenland : A la recherche des sources de méthane lors de la fin de la dernière période glaciaire " .

Sa référence bibliographique est Science, 24 avril 2009, vol 324, page 506-508. Ses auteurs sont : Vasilii V. Petrenko, Andrew M. Smith, Edward J. Brook, Dave Lowe, Katja Riedel, Gordon Brailsford, Quan Hua, Hinrich Schaefer,Niels Reeh, Ray F. Weiss, David Etheridge, Jeffrey P. Severinghaus. Ils sont chercheurs dans diverses institutions américaines, Néo-zélandaises, Danoises et Australiennes.

Les auteurs nous rappellent que les enregistrements par carottages glaciaires montrent que de fortes variations de proportion de méthane atmosphérique ont accompagné le réchauffement climatique brutal et intense qui s'est produit, il y a environ 11.650 ans, lors de la transition entre les "Dryas récent " (YD) et la période Préboréale (PB), c'est à dire précisément à la fin de la dernière période glaciaire qui, comme on le sait, se reproduit pour des raisons parfaitement naturelles, tous les dix mille ans, environ (à quelques milliers d'années près, heureusement) selon les cycles de Milankovitch.
La question qui restait posée et que ces chercheurs semblent avoir résolue est la suivante : Mais d'où venait donc ce méthane ?

La brusque poussée de température (quelques +5°C à +10°C, sinon plus encore, en quelques dizaines d'années (en comparaison, le réchauffement actuel de 0,7°C en cent ans est une amusette)), a été accompagnée d'une nette augmentation du taux de CH4 atmosphérique comme cela est visible sur la partie supérieure de la figure ci-contre, extraite de l'article en question. Le taux de CH4 est passé de 500 à 750 ppb (parties par milliards en volume) en moins de 200 ans environ selon les carottages glaciaires. (Attention à l'échelle des temps inversée utilisée par les paléoécologistes) CH4

L'idée fondamentale des auteurs de cet article consiste à utiliser, non pas la mesure du taux de CH4 dont on ne peut distinguer l'origine mais plutôt la mesure de l'isotope 14CH4 qui, elle, révèle la provenance de ce dernier. En effet, on sait que l'isotope 14C résulte essentiellement de l'action cosmogénique (les rayons cosmiques). Ainsi, la teneur en 14C du méthane doit-elle montrer une évolution différente si le 14CH4 provient des clathrates sous marins ou des sources surfaciques comme les lacs ou les marécages dans lesquels la décomposition des matières organiques rejette, comme toujours, de grandes quantités de méthane.

Le résultat est clair d'après le graphe du milieu de cette figure qui est au coeur de l'article. Ce graphe montre comment aurait dû varier la concentration des échantillons en 14CH4 selon deux hypothèses: Soit par dégazage des clathrates sous marins (courbe en tiretés rouges), soit par dégazage des marécages (courbe en trait épais rouge).
Les points de mesure noirs accompagnés de leurs marges d'erreur correspondent aux mesures directes dans la glace prélevée au Groenland. Cependant, ces mesures ont dû être corrigées pour tenir compte de l'effet ajouté par l'action cosmogénique directe sur les CH4 contenus dans la glace. Les résultats tenant compte de cette correction s'alignent assez correctement sur la courbe prévue pour un dégazage des zones marécageuses et contredisent clairement l'hypothèse d'un dégazage des clathrates marins. La figure du bas permet de mettre en évidence le fait que les émissions de CH4 des marécages répondent très rapidement au réchauffement tandis que celle des clathrates marins auraient un temps de latence d'au moins cent ans.

Les glaciologues s'accordent sur le fait que le réchauffement brutal qui s'est produit lors de la transition Dryas récent / époque préboréale, a concerné une très grande partie (sinon la totalité) du globe.

Que faut-il retenir de cet article ?

-Un réchauffement extrêmement rapide (quelques dizaines d'années) et intense (plus de +5°C selon certains, plus de 10°C en Europe de l'Ouest en cinquante ans (source)) s'est produit lors de la transition Dryas récent-Préboréal (GS-1-PB), il y a quelques 11.650 ans.

-Ce réchauffement très intense et rapide a été accompagné par une augmentation rapide du taux de CH4 atmosphérique (par rapport à la période glaciaire précédente) qui provient, selon ce nouvel article, du dégazage des matières organiques en putréfaction dans les zones marécageuses qui existaient, à cette époque, au Groenland et non pas du relargage du méthane contenu dans les clathrates marin.

Tout ceci est extrêmement rassurant quand à une augmentation possible de l'effet de serre lié au méthane résultant du réchauffement climatique prédit par certains, parce que, comme l'écrivent les auteurs de l'article, on sait que si seulement 10% du contenu des clathrates étaient relâchés dans l'atmosphère, ceci équivaudrait à un forçage de 10 fois la quantité actuelle de CO2 ( selon les modèles de l'effet de serre du GIEC) ...

Ouf !!! Heureusement, ils ont l'air vraiment très très stables pour résister à des variations de température de +10°C, les clathrates marins et autres pergélisols (permafrosts), si on en croit les auteurs de cet article ainsi que ceux de l'article de Science que j'avais commenté en 2008...

PS : Je fais le pari que les grands journaux ne parleront jamais de cet article, pourtant publié dans Science ! Pas plus, d'ailleurs, qu'ils ne l'ont fait de celui de 2008, publié aussi dans Science. Pourquoi ? Ce n'est pas intéressant ?
Reuters (même si le titre est contradictoire avec le texte qui suit) a fait passer l'annonce. Et l'AFP ? Et les journaux francophones ? Rien encore.

 

12 Fév. 2009 : L'évolution du contenu thermique des océans contredit formellement les modèles du climat ( notamment celui de James Hansen 2005) :

Quand on sait que la contenu thermique (HC heat content) des océans tourne autour de 90% du total et qu'il représente environ 1000 fois celui de l'atmosphère on voit tout l'intérêt que présente son étude approfondie. Malheureusement, compte tenu de la grande inhomogénéité géographique et des grandes fluctuations temporelles des températures océaniques, cette étude se révèle difficile et sujette à de nombreuses controverses constamment relancées par les découvertes de nombreuses erreurs souvent attribuables aux instruments de mesures... Bref c'est un sujet difficile est éminemment crucial pour tester, de visu, la cohérence ou l'incohérence des modèles de l'effet de serre dit anthropique.

En bref, l'idée fondamentale qui donne toute son importance à cette étude est que la variation du contenu thermique des océans représente une mesure directe du déséquilibre thermique (dit radiatif) de la planète. C'est ce déséquilibre thermique qui correspondrait à l'effet "pullover", comme disent (improprement) certains qui ont, (enfin !), abandonné l'image "d'effet de serre", tout aussi impropre, d'ailleurs.

De nombreux chercheurs comme Roger Pielke Sr (ou Josh Willis du JPL de la NASA) défendent l'idée que les mesures des températures de la couche superficielle des océans sont beaucoup plus révélatrices du refroidissement ou du réchauffement de la planète que les mesures de température terrestre ou atmosphérique le plus souvent évoquées dans les médias.

Afin de faire le point sur ce sujet aussi crucial qu'épineux, une conférence de spécialistes de cette question s'est tenue sur ce sujet à Miami en Floride en Mars 2008. On trouve, sur le lien indiqué, toute un série de présentations PPT qui ont été présentées lors de cette conférence. hc1

 

Voici, ci-contre, à droite, un graphe actualisé jusqu'en 2008 du Prof. Pielke Sr, à partir d'un graphe présenté par Sydney Levitus lors de la conférence.

Ce graphe représente l'évolution du contenu thermique de la surface (de 0 à -700m et suivant deux sources différentes en rouge et en noir) des océans de 1957 à 2008 (les valeurs pour les 5 dernières années ont fait l'objet de quelques hésitations de la part de Josh Willis, dont je vous ai parlé ici, et dont je vous parle ci-desous). L'échelle verticale est graduée en unités de 1022 Joules. Bien entendu la position du zéro est arbitraire et ne joue aucun rôle ici. Seules comptent les variations temporelles du contenu thermique.

La lecture de ce graphe et la régression linéaire en rouge qui lui superposée nous indique que le déséquilibre thermique (ou déséquilibre radiatif) a augmenté de quelques 0,24.1022 Joules par an, ce qui correspond à un flux moyen incident de 0,15 Watts par mètre carré.

Par ailleurs James Hansen et une douzaine de collègues ( dont Josh Willis et Gavin Schmidt bien connu sur ce site, puisqu'il est le responsable des mesures GISSTEMP à la NASA ) ont publié, en 2007, un article (imprudemment) intitulé "Déséquilibre énergétique de la terre : confirmation et implications" dont la conclusion était que "La terre absorbe actuellement 0,85 Watts/m2 de plus qu'elle n'en émet vers l'espace". Cette conclusion (hardie) était basée sur le résultat des modèles de l'effet de serre et sa confirmation venait de la confrontation de ce résultat avec la variation du contenu thermique des océans représenté par le trait bleu (qui est une illustration de l'auteur du site) sur la courbe précédente. Et en effet, si on ne considérait QUE les résultats des mesures allant de 1993 à 2003, cela semblait constituer une confirmation des modèles d'Hansen et al...
(Réf de l'article : Hansen, J.et al. 2005: Earth’s energy imbalance: Confirmation and implications. Science, 308, 1431-1435, doi:10.1126/science.1110252.

La question qui vient immédiatement à l'esprit est de se demander pourquoi, alors que les données antérieures étaient disponibles, les auteurs ont-ils négligé toutes celles qui précédaient 1993, créant ainsi un biais très important pour le résultat de la comparaison théorie-mesure ainsi qu'on peut le voir sur le graphique. Ce biais allait évidemment dans le bon sens (pour eux) mais tout de même.... De fait, comme le graphique le montre bien, la période 1993-2003 est très loin de constituer une tendance typique de la variation de ces cinquante dernières années qui nous donne une valeur de 0,15 Watts/m2 au lieu de 0,85 Watts/m2 qui a d'ailleurs été rétrogradée, depuis, par Hansen à 0,60 Watts/m2 ...

Ce qui représente quand même un bon facteur 4 entre les prévisions et les mesures.. (source). Pour une confirmation de théorie, ce n'est pas très fort !

Mais, passons....
Vous imaginez mieux maintenant les affres éprouvées (voir ici) par Josh Willis (coauteur de l'article précédent avec Hansen) lorsqu'il a examiné les résultats des balises ARGO qui lui montraient que les températures des océans étaient à la baisse depuis 2003-2004 ce qui contredisait les conclusions de l'article qu'il avait cosigné avec Hansen.. Pour un chercheur, c'est une vraie catastrophe.
Un article publié en 2006, le reconnaissait honnêtement... Mais un correctif du même auteur, paru quelques semaines plus tard, revenait sur cette affirmation en alléguant des erreurs de mesures.

Nous sommes maintenant en 2009 et, après de nombreuses polémiques et vérifications, il semble acquis que le contenu thermique des océans a baissé ou stagné depuis 2003-2004 comme cela se voit très bien sur la courbe précédente.
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Mise à jour du 1er Juillet 2009
Un lecteur très bien informé, que je remercie, me signale que Josh Willis (NASA) et ses collègues (John S. Lyman (NOAA) , Gregory C. willis2009Johnson (NOAA) et John Gilson (Scripps Institution Calif)) viennent (enfin !) de publier leurs résultats et conclusions dans un article intitulé " In Situ Data Biases and Recent Heat Content Variability" dans le volume 26 (Avril 2009, page 846-852) du Journal of Atmospheric and Oceanic Technology de l'AMS (http://ams.allenpress.com/perlserv/?request=get-abstract&doi=10.1175%2F2008JTECHO608.1 : résumé seul car l'accès à l'article nécessite une souscription à l'AMS).

La conclusion du résumé de cet article qui met sans doute un point final aux hésitations de Josh Willis et de ses collègues, nous dit tout :
" With biased profiles discarded, no significant warming or cooling is observed in upper-ocean heat content between 2003 and 2006." Soit " Après avoir éliminé les résultats défectueux, on observe qu'aucun réchauffement ni refroidissement significatif n'est perçu dans le contenu calorifique de la couche superficielle des océans entre 2003 et 2006" A noter que Craig Loehle (voir ci-dessous), utilisant les mêmes données corrigées et une analyse fine des résultats parvient à la conclusion qu'il y a eu, en fait, un refroidissement...willis2008


Voici, ci-contre, la courbe maîtresse (Fig 4) de cet article :

En ordonnées, le contenu thermique de la couche superficielle (0- 750m) des océans en unité de 10 21 Joules. En abscisses, les années de 2003 à juin 2006.

En trait noir épais, les résultats bruts de l'ensemble complet des mesures disponibles qui avaient fait l'objet d'une publication en 2006 et avaient tant alarmé Willis et ses collègues, lesquels avaient, peu après, retiré leur communication.
En trait gras pointillé, les mêmes données auxquelles on a retiré les données, estimées défectueuses, de sondes du WHOI (Le Woods Hole Oceanographic Institution)
En trait fin pointillé : Les données des balises ARGO seules moins les données des balises WHOI estimées défectueuses.
En trait fin continu : Les donnés auxquelles on a soustrait les données des balises ARGO qui représentent quand même l'ensemble le plus complet dont on dispose actuellement (voir la mise à jour du 29 Mars ci-dessous)

Ouf ! Comme on le voit, en appliquant une série de "corrections "successives, et partant d'un résultat littéralement explosif pour les modèles de l'effet de serre, on arrive bien à la conclusion de l'article en question. Ni réchauffement, ni refroidissement significatifs... ce qui est encore dévastateur pour ces mêmes modèles, comme le montre Roger Pielke Sr. ci-dessous.

Je pense qu'on peut tirer quelques enseignements de ce long processus de publication-corrections-publication et corrections successives qui est assez typique et révélateur des difficultés et du fonctionnement réel de la "science climatique".
Le cas présent n'est pas unique. Loin de là. Et il est conforme à ce qu'a fait fait remarquer le Professeur Richard Lindzen du MIT qui écrivait: " Que des corrections aient besoin d’être appliquées aux données climatiques n’est pas du tout surprenant, mais que ces corrections aillent toujours dans le sens « souhaité » est hautement improbable."

Le plus étonnant et, sans doute, le plus révélateur des pressions considérables auxquelles sont soumis les chercheurs qui travaillent dans ce domaine, apparaît de manière évidente dans la dernière phrase de cet article de Josh Willis et al . La voici, en anglais d'abord, puis en français:

"The findings and conclusions in this article are those of the authors and do not necessarily represent the views of the National Oceanic and Atmospheric Administration" Soit : "Les résultats et les conclusions de cet article sont ceux des auteurs. Ils ne représentent pas nécessairement les points de vue de l'Administration de la NOAA".

Autrement dit, et cela semblera totalement impensable pour les scientifiques qui lisent ce texte, les chercheurs responsables d'un vaste travail d'investigation qui engage des crédits énormes (le projet ARGO) se voient contraints de se démarquer des opinions ou des points de vue de l'Administration de leur organisme de tutelle ...Je n'avais encore jamais vu ça.
Dès lors, on peut raisonnablement se demander à partir de quels éléments l'Administration de la NOAA se forge-t-elle ses point de vue (ici sur le contenu thermique des océans) si ce n'est pas à la lumière des résultats scientifiques obtenus par ses propres chercheurs qui utilisent des moyens incomparablement supérieurs à tout ce qui existait jusqu'à présent.
Tout ceci est vraiment très inquiétant sur les motivations profondes des administrations des grands organismes de recherche, comme la NOAA et beaucoup d'autres, qui sont censées fournir aux décideurs des données objectives résultant directement de leurs propres travaux de recherche. Quant aux décideurs de la planète, bien entendu totalement ignorants de cette grave réfutation apportée aux modèles de l 'effet de serre qu'on leur a présentés comme intouchables, ils continuent sur leur lancée. Comme si de rien n'était : Avanti tutta !
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Inutile de vous répéter que les résultats de Willis et al, même après les multiples corrections qui vont "dans le bons sens", jettent un doute dévastateur sur les modèles actuels de l'effet de serre dont Hansen est le grand prêtre, lequel persiste contre vents et marées, à maintenir son chiffre fétiche de 0,60 Watts/m2 pour le déséquilibre radiatif de la planète qui conduit aux prévisions ultra-alarmistes que l'on connaît.
A noter aussi que cette observation sur la stagnation ou la baisse des températures des océans fait écho aux mesures de températures du globe qui stagnent ou baissent depuis une dizaine d'années (voir les indicateurs). Tout cela est parfaitement cohérent dans la mesure où il s'agit de la température de surface des océans dont le temps de réponse est assez rapide...

Roger Pielke Sr, souvent cité dans ce site (par exemple ici), avait d'ailleurs demandé (exigé) des explications à ce sujet, suite à la parution du rapport AR4 du GIEC (en Janvier 2007 à Paris). Il alléguait que ce test en vrai grandeur du déséquilibre radiatif de la planète devait impérativement être expliqué par les rédacteurs du GIEC. Bien qu'il soit un climatologue mondialement réputé, il n'obtint aucune réponse.
Tout à fait conscient de l'importance du problème, Pielke Sr. est revenu à la charge le 9 février 2009 et il a proposé que l'on compare, année après année, la valeur du contenu thermique des océans avec les prédictions du modèle théorique de Hansen (2005) ce qui constitue un test fondamental des modèles de l'effet de serre utilisés par les prédictions du GIEC. hansen2

 

Pielke (source) donne les valeurs des prédictions de Hansen et al à partir de 2003 jusqu'en 2012 à comparer avec les valeurs réellement observées. Plutôt que de reproduire la liste brute des valeurs numériques données par Pielke, J'ai tracé la courbe représentative de ces données (ci-contre).

Comme on le voit sur ce graphique, les prédictions des modèles climatique s'écartent progressivement et notablement des observations (droite rouge). En effet, la stagnation ou le repli des températures océaniques observé depuis 2003 indique un déséquilibre radiatif nul ou même négatif.

Pielke fait aussi remarquer que pour que le modèle du GISS (dont Hansen est le directeur à la NASA) soit vérifié, par exemple en 2012, il faudrait ajouter quelques 9,8. 1022 Joules aux océans pendant les quatre ans 2008-2012. Ceci exigerait, en supposant ce réchauffement uniformément réparti sur les quatre années à venir, un déséquilibre de 1,50 Watts/m2, c'est à dire 2,5 fois plus que prévu par les modèles de Hansen (0,6 Watts/m2). Autant dire qu'en toute hypothèse, le modèle du GISS sera manifestement faux...

Pielke ajoute (perfidement) que " Bien que la période temporelle démontrant cette divergence modèle-réalité soit relativement courte, on peut se demander combien il faudra d'années pour que soient rejetées les capacités prédictives de ce modèle..."
A noter que les observations de Pielke et les résultats des mesures recoupent les conclusions de l'article de Joel Schwartz ( rapporté ici.) publié dans JGR en 2007.
Quant à la physicienne Katia Laval de Paris 6 qui se posait la question suivante devant les reporters du Figaro (voir ici)
« Pourquoi les sceptiques croient-ils autant à 1/6 de watt par mètre carré dû à l'effet du soleil et mettent-ils tant en doute 2,4 watts par mètre carré haussemerdus à l'effet du CO2 ? »,
Elle a la réponse à sa question : Le contenu thermique des océans nous montre qu'il s'agirait plutôt de 0,15 Watts par m2 (ou même zéro depuis 2003) plutôt que 2,4 Watts par m2...

Cette stagnation du contenu thermique des océans est cohérente avec le graphique (ci-contre) de la hausse du niveau des océans que m'a transmis un lecteur averti (que je remercie) et qui est tracée à partir de la base de données de l'Université du Colorado On observe que la hausse du niveau des océans (SLR Sea Level Rise) s'est nettement ralentie depuis 2005-2006.

En conclusion : Cher lecteur(trice) qui entendez dire sans cesse (TF1, A2, FR5 etc) et qui lisez partout dans la presse (le Monde, Libé, Le Figaro etc.) que "Tout est bien pire que ce qui est prévu par les modèles" qu'il s'agisse d'ailleurs de tout et de n'importe quoi, comme la fonte des glaciers, la disparition de la mer arctique, de la hausse du niveau des mers etc.., vous voilà désormais en mesure de répondre :
"NON :
Le contenu thermique des (ou la chaleur stockée dans les) océans croit beaucoup moins vite (en fait, il ne croit plus du tout) que prévu par les modèles et le déséquilibre radiatif dû au CO2 est certainement beaucoup moins grand que prévu..." D'autre part, ce billet montre une fois de plus, tout comme le suivant, qu'en matière de climatologie, il suffit de bien choisir les points de départ et d'arrivée pour démontrer tout ce que l'on veut.. Pauvre science ! Et dire qu'elle est censée servir de base à la politique..
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Mise à jour du 22 Mars 2009 : (Suite) Réévaluation des données des balises Argo de 2003 à 2008 : Les océans se refroidissent !

Comme vous le savez, si vous avez lu ce billet posté il y a exactement un an, les résultats des mesures des quelques 3300 balises Argo ( page d'accueil du projet Argo) disposées sur les océans de la planète ont fait l'objet de plusieurs réajustements au cours de ces dernières années. Il faut dire que les premiers résultats par Josh Willis et al en 2007 avaient de quoi horrifier les affidés du GIEC : Les balises Argo indiquaient que les océans se refroidissaient ce qui est absolument contraire aux prévisions des ordinateurs de l'effet de serre anthropique. Comme je l'ai raconté il y a un an, et certainement après un certain nombre de nuits sans sommeil comme il l'a déclaré lui-même, Josh Willis se décida à retirer son article et à déclarer que les résultats des balises Argo souffraient de quelques défauts... Les résultats furent retouchés (ou corrigés) et la conclusion (qui constituait encore une très mauvaise nouvelle pour les tenants du réchauffement anthropique) fut, à l'époque, que la température des océans et donc que le contenu thermique des océans avait stagné ou légèrement baissé durant la période de mesure. Ce qui justifie l'analyse de Roger Pielke Sr que j'ai décrite un peu plus haut.

argo1

Admirez la qualité de la couverture des 3325 balises Argo au 22 Mars 2009 sur la figure ci-contre (N'oubliez pas que ces balises sont flottantes ou en immersion et que leur position doit-être réactualisée en permanence, d'où la date portée sur cette carte). A noter que l'homogénéité de cette couverture océanique est incomparablement supérieure à celle de la couverture thermométrique utilisée par le GISS de la NASA pour l'établissement des courbes de température globale dites GISTemp)

 

Ainsi, en février 2009, aurait-on pu croire que le "feuilleton" à rebondissements des "balises Argo" était terminé.
Il n'en est rien !

En effet, Craig Loehle vient de publier un article portant sur la réévaluation des résultats des balises Argo (erreurs des balises déjà corrigées par l'équipe de Josh Willis, cela va sans dire) dans la revue Energy and Environnement (vol 20). C. Loehle est une chercheur expérimenté, auteur de 145+ articles dans des revues à comité de lecture. Il s'est déjà rendu célèbre, dans le domaine de la climatologie, en publiant une analyse détaillée des mesures dendrochonologiques malencontreusement utilisées pour la fameuse "crosse de hockey" de Michael Mann et al. en 1998 (voir ici). Loehle a reconstitué l'histoire de la température du globe depuis 1000 ans montrant l'existence du petit âge glaciaire et de l'optimum médiéval.

Cette réévaluation des températures océaniques de Craig Loehle résulte d'une analyse mathématique fine des résultats (corrigés) des balises Argo dans le but de savoir si les températures océaniques ont stagné ou diminué depuis 2003 (qui est la date de la réception de la mise en place du réseau de balises). argo2

Les résultats de l'analyse de Loehle peuvent être illustrés par la figure ci-contre :

Craig Loehle résume son travail de la manière suivante : " Refroidissement des océans du globe depuis 2003 (source)

  • On a analysé la tendance du contenu thermique des océans de 2003 à 2008 (4,5 ans).
  • Une tendance linéaire à laquelle se superpose le cycle annuel périodique reproduit les résultats des mesures avec R2 =0,85 (NDT : c'est le coefficient de corrélation. 0.85, c'est très bon). La tendance linéaire est de -0,32 ( + ou - 0,2) x 1022 Joules par an.
  • Ce résultat est cohérent avec d'autres données qui montrent une absence de réchauffement depuis les dernières années. "

Autrement dit, si on en croit Craig Loehle (et il n'y pas raison de ne pas le croire étant données son expertise reconnue dans l'analyse des données numériques) les océans de la planète sont en train de se refroidir. Si on se souvient que le contenu thermique des océans est environ mille fois plus grand que celui de l'atmosphère, on en conclut que la planète est en phase de refroidissement et non pas en voie de réchauffement comme l'avaient prévu tous les modèles de l'effet de serre du GIEC, et ceci malgré une croissance marquée du taux de CO2 atmosphérique pendant la même période. Il est ainsi probable que la planète se dirigera vers une période froide comme cela est expliqué dans cette page, à partir de diverses autres analyses convergentes. D'autre part, il est aussi hautement probable que ce refroidissement sera accompagné d'une baisse du taux de CO2 dans l'atmosphère, tout simplement parce que la solubilité du CO2 dans l'eau augmente quand sa température diminue.Compte tenu de l'énormité du contenu thermique des océans, et à l'instar de Roger Pielke Sr. et de nombreux chercheurs, je dirais que cet indicateur est beaucoup plus significatif que la mesure des températures de l'air (qui de toute manière stagnent ou diminuent depuis 10 ans, environ) qui est généralement utilisée pour estimer l'évolution du climat de la planète...et entretenir l'alarmisme.

 

02/02/2009 : Leçon sur l'art de présenter les données : En totale contradiction avec les résultats publiés récemment qui affirmaientMannsteig que l'Antarctique ne se réchauffe pas, un article de Eric Steig (à gauche), Michael Mann (à droite, l'auteur de la crosse de hockey) et al. nous déclare que l'antarctique se réchauffe...La presse réchauffiste en a fait ses choux gras, sans chercher plus loin. Les scientifiques sérieux et indépendants examinent tout cela en détail et les scientifiques impliqués dans cette affaire s'embrouillent les crayons dans leurs explications...comme vous allez le voir. Sans compter que les données utilisées sont plus que douteuses...
Voici l'article avec ses références :

"Réchauffement de la surface de la nappe de glace antarctique depuis 1957, l'année Internationale de Géophysique".
par Eric J. Steig, David P. Schneider, Scott D. Rutherford, Michael E. Mann, Josefino C. Comiso & Drew T. Shindell, Nature 457, 459-462 (22 Janvier 2009).

La technique utilisée est assez acrobatique (pour rester sibyllin). Elle mérite d'être décrite. La voici :
De fait, il n'existe, en Antarctique, que très peu de stations thermométriques automatiques qui mesurent, comme sur les autres continents, les maxima et les minima quotidiens de température, puis en donnent la moyenne. La très grande majorité du continent antarctique demeure ainsi ignorée du point de vue des mesures de température terrestre, d'autant plus que les rares sondes existantes sont situées sur le pourtour du continent, à proximité des mers ce qui, très certainement, induit un biais sur les résultats.
Par contre, il existe de nombreuses données, cette fois-ci très détaillées, fournies par les satellites orbitant aux alentours du pôle Sud.
Il s'agit des mesures satellitaires (MSU, Microwave sounding units, maintenant très fiables) qui mesurent la température au dessus des glaces polaires, lesquelles n'indiquent aucun réchauffement depuis leur mise en orbite (années 80) sinon un refroidissement tout comme d'ailleurs, les mesures terrestres, ce qui contredit ouvertement les résultats de l'article de Steig, Mann et al.

Steig, Mann et al, eux, ont choisi d'utiliser des données satellitaires infra-rouge. A leurs yeux, sans doute, ces mesures, maintenant délaissées au profit des MSU; reflètent mieux la température du sol que les satellites qui mesurent la température au dessus de la glace. Malheureusement, comme le fait remarquer F. Singer (un pionnier des mesures satellitaires), les mesures I.R. ne dépendent pas seulement de la température mais aussi de l'émissivité des surfaces. De plus, ces mesures sont perturbées par les brumes et autres aléas, y compris par les couches d'inversion fréquentes dans ces zones.. Enfin, l'émissivité dépend de la porosité et de la taille des cristaux de glace qui varient d'un point à l'autre, tous des inconvénients que n'ont pas les mesures MSU...Bref, dès le départ, ces mesures sont douteuses. Enfin, ces mesures ne remontent pas en deçà des années 1980.
En comparant les mesures données par les rares stations thermométrique, supposées fiables, et en ajustant les mesures infra-rouges, les auteurs ont essayé de reconstituer ce qu'auraient pu être les températures du continent antarctique depuis 1957. C'est manifestement une analyse "acrobatique", encore une fois effectuée par un algorithme dont Michael Mann a le secret.
Tout ceci explique les doutes qui n'ont pas inquiété les referees de Nature (qui avait déjà publié la crosse de Hockey) et qu'expriment les chercheurs (même favorables au GIEC) interrogés sur les résultats de cette étude. Vous les lirez ci-dessous.

De plus, le titre de cet article sonne bizarrement. Que vient faire, dans le titre, cette précision "Année Internationale de Géophysique " ? En quoi cela validerait-il les résultats de cette étude ? Les auteurs devancent la question en précisant que c'est à partir de cette année que l'on a commencé à effectuer des mesures systématiques de la température du continent Antarctique (ce qui est faux comme vous le verrez ci-dessous sur les graphiques), avec d'ailleurs de bien maigres moyens, puisqu'il ne s'agit que de quelques rares stations distribuées, en général, sur le pourtour du continent.
Mais il se trouve qu'évaluer la variation de température de la nappe antarctique depuis 1957, offre, sans doute, quelques avantages pour les auteurs de l'article. Comment cela ?

C'est très simple : Dans la réalité, il n'y a rien de bien nouveau, dans cet article, du points de vue des données qui malgré la complexité des méthodes utilisées ne sont pas nettement différentes de celles qui sont déjà connues. C'est surtout une question de présentation des données auxquelles comme chacun sait, la statistique peut faire dire ce qui vous arrange. Cette petite histoire en est un exemple d'école comme vous allez le voir dans le petit tableau suivant :

Les courbes ci-contre sont issues de trois sources différentes, antérieures à l'article commenté ici. Elles ont été compilées par Monagahan et al ( JGR, 113, D0415, 2008) qui l'auteur de ce graphique à partir des données établies par Schneider, Chapman (2008) et celles qui résultent d'une reconstruction informatique. L'échelle verticale est en °C.. Il s'agit de l'ensemble du continent Antarctique, péninsule Ouest comprise.

Bizarrement, l'article de Steig et al., ne donne pas la courbe globale pour tout le continent, mais on peut la retrouver sur le site RealClimate (où exerce Michael Mann), traitée avec l'algorithme "méthode Steig, Mann et al". Elle est peu différente de celle qui est présentée ici.

antar1

Si on a l'oeil exercé et si on utilise des techniques d'analyse simples, on voit, comme l'ont affirmé tous les auteurs précédant cet article, que l'Antarctique s'est légèrement réchauffé (+0,3°C) depuis le début des mesures (vers 1950) jusque dans les années 1970-80 (Il est intéressant de noter, au passage, que le reste du globe se refroidissait à cette époque, faisant même craindre un petit âge glaciaire).
Par la suite, c'est à dire depuis 1980 environ, la température est restée pratiquement constante et a même un peu baissé ces dernières années (mais ce graphique s'arrête en 2005).

C'est ce qui justifie les affirmations des nombreuses études précédentes qui nous disaient que l'Antarctique ne se réchauffait pas... jusqu'à ce que Michael Mann et ses collègues nous disent le contraire. Les droites rouge et bleu sont de l'auteur du site.

antar3

Alors qu'ont fait Eric Steig, Michael Mann et leurs collègues ?

C'est tout simple. Au lieu de partir du point situé autour des années 1980 qui marquaient un changement de régime pour l'antarctique, ils ont effectué une régression linéaire à partir de 1957.... l'année Internationale de Géophysique. Comme on le voit sur ce dessin ci-contre (illustré par les soins de l'auteur du site), cette "technique" donne lieu à une droite à pente légèrement positive, (+0, 1°C par décennie disent-ils), ce qui a permis aux auteurs de proclamer que l'Antarctique se réchauffait et ce qui a été largement repris par la presse comme une nouvelle preuve du réchauffement climatique anthropique, bien sûr !

antar3

Comme vous le voyez et comme cela est analysé par Patrick J. Michaels sur son excellent site World Climat Report, il ne s'agit de rien d'autre que d'une technique adhoc de présentation des données dans le sens qui convient aux auteurs.

La vérité ( unanimement reconnue) est la suivante : l'antarctique s'est un peu réchauffé mais seulement de 1950 (ou avant ?) jusque dans les années 70-80. Mais depuis 1980, c'est à dire depuis près de trente ans, il ne se réchauffe plus, voire il se refroidit, à l'exception peut-être de la volcanique péninsule antarctique Ouest... Ce qui n'est pas honnêtement résumé par le titre des auteurs " Réchauffement de la surface de la nappe de glace antarctique depuis 1957, l'année Internationale de Géophysique" . Ceci n'est pas à proprement parler faux mais c'est pour les moins biaisé...ou "misleading" comme disent les américains. Il s'agit exactement de la même distorsion que celle qui est utilisée par Pachauri, le président du GIEC qui nous dit que le climat s'est réchauffé depuis 1900 jusqu'à nos jours en omettant de préciser que'il s'est aussi refroidi de 1945 à 1976 ainsi que de 1998 à 2009..

Quand on en arrive à ce niveau de désinformation (destinée essentiellement à la communication pour les médias), on peut s'attendre à quelques critiques acerbes. En voici quelques échantillons :

  • Ross Hays, (source) est un météorologiste de terrain qui a souvent effectué des travaux en Antarctique pour la NASA Il a envoyé à Eric Steig un email très caustique dont voici le début et la fin : " Je pense que votre étude est complètement fausse. Il n'y a que très peu de stations en Antarctique et seulement une poignée avec des données de 50 ans....Avec les statistiques vous pouvez faire dire aux chiffres ce que vous voulez. Cela m'attriste de voir des membres de la communauté scientifique faire des choses comme ça pour avoir une couverture médiatique. "
  • Kevin Trenberth qui est Chef en Analyse du Climat du Centre National pour la Recherche Atmosphérique et qui n'est pas un sceptique,( très loin de là), est à peine plus indulgent :"Je reste quelque peu sceptique : Il est difficile de fabriquer des données, là où il n'y en a pas."
  • Roger Pielke Sr. qui est un éminent climatologue (source):"Dans la figure 2, l'essentiel du réchauffement constaté a eu lieu avant 1980. Pour l'Est Antarctique, la tendance est pratiquement plate depuis 1980. L'utilisation d'une régression linéaire pour toute la période donne une tendance plus grande que celle qui a été vue dans les années récentes." (NDLR : C'est très exactement ce que je vous ai montré ci-dessus.) " De plus, même un simple regard sur la figure 2 montre que depuis la fin des années 1990 la région s'est refroidie selon leur propre analyse. Cet article serait plus équilibré s'ils s'étaient contentés de présenter ce résultat même s'ils ne peuvent pas l'expliquer".
    Pielke questionne aussi les auteurs " Comment les auteurs peuvent-ils réconcilier leurs résultats avec une température, plus basse que la moyenne, des mers qui cernent l'antarctique ?... Ce refroidissement des mers est aussi indubitablement relié à l'extension, au dessus de la moyenne, des glaces de l'antarctique."
  • John Christy, spécialiste des mesures par satellites UAH (source) " En d'autres termes, nous ne saurons jamais quelle était la température des très grandes zones que cette technique a tenté de remplir et ainsi elle ne peut être vérifiée pour les années passées."

Le débat sur le site RealClimate tenu par Michael Mann et Gavin Schmidt (le bras droit de James Hansen) n'a pas manqué d'être cocasse parce que ces derniers avaient affirmés que le refroidissement constaté de l'Antarctique ne leur posait pas de problèmes puisque... leurs modèles l'avaient prévu... Voici ce qu'on peut lire sur leur site : (source)

" ...On entend souvent les gens faire remarquer que des parties de l'antarctique se refroidissent et, de fait, la masse des glaces de l'océan autour de l'Antarctique s'est effectivement étendue. Est-ce que cela contredit les calculs qui disent que les gaz à effet de serre réchauffent le globe ? Pas du tout, parce qu'un antarctique plus froid, c'est exactement ce que les modèles ont prédit."

Après des contorsions assez cocasses de la part de Michael Mann et Gavin Schmidt qui, sur leur site, nous affirmaient que le refroidissement de l'Antarctique était prévu par les modèles (ce qui est faux, voir ici) mais qui "découvrent" qu'en fait, il se réchauffe.. C'est Roger Pielke Jr ( Prof d'Etudes Environnementales à l'Université du Colorado, le fils de Roger Pielke Sr) qui a le mot de la fin :

"Ainsi, le réchauffement de l'Antarctique et le refroidissement de l'Antarctique sont tous deux "en accord" avec les projections des modèles du réchauffement climatique... Notre incursion dans la logique tortueuse du "être en accord avec" dans les sciences du climat soulève une question obsédante : Quelles sont les observations du système climatique qui ne seraient pas "en accord" avec les prédictions des modèles ?"

A mon humble avis, quand on arrive à ce point là, la fin n'est plus très loin. Quand à Michael Mann, après avoir vainement tenté de faire disparaître l'optimum médiéval et le petit âge glaciaire avec sa "crosse de hockey", ne voilà-t-il pas qu'il essaye de faire disparaître le refroidissement antarctique ?
A propos de la fameuse citation, proférée avant la parution de la "crosse de hockey " "Nous devons nous débarrasser de l'optimum médiéval", Lisez ce témoignage du Dr. David Deming devant le Comité du Sénat des Etats Unis, sur l'Environnement et les Travaux Publics, le 06/12/06. et vous verrez, d'un autre oeil, le fond de cette triste affaire...
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Addendum du 04 Fév 2009 : On pouvait compter sur Steve McIntyre ( le premier billet est ici) (qui avait déjà débusqué la fameuse (infâme disent certains) crosse de steigreconhockey,) pour analyser, en profondeur, les données qui ont servi à Steig, Mann et al. pour leur article cité ci-dessus. Nous n'avons pas été déçus....

Voici, ci-contre, à droite, les graphes des relevés (reconstruits par Steig, Mann et al.) de quatre stations automatiques (AWS) dénommés Byrd, Harry, Mount_Siple et Siple, de haut en bas.
Byrd, Mount-Siple et Siple sont correctement localisées (en Lat et Long) dans le tableau suivant qui est issu des données fournies par les auteurs.

location

 

 

 

 

Par contre, les coordonnées de la station Harry (AWS) qui fournit des données sensiblement différentes de celles des autres stations avec un réchauffement marqué (pente 0,81 au lieu de -0,06, 0,16 et 0,12) sont erronées. Or, il se trouve que cette pente de 0,81 joue un rôle essentiel dans le résultat global de cet article.

Cette anomalie a attiré l'attention vigilante de S. McIntyre qui a découvert que la station dénommée Harry était restée enfouie sous la neige pendant des années et exhumée puis renormalisée vers 2005. Et de fait, les auteurs de l'article, ont combiné les résultats de cette station inutilisable avec ceux d'une station plus ancienne de la plaque glaciaire Ross appelée Gill et ont attribué le tout à Harry, ce qui conduit à un réchauffement apparent de 1995 à 2005, très visible sur le graphe de droite (2ème courbe à partir du haut) .

harryavant

Ces données (carrément trafiquées) et trompeusement attribuées à la station Harry, faussent sérieusement les conclusions de l'article, ce qui justifie le titre amusant du billet de McIntyre "Quand Harry rencontre Gill" en écho au titre du film bien connu: "Quand Harry rencontre Sally". Steve MacIntyre déclare, preuves détaillées à l'appui, qu'" En réalité, les données propres à Gill montrent une légère tendance au refroidissement de 1987 à 2002.

La tendance forte au réchauffement que l'on voit dans le "nouvel Harry" provient entièrement de l'impact de la recombinaison des deux jeux de données issus de stations différentes Harry et Gill. C'est du "n'importe quoi", conclut S. McIntyre.harryapres

 

 

Les deux images ci-contre (source du "facebook" de Harry à l'université du Wisconsin) de la station de mesure Harry prises, l'une avant le désenfouissement (en haut ) et après le déneigement (en bas) illustrent les difficultés d'effectuer des mesures au sol dans l'antarctique. Belle hauteur de neige !
Avant le dégagement, Harry devait peut-être pouvoir encore mesurer la vitesse du vent, mais pour le reste...

 

 

A noter qu'une des principales critiques apportées à la crosse de hockey de l'étude dendrochronologique de Michael Mann était justement relative à la recombinaison de données (bien choisies) issues d'arbres d'espèces différentes...Décidément, on ne se refait pas. De mon temps, ce genre de pratique n'avait pas cours, où bien les referees de Nature s'en apercevaient... Curieuse époque !

29 Jan. 2009 : Réunis en congrès, les scientifiques reconnaissent que la fonte des glaciers Groenlandais s'est calmée. Les prévisions apocalyptiques d'Al Gore s'effondrent...

Cet article fait écho a celui du 16 Nov 2008 , dans ce même dossier, qui montrait que la vitesse de descente du glacier situé près de Kangerlussuaq diminuait progressivement depuis 17 ans. Il constitue aussi la suite de ce billet, du mois de Mars 2007. Helheim


La récente réunion de l'AGU (American Geophysical Union) qui s'est tenue à San Francisco du 15 au 19 décembre 2008, a permis de faire le point sur l'évolution de l'ensemble des glaciers du Groenland dont certains affirmaient qu'ils avaient atteint leurs points de non-retour et que nous allions être engloutis, sous peu.

De fait, les dernières études, rapportées lors de cette conférence, montrent que, bien au contraire et à l'inverse des prévisions (prédictions, scénarios), la descente de la totalité des glaciers Groenlandais s'est brusquement ralentie au cours de ces dernières années...

L'image ci-dessus qui montre le front de l'écoulement du glacier Helheim en 2004, 2005 et 2006 , juste au dessous de la ligne noire) en est un bonne illustrations (source). On voit que de août 2004 à août 2005, la vitesse de descente du front du glacier a augmenté. Mais aussi que celle-ci s'est considérablement ralentie en 2006 ( puis en 2007 et 2008). L'Apocalypse que nous prédisaient certains climatologues systématiquement alarmistes et Al Gore ne s'est pas produit et a très peu de chances de le faire. Le Professeur Cliff Ollier, spécialiste de glaciologie et des sols , affirme même, avec de solides arguments, que cela est totalement impossible.

Souvenons nous que la publication (d'abord erronée puis rectifiée) des prévisions de la montée du niveau des mers (de l'ordre de 40 cm/ 100 ans) par le GIEC à Paris en début d'année 2007, lors de son quatrième rapport (AR4), avait déclenché une tempête de protestations de la part d'un certain nombre de climatologues dont le plus virulent était Stefan Rhamstorf.
Ce dernier, avec quelques collègues ( malheureusement) rassemblés sous sa bannière, clamaient haut et fort dans tous les médias et jusque dans les revues scientifiques, que le GIEC était trop " conservateur" : Le GIEC avait soi-disant "oublié la fonte imminente des deux géants" (sic - sous-entendu les glaciers du Groenland et l'Antarctique) qui feraient monter les eaux de plusieurs mètres.. jusqu'à +73m, précisait Rhamstorf, si tout fondait...(voir ici).
Juste quelques jours après cet article tonitruant et particulièrement alarmiste de Rahmstorf et al, paraissait un article apaisant (Science ( vol. 315, N°5818, pp. 1559-1561) (online le 7 février 2007)), suivi d'une série d'autres, qui ramenaient les choses à leur juste proportion en nous disant que la fonte des glaciers groenlandais s'était ralentie.
J'ai décrit les péripéties cet épisode agité dans cette page, ici.

Environ deux ans après (!) ces découvertes ont été enfin confirmées. Les géologues (dont beaucoup appartiennent au GIEC) ont reconnu l'évidence incontournable des faits et la réunion de l'AGU du 15-19 Nov. 2008 n'a fait rien d'autre que d'entériner officiellement ce qui était déjà connu.
Ce qui est instructif, dans cette histoire, c'est la manière dont un certain nombre d'acteurs du réchauffement climatique se sont emparés de cette affaire qui s'est terminée ... en eau de boudin pour eux, sans jeu de mots et pour parler crûment.

Au cours de cette réunion, le glaciologue Tavi Murray de l'Université de Swansea (UK), résumant l'opinion générale a déclaré :

C'en est fini avec cette Apocalypse (Armaggedon) due aux glaciers du Groenland. "C'est terminé."

Richard Kerr qui est éditorialiste à Science et qui rapporte sur cette récente réunion de l'AGU, nous dit (Science 23 January 2009: Vol. 323. no. 5913, p. 458 DOI: 10.1126/science.323.5913.458a), avec un brin d'ironie, que "Quelques climatologues ont spéculé sur le fait que le réchauffement climatique pouvait avoir poussé le Groenland au delà du point de non-retour dans un régime effrayant de pertes de glace démesurées qui devaient conduire à une montée des eaux encore plus rapide ". Ceci est, sans aucun doute, une allusion aux déclarations de Stefan Rhamstorf et de ses suivistes alarmistes.

Quant à Al Gore, le célèbre nobélisé (de la paix, par un jury Norvégien), il en a fait beaucoup. Beaucoup trop sur ce sujet (aussi). Lors de ses pascontenttournées de présentation de son oeuvre, une "Vérité qui dérange ", il s'efforçait de terroriser son auditoire en déclarant que :

"Plus tôt, cette année [2006], de nouveau, une autre équipe de scientifiques a signalé que les douze derniers mois ont vus l'apparition de 32 tremblements de terre des glaciers au Groenland avec des forces de 4,6 à 5,1 sur l'échelle de Richter ce qui constitue un signe inquiétant qu'une déstabilisation massive est maintenant en cours à l'intérieur de la seconde accumulation de glaces de la planète. C'est assez de glace pour élever le niveau des mers du globe de 6 mètres, s'il elle se casse et sombre dans la mer. Chaque jour qui passe nous apporte de nouveaux éléments de preuve que nous somme confronté à une situation d'urgence pour la planète. C'est une crise climatique qui exige une action immédiate pour réduire de manière brutale nos émissions de dioxyde de carbone, sur l'ensemble de la planète, pour faire baisser le thermostat de la terre et éviter la catastrophe. "

Tout cela est donc tombé à l'eau, par pans successifs comme ne l'ont pas fait les glaciers Groenlandais :

  • D'une part, l'équipe qui avait observé les craquements menaçants évoqués par Al Gore pense maintenant, après des recherches complémentaires qu'il s'agit, en fait, du bruit des glissements successifs (et normaux) des nappes glaciaires et non pas d'un phénomène de déstabilisation interne. (Nettles et al, 2008)

  • D'autre part la "déstabilisation massive " d'Al Gore résultant d'un glissement sous-jacent provoqué par la fonte des eaux (processus popularisé par J. Hansen) a été démontré comme erronée (Joughin et al 2008, Van de Wal et 2008)
    ( voir une analyse de l' article de Van de Wal ici).


  • Et de plus, la marche en avant des glaciers Groenlandais s'est encore ralentie, ces derniers temps....

Voici comment Richard Kerr décrit la situation dans le Science du 23 Janvier 2009 :

" Terminé pour l'Apocalypse due au glaces du Groenland. " C'en est fini" a déclaré la glaciologiste Tavi Murray de l'Université de Swansea (UK) pendant une session du meeting. "Il semble y avoir eu une extinction simultanée" de l'augmentation de la vitesse, a-t-elle dit. Pratiquement partout, autour du sud-Ouest du Groenland (NDT : là où les glaciers s'écoulent) les vitesses d'écoulement son revenues à leur niveau de l'année 2000....et personne ne saurait extrapoler le comportement excessif de la glace de cette époque vers le futur"
Cette dernière phrase est d'ailleurs confirmée par un article très récent de Faezeh Nick et al.( Nature Geosciences DOI:10.1038 on line 11 Jan. 2009)

Ainsi, l'opinion générale est maintenant que la prévision très modérée de la hausse du niveau des mers contenue dans le rapport du GIEC de Janvier 2007, pourrait ne pas être si éloignée que ça de la réalité...

On se demande si l'Ex VP Al Gore va supprimer les quelques 12 pages de son livre, remplies d'images alarmantes (le Word Trade Center Memorial sous l'eau, notamment) qui montrent ce que serait le monde si le niveau des mers s'élevait de 6 mètres à cause de la fonte du Groenland, ce qui est inévitable selon Gore.
N'y comptez pas et la partie crédule du grand public, les politiques et les affairistes y croient toujours, dur comme fer !

Nous somme parvenus à un point où les évidences scientifiques ne sont même plus entendues...
Pour certains, c'est devenu une vraie religion.

Quant à la grande presse et aux médias, ils se sont montrés particulièrement discrets au sujet de ces nouvelles découvertes, très rassurantes, sur les glaciers du Groenland ...ils continuent de propager les idées délirantes d'Al Gore, dès que l'occasion se présente.
Pourquoi ? Peur de perdre des auditeurs et des lecteurs si on n'annonce pas des catastrophes ?
Mr et Mmes des médias, c'est déjà fait, vous avez déjà perdu beaucoup de lecteurs et d'auditeurs...
Juste une suggestion pour améliorer les tirages et les audimats et plutôt que de programmer la vente des journaux dans le pâtisseries :

Et si vous vous contentiez tout simplement d'informer et de rapporter la vérité ? Quelle qu'elle soit.

10 Jan. 2009 : Bonne nouvelle ! La "pompe" de l'atlantique Nord est de retour ! (source1, source2)

Comme vous le savez, les puissants échanges thermiques qui se produisent au sein des océans et dont on sait qu'ils ont une profonde influence sur le climat, résultent d'un jeu complexe de convections intenses et de courants internes ou surfaciques.

conveyorLe système est compliqué mais voici, brièvement, comment les choses se passent :

Il existe un système complexe de courants marins, voyageant à diverses profondeurs et que l'on appelle "Le grand tapis roulant de l'océan" soit en anglais "The Great Ocean Conveyor" que l'on voit sur la figure ci-contre. Comme d'habitude le rouge indique le chaud et le bleu (ou mauve), le froid.

Le rôle de ce tapis roulant est fondamental pour la détermination du climat de la planète. Il agit de manière à distribuer la chaleur accumulée à l'équateur et aux tropiques vers le pôles et vice-versa. De même, ils joue aussi un rôle essentiel pour déterminer la salinité des eaux tout au long de son parcours. C'est ce que l'on appelle la circulation thermo-haline. (haline =saline).

Comme tout tapis roulant qui se respecte celui-ci a besoin d'un moteur. Ce moteur, très puissant, est une sorte de pompe qui se trouve placée dans la portion Est de l'Atlantique Nord. Cette pompe agit de la manière suivante : Les eaux froides et denses situées à la surface de NApumpl'Atlantique Nord (entre le Labrador et le Groenland et en mer d'Irminger) s'enfoncent en profondeur et pénètrent dans la branche inférieure du grand tapis roulant océanique. Pour remplacer ce courant d'eau froide descendant, les eaux chaudes de surface provenant des tropiques ( notamment du Mexique) sont tirées vers le Nord en empruntant la branche supérieure du Grand Tapis Roulant. Ce courant chaud qui longe les côtes de l'Europe du Nord serait (mais c'est encore disputé de nos jours) responsable de la douceur relative, vu les latitudes, du Nord de l'Europe.

Du point de vue de ceux qui sont soucieux du CO2 atmosphérique qui se trouve en équilibre avec celui qui est contenu dans les océans (selon la température de surface de ces derniers), le "Grand Tapis Roulant" joue un rôle déterminant parce qu'il est responsable de la plongée en profondeur des eaux chargées de ce gaz où il finit par se faire piéger dans les fonds sous marins sans espoir de retour. C'est donc un élément fondamental de l'élimination du CO2 anthropique ou naturel. Cependant, pour que ce mécanisme puisse opérer, il faut que les eaux chargées de CO2 puissent descendre à des profondeurs suffisantes, c'est à dire à près de 1000m de profondeur.

On comprend ainsi que le Grand Tapis Roulant et, surtout, sont moteur, la pompe de l'Atlantique Nord, fasse l'objet d'une surveillance attentive de la part des océanographes comme ceux qui ont publié l'article dont il est question ici. Il s'agit d'une collaboration Franco (Ifremer)-Américaine (Woods Hole Oceanographic Institution), déjà à l'oeuvre pour l'entretien des balises ARGO que j'ai évoquées plus bas. Voici la référence de cet article publié dans Nature Geosciences :

"Surprenant retour retour de la convection profonde de l'océan Nord Atlantique subpolaire pendant l'hiver 2007-2008." Kjetil Våge, Robert S. Pickart, Virginie Thierry, Gilles Reverdin, Craig M. Lee, Brian Petrie, Tom A. Agnew, Amy Wong and Mads H. Ribergaard
Published online: 30 November 2008 | doi 10.1038/ngeo382

En effet, grâce aux récentes balises Argo, ces chercheurs ont pu constater que la pompe qui descend les masses d'eau froide et chargées de CO2 vers les fonds sous-marins, a brusquement repris de la vigueur en atteignant des profondeurs impressionnantes, pendant l'hiver 2007-2008. Ces mêmes chercheurs s'inquiétaient que, depuis une décennie environ, la pompe Nord-Atlantique avait beaucoup faibli ce qu'ils attribuaient au réchauffement des océans, bien entendu. Compte tenu du fait que l'été 2007 a constitué un record en matière de fonte de la mer Arctique, il y a en effet de quoi être surpris.

A ce sujet et dans cet article, les chercheurs précisent que "L'augmentation du flux d'eau froide, liquide et gelée, dans la mer du Labrador était probablement reliée à l'importante perte de la glace arctique qui a contribué à établir le minimum record de l'extension de la glace observé pendant l'été 2007. Ironiquement, la disparition de la glace Arctique, qui a été attribuée au réchauffement global, peut avoir servi de déclencheur au retour de l'enfouissement des eaux froides pendant l'hiver, dans l'Atlantique Nord".

Note : On ressent un zeste d'ironie dans cette dernière phrase... Si on suit leurs observations, on en déduit qu'il s'agit là d'un mécanisme de rétroaction négative par lequel une fonte excessive des glaces de la mer arctique (comme celle de l'été 2007) provoque, in fine, une activation de la pompe du tapis roulant de l'Atlantique, lui-même propice à l'enfouissement naturel du CO2 et donc ... (si on en croit les modèles du GIEC) à un refroidissement global ! La Nature est très bien faite comme nous en avons vu quelques exemples dans cette page.

Il est utile de préciser que de tels événements, en effet surprenants, démontrent l'extraordinaire complexité de la machine climatique. Evidemment rien de tout ceci ne figure dans aucun des 22 modèles climatiques du GIEC....qui se prétend pourtant certain à 90% d'avoir tout compris !

On constate aussi que l'idée même d"amplification arctique" chère aux alarmistes, aux médias en mal de copie et à Marc Serreze, déjà mise à mal par le prof. Roger Pielke Sr (voir ici), se voit une fois encore, contredite par les faits. Dans le cas constaté ici-même, il s'agit plutôt d'une "atténuation arctique".
Un peu plus de modestie face à la complexité de la machine climatique serait de mise, me semble-t-il.

 

6 décembre 2008: Ce sont les océans qui réchauffent ou refroidissent les continents et pas les gaz à effet de serre comme l'affirmaient les modèles d'ordinateurs....

Un article, révolutionnaire dans l'ambiance actuelle, vient de paraître dans la revue "Climate Dynamics" 2008, sous la signature de deux chercheurs (Gilbert P. Compo et Prashant D. Sardeshmukh) de l'Université du Colorado et du célèbre ESRL (Earth System Research Laboratory) de la NOAA. Je rappelle que l'ESRL est le laboratoire qui fournit, entre autres, les données officielles sur le taux de CO2 contenu dans l'atmosphère relevé sur le site de Mauna Loa (Voir ici).
Cet article remet en cause les fondements même de la modélisation du réchauffement de le planète par l'effet de serre des gaz tels que le CO2, CH4 etc. qui constitue la Bible des alarmistes. J'avais fait le commentaire du preprint de cet article en Juillet 2008. L'article est maintenant définitif. A noter qu'il a fallu près d'un an pour que cet article finisse par être publié par la revue Climate Dynamics (texte en pdf ici), ce qui n'est pas très étonnant au vu des résultats présentés par cet article...

A la différence de son contenu, le titre de cet article est plutôt sybillin : "Oceanic influences on recent continental warming" (DOI : 10.1007/s00382-008-0448-9) soit "Influences océaniques sur le réchauffement continental "

Voici les quatre premières lignes significatives du résumé de cet article qui devrait sérieusement perturber le sommeil de quelques modélisateurs ( sérieux). Les autres continueront à bien dormir... :

"Evidence is presented that the recent worldwide land warming has occurred largely in response to a worldwide
warming of the oceans rather than as a direct response to increasing greenhouse gases (GHGs) over land. Atmospheric model simulations of the last half-century with prescribed observed ocean temperature changes, but without prescribed GHG changes, account for most of the land warming."

En français ( les caractères grossis sont du traducteur): "Cet article présente des preuves que le récent réchauffement mondial des terres a résulté en grande partie du réchauffement global des océans, plutôt que par l'action directe de l'augmentation des gaz à effet de serre (GES) au dessus des continents. Des modèles numériques de l'atmosphère des cinquante dernières années dans lesquels on inclut les variations observées des températures océaniques , mais en excluant les variations des gaz à effet de serre, rendent compte de la plus grande partie du réchauffement des continents."

Comment les deux auteurs de cet article qui contredit de manière fondamentale les modèles de l'effet de serre en vigueur, basés sur les GCM (General ou Global, Circulation ou Climate, Model), sont-ils parvenus à cette conclusion ?
Leur démarche est particulièrement astucieuse tout en étant très simple. C'est une méthode différentielle.
La voici :

  • Les chercheurs ont collecté les données détaillées des températures des surfaces des océans de 1961 à 2006.
  • Ils ont calculé la différence entre les données allant de 1991 à 2006 et celles allant de 1961 - 1990. Ils ont obtenus la figure suivante :combo1

 

Le code de couleur est le code standard (+ rouge= + chaud, bleu=froid)

 

 

 

 

 

  • Comme on le voit, à quelques exceptions près, les océans se sont réchauffés entre les deux sous-périodes considérées. Les deux chercheurs ont alors introduit ce dernier résultat, c'est à dire la variation de la SST(sea surface temperature = température de surface des mers) comme seul forçage dans une série de différents modèles utilisés par les modélisateurs du GIEC. Autrement dit, ils se sont demandé comment varieraient les températures si on supposait que seule l'influence des océans avait de l'importance, en excluant tout autre forçage comme les gaz à effet de serre (GES) etc.
  • Ils ont aussi "fait tourner" toute une série de modèles (ECHAM4.5, BASA/NSIPP, NCAR/CAM3...) en incluant les forçages habituels avec GES, aérosols d'origine diverses, ozone stratosphérique et troposphérique, halocarbones (CFC) etc..

Le résultat est sans appel : "Les modèles atmosphériques du dernier demi-siècle, incluant les changements de température observés pour les océans et excluant les gaz à effet de serre, rendent compte de la plupart du réchauffement des terres..."

Quant à leur conclusion, elle enfonce le clou et donne des précisions :

"En résumé, nos résultats mettent en lumière le rôle significatif de l'influence océanique plutôt que les effets directs et localisés du forçage radiatif anthropique, lors du récent réchauffement climatique des continents. Ils suggèrent que le réchauffement récent des océans a provoqué le réchauffement des continents par le biais d'une série de mécanismes qui sont habituellement reconnus comme l'impact global des variations des températures de surface des océans. Ces derniers ont accru l'humidité dans l'atmopshère, modifié les mouvements verticaux de l'atmosphère ainsi que les champs de nuages résultants. Ils ont aussi perturbé les flux radiatifs aux courtes et grandes longueurs d'onde vers les surfaces continentales. "

 

Trois remarques complémentaires :

  • Les océans se refroidissent depuis quelque temps, notablement grâce au basculement de la Pacific Decennal Oscillation. D'après cette étude, un refroidissement à venir des continents est donc pratiquement inévitable...

  • C'est une nouvelle démonstration de ce que l'on appelle le caractère continental ou océanique du climat. Les océans jouent manifestement un rôle fondamental sur la plus grande partie des continents qui se trouve à proximité de ces derniers . Par contre les zones résolument continentales comme le désert de Gobi en Chine, subissent cette influence dans une moindre mesure et les écarts de température y sont très importants (+ et - 45°C, malgré l'effet de serre !). Bref, on en revient à la bonne vieille climatologie traditionnelle qui a été bien maltraitée ces derniers temps. Entre nous, le fait que les modèles d'ordinateurs (ECHAM4.5, BASA/NSIPP, NCAR/CAM3) rejoignent, enfin, la climatologie traditionnelle est plutôt une bonne nouvelle... Encore faut-il savoir les utiliser intelligemment comme l'ont fait ces deux chercheurs.
    C'est dans cet esprit, mais à partir de résultats de différents programmes d'ordinateurs, que les auteurs de l'article cité ci-dessus, prescrivent de mener des analyses locales plutôt que d'essayer de modéliser le climat comme un ensemble global en essayant de reproduire les variations de la fameuse " température globale moyenne " qui, de fait, n'a aucun sens profond, même si c'est un indicateur commode pour les journaux télévisés.

  • J'en connais, (au moins), deux qui doivent être très satisfaits des conclusions de cet article. Il s'agit d'abord du grand climatologue Roger Pielke Sr qui s'efforce depuis des années de faire comprendre que c'est l'énorme masse thermique des océans (70% de la planète) qui détermine le climat et qu'il faut étudier ce dernier à l'échelle locale et non globale. Il s'agit aussi du météorologue Joseph d'Aleo qui montre sur son site (ICECAP) jour après jour, l'étonnante corrélation qui existe entre les températures du globe et les oscillations naturelles des températures océaniques (ENSO et PDO en particulier).

La question qui se pose alors est évidemment : mais alors qu'est ce qui réchauffe ou refroidit les océans ? Est-ce l'effet de serre ?

Pour répondre à cette question, il suffit de se remémorer le travail de quatre chercheurs américains White W.B., Lean J., Cayan D.R. et Dettiger M.D. effectué en 1997 (Journal of Geophysical research 102; 3255) (Explication aussi ici). Ces scientifiques ont cherché s'il existait une corrélation entre le rayonnement solaire (la TSI, voir ici) et les températures de surface (SST) des trois principaux océans de la planète.

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La courbe du bas représente la variation de l'irradiance solaire totale de 1955 à 1997. Les trois courbes supérieures celles des océans. La quatrième est celle (moyennée) de l'océan global.

A moins d'avoir de mauvaises lunettes, on ne peut s'empêcher de remarquer l'étonnant synchronisme entre les variations de températures SST des océans et celles de la TSI.

Remarquez, en particulier, les anomalies froides des océans et de la TSI qui basculent ensemble en 1977. Chacun sait que la planète, après une période froide de 1950 à 1977, a basculé vers le réchauffement jusqu'au grand El Niño de 1998. Le basculement inverse s'est amorcé depuis deux ou trois ans.

Or, comme on sait que les variations de l'irradiance solaire (TSI) qui ont des amplitudes trop faibles pour expliquer tout cela, sont parfaitement corrélées aux fameux cycles solaires de 11 ans...comme on l'explique dans cette page.

Point de CO2 ni d'effet de serre dans tout cela !

Le soleil. Tout simplement, le soleil !

Vous avez accès aux grands indicateurs officiels et actualisés du climat, des pôles, des océans et du soleil sur cette page.

16 Nov. 2008 : Les modèles des modélisateurs du GIEC prévoient que la vitesse d'écoulement des glaciers Groenlandais devrait s'accélerer... Les mesures montrent, qu'au contraire, elle ralentit depuis, au moins, 17 ans. L'écoulement se fait par saccades successives de brèves durées, caractéristiques du frottement sec, ce qui est encore contraire aux modèles.

Un groupe de chercheurs Néerlandais de l'Institut pour la Recherche Atmosphérique et Marine de l'Université d'Utrecht, vient de publier un article sur la vitesse d'écoulement de la zone d'ablation d'un grand glacier Groenlandais dans la revue Science ( R.S.W. Van de Wal et al, Science, 4 juillet 2008, 321 p. 111, 113 [DOI: 10.1126/science.1158540]. Le titre original de cet article est particulièrement révélateur de l'état actuel de la science climatique. Il sera commenté ci-dessous.

vandewaal1Rappelons que la zone d'ablation d'un glacier est la zone qui se trouve aux pieds du glacier. Elle est en contact avec la zone de terre ferme dépourvue de glace. La zone étudiée par notre équipe de chercheurs Néerlandais, située près du glacier de Kangerlussuaq est représentée par un petit rectangle noir sur le dessin ci-contre. Elle se trouve juste au Nord du cercle Arctique.

Dans son principe, l'expérience est assez simple :Il s'agissait d'utiliser une série de balises (numérotées de 4, 5, SHR, 6 à 10), régulièrement disposées dans la glace sur une distance de quelques 200 km, s'échelonnant depuis le sol terrestre (marqueur K pour Kangerlussuaq) et disposées sur une ligne de plus grande pente sur un versant du glacier étudié. Différentes techniques sont utilisées pour repérer la position exacte des balises et suivre leur déplacement par rapport à un point fixe, au cours du temps. Depuis 2005, c'est le GPS (Global Positioning System) qui est mis en oeuvre. La précision est remarquable. Ces mesures sont effectuées avec régularité depuis 17 ans, c'est à dire depuis l'été 1990.

Les résultats de cette étude sont édifiants. Ils portent sur la variation de la vitesse d'écoulement du glacier. Ils permettent aussi de mettre en évidence la manière dont se fait cet écoulement qui progresse à une vitesse de l'ordre de la centaine de mètres par an. Voici une figure révélatrice du contenu de l'article. Elle en dit plus qu'un long discours.vandewal2

 

En ordonnées sont reportées les vitesses d'écoulement en fonction du temps pour les différentes balises. Ces vitesses sont mesurées en mètres par an.

Les balises S4 à S10 sont échelonnés à partir de la sonde K (sur la terre ferme). S10 se trouve à environ 200 km du point K. Les balises S4 et S5 se trouvent, dans la glace, à la limite de la terre ferme. Comme on peut le constater du premier coup d'oeil, les balises les plus proches de la terre, c'est à dire celles situées à plus basse altitude, se déplacent à plus grande vitesse que celles situées à plus haute altitude, ce qui n'est pas étonnant, à priori. Le glacier s'écoule par le bas.
Par contre, ce qui est beaucoup plus intéressant c'est que la plupart des vitesses des balises situées sur le flanc du glacier ont ralenti au cours des 17 dernières années. (courbes en gras). Les vitesses des balises restantes sont approximativement constantes. Autrement dit, non seulement les glaciers ne s'écoulent pas plus vite comme les médias, Al Gore, Hansen et d'autres prophètes de l'apocalypse, du "runaway" et du "tipping point" voudraient vous le faire croire, mais leur écoulement se ralentit !

Cette observation est en opposition formelle avec les prévisions des modélisateurs (dont James Hansen) qui partent d'un modèle imaginé par De Saussure (celui-là même dont s'est inspiré Arrhénius pour l'effet de serre) en 1779, selon lequel, le glacier descend en glissant sur la paroi inférieure lubrifiée par l'eau résultant de la fonte de la surface. Ceci serait favorisé notamment par l'effet des "moulins" (image ci-contre) qui sont des sortes de cavités moulin tubulaires qui descendent depuis le surface superficielle du glacier jusqu'au sol dur. Les modélisateurs ont même prévu qu'une rétroaction positive serait à l'oeuvre qui devrait provoquer l'accélération de la descente des glaciers...

Cette vision d'écoulement des glaciers par lubrification de la base est violemment combattue par de nombreux géologues spécialisés dont le Professeur Cliff Ollier (lire ici) qui explique pourquoi ce modèle (Hansen-De Saussure) est complètement faux.

Il n'en reste pas moins que ce dernier est le modèle officiel adopté par les tenants du GIEC et par tous ceux qui en tirent de juteux contrats de recherche. On imagine donc sans peine, l'embarras dans lequel nos chercheurs Néerlandais ont dus être plongés à la lecture de leurs résultats. D'ailleurs, et ceci est tout à fait exemplaire de ce qui se passe actuellement en science climatique (comme décrit par R. Lindzen) , leur discours est d'une très très grande prudence à ce sujet. Ils marchent sur des oeufs ! Voici ce qu'ils déclarent dans cet article dont les résultats démentent carrément la théorie en vigueur :
" it has been suggested that the interaction between meltwater production and ice velocity provides a positive feedback, leading to a more rapid and stronger response of the ice sheet to climate warming than hitherto assumed. Our results are not quite in line with this view."
soit en français :

"Il a été suggéré que l'interaction entre la production d'eau de fonte et la vitesse de la glace provoque une rétroaction positive, conduisant à une réponse plus rapide et plus intense de la nappe de glace au réchauffement climatique que celle supposée précédemment. Nos résultats ne sont pas tout à fait dans la ligne de ce modèle."

" Résultats pas tout à fait dans la ligne de ce modèle " ? : C'est vraiment le moins que l'on puisse dire pour de résultats qui sont carrément en opposition avec les modèles !

D'autre part et ceci devrait sérieusement faire réfléchir les tenants du "modèle "en question, les mesures de nos chercheurs Néerlandais ont montré que la descente des glaciers ne se fait pas de manière continue mais plutôt par une suite de glissements rapides successifs, suivis d'interruptions brutales ainsi que le montre l'examen des déplacements des sondes au cours d'une brève période qui va du 3 au 28 août vandewal2006 représentés sur le graphe ci-contre, à droite. Ce graphe montre que l'ensemble des sondes a subi un déplacement rapide sur une brève période allant du 15 au 22 août environ, puis s'est arrêté brutalement (vitesse proche du zéro le 25 août).( Sur ce graphique, ,l'ordonnée représente la vitesse en mm/an)

Pour un physicien de la mécanique des sols, ou d'ailleurs, pour un physicien tout court, un tel comportement est révélateur d'un processus dit de "stick-slip" soit "collé-glissé". En physique, il est caractéristique d'un mécanisme de frottement "sec" (cad du mouvement relatif de deux corps solides, non lubrifiés, restant en contact, lorsque l'on cherche à déplacer l'un par rapport à l'autre : le déplacement se fait par glissements successifs entrecoupés d'arrêts brusques. C'est par exemple ce qui se produit lors du broutage des machines outils et aussi lorsque l'archet excite la vibration de la corde du violon et encore ce qui se produit lors de l'ouverture d'une porte qui grince. Chacun sait qu'une goutte d'huile suffit à faire disparaître le grincement...Autrement dit, si le glissement était lubrifié comme le croient les modélisateurs, on ne devrait pas observer ce genre de discontinuités dans le glissement. C'est d'ailleurs très précisément pour éviter ceci qu'on utilise les lubrifiants.

Ainsi, cette observation très intéressante devrait suffire, à elle seule, pour démonter l'idée du glissement lubrifié par l'eau de fonte mis en avant par De Saussure, Hansen et beaucoup d'autres et pour orienter les recherches dans une autre direction. En effet et comme l'explique le Professeur Ollier qui est un spécialiste de la question, l'écoulement d'un glacier ne se fait pas glissement continu. Le glacier "rampe" dit-il . Les observations des chercheurs néerlandais lui donnent entièrement raison. De fait, il s'agit bien d'un processus de frottement sec dans lesquels les "moulins" et l'eau de fonte n'ont rien à voir comme le dit le Prof. Ollier.

Mais quel est donc le titre de cet article écrit par notre équipe de Néerlandais ? Le voici : " Soit "Variations rapides et importantes de vitesses, résultant de la fonte, dans la zone d'ablation la nappe de glace Groenlandaise"

Pas un mot sur le ralentissement de l'écoulement observé depuis 17 ans ! Pas un mot sur les autres théories qui expliquent correctement ce genre de comportement ! Un titre à vous faire dresser les cheveux sur la tête ou à vous inciter à construire une arche de Noé et qui n'a que peu de rapports avec les découvertes réelles et importantes de l'article, mais qui permet sans doute de passer le barrage des referees (arbitres)de la revue.

La conclusion de cet article ne manque pas de sel, elle non plus; Elle affirme : "At present, we cannot conclude that this feedback is important" "A présent, nous ne pouvons pas conclure que cette rétroaction est importante"... Certes ! Non seulement ils ne peuvent pas conclure dans ce sens puisque la vitesse d'écoulement ralentit au lieu d'accélerer, mais ils devraient en tirer la conclusion opposée..
Mais non, c'est impossible. Malgré les résultats de mesures sans appel, il ne faut surtout pas se brouiller avec les collègues et les donneurs de crédits. Mais où est donc passée la déontologie des scientifiques ? C'est typiquement le syndrome des Professeurs Lindzen (voir d'autres exemples ici ) et Paltridge, lequel a écrit ceci :

"Le fait est que la communauté des chercheurs a été si loin dans la promotion de la peur chez le grand public, qu'un retour en arrière, même sur une fraction de cette histoire, porterait un coup fatal à sa réputation et assénerait une claque politique à la science en général. Ainsi, comme les corpuscules dans le sang, les chercheurs du monde entier accourent en grand nombre pour repousser l'infection provoquée par toute idée qui menace la croyance, soigneusement entretenue, dans le désastre climatique."

Les scientifiques du climat ont perdu le Nord comme l'a écrit l'un de mes collègues. Quant aux médias, on peut s'attendre à ce qu'ils répercutent urbi et orbi le titre de cet article en gardant le contenu pour eux...S'ils le lisent, bien sûr.

25 octobre 2008 : S'il est vrai qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, des observations étonnantes, même locales, peuvent constituer un indice de changements importants. Ainsi, les grands glaciers de l'Alaska se sont remis à croître, ce qu'ils ne faisaient plus depuis 250 ans...titre un article de DailyTech qui reprend un texte publié dans le Anchorage Daily News, basé lui-même sur l'interview d'un glaciologue du anchorageUS Geological Survey, Bruce Molnia.

L'été 2008 a été particulièrement froid dans de nombreuses régions de l'hémisphère Nord. Ainsi et pour la première fois depuis que des mesures sérieuses existent, la fonte de la masse de neige et de glace des grands glaciers situés à l'ouest d'Anchorage en Alaska n'a pas, et de loin, compensé le gain de l'hiver dernier.

Voici ce que dit le glaciologue spécialiste de cette région, Bruce Molnia :" A la mi-Juin, j'ai été surpris de voir encore de la neige au niveau de la mer dans Prince William Sound. De manière générale, le temps de cet été a été le pire que j'ai connu durant ces 20 dernières année.".."Sur le champ de glace de Juneau, il y avait encore 20 pieds de neige fraîche sur la surface, à la fin Juillet. Le glacier de Bering, un endroit sur lequel je travaille, n'a pas été déneigé avant le début Août."..

Cet événement constitue un record depuis le milieu de l'année 1700, date à laquelle la région a été visitée par des explorateurs Russes. Molnia estime que les glaciers avaient perdu environ 15% de leur superficie depuis cette époque, ce qui représente une surface de la taille du Connecticut. D'après Molnia une différence de seulement 3 ou 4°C est suffisante pour rompre l'équilibre gains-pertes et faire passer les glaciers d'une période de rétrécissement rapide à une période de croissance rapide. C'est ce qui s'est passé entre les années 1600 à 1900 quand la planète est sortie du petit âge glaciaire.
A noter que l'été à Anchorage a connu une moyenne de 3°C en dessous de la norme.

Bien entendu, tout comme Molnia, nous ne pouvons prévoir l'avenir à partir d'un événement aussi localisé dans le temps. Néanmoins, nous rapprochons ces observations du fait que l'arctique, de manière générale, subit un refroidissement très précoce en ce début d'automne 2008 avec une reprise des glaces qui se produit avec une vitesse remarquable, comme le montrent les observations satellitaires rassemblée sur le graphe ci-contre. (Lewis Pugh n'a vraiment pas eu de chance !) norsex1

 

Sur ce graphe que vous retrouverez avec de nombreux autres sur la page de indicateurs, la courbe en rouge représente la superficie de la glace arctique de Janvier 2008 au 23 octobre 2008. La courbe en noir représente la moyenne 1979-2007 que nous avons donc déjà pratiquement rejoint puisque nous touchons la bordure de la zone grisée qui représente l'erreur de mesure. Ce n'était pas le cas en 2007.

Qu'on le veuille ou non, l'année 2008 marque un refroidissement marqué des zones septentrionales. Cela ne semble d'ailleurs pas être limité à cet hémisphère puisque les températures moyennes globales ont aussi enregistré cette baisse des températures, tout comme la zone antarctique (indicateurs). Même s'il est trop tôt pour en tirer des conclusions, force est de constater que ces observations vont dans le sens des prévisions des scientifiques qui prévoient un refroidissement à venir.
Wait and see !

Il est étonnant (?) que cette nouvelle rafraîchissante du 13 octobre n'ait pas été reprise par les grands médias francophones qui ne parlent que des glaciers qui fondent, sans trop savoir pourquoi.

28 Nov. 2008 : De grands glaciers Norvégiens se sont aussi remis à croître... (source) et leur flux de descente diminue depuis l'an 2000 ...

14 octobre 2008 : Les prévisions des modèles pour la hausse du niveau des océans sont entachés de nombreuses incertitudes ce qui fait qu'il est impossible de donner des estimations fiables pour l'avenir.

L'océanologue renommé Carl Wunsch et deux collègues (Rui M. Ponte, Lexington USA) et Patrick Heimbach, Cambridge USA) ont publié récemment dans le "Journal of Climate" une étude approfondie et exhaustive du niveau des océans intitulée :
"Tendances décennales des modèles des niveaux des mers : 1993-2004"; (pdf du MIT, ici)
Ce travail a été effectué avec le support de la NASA et de la NOAA ainsi que du centre de calcul NCAR.

 

Carl Wunsch du Massachusetts Institute of Technology (MIT, Comme Richard Lindzen) n'est pas un climato-sceptique. Bien qu'il ait été interviewé dans le film de Martin Durkin, "The great global warming swindle", il s'est défendu de toute opposition systématique aux thèses officiellesthomas. Pourtant, l'article qu'il vient d'écrire dans le Journal of Climate (mai 2007) porte un rude coup aux catastrophistes du niveau des mers tels qu'Al Gore, Peter Rahmstorf, James Hansen, de nombreux écologistes ainsi que les médias et la cité des Sciences (image ci-contre) qui nous annoncent, sans aucune base scientifique sérieuse, des hausses du niveau des océans de +6m, +20m voire +70m ... Le GIEC, quant à lui, s'est limité, lors du dernier AR4-2007 ( Fourth Assessment Report, 4ème rapport d'évaluation) à une prévision moyenne de +42cm en cent ans. Tout cela n'est pas sérieux si on en croît l'article de Carl Wunsch et ses collaborateurs.

En effet, ces auteurs précisent qu'ils ont utilisé toutes les données rendues disponibles par le dernier cri de la technologie comme le précise le résumé de l'article dont voici quelques extraits traduits en français :

" Les estimations des variations régionales des niveaux marins du globe ont été obtenues à partir des modèles GCM (Modèles de circulation générale) avec une résolution horizontale de 1° alignés sur quelques 100 millions d'observations océaniques et un nombre encore plus grand d'estimations météorologiques pendant la période 1993-2004. Les données impliquent non seulement la variabilité altimétrique mais la plupart des données modernes en hydrographie, les profils des bouées flottantes ARGO, les températures de surface et d'autres observations. Les tendances moyennées sur les distance des données altimétriques sont explicitement supprimées afin d'extraire les variations moyennes globales de longue durée imposées par les seules observations in situ"... "Les estimations obtenues dans cet article donnent une moyenne globale d'environ 1,6 mm/an c'est à dire environ 60% de la mesure altimétrique pure dans laquelle environ 70% provient de l'addition d'eau externe. " ..." Les variations globales interannuelles sont peut-être dominées par les additions d'eau externes plutôt que par les variations dues au réchauffement. Les variations de la moyenne altimétrique globale, très fréquemment publiée, est peut-être bien correcte mais l'exactitude de ces mesures, souvent citées dans la littérature ne peut pas être vérifiée par les observations existantes réalisées in-situ.".."Il est possible que des erreurs systématiques dominent dans la plupart des estimations des variations des moyennes globales : Les valeurs publiées et les marges d'erreur doivent être utilisées avec précaution".

La conclusion de cet article est encore plus claire. En voici la fin qui porte un rude coup aux prévisions des modèles pour les années à venir : wunsch

"It remains possible that the data base is insufficient to compute mean sea level trends with the accuracy necessary to discuss the impact of global warming–as disappointing as this conclusion may be. The priority has to be to make such calculations possible in the future". Soit :

"Il reste la possibilité que la base de données soit insuffisante pour calculer les tendances du niveau moyen des mers avec la précision nécessaire pour pouvoir discuter de l'impact du réchauffement global -aussi décevante que soit cette conclusion-. La priorité doit être de rendre de tels calculs possibles dans l'avenir".

Autrement dit, la comparaison des modèles et des observations est (une fois de plus) défaillante et Carl Wunsch et ses collègues affirment qu'il est actuellement impossible ou irréaliste d'espérer utiliser les modèles actuels pour prévoir l'élévation du niveau des mers... ce que, pourtant, tout le monde prétend savoir faire. Et jusque dans cent ans...

Cet article est à rapprocher de celui de Koutsoyannis et al " Au sujet de la crédibilité des prédictions climatiques" dans cette page. Décidément, ça va très mal du côté des modélisateurs .... et pas seulement pour le niveau des mers. Il n'y aurait pas un poblème du côté GCM ?

04 octobre 2008 :Ce sont les courants marins, naturels et décennaux qui ont provoqué la fonte des glaciers Arctique et Antarctique Ouest et non pas le réchauffement climatique, affirment plusieurs articles scientifique récents...

Nous poursuivons dans la série des articles rafraîchissants sur le devenir des pôles et notamment sur celui du pôle Nord Arctique ainsi que sur la péninsule Ouest de l'Antarctique, en rapportant aujourd'hui sur un article (signé par Richard Kerr) paru dans le dernier numéro de la revue Science (3 oct 08).

Cet article est, en fait, une brève revue du contenu de deux papiers parus récemment, l'un dans Nature Geoscience (1, 659 - 664 (2008), published online: 28 September 2008 ; doi:10.1038/ngeo316) et l'autre dans Geophysical Research Letters (VOL. 35, L18602, doi:10.1029/2008GL034939, 2008). Les deux articles en question sont relativement techniques. Celui de Kerr est plus abordable. Voici donc une traduction fidèle des principaux extraits du texte de Kerr dans Science :

Texte original en anglais: " The surge of glaciers draining both the Greenland and West Antarctic ice sheets has alarmed scientists and the public alike. Global warming appeared to be taking an early toll on the planet’s largest stores of ice while acceleratingthe rise of sea level. But two new studies point to random, wind-induced circulation changes in the ocean—not global warming—as the dominant cause of the recent ice losses through those glaciers."

" La déferlante des glaciers qui s'écoulent aussi bien du Groenland que des surfaces glacées de la péninsule Ouest de l'Antarctique ont alarmé les jakobscientifiques comme le grand public. Le réchauffement climatique semblait avoir effectué un prélèvement anticipé sur la plus grande réserve de glace de la planète tout en contribuant à une accélération de la hausse du niveau des océans. Cependant, deux études récentes montrent que des changements aléatoires de circulation des océans, dus aux vents, sont la cause principale -et non pas le réchauffement global- des pertes récentes enregistrées sur ces glaciers." (Lettres en gras et grands caractères du traducteur).

"Au Groenland, au moins, vous allez avoir des problèmes pour attribuer cela au réchauffement climatique" déclare le glaciologue Richard Alley de l'Université de Pennsylvanie (Collège d'Etat)."

L'article se poursuit en expliquant en substance que faute de données suffisamment détaillées obtenues par les océanographes sur le comportement des océans dans cette région :

" ...L'océanologue physicien David Holland de l'Université de New York et ses collègues, se sont tournés vers des scientifiques d'une autre spécialité : les chercheurs des pêcheries, lesquels ont enregistré les températures des eaux profondes près de la côte Sud-Ouest du Groenland en étudiant la population des crevettes de 1991 à 2006. Hollande et ses collègues rapportent cette semaine dans Nature Geosciences qu'un influx d'eau chaude et plus salée en 1997 a "coïncidé précisément " avec l'amincissement rapide et l'accélération de l'avance subséquente du glacier Jakobshavn Isbrae, le glacier le plus prolifique en fuite de glace du Groenland. "... " Je pense que c'est fantastique, déclare Bindschdler. Ils avaient ça, inscrit dans le Groenland".

"Holland et ses collègues ont remonté la piste de l'influx de la chaleur océanique jusque dans l'atmosphère au dessus de l'Atlantique Nord.Un affaiblissement brutal des vents, du à un phénomène atmosphérique naturel, appelé l'Oscillation Atlantique Nord (NDLR : NAO en anglais) a apporté plus d'eau de la mer d'Irminger, près de l'Islande, jusqu'à l'extrémité du Groenland, jusqu'au massif sous-jacent et sous la glace."

"Un processus identique peut avoir été à l'oeuvre dans le récent accroissement des pertes de glace de la péninsule Ouest de l'Antarctique, comme les chercheurs l'ont rapporté dans le Geophysical Research Letters du 18 septembre. Le modélisateur des glaciers Malte Thomas de l'Institut Alfred Wegener pour les recherches polaires et marines de Bremerhaven (allemagne), et ses collègues, incluant Holland, n'avaient pas non plus de données sur les températures marines à cet endroit mais ils disposaient des données sur les vents. Quand ils introduisirent ces données dans les modèles océan-glace, les vents changeants emmenèrent des eaux plus profondes et plus chaudes dans les modèles, jusque la plaque continentale et sous la glace, dans les milieu des années 1990 de telle façon que les glaciers qui drainent la couche de glace de la partie Ouest de l'Antarctique se sont mis à accélérer leurs pertes...."
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Et pourtant, une fois encore, que n'avons nous pas entendu et lu dans les médias au sujet du réchauffement climatique qui, soi-disant, faisait fondre les glaciers des pôles, "plus vite que prévu" ?
Comme je l'ai toujours dit, les progrès de la recherche finiront par percer, peu à peu, découverte après découverte, la croûte épaisse de cet imbroglio politico-économico-pseudo-scientifico-médiatique.

Ce qu'il faut noter, parce que c'est amusant et révélateur de ce qui se passe dans les publications de ces braves chercheurs, c'est que le deuxième article se termine par une phrase du genre : "Mais ça ne veut pas dire qu'il faut cesser de s'inquiéter".
Pardi ! Comme l'a pointé l'éminent climatologue américain du MIT, Richard Lindzen (ici), c'est la phrase magique et obligatoire pour qu'on continue à leur donner des crédits et que l'article soit accepté pour publication.

Je parierais volontiers qu'on n'entendra jamais parler ces articles rassurants qui nous disent que la fonte des glaciers Arctique et Antarctique (Ouest) n'a rien à voir avec le réchauffement climatique, ni sur France-Info, ni sur France 5, ni dans le Monde, ni dans Libération, ni dans le Figaro, ni d'ailleurs dans aucun média français...

D'ailleurs, les "journalistes scientifiques" de ces même médias s'étaient bien gardés de mentionner l'article de Novembre 2007 relatif à une annonce de la NASA qui, déjà, disait exactement la même chose que les articles ci-dessus..
Voici un extrait de l'annonce de l'article du 15 nov. 2007 ( source) et rapport détaillé ci-dessus (ici) :" La NASA a annoncé mardi qu'après des années de recherche, une équipe de scientifiques ont rassemblé des observations montrant que des évolutions normales et décennales de l'Océan Arctique sont largement responsables des changements climatiques de l'Arctique observés depuis plusieurs années."

BorlooReplacez aussi ces découvertes scientifiques dans le contexte de la visite du 10 septembre 2007, de notre Ministre Jean-Louis Borloo à Ilulissat (glacier Kangerlua) au Groenland, en Airbus présidentiel, accompagné de la cohorte habituelle des "sommités de la climatologie française" et de quelques incontournables personnalités médiatiques, pour la photo.
Le but était de sensibiliser notre Ministre aux dégâts provoqués par le réchauffement climatique en contemplant le glacier proche d'Ilulissat (qui déverse de la glace depuis les années 1800 ) et qui est considéré comme " le plus grand fournisseur d'icebergs de l'hémisphère Nord (source)" (NDLR : le scientifiques (voir ci-dessus) nous disent que c'est le glacier Jakobshavn Isbrae, le plus grand fournisseur d'icebergs, mais bon, il faut impressionner le lecteur... on n'allait quand même pas déplacer tout ce monde pour un glacier de seconde zone).

Ci-contre, à droite : Le Ministre J-L Borloo et l'expert J-L Etienne à Ilulissat.

Avec le recul, le compte-rendu du journal le Monde, par Laurence Caramel, vaut son pesant d'or.

En voici un extrait (paru ici) : "Ilulissat, municipalité de 4 600 habitants de l'ouest du Groenland, avait jusqu'à présent pour seule notoriété d'avoir été classée, en 2004, par l'Unesco au Patrimoine de l'humanité pour la beauté époustouflante de son paysage glaciaire, le plus vaste de l'hémisphère Nord. Pas de quoi faire l'ouverture des journaux télévisés. Mais les choses sont en train de changer. Les hommes politiques de tous bords s'y pressent pour voir de leurs yeux l'impact du réchauffement climatique. Les plus sceptiques en reviennent, dit-on, convertis. Les autres plus convaincus encore qu'il est urgent d'agir. "

Convaincus ? Il est urgent d'agir ?
Non, pas exactement. Il est surtout urgent que nos "hommes politiques de tout bord" lisent (ou fassent lire par des gens compétents et non orientés) la littérature scientifique sur ce ce sujet afin d'éviter de se faire ridiculiser et intoxiquer par certains activistes environnementalistes...

Tels que, parmi bien d'autres, l'article de Paris Match du 08 sept 2008, où l'expert de Nicolas Hulot, JM Jancovici, affirme que "La fonte accélérée du Groenland est une très mauvaise nouvelle" parce qu'elle est due au réchauffement climatique anthropique, bien entendu.

Suite à la parution des ces articles scientifiques, il a été demandé à Connie Hedegaard, la très convaincue ministre du climat et de l'environnement Danois qui organise les expéditions touristiques aux glaciers du Groenland (21 responsables politiques auraient déjà fait le voyage), de faire des excuses auprès de ses visiteurs induits en erreur... La réponse de la ministre est étonnante : peu importent les résultats de la recherche, elle va continuer (Source en Danois, traduit par Google) !

Une seule question se pose : Est-que 4 articles scientifiques concordants, dont 1 dans Science , 1 dans Nature et 2 dans Geophysical Research Letters, écrits par une vingtaine de spécialistes reconnus qui affirment et expliquent que cette fonte des glaciers est parfaitement naturelle et n'a rien à voir avec le réchauffement climatique provoqué par les activités humaines, valent la parole des "experts" de Mr Hulot ou les déclarations de la ministre Danoise ?

Aux yeux des médias et des politiques, scientifiquement incultes : Hélas, certainement pas ! D'ailleurs, ils les ignorent.

Nous vivons une curieuse époque : Une époque dans laquelle la Science apporte la légitimité à ceux qui ne lisent (ou ne comprennent) même pas les articles écrits par les scientifiques authentiques. Quant aux politiques, sans doute aveuglés par les flash des médias, leur confiance est bien mal placée...

Mis à jour le 06/10/2008

27 sept. 2008 : Encore un article du journal Science qui démonte l'alarmisme des médias, de certains scientifiques et du GIEC en matière de méthane qui serait, soit-disant, libéré lors de la fonte du pergélisol (alias permafrost). Voici comment le présente le journal Science :

(Ancient pergélisol et un arctique futur, plus chaud)
Duane G. Froese, John A. Westgate, Alberto V. Reyes, Randolph J. Enkin, and Shari J. Preece
Science 19 September 2008: 1648.
The existence of a 700,000-year-old patch of permafrost in sub-Arctic Canada shows that ground ice far from the pole can resist melting during warm intervals.
en français " l'existence d'une zone de pergélisol dans le Canada sub-arctique, datant de 700.000 ans, montre que la glace enterrée loin du pôle, peut résister pendant les périodes chaudes. "
Cet article publié par 5 chercheurs Canadiens fait écho à un autre, du même journal, que j'avais analysé en Juillet 2007 et qui nous disait que le Groenland peut lui aussi se réchauffer de plusieurs degrés, sans dommage particulier.

Les médias orientés ou avides de scoops, les écologistes alarmistes, quelques politiques désinformés et (hélas) quelques scientifiques se font un plaisir, à intervalles réguliers, de susciter la peur chez nos contemporains en agitant le spectre de la libération du méthane et d'autres dérivés carbonés lors de la fonte des terres gelées de l'hémisphère Nord. Jusqu'au GIEC qui fait intervenir cette hypothèse inquiétante dans ses prédictions (scénarios) numériques d'émission de gaz à effet de serre...

Heureusement et comme je vous l'ai souvent dit dans les différentes pages de ce site, la Nature et les progrès de la recherche scientifique se chargent, peu à peu, jour après jour, de nous ramener à la raison. Nous, mais pas les alarmistes qui n'en ont cure, évidemment.

Je vous rappelle que le permafrost (permafrost est anglais. En français on dit pergélisol) se trouve essentiellement limité aux bassins sédimentaires de l'arctique. Le pergélisol (c'est à dire : sol gelé de manière permanente) est, en réalité, une véritable terre gelée recouverte de manière plus ou moins permanente par de la glace. Cette terre maintenant constamment gelée a autrefois été le siège d'une abondante vie organique (arbres, végétation diverse) qui a fermentée au cours des milliers de siècles passés. Comme chacun le sait, la dégradation de toute substance organique dégage du méthane ainsi que toute une série d'hydrocarbures jusqu'au pétrole brut. Ainsi les médias (mais peu de glaciologues compétents qui savent à quoi s'en tenir) ont beau jeu de nous répéter, images effrayantes à l'appui, que l'effet de serre va diverger parce que la libération prochaine du méthane (qui est un gaz à effet de serre très actif) inclus dans le pergélisol "mettra le feu à la planète". J'ajoute, pour calmer les inquiets de la fonte des glaces de la mer arctique que celle-ci n'est constituée que de gros blocs de glace et ne contient donc ni "pergélisol" ni méthane.
A noter que les Russes exploitent à Messoyakha (Sibérie) les gaz contenus dans la "vetchnaia merzlota" (pergélisol en russe, vetchnaia signifie éternelle) comme une ressource naturelle.

L'article dans Science de nos 5 chercheurs Canadiens concerne des recherches effectuées dans la partie Nord-Ouest de l'Alaska (US). C'est une permafrostzone bien connue pour le contenu en hydrates de carbones du pergélisol.

Voici ci-contre, une image indiquant la zone étudiée. Les zones de pergélisol sont, en général, distinguées par leur teneur en sol gelé en permanence. Sur cette image

CPZ : signifie zone de pergélisol continu (>90% de sol gelé)
DPZ : signifie zone de pergélisol discontinu (entre 90 et 50%)
SPZ : signifie zone de pergélisol sporadique (< 50%)

Les chercheurs ont étudié, en particulier, une zone de DPZ située dans le Yukon. Dans cette zone le pergélisol est assez chaud (T>-2°C), assez épais (quelques dizaines de mètres) et sa présence dépend des conditions d'exposition au soleil et aux vents.

Cette zone, comme l'ensemble de la planète, a connu un réchauffement au cours de la seconde moitié du 20ème siècle. Il est donc important de savoir ce qu'il pourrait advenir si ce réchauffement se poursuivait dans l'avenir (ce qui n'est pas certain, comme expliqué ici).

Les auteurs de l'article ont étudié une zone assez particulière recouverte par ce que l'on appelle un téphra (une espèce de croûte solide plus ou moins formée de verre) et qui est en fait le résultat d'une éjection violente de matériaux consécutive à une explosion volcanique. La datation de ce téphra d'assez grande étendue et dont le nom de "Gold run tephra" (le téphra de la ruée vers l'or) évoque le passé des chercheurs d'or en Alaska, montre que celui-ci date de quelques -740.000 + ou - 60.000 ans. Ainsi, il est clair que la terre gelée située en dessous de ce "Gold run tephra" est au moins aussi ancienne que ce dernier qui l'a protégée au cours de ces centaines de milliers d'années. C'est celle-ci que les chercheurs ont étudié. A noter en passant, qu'il s'agit de la partie glacée la plus ancienne connue aux USA.

Cette étude montre que ce pergélisol a survécu à toute une série de cycles glaciaires et interglaciaires qui sont survenus depuis 740.000 ans. On sait par ailleurs, notamment à l'aide de fossiles marins datés, que de nombreuses périodes interglaciaires ont été nettement plus chaudes que la période présente. En d'autres termes, le pergélisol ne se dégèle que très difficilement, même pendant les périodes chaudes....

Pour rassurer les inquiets, je vous laisse savourer la conclusion de cet article rafraîchissant. La voici , avec, en passant, un petit coup de patte discret au modèles numériques du GIEC :

"La présence de pergélisol relique du moyen Pleistocène suggère que la connaissance de l'épaisseur du pergélisol et de sa distribution.... ...ne sont toujours pas correctement pris en compte dans les modèles numériques de la dégradation du pergélisol. Cette étude met en lumière la résistance du pergélisol aux climats chauds des temps passés. Elle suggère que le pergélisol et les réservoirs de carbone associés qui se trouvent à plus de quelques mètres de la surface peuvent être beaucoup plus stables qu'on ne le pensait auparavant. "

kennedy

Note : J'ajoute que je suis heureux qu'un tel article qui jette un sérieux doute sur le dogme en vigueur, puisse enfin paraître dans le journal Science. Il semble que l'ère de l'ancien éditeur en chef de ce journal , le biologiste Donald Kennedy, alarmiste de la première heure et collègue du même laboratoire que Stephen Schneider et Paul Ehrlich à Stanford, soit enfin terminée. Donald Kennedy a signé un éditorial célèbre, en 2007, déclarant "The game is over ", autrement dit "les jeux sont faits ", c'est à dire, "la science est achevée".

Science achevée ? Au moins pour ce qui concerne la fonte du pergélisol et de la libération de méthane, on voit bien que non !

23 avril 2008 : Encore une nouvelle surprenante sur l'antarctique dans le contexte actuel :
La mer profonde de l'antarctique se refroidit...

déclare l'attachée de presse (Margaret Pauls) du célèbre institut allemand de recherche polaire le Alfred Wegener Institute. ce faisant elle résume les résultats d'une équipe de 58 scientifiques à bord du plus puissant brise glace du monde, le Polarstern (en français : l'étoile polaire). Cette équipe de chercheurs est placée sous la direction du Dr Eberhard Fahrbach du Alfred Wegener Institute (je rappelle que Alfred Wegener était l'inventeur de la dérive des continents, précurseur de la tectonique de plaques où Claude Allègre s'est illustré. Alfred Wegener qui n'était "que" météorologue eut, durant toute sa vie à subir les sarcasmes de l'establishment mondial des géologues de son époque. Il ne fut reconnu que quelques 50 ans après sa mort !. Le "Alfred Wegener Institute" allemand est sans aucun doute une des organisations les mieux équipées pour ce genre de mission en CTDAntarctique. Il collabore activement auprès des quelques 50000 scientifiques aux recherches qui sont menées actuellement sur nos deux pôles.

Le texte qui suit est extrait d'un site allemand de pré-publication de nouvelles scientifiques (source). Je le compléterai, si nécessaire, lorsque l'article scientifique aura été publié.
Ci-contre, une sonde dite "CTD" que le Polarstern immerge au fond des eaux glaciales de l'antarctique. Il y pénètre aussi profondément que possible grâce à ses possibilités de brise glace.
.Les sondes de ce type sont habilitées à mesurer plusieurs paramètres fondamentaux tels que la salinité, la conductivité et bien sûr, la température. (photo Ismael Nunez-Riboni du Alfred Wegener Institute).

Voici ce que nous dit le Dr Eberhard Fahrbach au sujet de sa mission : " Nous voulons étudier le rôle de l'océan du pôle sud pour comprendre les climats du passé, du présent et du futur ". En effet, le masses d'eau froides qui s'enfoncent dans l'océan antarctique constitue un des points clefs du retournement des flux dans cette région polaire et, de ce fait, contribue de manière décisive au climat du globe. "Alors que le dernier été Arctique a été le plus chaud dans les annales (NDLR : depuis le début des mesures satellitaires, soit depuis 1979), nous avons eu un été froid avec un maximum de glace dans l'Antarctique (NDLR. Comme il est expliqué ci-dessus). Notre expédition constituera la base fondamentale pour la compréhension des comportements opposés de l'Arctique et de l'Antarctique. "
Je rappelle qu'il ne s'agit rien moins que du fameux "polar-see saw", la bascule polaire constatée depuis très longtemps par les géologues et dont le professeur Svensmark propose une explication convaincante à partir de la "cosmoclimatologie" (voir ci-dessous ici).

A noter qu'il est remarquable que l'océan Antarctique se refroidisse et que la masse de glace de ce continent batte tous les records, alors que la presse que l'on ne peut plus qualifier que de "presse à sensation" tartine des pages entières sur la possible fuite d'une partie du glacier Wilkin (ci-dessus) en nous alertant sur la soi-disante "fonte de l'Antarctique"...alors que, bien au contraire, celui-ci se refroidit et se renforce.
Malheureusement par les temps qui courent, les journalistes s'avèrent incapables de vérifier les "informations" qui leur parviennent et de consulter les sites officiels sur l'évolution de l'Antarctique, (comme chacun peut le faire), avant de rédiger leurs inepties. Si c'est involontaire, c'est, pour le moins, la marque d'une déficience vraiment très inquiétante.

A suivre ...

26 Mars 2008 : Encore une désinformation catastrophiste sur la prétendue fonte de l'antarctique qui, au contraire, augmente sa superficie !

Cet article fait suite à l'article ci-dessus. Comme je vous l'avais promis, les nouvelles sur l'antarctique se précipitent en cette fin d'été austral. Hélas, toujours déformées ou tronquées par les grands médias...

Ce matin, les présentateurs (et -trices) de la radio (et notamment France-Info, déjà titulaire du bonnet d'âne du mois de février pour une annonce du même tonneau sur le sort des malheureux rennes lapons) se lamentaient sur la possible séparation d'un morceau important de glace du continent antarctique (le glacier Wilkin). Sans autre forme de procès, sans explications supplémentaires (ce qui est malheureusement le cas général de la part de ces présentateurs incompétents),et sans chercher aucunement à replacer tout cela dans le contexte de l'évolution générale des glaces antarctiques. Il en était conclu que cela résultait, bien sûr, du réchauffement climatique...et donc, en sous-entendu, du CO2 rejeté par l'homme dans l'atmosphère.
Hélas, le grand public et les hommes politiques croient à ce genre de sornettes...

En effet, il y a un tout petit problème, qui n'a évidemment pas été mentionné : Comme je vous l'ai déjà fait savoir, le continent antarctique s'est refroidi. Sa surface glacée a énormément augmenté ces toutes dernières années au point de battre tous les records depuis que la surveillance satellite a fait son apparition, c'est à dire depuis 1979...Non seulement le continent antarctique ne fond pas, mais il se regèle.

Comme on le constate une fois de plus, les communiqués alarmistes se font une spécialité de désinformer le public en péchant par omission. Heureusement, le site pensée-unique s'est aussi fait une spécialité de replacer toutes ces pseudo-nouvelles dans le contexte de la réalité objective. Celle que l'on voit en regardant les cartes, les courbes et les chiffres...Tous officiels.
Alors que se passe t'il réellement en Antarctique et où en sommes nous exactement en ce mois de Mars 2008 ?

  • Où en est la surface gelée du continent antarctique en ce moment même ?
    antarctique32008Pour répondre à cette question, un seul graphique et quelques chiffres officiels suffisent.

En ordonnées est portée la variation de surface glacée du continent antarctique dans son ensemble. La valeur zéro correspond à la moyenne de l'étendue mesurée entre les années 1979 et 2000.

On voit immédiatement que, depuis 2000, la surface de l'antarctique a plutôt augmenté et n'a certainement pas diminuée. C'est particulièrement net pour ce début d'année 2008 qui a vu cette étendue dépasser tous les records depuis le début des mesures satellitaires (1979). Le mois de Janvier à été remarquable de ce point de vue. Ce qui est tout à fait étonnant c'est que ce mois est un mois d'été de l'hémisphère Sud. La mois de Mars marque aussi une nette remontée (6 mois avant le plein hiver !) qui ne devrait pas s'achever de sitôt puisque l'hiver austral va commencer....On peut donc s'attendre à battre très bientôt le précédent record établi au mois de Janvier qui battait lui même le record précédent obtenu en Juillet 2003. En résumé, comme vous le voyez sur cette courbe officielle, en cette fin d'été austral, la surface de l'antarctique a augmenté d'environ 1,5 à 1,8 millions de km2 par rapport à la moyenne 1979-2000.
Vous avez sûrement remarqué que ceci n'a jamais été évoqué par les médias. Ces deniers ont plutôt choisis de titrer sur la perte effective d'un iceberg de 92,5km2 et la perte possible mais non effective d'un autre plus gros de 15 mille km2 (le glacier Wilkin) qui représenterait (si elle se produit ce qui est peu probable en ce début d'hiver austral) un perte hypothétique qui serait, de toute façon, inférieure à 1% du gain total en glace de l'antarctique ! De plus si cette masse de glace se détachait elle serait immédiatement réincorporée au continent par l'englacement hivernal. Donc il est inutile d'avoir peur d'une montée des océans comme le prétendent certains "journalistes".

Dans ces conditions, quand les médias prétendent que "l'antarctique se réchauffe et fond plus vite que prévu", ils se moquent du grand public! Au contraire et au vu des chiffres officiels, "l'antarctique se refroidit et se reforme plus vite que prévu". C'est la vérité objective tirée des chiffres officiels.

  • D'autre part, qu'en est-il exactement de ce gros glaçon qui se détacherait de l'antarctique ?

Tout d'abord, et c'est essentiel, il convient de rappeler que le fameux gros glaçon pourrait se détacher (il ne l'a pas encore fait et il est peu probable qu'il le fasse compte tenu de l'arrivée de l'hiver austral qui va ré-englacer tout le continent) se situe dans la péninsule ouest de l'antarctique dont on a rappelé plus haut le caractère océanique du climat par opposition au caractère continental du reste du continent. On a aussi mentionné les dernières découvertes qui montrent que la partie ouest de l'antarctique est le siège d'une activité volcanique remarquable qui peut très bien expliquer que cette partie se réchauffe alors que tout le reste du continent se refroidit. C'est même la seule explication logique alors que la température des océans n'augmente plus, au moins, depuis 2003 (voir post ci-dessus).
Pour comprendre ce qui s'est réellement passé, il convient de regarder des cartes qui ne sont rien d'autres que des image satellite du continent antarctique en provenance de la NASA.

wilkin

La première de ces vues satellites vous montre le fameux glacier Wilkin (Wilkin Ice shelf écrit en tout petit) dont on craint la séparation sur la péninsule Ouest. Comme vous pouvez le constater, ce glacier se trouve situé sur la dorsale tectonique qui se prolonge tout le long de l'amérique du sud (c'est la suite de la cordillère des andes) jusqu'en Patagonie puis dans la péninsule ouest et le sud de l'antarctique comme cela est visible dans les image suivantes.

 

 

 

 

 

La seconde vue satellite (ci-dessous à gauche) vous rappelle la situation géographique de cette péninsule ouest par rapport à l'ensemble du continent. C'est une carte indiquant l'activité volcanique apparente (c'est à dire en surface) du continent austral. Elle indique les noms des volcans répertoriés. A droite un agrandissement autour du glacier Wilkin indiquant la découverte toute récente d'un volcan sub-glaciaire ( marqué Volcano et découvert par l'équipe anglaise de l'AS antarctic survey). Comme on le voit, ce volcan est bien situé dans l'alignement de la grande chaîne tectonique dont quelques volcans sont indiqués sur l'image de droite (dont le fameux Erebus). Il est n'est pas éloigné du Wilkin Iceshelf et lui ou un autre, non encore découvert, peuvent fort bien réchauffer localement l'océan et ainsi fragiliser la zone de ce glacier. Mais encore une fois, cette surface fragilisée représente mois de 1% du gain total en glace de l'antarctique, pour cette année. C'est très petit par rapport à l'énormité du continent antarctique.

antarvolcano

 

volcano

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

antar2

Enfin, et pour poursuivre dans cet esprit, il est intéressant de regarder la carte satellite des anomalies de températures publiée par la NASA que j'ai déjà rapportée dans le texte ci-dessus sur l'Antarctique.

Cette photo satellite officielle (accessible ici) permet de situer assez exactement la position du glacier Wikin. On observe, sans étonnement, que ce glacier qui menace de se détacher se trouve juste à proximité d'une tache rouge très nette, c'est à dire un point chaud que l'on peut apercevoir à droite de la pointe de la flèche blanche. Ce point chaud, très bien différentié sur la photo, peut difficilement s'expliquer par un caprice de l'effet de serre anthropogénique. Par contre, il serait assez crédible que celui-ci résulte de la présence d'une activité volcanique subglaciaire qui reste à découvrir. Ce qui semble plutôt fréquent dans la péninsule antarctique.

 

 

Alors qu'en conclure ?

-Que nous sommes à la fin de l'été austral et que ce genre de glissement est banal et se produit fréquemment au cours de l'été austral. Globalement, Le gain en glace actuel du continent est énorme et il va sans doute encore s'amplifier pendant l'hiver qui commence. Le continent ne fond pas. Bien au contraire. Il s'agrandit.

-L'annonce claironnée par les médias est malhonnête en ce sens qu'elle ne resitue pas le glissement (s'il se produit) du glacier Wilkin dans la perspective de ce qui se passe réellement dans le continent antarctique. Elle ne mentionne pas non plus le fait que ce glacier se trouve sur la grande chaîne tectonique de l'antarctique qui concerne surtout la péninsule ouest et qu'un nouveau volcan sub-glaciaire y a été découvert, à proximité. Non plus que la présence de ce volcan sub-glaciaire (ou d'un autre encore plus proche) peut expliquer la fonte de cette partie de l'antarctique comme cela a été suggéré par des chercheurs anglais.

Enfin et ceci relève beaucoup plus des luttes intestines au petit monde des chercheurs, je soupçonne que s'est engagée une compétition fratricide entre deux groupes de chercheurs qui travaillent, en ce moment même, pour la mission Antarctic Survey. D'une part le groupe américain Ted Scambos, Colorado University) dont les affirmations vont dans le sens alarmiste du GIEC (" c'est le réchauffement climatique du CO2" ) et d'autre part les chercheurs du BAS (Hugh Corr et al, British Antarctic Survey) qui ont découvert le volcan sub-glaciaire et qui soutiennent que ces volcans sous-jacents peuvent expliquer la perte d'une partie des glaces antarctiques notamment celles de la péninsule. Le fait que les parties qui se détachent soient toutes situées dans la même zone de la péninsule antarctique semble leur donner raison.
Une compétition entre groupes de chercheurs est une chose normale, banale et somme toute bénéfique pour la science. Ce qui l'est moins, c'est que l'un des deux groupes utilise à profusion la presse internationale pour faire valider et connaître son point de vue, au détriment de la déontologie scientifique la plus élémentaire. Un tel comportement est vraiment très inquiétant. Hélas, il s'est banalisé. En matière de sciences climatiques, il est même devenu la règle.

Comme nous sommes au tout début de l'hiver austral, l'englacement ira en s'amplifiant. Comme nous avons déjà atteint des niveaux records de superficie en cette fin d'été austral, il est pratiquement assuré que l'antarctique atteindra une superficie inégalée dans le courant de cette année..
Elle est vraiment très loin, la fonte de l'antarctique claironnée par les médias incultes ou orientés...C'est exactement le contraire qui se produit.

Et gageons que nous aurons bientôt des nouvelles de nos amis les chercheurs Britanniques du BAS, adeptes des volcans, qui ne se laisseront pas faire...

20 Mars 2008 : La température des océans n'a pas varié ou a légèrement décru depuis 2003.

Il y a quelques mois, j'avais présenté le résultat des mesures des températures de surface des océans obtenues par une équipe de chercheurs chargés de l'utilisation des balise Argo. Cet article a été publié dans Geophysical Research Letters (vol 33, L18604, 20 sept. 2006)).les auteurs sont de chercheurs de la NOOA et de l'Université d'Hawaï, John M. Lyman, Josh K. Willis at Gregory C.Johnson. Il était intitulé " Recent cooling of the upper ocean", soit "Refroidissement récent de la couche supérieure des océans".

Les mesure publiées à l'époque indiquait une baisse significative des températures depuis 2004. Quand on sait que la contenu thermique des océans tourne autour de 90% du total et qu'il représente environ 1000 fois celui de l'atmopshère, on voit tout l'intérêt de cette découverte...De nombreux chercheurs comme Roger Pielke Sr (ou Josh Willis de la NASA) défendent l'idée que ces mesures de température de la couche superficielle des océans sont beaucoup plus révélatrices du refroidissement ou du réchauffement de la planète que les mesures de température terrestre ou atmosphérique. Il faut dire qu'on est au moins sûr d'éviter l'effet des "îlots urbains" qui sont l'objet de nombreuses controverses entre le GIEC et les sceptiques.

Quelques semaines plus tard, paraissait un erratum publié par ces mêmes chercheurs nous informant qu'ils avaient commis une erreur dans l'utilisation des balises ARGO et que, donc, leurs derniers résultats étaient entachés d'erreurs. J'ai donc retiré le texte en question en attendant une remise à plat des résultats.

C'est chose faite à présent et on peut espérer que ces résultats sont définitifs. Ils ont été présentés cette semaine sous la forme d'un communiqué par la très officielle NPR (National Public Radio) sous le titre "Le mystère de la chaleur du réchauffement global manquante" à propos de la collaboration ARGO . Tout d'abord et avant de vous donner les résultats de ces mesures, voici quelques explications sur le système ARGO qui est utilisé pour mesurer les températures de surface ( c'est à dire de la couche océanique qui va jusqu'à, au moins, 1000 m de profondeur)

Le système complet est à la fois complexe et performant. Il comporte quelques 3000 balises qui sont de sortes de sondes sophistiquées qui peuvent soit flotter à la argosurface ou être submergées jusqu'à des profondeurs de quelques 2000m où elles sont entraînées par les courants marins

On en voit une illustration ci-contre.

Ces balise ARGO stoquent les informations utiles sur les températures et le degré de salinité durant leur parcours et leur remontée (ascension 10cm/s et remontée de l'ordre de 6h) à la surface. Lorqu'elles parviennent à la surface, où elles séjournent entre 6 et 12 heures, elles retransmettent leurs informations qui sont relayées par satellites jusque vers les centres de dépouillement des résultats.

Les résultats obtenus ont beaucoup surpris les chercheurs qui ont conduit cette opération à terme. En effet, on ne peut pas dire qu'ils soient du côté des sceptiques, bien au contraire. Ils n'ont sans doute pas la même lecture que nous des résultats des mesures de température que nous obtenons directement à la source (UAH, RSS, UK Center et GISS).

En effet, et plus aucun doute n'est possible : Depuis 2003, la température des océans n'a pas augmenté, et même a plutôt un peu diminué.

Voila qui jette un sérieux pavé dans la marre des tenants de la théorie de l'effet de serre et des supporters du GIEC, dont les modèles ont prévu depuis longtemps que les températures terrestres, atmosphériques et océaniques allaient augmenter continuement au rythme de la croissance du taux de CO2 dans l'atmosphère. Vous me direz (et ils disent) que cela ne fait que 5 ans. Mais tout de même, leurs modèles si performants n'avaient absolument pas prévu de contretemps...

Du côté des sceptiques, personne n'est réellement étonné. Ceux qui suivent ce site avec attention (et il y en beaucoup, merci fidèles lecteurs) n'ont pas manqué de remarquer que les relevés de températures officiels , donnent exactement la même indication. Sauf que les satellites sont beaucoup plus anciens (1979) que les balise ARGO et remontent donc plus loin dans le temps. Regardons ce que nous ont dit les mesures de températures (terrestres et satellites), pendant cette même période, c'est à dire depuis 2003, jusqu'à nos jours: global2003

 

Ce graphique (source) rapporte les données officielles du UK Hadley Center (données terrestres par thermométrie) et celles des relevés satellitaires (basse atmosphère) UAH MSU.

Elles couvrent la période 2003 à 2008 (jusqu'en février).

Une régression linéaire de ces courbes donnent les droites en pointillé qui indiquent toutes deux une décroissance (faible pour UAH) de la température pendant cette même période.

La légère baisse ou la stagnation des températures océaniques n'est donc pas étonnante. Elle constitue, au contraire, une confirmation frappante de ce que des observateurs non obnubilés par les programmes d'ordinateur du GIEC et le battage médiatique avaient déjà observé.

Qu'en sera t'il de l'avenir ? Nous n'en savons évidemment rien.

Mais tout de même, cela fait réfléchir. Trois observables primordiaux se sépare très nettement des prévisions du GIEC :

-La température de la haute troposphère (là où devrait se trouver la signature de l'effet de serre) augmente très peu (depuis 27 ans trois fois moins que prévu ! voir ici)
-La température des océans est stable ou en baisse depuis cinq ans.
-La température de la basse atmosphère et de la surface terrestre est en légère baisse depuis 8 à 9 ans.

.... alors que le taux de CO2 a constamment augmenté depuis une longue période.
Que font les experts du GIEC devant ces évidences ? Ils se grattent la tête et commencent à parler de l'effet des nuages mal modélisés..
Tiens, tiens : ils y viennent enfin ! Depuis le temps que des milliers de chercheurs indépendants le leur disent (voir ici) !

Alors, Messieurs et mesdames les politiques (notamment Européens), il serait peut-être avisé de regarder un peu les courbes avant de faire des bêtises et d'avaler sans barguigner tout ce que vous racontent les porte-cotons du GIEC !

(Jan. 2008) Mais où en est l'antarctique ?

Vers la fin de ce mois de Janvier, trois articles sur les glaces de l'Antarctique sont parus, en rafale, dans la littérature scientifique.Comme cela est tout à fait révélateur de la manière dont fonctionne la climatologie et dont progressent nos connaissances dans ce domaine, je vous en donne ici un petit résumé qui, je l'espère, vous rassurera quand à l'avenir et au comportement de notre immense continent glacé du pôle Sud.

antarctic1Voici, tout d'abord une remarquable photographie de l'Antarctique qui, outre sa géographie (malheureusement déformée par l'angle de prise de vue du satellite) vous donne une idée assez claire des parties qui se refroidissent et de celles qui se réchauffent. (source) du moins entre 1982 et 2004. Comme vous pouvez le voir, la plus grande masse du continent antarctique (en bleu) se refroidit nettement. Ce qui se réchauffe ( en rouge)en revanche, c'est l'océan qui entoure la péninsule Ouest, dont le doigt pointe pratiquement jusqu'aux côte de la patagonie. Tout cela est parfaitement conforme avec ce qui est écrit plus haut au sujet de ce continent.

  • Le premier de ces articles est carrément alarmiste. Le scientifique de la NASA, Eric Rignot (du GIEC) nous dit, dans un article du 13 Janvier publié dans Nature Geoscience qu'une fonte accrue a été détectée dans les glaciers de l'Ouest de l'Antarctique qui est, pourtant, une zone où les températures "terrestres" n'ont pas varié. A noter que, par contre, les températures de la partie continentale de l'antarctique ont baissé.

C'est un phénomène assez curieux. En effet, si l'on peut observer que les mers qui entourent cette péninsule ont effectivement une température ascendante, la terre elle, ne semble pas refléter cette variation de température. Et pourtant les glaciers fondent ! Voila qui est très étonnant et qui a surpris notre scientifique de la NASA. Mais qu'à cela ne tienne, et en bon participant du GIEC, il se contente de conclure par un vibrant "ça doit être dû au réchauffement climatique anthropogénique"...Sa conclusion est d'autant plus étonnante qu'elle dément carrément les conclusions de la NOOA (Eric Chapman) qui, dans son dernier rapport atteste que le volume total de la glace de l'antarctique a retrouvé son étiage de 2003. Le résultat est un gain de glace récent de 1,8 millions de kilomètres carrés pour l'antarctique. Tout cela est assez discordant et vraiment curieux ...Voire !
Inutile de vous dire que l'article d'Eric Rignot a bénéficié d'une couverture médiatique et mondiale considérable. Comme toujours dans ces cas là, les journaux publient volontiers les nouvelles alarmistes, en en rajoutant une couche, mais dédaignent complètement de parler des nouvelles rassurantes...Les deux articles qui suivent, pourtant portant sur le même problème, n'ont fait, eux, l'objet que de très peu de publicité dans les médias.

  • Le second de ces articles suggère qu'il y a pourtant une explication assez naturelle de ce phénomène et qui n'a, d'ailleurs, pas tardée à se faire jour. Elle est liée au fait que la péninsule ouest de l'antarctique est (et a été) le site d'une intense activité volcanique comme l'ont publié, le 20 janvier, toujours dans les colonnes du Nature Geosciences, Hugh Coor et David Vaughan (deux chercheurs anglais du "British antarctic survey"). ils ont identifié une couche de cendres et de verre calciné pris dans les glaces de la partie ouest de l'antarctique. Voici ce que dit Vaughan "C'est la première fois que nous avons vu un volcan littéralement percer un trou dans la couche de glace en antarctique". Bien que l'éruption de ce volcan soit ancienne, ces chercheurs pensent que la chaleur volcanique pourrait encore être responsable de la fonte des glaciers mais il s'interroge sur l'amincissement des autres glaciers de la péninsule qui pourrait aussi être due au réchauffement des mers alentours, comme cela se voit sur l'image ci-dessus. En effet, compte tenu de la faible étendue latérale du doigt de la péninsule, celle-ci bénéficie d'un climat quasi-océanique, alors que le climat de la partie centrale, lui, est violemment continental.

Tout cela est d'autant plus intéressant que ...

  • Troisième article: Exactement pendant la même période, a paru, dans les colonnes du Geophysical Research Letters un article de Thomas, E. R., G. J. Marshall, and J. R. McConnell, 2008 collègues des précédents "A doubling in snow accumulation in the western Antarctic Peninsula since 1850"." Doublement de l'accumulation de neige dans la péninsule ouest de l'antarctique depuis 1850" (Geophysical Research Letters, 35, L01706, doi:10.1029/2007GL032529). Autrement dit et en clair, nos deux chercheurs du "British Antarctic Survey et du Desert Research Institute de Reno, Nevada" (Note : le climat des pôles est, du point de vue scientifique, assez proche de celui des déserts parce que l'air y est très sec et qu'il y a très peu de précipitations, ce qui permet de faire des carottages pour de très longues durées avec des échantillons de longueur raisonnable) ont observé que l'épaisseur de la neige sur la péninsule ouest de l'antarctique a doublé (en certains endroits) depuis 1850. Elle y est partout en augmentation sensible. En réalité, la mince péninsule ouest de l'antarctique qui point vers la Patagonie bénéficie d'un climat plutôt océanique (alors que le reste est continental). C'est un piège à précipitations.

Ainsi, nous voilà donc renseigné par trois articles très récents et pratiquement concomitants, sur l'évolution de la masse des glaces du continent antarctique.
Si l'on se contente de lire et de rapporter le contenu de premier de ces articles (Rignot et al : la péninsule ouest fond), sans prendre un peu de recul comme l'ont fait nombre d'organes de la grande presse (par exemple le Wash. Post) , nous en concluons que le réchauffement climatique constitue une menace réelle capable de faire monter le niveau des océans.
Si, maintenant, on y regarde de plus près (comme évite de la faire la grande presse) on observe que cette fonte de la seule péninsule ouest peut être expliquée par l'activité souterraine de volcans qui parsèment cette région. A noter que l'Erebus, un peu plus à l'est sur le continent, est encore en activité. Les géographes considèrent généralement que les volcans et les montagnes de la péninsule ne sont qu'un prolongement de la cordillère des andes du continent sud-américain. Evidemment, vous n'entendrez que très peu parler de l'article sur les volcans sous-jacents de la péninsule antarctique.
On ne vous dira aussi que peu de choses (ou même pas du tout, notamment dans la presse française) sur le dernier article qui nous apprend que la quantité de neige qui tombe sur le continent arctique a doublé depuis un peu plus de cent cinquante ans, non plus que sur le fait que l'énorme partie continentale de l'antarctique se refroidit depuis plusieurs années. (C'est le fameux polar "see-saw", bien connu des géologues et cher à Svensmark, voir plus haut)

La vérité, c'est que tout cela est visiblement très complexe et qu'il est pour le moins prématuré d'attribuer tout ce qui se passe au réchauffement climatique anthropogénique. La vérité aussi, c'est que les médias orientent l'opinion en sélectionnant soigneusement les articles qui leur conviennent.
Attendons nous à des nouvelles fraîches sur ce continent qui est actuellement sous la loupe de dizaines de milliers de chercheurs de l'Antarctic Survey...

15 novembre 2007 : La fonte récente de l'arctique correspond à une oscillation décennale de la circulation de l'océan arctique qui s'est brusquement mis à tourner dans le mauvais sens (pour les modèles d'ordinateurs du GIEC)...

Un article, tout frais, publié dans le Geophysical Research Letters, vol. 34, L07602, doi:10.1029/2006GL029016, 2007, intitulé "Recent trends in Arctic Ocean mass distribution revealed by GRACE" et dont les auteurs sont quatre chercheurs amériains James Morison, John Wahr, Ron Kwok et Cecilia Peralta-Ferriz, nous apprend des choses très intéressantes sur la circulation thermo-haline (liée à la température et à la salinité) de l'océan arctique. L'océan arctique est cet océan très froid qui tourne autour des glaces gelées du pôle nord (voir la carte ci-contre).

arctique

Les quatre chercheurs ont utilisé les toutes dernières techniques disponibles pour étudier par gravimétrie couplée (sondes sous-marines et deux satellites en orbite) le poids de différentes colonnes d'eau (de la surface au fond de la mer) de l'océan arctique. Cette étude fait partie du programme GRACE ( Gravity Recovery and Climate Experiments). A noter que les mesures gravimétriques ont aussi permis de mesurer avec exactitude l'évolution de la masse de glaces des deux pôles et de dissiper bien des inquiétudes, comme cela vous est expliqué dans le premier article de cette page.

La sensibilité de ces méthodes gravimétriques est telle que les auteurs de cet article ont mis en évidence une variation de poids des colonnes d'océan arctique équivalentes au retrait d'une hauteur d'eau de 10 cm à la surface de l'océan (soit 10 mbar) !

Que nous disent les auteurs de cet article ?
Cette variation du poids des colonnes d'eau de l'océan arctique nous indique que la rotation des masses d'eau de l'océan arctique autour du pôle s'est inversée récemment, pendant l'hiver 2006-2007. C'est à dire que la masse d'eau océanique qui tournait dans le sens des aiguilles d'une montre autour du pôle avant 1990 et qui s'était mise à tourner dans le sens contraire depuis 1990, jusqu'à récemment, s'est remise à tourner dans le sens des aiguilles d'une montre.

Ce changement du sens de rotation des courants océaniques correspondent à ce que l'on appelle de manière générale les "oscillations multidécennales océaniques ", tout comme il existe une oscillation multidécennale des grands océans de la planète (voir la figure ci-dessus pour l'AMO, l'oscillation multidécadale atlantique en relation avec les températures relevées au Groenland). Il est généralement provoqué par un changement de la salinité des eaux en question (d'où le nom de circulation thermo-haline). De manière générale et comme illustré ici pour l'océan atlantique et l'AMO, les oscillations multidécadales des océans sont corrélées aux variations de température terrestre. Inutile de dire que les modèles climatiques sur ordinateur du GIEC s'intéressent de très près à la question et à la prévision du sens de rotation des courants marins et ces prévisions constituent une des retombées essentielles de leurs modèles.

Qu'en concluent les 4 chercheurs de GRACE qui ont réalisé cette étude très sophistiquée ? Voici quelques déclarations du chef de projet, rapportées ici:

  • "Notre étude confirme que de nombreux changements dans la circulation supérieure de l'océan arctique dans les années 1990 étaient de nature décennale (NDLR: c'est à dire variant tous les dix ans) plutôt que résultant du réchauffement global"
  • "Les événements des années 1990 peuvent fort bien être une indication du comportement de l'arctique pendant une longue période de réchauffement de la planète."

Or que nous prédisent les modèles d'ordinateurs du GIEC ? ...Exactement l'inverse ! Ces derniers affirment que dans l'hypothèse du réchauffement anthropogénique, la rotation des océans, et notamment celle de l'océan arctique se fera très préférentiellement dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et ceci de manière quasi permanente. A noter que dans les années 90, les "computer men" du GIEC criaient victoire et proclamaient que le sens de rotation rétrograde de l'océan arctique était une preuve du réchauffement climatique anthropogénique.

pascontentEnfer et Damnation ! Mère Nature et les mesures sur le terrain nous indiquent, qu'au contraire des prévisions du GIEC, l'océan arctique s'est bêtement mis à tourner dans le sens opposé à leurs prévisions et aussi que ce sens de rotation, imposé par la nature et qui n'a rien à voir avec l'effet de serre, s'inverse tous les dix ans !

Il va encore falloir sérieusement revoir les modèles d'ordinateurs de l'effet de serre ... C'est d'autant plus embêtant pour eux, qu'ils n'avaient qu'une chance sur deux de se tromper sur le sens de rotation ! NDLR : Ah, au fait ? et si ce n'était pas l'effet de serre ?

A noter que les alarmistes ne sont pas nés d'hier. Lisez cette page du New York Times qui nous prédisait que l'arctique allait être libre de glaces incessament, à cause du changement climatique. Cet article date du...20 février 1969. (Cétait un peu avant l'annonce d'un nouvel âge glaciaire du fameux Newsweek de 1975). Décidément, cela n'a pas changé. Les médias, c'est vraiment n'importe quoi !

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Et voici des nouvelles rafraîchissantes : Le Groenland ou le pôle Nord dont on nous a dit qu'ils fondraient comme un glaçon dans un verre d'eau chaude, dans le courant de l'été, s'est reconstitué, cet automne, à une vitesse inégalée (source).
Voici une belle image (vue de satellite) qui vous dit tout :

groenlandice

Cette reconstitution rapide de la glace du pôle Nord fait écho aux baisses notables de températures de cet automne, ressenties dans tout l'hémisphère Nord (mais pas à Bali !).

Allez voir cette page sur les prévisions d'un refroidissement à venir, faites par des scientifques extérieurs au GIEC.

 

A noter que dans les années 70, pour vous faire redouter le retour inévitable (disait-on à l'époque) d'un nouveau petit âge glaciaire, on cherchait à vous effrayer avec des déclarations du genre :
" La couverture glaciaire de l'hémisphère Nord a augmenté de 12% en 1971 - une augmentation égale aux surfaces de l'Angleterre, de l'Italie et de la France réunies- Cette glace est restée."
Mais quand cessera t'on de nous raconter des histoires ?

Bon. Il faut des précisions, sinon on vous taxe immédiatement de "désinformation" (un comble !). Alors, quand je vous disais que les glaces polaires du Groenland s'étaient reconstituées à une vitesse record en ce début d'hiver 2008, il faut que je vous le prouve. Alors quoi de plus crédible que les documents utilisés par la NOOA ( National Oceanic and Atmospheric Administration) dont on connait les liens étroits avec le GIEC ? C'est l'Université de l'Illinois qui fournit ces données sur leur excellent site Cryosphere Today.

seaicenord2

En cette mi mars 2008, nous voilà donc déjà rendus nettement au dessus de nos fameux 13 millions de km2 de surface glacée. Evidemment, l'été boréal va faire fondre une partie de cette glace. Retrouverons nous la situations d'octobre 2007 ? Il faudra suivre cela avec attention. Vous le pouvez presque'en temps réel, grâce à cette page.

Notez, qu'effectivement, la vitesse de reconstruction de la glace est nettement plus grande (de octobre à fin janvier) que celle de la fonte (avril à septembre) dont on nous avait dit que celle-ci se produisait avec une vitesse inégalée et que très bientôt, il n'y aurait plus de glace en arctique. Ce qui avait incités tous les médias, aidés par quelques scientifiques hâtifs, à claironner que cela allait diminuer l'albedo de la planète et que c'était catastrophique.... il y avait des photos très inquiétantes et Jean-Louis Etienne préparait fiévreusement (trop) sont malheureux ballon...

Au fait, où sont-ils passés, en cette mi-hiver 2008, tous les médias avides de scoops ? Où sont les photos du Groenland en ce début février ?

Ce n'est pas un scoop, le fait que la glace du pôle Nord se soit reconstituée aussi vite cet hiver ?

Curieux, le comportement de nos médias.Vraiment curieux : Nous sommes vraiment bien informés. Il est vrai que ce ne sont sûrement pas les scientifiques affiliés au GIEC qui vont attirer leur attention... Chuttt... Silence radio en attendant que ça fonde, l'été prochain...

Nouvelle du 11 février 2008 : Par suite d'une vague de froid particulièrement rude (-30°C) sur le Groenland, l'étendue de glace entre le Canada et la partie Sud Ouest du Groenland a atteint son niveau record depuis 15 ans (source). Et dire qu'on nous annonçait la disparition de la calotte glaciaire à brève échéance, "plus tôt que prévu" nous disait-on...

Tandis que le pôle Nord se réchauffe comme il l'a fait dans les années 1940, le pôle Sud ( l'antarctique) reste stable ou se refroidit. La théorie de l'effet de serre anthropogénique est incapable d'expliquer cette observation.
Par contre, la "Cosmoclimatologie" du Professeur Svensmark l'explique très facilement !

Si vous avez lu cette page qui expose, avec quelques détails, les théories du réchauffement climatique en présence, vous savez déjà beaucoup de choses sur la "cosmoclimatogie". Cette nouvelle branche de la climatologie, initiée par le Professeur Svensmark qui est le directeur du centre pour la recherche soleil-climat du Centre National Danois de Recherches Spatiales, explique à partir d'un grand nombre observations expérimentales que le climat et donc, la température de notre planète, sont largement influencés par les éruptions solaires qui se produisent de manière récurrente tous les onze ans, environ (cycle de Schwabe). A la différence de l'effet de serre, le principe de cette interaction éruptions solaires-températures terrestre est facile à comprendre :

Sur la totalité du globe, le réchauffement de la terre résulte de l'action des rayons solaires. Ce rayonnement solaire est éventuellement intercepté par les nuages dont la présence provoque un refroidissement de la planète. Svensmark et bien d'autres comme Shaviv et Veizer, ont démontré qu'il existait une corrélation très nette entre l'intensité des éruptions solaires et l'intensité du rayonnement cosmique ionisant qui arrive sur notre planète. Ces rayons, venant de l'espace lointain et invisibles à l'oeil humain, sont composés de particules qui sont éventuellement déviés hors de leur trajectoire normale par les champs magnétiques extrêmement intenses qui se produisent lors des éruptions solaires. En bref ( allez voir ici pour une description détaillée), lors des éruptions solaires, une quantité moindre de rayons ionisants parvient dans l'atmosphère de notre planète. Ces rayons ionisants ont la propriété de créer de minuscules noyaux de condensation propres à la création de nuages de basse altitude. Autrement dit, plus d'éruptions solaires (comme ces 100 dernières années, les plus intenses depuis des milliers d'années) = moins de nuages créés dans la basse atmosphère = hausse des températures terrestres.
Cette théorie est supportée par un très grand nombre d'observations directes et ce mécanisme a pu être vérifié sur plusieurs millénaires dans un très grand nombre de publications scientifiques dont vous trouverez un échantillon ici. Cette théorie, complètement ignorée par le GIEC, fait l'objet d'une étude approfondie qui vient d'être entreprise (en 2007) au CERN (Centre d'études et de recherches nucléaires) de Genève avec la participation de 17 institutions internationales et un budget considérable. C'est le projet CLOUD qui devrait donner des résultats dès 2010.

Comme nous l'avons dit, la période actuelle est caractérisée par un accroissement remarquable de l'intensité des éruptions solaires. Il est donc normal que la température terrestre augmente depuis plus de 150 ans. Exactement de +0,7°C en 100 ans. Et, durant cette période, les variations de température (y compris le refroidissement survenu entre 1946 et 1978)) suivent fidèlement les variations du rayonnement cosmique ionisant.

Le problème posé par les variations de températures actuelles qui règnent en Antarctique (le pôle Sud) constitue une épine dans le pied des tenants de la théorie de l'effet de serre. polesOutre que cette dernière théorie est incapable d'expliquer pourquoi la température de la troposhère au dessus de l'équateur ne se réchauffe pas comme prévu (voir ici et ici), elle est aussi dans l'incapacité d'expliquer la tendance actuelle de la température du pôle sud qui a plutôt tendance à stagner ou à se refroidir comme on le voit sur le diagramme ci-contre. En fait, le théorie de l'effet de serre anthropogénique prévoit plutôt que les températures des pôles devraient augmenter en parallèle !

La courbe du bas (en rouge) indique la moyenne des températures relevées au pôle sud depuis les cent dernières années. En bleu, la courbe correspondante pour le pôle Nord (l'Arctique). Les courbes ont été décalées de 1 degré Kelvin pour plus de clarté. Sinon elles se recoupent trois fois. Cette figure montre clairement que les températures du pôle sud ne suivent pas la courbe ascendante de celles du pôle nord. Vous remarquerez aussi que les températures de nos deux pôles semblent suivre des variations en opposition de phase : quand le pôle sud se réchauffe (comme le reste de la planète d'ailleurs ou du moins l'hémisphère nord), le pôle sud, lui, se refroidit.
Ainsi, la température du pôle sud semble, assez systématiquement, suivre une variation opposée à celle du pôle nord et du reste de la planète.

A ce propos, Svensmark nous fait remarquer dans son article de février 2007 ( article complet publié dans "Astronomy & Geophysics" (Fév. 2007, Vol 48) et résumé ici) que :

  • Les géophysiciens ont souvent fait observer que les températures du pôle Sud et du pôle nord suivent des tendances opposées et ceci depuis des lustres. Ils ont même baptisé cet effet du nom de "polar sea-saw" c'est à dire la "bascule polaire". En fait, il a toujours été observé que le climat du pôle nord suit la tendance générale du climat des terres environnantes, c'est à dire du Canada et de l'Europe du nord, exactement comme en ce moment. Par contre, l'antarctique, le pôle sud, lui semble avoir un comportement systématiquement opposé. Quand les continents (et le pôle nord) se réchauffent, l'antarctique a tendance à s'épaissir et à se refroidir.
  • Le climat du pôle sud est nettement découplé de celui des océans et des terres environnantes du fait des vortex des océans et de l'atmosphère autour de cette région. D'autre part, la surface de l'antarctique présente un albedo très fort (il est extrêmement réfléchissant pour la lumière solaire) ce qui n'est pas le cas du continent arctique, beaucoup plus petit et moins réfléchissant. Dans ces conditions, on peut montrer que les nuages initiés par les rayonnements cosmiques ionisants, jouent un rôle exactement opposé à celui qu'ils jouent au dessus des autres continents terrestres. En bref, la température résulte de la compétition entre l'albedo des nuages et l'albedo des terres sous-jacentes. Sur pratiquement toute la planète, ce sont les nuages qui gagnent. Dans le cas de l'antarctique, c'est la surface glacée. Il est donc normal, d'après la théorie de Svensmark, que le continent antarctique se refroidisse quand les autres se réchauffent et vice-versa. Ce qui, au passage, explique l'effet de "bascule polaire" souvent observé mais jamais expliqué auparavant...

Autrement dit : La théorie de l'effet de serre anthropogénique (dont on nous dit qu'elle est irréfutable !) ne peut expliquer le comportement opposé des températures des deux pôles, tandis que la théorie des éruptions solaires de Svensmark l'explique très facilement.

Concluez vous même, mais prenez la peine d'aller voir cette page qui vous en dira beaucoup plus long sur cette question. Comme vous le verrez, les évidences expérimentales en faveur de cette théorie des rayonnements cosmiques, sont aussi nombreuses que confondantes !

Sept 2007 : Quid de la montée réelle du niveau des océans ?

Un article, tout récent et intéressant, a utilisé les techniques les plus modernes pour mesurer, avec précision, la montée réelle des eaux des océans, qui est comme vous le savez est un des sujets de préoccupation de nos contemporains, sur lequel les rapports du GIEC (sans parler de James Hansen ou d'Al Gore) sont intarissables... Ces travaux sont dus à une équipe franco-espagnole (Wöppelmann, G., B. Martin Miguez, M.-N. Bouin, and Z. Altamimi. 2007. "Geocentric sea-level trend estimates from GPS analyses at relevant tide gauges world-wide". Global and Planetary Change, 57, 396–406). Ces derniers ont utilisés les données satellitaires GPS pour s'affranchir des difficultés que présentent les jauges habituelles qui mesurent le niveau des océans par rapport aux terres avoisinantes. En effet, comme l'on sait, les niveaux des terres sont loin d'être figés à cause des mouvements tectoniques variés et de diverses autres causes qui canulent sérieusement les résultats (comme un exemple en est donné ici, voir Morner), surtout quand il s'agit de mesurer des variations de niveau au dixième de millimètre près ! Ainsi les mesures GPS actuelles permettent de déterminer avec une précision stupéfiante les mouvements différentiels de la croûte terrestre et donc de corriger les données des jauges de niveau avec une excellent fiabilité.

ocean1Comme chacun le sait, le niveau des océans monte très lentement et très régulièrement et ceci depuis, au moins, 10000 ans. Cette faible montée des eaux de l'ordre du millimètre par an est lié à la période de déglaciation dans laquelle nous nous trouvons qui fait que la volume des mers se dilate et se dilatera inévitablement jusqu'au prochain âge glaciaire que connaîtra notre planète. C'est ce qui s'est produit depuis des temps immémoriaux. A ceci s'ajoute une proportion faible mais notable, due à la fonte des glaciers qui accompagne toujours les périodes inter-glaciaires.
Ainsi le résultat de ces corrections, appliquées aux mesures publiées en 2007 par le GIEC, pour les dernières cinquante années, conduit à une réduction de la montée du niveau des mers de 27% exactement. Le GIEC affirmait avec beaucoup de conviction +1,8 mm/an. Notre équipe franco-espagnole a revu et corrigé ce résultat (affirmé pourtant comme fiable par le GIEC) obtenant ainsi : +1,3 mm/an ce qui le place à l'extrême limite inférieure des estimations du GIEC (à cause de sa grande fourchette d'erreur). A titre de comparaison, la montée des océans durant la dernière période interglaciaire (il y a 125000 ans) était, d'après le GIEC, de 4 à 6 mm/an supérieure à la montée actuelle, " à cause de la fonte des glaces" qui n'était sûrement pas due au CO2 anthropogénique. On se demande si les prévisions à 100 ans du GIEC en matière de montée des eaux (+42cm) souffraient des mêmes erreurs ...A voir !

Tout cela est, bien sûr, soigneusement passé sous silence par les médias. Comme d'habitude. Mais imaginez les titres des journaux si nos braves chercheurs franco-espagnols avaient trouvé que la montée des eaux avait été sous-estimée de 27% et non pas surestimée comme dans la réalité. On nous aurait annoncé, avec force gros titres, l'apocalypse à brève échéance : On aurait parlé d'accélération de la montée des eaux et certains auraient entrepris la construction d'une arche de Noé pour sauver des échantillons de l'humanité !

Avouez qu'il serait bon que les experts du GIEC utilisent des techniques un peu plus "up-to-date" pour nous donner des chiffres corrects. N'est-ce pas ?

Source

Vous trouverez ici une série d'indicateurs actualisables au jour le jour comme le niveau des océans et autres observables...

Août 2007 : Résultats scientifiques contradictoires sur le Gulf Stream : Mais, peu importe, quoiqu'il arrive, c'est toujours la faute du réchauffement climatique anthropique...

Vous connaissez sans doute les propriétés particulières de la circulation thermohaline ( "haline" signifie salinité) dans les océans. En bref, ll s'agit des courants marins, plus ou moins chauds qui circulent dans les océans de la planète et qui doivent leurs remarquables modes de circulation en boucle, aux différences de températures et de densité des eaux douces et salées. Les eaux salées, plus denses que les les eaux douces s'infiltrent sous ces dernières en suivant des parcours assez compliqués. C'est un élément essentiel de stabilisation de la température du globe. Que cette circulation thermohaline soit dérangée courantset cela entraîne inévitablement des perturbations dramatiques sur les climats des différentes parties de la planète. Inutile d'ajouter que la circulation thermohaline est surveillée comme le lait sur le feu ! Une illustration de ces courants marins planétaires est donnée ci-contre (en rouge, les courants chauds, en bleu les courants froids).

Or deux études, publiées récemment, concluent à des résultats strictement opposés en ce qui concerne la circulation thermohaline de l'océan Atlantique Nord.

  1. La première, publiée dans Nature (vol 438, p 655) en novembre 2005, sous la signature de Harry Bryden et al du National Oceanography Centre à Southampton, UK, a fait l'effet d'une bombe dans le monde scientifico-médiatique. Il s'agit du Gulf Stream (courant Nord Atlantique) qui, nous dit cet article, pourrait bientôt cesser son activité bienfaisante qui consiste à procurer un réchauffement salutaire aux habitants de l'Europe du Nord, dont nous faisons partie. Certains alarmistes du réchauffement climatique et de l'effet de serre prédisaient ainsi un possible arrêt du Gulf Stream avec des conséquences du type abaissement de la température moyenne de plusieurs degrés centigrades. Cela annonçait une vraie catastrophe et les médias s'en sont donnés à coeur joie, accusant, bien entendu, l'effet de serre et les rejets de CO2 par l'activité humaine. La fin du monde, c'est pour tout de suite, nous disait-on ! Les alarmistes et Al Gore se sont empressés d'ajouter cette calamité à la longue liste des celles qui sont censées accompagner le "grand réchauffement climatique anthropogénique"...L'explication, irréfutable, des experts est la suivante : Les glaces du pôle Nord fondent et apportent de l'eau douce au courant marin, tout ceci, bien entendu, à cause du réchauffement climatique anthropogénique.

  2. Une seconde étude publiée tout récemment (en Juillet 2007, sous la signature de Boyer et al, National Oceanographic Data Center (USA) vient de démontrer exactement le contraire (Geophysical Research Letters ). Tout le monde pensait, comme le prévoyaient les super-modèles d'ordinateurs que la catastrophe viendrait de l'abaissement du degré de salinité des eaux du Gulf Stream qui en s'approchant des côtes du Groenland, n'auraient plus aucune raison de plonger sous les eaux douces et donc conduirait à l'arrêt pur et simple du courant bénéfique Nord Atlantique. Autrement dit, eaux plus douces = arrêt du courant bénéfique de l'atlantique Nord = catastrophe climatique.
    Or, le récent article, basé sur des mesures réelles effectuées entre 1955 et 2006, démontre, qu'au contraire, le degré de salinité des eaux du fameux courant marin de l'atlantique nord a sensiblement augmenté, notamment depuis 1990, portant ainsi un coup d'arrêt brutal à l'imagination débridée des alarmistes qui craignaient l'arrêt brutal de la circulation thermohaline, source de réchauffement pour l'Europe du Nord.

Mais comment croyez vous que les auteurs du deuxième article en question qui constataient le bénéfique accroissement de la salinité concluent leur compte rendu ? Je cite textuellement leur déclaration "The seawater is probably becoming saltier due to global warming ...We know that upper ocean is warming in the North Atlantic, so it stands to reason that there should be more evaporation, making waters more salty," en français " La mer devient probablement plus salée à cause du réchauffement climatique... nous savons que les nappes superficielle de l'océan s'échauffent dans l'atlantique nord. Il est raisonnable de penser que cela entraîne plus d'évaporation et donc rend les eaux plus salées" ! Et les auteurs de l'article d'en rajouter une couche en déclarant qu'il ne faut pas pavoiser : ça peut encore changer ! D'ailleurs, ça change tout le temps, comme le climat...

Autrement dit, cher lecteur(trice), comme vous l'avez constaté, la science du réchauffement climatique ne fait pas dans le détail :

  • Dans l'article 1 : Quand les eaux de l'océan atlantique nord deviennent moins salées, c'est à cause du réchauffement climatique.
  • Dans l'article 2 : Quand les eaux de l'océan atlantique nord deviennent plus salées, c'est à cause du réchauffement climatique.

Autrement dit et comme dans cet autre exemple à propos des déclarations d'un météorologue de l'OMM, tout est toujours de la faute du réchauffement climatique ! Quoiqu'il arrive...

Bon, en tant que scientifique et compte tenu de l'ambiance actuelle dans laquelle les crédits sont uniquement attribués à ceux qui dénoncent les réchauffement climatique anthropogénique, je comprends que l'on doive conclure tous ses articles par une phrase type qui fait plaisir aux autorités (comme cela est illustré ici par un étudiant américain)... Mais tout de même, là, ils y vont très fort !

Juillet 2007 : Rassurez vous, Le Groenland ne fondra pas !
Lors d'une dernière période interglaciaire, la température qui régnait au Groenland était suffisamment clémente pour que la partie sud de cette terre, maintenant couverte de 2km de glace, ait été recouverte de forêts avec des insectes... et la glace du Groenland n'a pas fondu !
C'est ce que vient de nous révéler une étude conduite par le Professeur Eske Willerslev accompagné de pas moins 29 chercheurs dont plusieurs chercheurs français du CNRS. Cette étude révolutionnaire par rapport aux idées qui prévalaient jusqu'à présent sur le Groenland est parue dans l'édition de Science du 6 juillet 2007.

sciencejuly07

Cette étude, menée grâce, en particulier, aux méthodes d'analyse des ADN du Laboratoire d'Ecologie Alpine du CNRS (Grenoble) a permis d'identifier un certain nombre d'espèces végétales (dont des feuillus et des conifères tels que les ifs) qui permettent d'affirmer qu'au Groenland, pendant la dernière période interglaciaire, les températures hivernales ne devaient pas descendre en dessous de -17° C et que les températures les plus chaudes étaient supérieures à 10°C. Des ADN d'insectes (tels que les papillons) ont aussi été trouvés. Les datations effectuées montrent que les glaces sous-jacentes datent d'au moins 450.000 ans. Il devient ainsi évident que durant la dernière période interglaciaire qui date de 125.000 ans, la glace n'a pas fondu bien que la température ait été, à l'époque, d'environ 5 degrés supérieure à la température actuelle ! On a de la marge avec nos +0,6°C en 100 ans !

En conclusion :

  • Le Groenland peut encore se réchauffer énormément, d'au moins +5 degrés centigrades, jusqu'à être couvert de forêts de feuillus et de conifères dans lequel volètent des papillons, sans que cela provoque la fonte des glaces et une montée significative des océans !
  • Les prédictions catastrophiques d'Al Gore et de Stern qui prévoient une montée du niveau des océans de pas moins de +8 mètres du fait de la fonte des glaces du Groenland... tombent à l'eau ! Une fois encore, les prédictions qu'Al Gore vociférait au moins jusqu'en en juillet 2007, sont mises en défaut par la Science. Tout comme les parallèles supposés (mais qui fonctionnent à l'envers ! ) entre les taux de CO2 et les températures préhistoriques. De même, les prévisions du GIEC (2006) qui retenait, dans ses scénarii, une fonte de l'inlandsis groenlandais entraînant une montée des océans de 8m ! Sans parler de James Lovelock et de son fameux "La revanche de Gaïa", la terre qui va nous engloutir etc... (voir ici)
  • Ils ne doivent pas être contents du tout ! On les comprend !
    A noter que cet article, pourtant fondamental, paru en début juillet 2007 dans la prestigieuse revue Science, n'a reçu qu'un très faible écho de la part des journalistes spécialisés dans le réchauffement climatique. On se demande pourquoi...Peur de perdre son job en n'annonçant pas des catastrophes ?

Mars 2007 : La fonte rapide des glaciers du Groenland s'est brusquement arrêtée !

Voici une nouvelle fraîche, extraite d'un récent numéro de Science, la revue inattaquable (comme Nature) qui devrait faire réfléchir les alarmistes de la fonte des glaces, notamment celles du pôle arctique qui retiennent toutes les attentions en ce moment et failli provoquer un clash au sein du la dernière réunion du GIEC à Paris en février. Certains trouvaient qu'on n'était pas assez alarmiste en matière de montée du niveau des eaux !.

Trois chercheurs spécialistes de l'Université de Washington et du Colorado (I. M. Howat, I. R. Joughin et T. A. Scambos) viennent de publier des nouvelles rafraîchissantes dans le numéro de Science ( vol. 315, N°5818, pp. 1559-1561) (16 mars 2007). Leur travail réalisé à partir de vue satellitaires ont permis de mesurer, en temps réel, la vitesse d'évolution de deux des plus importants glaciers de décharge (ceux par où s'échappent les glaces fondues) du Groenland. Voici une des courbes les plus représentatives extraites de leur compte-rendu.

On constate, comme l'ont fait les auteurs dans leur article qu'après une fonte rapide observée dans les années 2004-2005, le processus s'est assez brusquement ralenti en 2005-2006 pour revenir gentiment au niveau de fonte des années "calmes" c'est à dire dechargegreenlandpendant la période 2001-2003. En bref, la fonte rapide a stoppé sans que l'on connaisse les raisons, ni de l'augmentation ni de la diminution de la fonte glaciaire. Et l'on nous répète que l'on en sait suffisamment sur le climat pour en tirer des conclusions et décider les politiques à agir !

Ce graphique rassemble les données obtenues au cours de différentes expériences menées au Groenland au cours des années passées avec les derniers résultats de mesures qui vont jusqu'à la fin de 2006. Le résultat est très net : Alors que les années 2001-2003 montraient une grande stabilité, le phénomène de fonte des glaces a connu une période de fièvre à partir de la mi-2004 jusqu'à la mi-2005, donc pendant une année, avant de revenir à la situation calme dans la période mi-2005 fin 2006.

Ian Howat qui n'est en rien un "sceptique" du climat, a fait la déclaration suivante au New York Times dans les jours qui ont suivi la publication de son article :

"Le Groenland était au moins aussi chaud, voire plus chaud, dans les années 1930 et 1940 et beaucoup des glaciers étaient plus petits que maintenant. C'était une période de fonte rapide des glaciers dans le monde entier, suivie par une expansion, au moins partielle, pendant la période froide de 1950 à 1980. Bien sûr, nous n'en savons que très peu sur la façon dont évolue la dynamique des glaciers parce qu'à l'époque nous n'avions pas de satellites d'observation. Malgré tout, cela supporte grandement l'idée que les grandes variations de l'épaisseur des glaciers se produisent du fait de la variabilité naturelle du climat.."

Un autre article de Vinther B.M, Jones P.D, Briffa K.R, et Cappelen J. intitulé " Extension des enregistrements de température du Groenland jusqu'à la fin du XVIIIème siècle" a été publié en fin 2005 dans le "Journal of Geophysical Research " ref : (111: 10.1029/2005JD006810). Cet article qui rejoint tout à fait les observations de I. Howat, a étudié l'ensemble des données disponibles sur une latitude de 60° à 73°N. Les auteurs déclarent que "L'année la plus chaude dans l'ensemble des données sur le Groenland (NDLR: soit sur 221 ans jusqu'en 2006) a été l'année 1941, tandis que les deux décennies qui ont suivi 1930 et 1940 ont été les plus chaudes" et non pas les années récentes. En fait, leurs mesures étendues montrent qu'il n'y a eu aucun réchauffement de la région depuis plus de 75 ans... C'est assez désarçonnant pour les tenants de l'effet de serre qui soutiennent toujours que les températures du Groenland sont le "canari dans la mine" du réchauffement climatique, parce que, pendant cette durée de 75 ans, le taux de CO2 a augmenté de 25% en ne provoquant, semble t'il, aucune augmentation de température !
A ma connaissance, aucun des ministres en activité en 1940 ne s'est payé le voyage au Groenland pour voir l'effet des années les plus chaudes connues jusqu'à maintenant. Ce devait pourtant être spectaculaire mais il est vrai qu'ils avaient d'autres soucis en tête, à l'époque.

Et pour enfoncer le clou, voici encore, tirées d'une autre article récent de Chylek P., Dubey M. K. et Lesins G. intitulé " Réchauffement du Groenland durant les périodes 1920-1930 et 1995-2005" publié en 2006 dans Geophysical Research Letters ( 33, 10.1029/2006GL026510), quelques phrases significatives : "Presque toutes le décennies entre 1925 et 1965 étaient plus chaudes ou, au moins aussi chaudes, que la décennie 1995-2005. Ceci montre que le climat chaud que connaît actuellement le Groenland n'est pas sans précédent et que des températures identiques étaient la norme dans la première moitié du XXième siècle". Le même Chylek note d'ailleurs dans un article de 2004 que "les températures des sommets du Groeland montrent une tendance à la décroissance depuis le début des mesures en 1986", ce qui a été confirmé depuis. Chylek dans son article de 2006 note que " Le réchauffement du Groenland de 1920 à 1930 montre qu'une forte concentration en CO2 et autres gaz à effets de serre n'est pas une condition nécessaire pour qu'un réchauffement se produise"; Il ajoute que " L'accroissement des températures de la période 1995-2005 se trouve dans le domaine de la variabilité naturelle du climat du Groenland"..."Une augmentation générale de l'activité solaire depuis les années 1990 peut être un facteur contributif de même que les évolutions de la température de la surface des océans tropicaux". En résumé Chylek et al concluent que : "Nous ne trouvons aucune évidence qui supporte l'idée que la fonte des glaces du Groenland serait due à une augmentation de la concentration du CO2 dans l'atmosphère." Vous parlez d'un canari dans la mine (c'est comme cela que les alarmistes américains ont baptisé les glaces du Groenland !)

Et pourtant et a contrario de tous ces articles convergents, publiés récemment dans des revues sérieuses et à comité de lecture ...

en cette mi-septembre 2007, les discours les plus alarmistes se répandent sur la fonte des glaces du Groenland pourtant normale en cette fin d'été boréal. C'est ainsi que l'on a vu un carrousel des sommités mondiales aller, à grand frais et avec force couverture médiatique, constater les "dégâts" de plus près. Dans l'ordre, Nancy Pelosi (Dem. USA), Barroso (Communauté Européenne), Angela Merkel (Allemagne) et Jean-Louis Borloo (France) ont fait le voyage, cornaqués par leurs "experts" du climat, comme Yann Arthus Bertrand et Jean-Louis Etienne pour la France. J. L. Borloo en est revenu convaincu qu'il fallait limiter les émissions de gaz à effets de serre qui font fondre le Groenland !
groenlandCes "décideurs" n'ont pas pris la peine, non plus, d'aller consulter les données officielles de la NASA sur l'histoire des températures du Groenland. Dommage ! Ils auraient trouvé ces diagrammes ci-contre (à droite) ->

On y voit très bien que les températures actuelles n'ont rien d'exceptionnel par rapport aux températures qui y régnaient entre 1920 et 1950 comme le disait Ian Howat. Elles étaient même supérieures entre 1930 et 1945 comme le précisent l'article de Vinther et al, cité ci-dessus, tout comme celui de Ian Howat et al et aussi celui de Chylek et al.

Dommage aussi que les scientifiques qui ont accompagné nos sommités au Groenland n'aient pas eu l'idée de leur montrer ces graphiques ni les articles scientifiques relatifs à cette question. Mais au vu des noms figurant sur la liste des personnalités qui accompagnaient nos sommités, ce n'est pas très étonnant...

En dessous de la courbe des températures moyennes relevées par la NASA, vous trouverez la courbe qui donne ce que l'on appelle "l'Oscillation Atlantique sur plusieurs dizaines d'années", c'est à dire la courbe qui donne les oscillations naturelles des températures (liées aux trajectoires de la terre autour du soleil) de l'océan atlantique qui a une période d'environ 60 ans. Le parallélisme est assez frappant et il a sans doute motivé la déclaration de Ian Howat. Mais, soyons prudents ! Comme je le dis toujours "corrélation n'est pas raison !".

amundsenNombreux sont ceux qui s'alarment quand on leur dit comme en cette fin d'été 2007 que le passage Nord-Ouest pour atteindre le pôle Nord est ouvert à la navigation, ce qui serait une première dans l'histoire comme l'affirment certains journaux qui oublient de préciser que c'est de l'histoire des satellites qu'il s'agit (soit depuis 1979 !)...Ces journalistes n'ont pas dû lire les carnets d'Amundsen qui cherchait à situer le pôle Nord magnétique et qui notait en 1903 que parce que les conditions étaient favorables: " Le passage du Nord-Ouest nous était donc ouvert (NDLR : à la navigation), mais puisque notre tâche principale était d'obtenir des données exactes sur le pôle Nord magnétique, nous dûmes en repousser le franchissement, lequel était un objectif secondaire.". Amundsen finit par franchir ce célèbre passage Nord-Ouest ( qui constitue le lien entre l'Europe, l'Asie et le continent Nord Américain), en août 1906, à bord de son bateau "Le Goja". Ce dernier n'était pas un brise-glaces nucléaire mais un simple bateau de bois équipé de voiles et d'un moteur de 13 CV.

D'autre part, ce qui s'est passé notamment dans les premiers jours de la réunion des experts du GIEC à Paris au début de ce mois de février, en dit très long sur le fonctionnement interne de cet organisme et sur le comportement des alarmistes qui veulent imposer leurs vues au reste de la communauté scientifique...

En effet, comme vous le savez certainement si vous faites partie des "climate-freaks" ( les passionnés ou les fous de climat), ou tout simplement des angoissés, vous avez certainement remarqué que les prédictions (je ne dis pas "prévisions" à dessein) du GIEC, pour la montée du niveau des eaux avaient diminué d'un facteur 2 par rapport aux prédictions du dernier "Summary for Policymakers' publié en 2001. Soient au maximum, 42 cm/ 100 ans au lieu de 84 cm/100 ans.
Lorsque le pré-rapport, contenant ces chiffres, fut rédigé et présenté au membres du GIEC rassemblé à Paris, ce dernier souleva une tempête de protestations parmi un certains nombres de membres de cette docte assemblée. "Vous oubliez les dernières observations sur la fonte des glaces du Groenland (sous-entendu celle de l'année mi-2004- mi-2005) ! Quelle honte ! Vos chiffres pour la montée des eaux dans cent ans doivent être revus à la hausse pour tenir compte du Groenland " clamait haut et fort, en particulier, le professeur Stephan Rahmstorf de l'Institut de Potsdam pour le Climat. rahmstorfIl faut dire que ce dernier venait de publier dans Science (19 janvier 2007, 315, 5810, pp 368-370), un article particulièrement alarmiste proposant un accroissement du niveau des mers strictement proportionnel à la montée des températures (prévue, bien sûr) pour le XXIème siècle. sa prédiction donnait environ 140 cm pour la monté des eaux (au lieu des 42 cm pour le GIEC). "Un document comme celui-là tend à sous-estimer le risque", conclut
Stefan Rahmstorf. "Elles (NDLR : les conclusions du rapport) ne prennent pas en compte les deux mastodontes - Groënland et Antarctique. Je pense qu'il y aura de mauvaises surprises à mesure que nous avancerons dans le siècle", déclarait L. Thompson.
Cette contestation violente au sein même du GIEC fit grand bruit et en fit réfléchir plus d'un sur le soi-disant "consensus " régnant au sein de l'assemblée. Nul ne sait comment les choses se calmèrent, peut-être en rajoutant quelques phrase bien senties au rapport final. Si vous voulez en savoir plus sur cette affaire, allez voir le site Climat Sceptique.

Les résultats des dernières mesures publiées par les trois chercheurs américains (I. Howat et al) sur la fonte du groenland montrent deux choses très importantes comme ils le disent eux-mêmes dans leur article :

  • La fonte du Groenland s'est calmée après 2005 et est revenue à un niveau normal, c'est à dire faible... Quoiqu'en disent les alarmistes.
  • Les phénomènes de fonte des glaces sont extrêmement erratiques avec des poussées inattendues et des arrêts brutaux. Un modèle d'approximation purement linéaire qui ignore ces effets plus ou moins chaotiques a très peu de chances de représenter la réalité. (NDLR : Et pan sur le modèle d'approximation linéaire de Rahmstorf !)

Bref, ces mesures très récentes sur la faible fonte du Groenland, l'un des mastodontes comme dit L. Thompson, devrait le calmer ainsi que son collègue S. Rahmstorf. De même, pour le pôle Sud (l'antarctique) dont la température ne cesse de baisser et les glaces de s'épaissir selon les dernières mesures disponibles en septembre 2007.
J'espère qu'ils publieront un errata pour corriger leurs annonces alarmistes déplacées. On peut rêver !

Enfin, si vous voulez savoir où en est exactement le niveau des mers et comment il évolue, allez voir dans la rubrique "Paroles de grands chercheurs" les déclarations de Nils-Axel Mörner qui est la grande pointure dans ce domaine.
Vous allez être surpris !
Notamment sur tout ce qu'on vous raconte au sujet des îles qui devraient, soi-disant, disparaître dans les océans.. sous des mètres d'eau salée !

 

 

Janvier 2007 : GIEC AR4 2007 : Le rapport 2007 pour les politiques (summary for policymakers) du GIEC nous donne un tableau chiffré indiquant les tendances actuelles en searisematière de montée des océans. Le voici :

On constate, comme l'avait écrit Anny Cazenave (chronique ci-dessus), que la fonte des pôles ne contribue que très peu à la montée du niveau des océans... si elle y contribue (voir les marges d'erreurs).

Soit 2,1 cm/100 ans avec une marge d'erreur colossale. En particulier pour ce qui concerne l'Antarctique.

 

 

 

Il faut noter que la pré-publication de ces données a donné lieu à un quiproquo assez cocasse. Les estimations de la montée des océans du fait de la fonte des glaces polaires avaient été multipliées par x10 ce qui permettait de tirer des conclusions particulièrement alarmistes ce que n'ont pas manqué de faire certains ! Évidemment, dans ces conditions, l'addition des hausses de niveau dans la colonne de droite donnait un résultat aberrant. Bref, cela ne faisait pas très sérieux ... mais a alarmé inutilement la population qui est restée sur ces chiffres puisqu'il n'y a pas eu de démenti.

Il n'en reste pas moins que ces chiffres et leurs projections ont conduit le GIEC à réviser à la baisse d'un bon facteur 2, les estimations du rapport précédent.

De même, les prévisions de la hausse des températures ont conduit a une révision à la baisse de la fourchette.

Pourtant, les discours que nous avons entendus sur les médias ont été encore plus alarmistes que lors du précédent rapport. Alors quoi ? Les journalistes ne lisent pas la littérature du GIEC avant d'en faire un commentaire ? Quant aux prévisions de plusieurs mètres (au lieu de millimètres ou de centimètres) pour la montée des eaux de Al Gore, Nicholas Stern et James Lovelock (Gaia)... Elles apparaissent comme totalement fantaisistes par rapport aux données scientifiques.

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Novembre 2006

Il s’agit, pour commencer, de l’analyse d’un article paru dans la revue “Science” du 24 Novembre 2006. Je rappelle que la revue “Science” est une revue américaine du niveau de “Nature” dont le sérieux est incontestable. Cet article est signé par notre compatriote, Anny Cazenave qui travaille à l’Observatoire Midi-Pyrénées. Il est intitulé “ How fast are the ice sheets melting ?”. Autrement dit “A quelle vitesse les couches de glace fondent-elles ?”. C’est une bonne question à l’heure du célèbre film catastrophe de Al Gore ( “une vérité qui dérange”) et des 5500 milliards du rapport Stern

Son papier fait le point sur l’état actuel de la question en ce qui concerne la fusion des glaces polaires qu’il s’agisse de l’arctique (pôle nord) ou de l’antarctique (pôle sud), et ceci à partir de plusieurs mesures récentes. Comme vous allez le voir la situation réelle est très nuancée. Nous sommes très très loin des âneries alarmistes qui prédisent l’immersion plus ou moins totale des îles et des continents sous 50m d’eau par suite de la fusion de la glace des pôles, telles qu’on les entend ou les lit dans les médias et qui sont généralement issues des divagations de nos paladins écologistes.

Le résumé en entête de l’article déclare :
Les résultats des mesures récentes suggèrent que la fusion des glaces polaires n’apporte qu’une faible contribution à la montée des eaux de mer."
NDLR : En réalité, la plus grande partie du mm/an (!!) de la montée des eaux que l’on observe depuis la fin du XIXème siècle, provient de la dilatation thermique des masses superficielles des océans.

Anny Cazenave fait, en particulier, référence à un article publié dans la même revue (Science) qui rapporte des mesures directes de la masse de la glace des pôles par des satellites équipés de systèmes sophistiqués qui analysent les forces gravitationnelles. Le grand avantage de cette technique, par rapport aux autres, c’est qu’elle mesure la masse totale des glaces polaires et ne se contente pas d’observer la fusion des marges océaniques (Rappelez vous les célèbres images des écroulements des icebergs qui servent de publicité pour les lampes Philips, entre autres !).

Je ne peux analyser ici et en détails, le contenu scientifique très bien documenté de l’article mais en voici les conclusions qui vont en étonner plus d’un ! On observe que :

- Les marges océaniques Sud du Groenland fondent peu à peu mais ...par contre, (ce que personne ne dit !), on assiste à un épaississement des parties centrales les plus hautes de ce continent. Bilan : légère fonte globale, aux erreurs de mesures près, comme le note l’auteur. Autrement dit, la fonte globale est de l'ordre de la précision des instruments !

-La partie Ouest de l’antarctique fond effectivement mais par contre (ce que personne ne dit), la partie Est de ce continent subit un net épaississement à cause d’une augmentation des précipitations (dit l’auteur). D’après les graphiques montré par l’auteur, le bilan pour l’antarctique (le pôle sud) est quasiment nul ! Tout au plus observe t’on une légère fonte globale de la glace qui reste à l’intérieur des marges d’erreurs de mesure et qui n’a rien à voir avec les propos apocalyptiques de certains...

Et Anny Cazenave, en bonne scientifique qu’elle est, d’insister sur les possibles erreurs de mesures inhérentes aux techniques utilisées. Elle ajoute que rien ne permet d’affirmer que les observations effectuées sortent du cadre des larges fluctuations naturelles telles qu’elles se sont produites au cours des siècles passés. Elle conclue en déclarant, ce qui tout à fait raisonnable, que des campagnes de mesures supplémentaires sont nécessaires pour affiner les résultats et avancer vers des certitudes.

Cher lecteur(trice), vous retrouvez dans l’article d’Anny Cazenave, tous les éléments que la plupart des scientifiques sérieux ( il y en a beaucoup !) mettent en avant et qui ne font pas l’affaire des journalistes, des écologistes et des politiques : la prudence, l’accent sur la faillibilité des mesures effectuées, les inconnues qui restent à élucider etc.

Et pourtant beaucoup s'obstinent encore à prévoir l'engloutissement de la planète ! Voici donc un exemple parfait de détournement vers la Pensée Unique qui ignore toutes les précautions des scientifiques et qui manipule, au profit de quelques esprits orientés (ou carrément financièrement bénéficiaires), les observations réelles qui sont honnêtement rapportées dans la littérature scientifique ! Le même processus a été utilisé pour dramatiser les ouragans en totale contradiction avec la réalité.

 

 

bonnet d'ane
Le Prix d'Honneur